Ludwig..
Ce RP est la suite de celui-là.
Tout ça pour une blague. Une blague pas drôle, certes, mais une foutue blague qu'il avait bêtement prise au premier degré. Le bracelet d'Axelle était encore là. Axelle n'avait pas disparu totalement. Et, incapable de s'en réjouir, il avait surtout réalisé qu'il avait laissé passer Angèle pour une putain de blague pas drôle. Parce que c'est ce qui s'était passé : il avait laissé passer Angèle, tiré un trait sur elle et sur leurs jeux. À cause d'une blague. À peine la porte s'était-elle refermée derrière elle qu'il avait eu envie de tout détruire. De s'énerver, de casser du mobilier, d'éventrer de l'oreiller, de hurler, de frapper du poing dans le mur, de jeter tout ce qui lui passerait sous la main, d'aller étrangler n'importe qui, de boire jusqu'à ne plus tenir debout, de fumer jusqu'à ne plus pouvoir prononcer son prénom. De tout ça, évidemment, il n'avait rien fait. Le courtisan était resté stoïque et droit au moins une ou deux minutes, ne cherchant pas à se presser puisque personne n'était là pour assister à l'absurde de son attitude et encore moins pour le bousculer et le pousser à réagir. Il prenait le temps qu'il fallait, serein, encaissant en silence et en intériorité. Car si l'orage avait éclaté, ça n'avait pas duré longtemps. Et à présent qu'il était bel et bien passé, Ludwig s'en sentait à des kilomètres. Alors il avait fini par s'asseoir tranquillement au bout du lit, sans s'embarrasser du fait que ce soit là le lieu de son crime et le foyer de sa culpabilité, trop occupé à savourer la fumée qui lui remplissait les poumons et qui allait gentiment lui griller les neurones et assagir tout ça. Comme toujours.
Une semaine, c'est ce qui avait été décidé. Délai arbitraire peut-être, mais il fallait bien en fixer un. Une semaine pour elle, donc, pas pour lui. Lui aurait aussi bien pu la suivre dans les couloirs de l'Aphrodite immédiatement les événements passés, mais il avait au moins la délicatesse de sentir que le mauvais temps passait sans doute plus vite chez lui que chez les autres, et qu'il devait respecter leurs émotions, même s'il ne les comprenait pas vraiment. Bien sûr, il aurait espéré qu'elle viole le délai et qu'au bout d'un jour ou deux, elle vienne lui parler. Voire qu'elle vienne se fondre dans ses bras, après tout, les femmes sont des êtres mystérieux dont il ne faut pas trop prétendre anticiper les actions. Elle n'en avait rien fait, faisait plutôt tout pour qu'ils ne se croisent pas et, lorsque cela arrivait, puisque cela arrivait inévitablement entre deux personnes vivant sous le même toit, elle se changeait en un mur dont l'indifférence était fort peu appréciable. Mais, jour après jour, il commençait à s'en foutre. Et il s'en félicitait. Il ne fumerait plus avec Angèle. Il ne ferait plus rire Angèle. Il n'embrasserait plus Angèle. Il ne dirait plus Angèle. Et après ?
Peut-être que tout ça lui était égal, reste qu'il était là, planté devant la porte de sa chambre, une semaine après. Il ne savait pas trop lui-même ce qu'il y foutait. Il était conscient d'avoir merdé, même s'il était loin de saisir le poids de ce qu'il avait fait et les implications que ça pouvait avoir sur la petite voleuse. Il avait merdé, il voulait s'en excuser, d'une façon ou d'une autre, parce qu'il ne voulait surtout pas être un sale type. Qu'on le prenne pour un sale type, bien. Mais il n'avait jamais voulu en être un et s'obstinait fermement à croire qu'il n'était pas ce connard que la pie devait à présent voir en le regardant. Il y croyait suffisamment pour vouloir lui parler. Lui expliquer, peut-être. Lui dire que tout ça, c'était de la faute d'Axelle, Axelle qui était morte, Axelle que personne n'égalait, Axelle qui ne lui avait rien donné, pas même le droit de la pleurer, Axelle qui lui avait offert, plutôt qu'un baiser, plutôt qu'une nuit avec elle, une connerie de bracelet. Tout avouer, donc, ou bien ne rien dire, parce qu'en toute sincérité, se taire était tellement plus facile. La stratégie n'était pas encore totalement définie. Dans tous les cas, en frappant deux coups brefs à la porte, le brun songea qu'il valait mieux s'abstenir de s'annoncer, sans quoi elle ne lui ouvrirait pas, et d'ailleurs elle avait bien dit qu'il n'était plus question qu'il s'adresse à elle. Le projet n'étant pas de la fâcher davantage, il convenait d'obéir. Oh, et puis merde.
- Ange. Nous devrions parler.
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