Isaure.beaumont
[Entre Pau et Périgueux]
Couchée sur le flanc droit, incapable de trouver le sommeil, Isaure se laissa rouler doucement sur le matelas. A présent étendue sur le dos, raide, les bras le long du corps, elle restait immobile, prenant soin de ne pas entrer en contact avec son époux allongé de lautre côté du lit. A peine osait-elle respirer. Elle sentait la douce chaleur émaner de son corps et la privation se faisait durement ressentir. Trop fière pour faire le premier pas vers lui et clore la dispute, elle nesquissa aucun geste alors quelle mourrait denvie de venir se lover contre lui, à labri de ses bras. Leur guerre froide durait depuis trop de nuits déjà. Combien de jours solitaires avaient-ils passé ? Combien de tristes nuits s'étaient écoulées ?
Ils avaient retrouvé leur chambre du moment sans échanger un mot. Ils sétaient dévêtus chacun de leur côté, lun plus rapidement que lautre, et sétaient glissés à un bout et lautre du lit, se tournant le dos. Pas besoin de glisser entre eux une épée, leurs orgueils respectifs les contraignaient à la plus parfaite abstinence, les empêchant par la même occasion de sceller toute réconciliation.
Fixant lobscurité, elle reprit sa respiration, essayant de la caler, pour soccuper lesprit, sur celle de son époux. Elle était plus rapide que la sienne, plus profonde également. Dormait-il ? Tournant finalement la tête vers lui, elle vit bientôt se découper sa silhouette dans la pénombre. Se redressant sur son coude gauche, elle allongea l'autre en sa direction, réprimant juste à temps sa furieuse envie de glisser tendrement ses doigts dans lépaisseur de ses cheveux. Elle soupira et se laissa retomber mollement. Elle ferma les yeux : il fallait quelle dorme pour que le temps passe plus vite et que lheure du départ sonne enfin. Mais depuis le début de leur guerre froide, elle peinait à sendormir.
- Octave . Le prénom s'était échappé plus doux quelle ne lavait voulu, emprunt d'une tendresse qu'elle s'efforçait pourtant de dissimuler. Aussi se reprit-elle pour la suite et poursuivit-elle dun ton bien plus sec. Vous dormez ?
Puisquelle ne dormait pas, il ne dormirait pas non plus. Elle le tiendrait éveillé jusquau départ sil le fallait, et ce ne serait pas à renfort de baisers et de soupirs, mais de jacasseries, comme ils en avaient convenu en se déclarant cette stupide guerre.
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Couchée sur le flanc droit, incapable de trouver le sommeil, Isaure se laissa rouler doucement sur le matelas. A présent étendue sur le dos, raide, les bras le long du corps, elle restait immobile, prenant soin de ne pas entrer en contact avec son époux allongé de lautre côté du lit. A peine osait-elle respirer. Elle sentait la douce chaleur émaner de son corps et la privation se faisait durement ressentir. Trop fière pour faire le premier pas vers lui et clore la dispute, elle nesquissa aucun geste alors quelle mourrait denvie de venir se lover contre lui, à labri de ses bras. Leur guerre froide durait depuis trop de nuits déjà. Combien de jours solitaires avaient-ils passé ? Combien de tristes nuits s'étaient écoulées ?
Ils avaient retrouvé leur chambre du moment sans échanger un mot. Ils sétaient dévêtus chacun de leur côté, lun plus rapidement que lautre, et sétaient glissés à un bout et lautre du lit, se tournant le dos. Pas besoin de glisser entre eux une épée, leurs orgueils respectifs les contraignaient à la plus parfaite abstinence, les empêchant par la même occasion de sceller toute réconciliation.
Fixant lobscurité, elle reprit sa respiration, essayant de la caler, pour soccuper lesprit, sur celle de son époux. Elle était plus rapide que la sienne, plus profonde également. Dormait-il ? Tournant finalement la tête vers lui, elle vit bientôt se découper sa silhouette dans la pénombre. Se redressant sur son coude gauche, elle allongea l'autre en sa direction, réprimant juste à temps sa furieuse envie de glisser tendrement ses doigts dans lépaisseur de ses cheveux. Elle soupira et se laissa retomber mollement. Elle ferma les yeux : il fallait quelle dorme pour que le temps passe plus vite et que lheure du départ sonne enfin. Mais depuis le début de leur guerre froide, elle peinait à sendormir.
- Octave . Le prénom s'était échappé plus doux quelle ne lavait voulu, emprunt d'une tendresse qu'elle s'efforçait pourtant de dissimuler. Aussi se reprit-elle pour la suite et poursuivit-elle dun ton bien plus sec. Vous dormez ?
Puisquelle ne dormait pas, il ne dormirait pas non plus. Elle le tiendrait éveillé jusquau départ sil le fallait, et ce ne serait pas à renfort de baisers et de soupirs, mais de jacasseries, comme ils en avaient convenu en se déclarant cette stupide guerre.
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