Louise..
Jamais elle n'a aimé les nobles qu'elle sert, Louise. Ils sont vieux, poussiéreux et ils sentent le renfermé et le parfum passé à plein nez. Madame est coquette et extravagante. Elle aime les choses voyantes et luxueuses ainsi que tout ce qui peut la faire paraître plus riche et puissante. Monsieur est grossier et bedonnant, il sent la vinasse et la graisse, les vêtements souvent douteux car il aime s'empiffrer en douce. Notre Louise est leur employée. Dame de compagnie ou camériste, elle est surtout esclavagée à toute forme de tâches à longueur de journée. Madame la jalouse, Monsieur la reluque. Louise, elle, vaque à ses occupations en tâchant d'éviter les mains baladeuses ou les remarques agressives. Parfois, elle les espionne, quand elle trouve un peu de temps entre deux corvées. Elle regarde par le trou de la serrure de la chambre de chacun, ce couple ne dormant plus ensemble depuis déjà quelques années. Chez Monsieur, elle y voit souvent des jeunes femmes. Toutes payées par de rondes bourses remplies d'or. Il lui a déjà proposé de nombreuses fois, mais Louise le trouve répugnant et, pucelle, ne compte pas s'offrir à ce nobliau là. Elle ne reste jamais longtemps à son espionnage, car ça tourne souvent à un spectacle qui la débecte et elle a vite fait d'aller voir du côté de Madame. Celle-là, elle aime passer des heures à sortir tous ses bijoux, à les caresser comme s'ils étaient ses amours, sa vie, sa raison d'être. Ça fait souvent rouler des yeux la camériste. Elle est témoin d'un mariage plutôt triste et de la solitude de ces deux personnages aussi agaçants qu'exaspérants.
La jeune femme est dans la fleur de l'âge, elle vient tout juste de fêter ses dix sept printemps. Elle est de taille moyenne. Pas assez grande pour atteindre les étagères du bureau de Monsieur toutefois, ce qui donne le loisir à ce dernier de la lorgner pendant qu'elle peine à récupérer les objets à nettoyer. Elle sait qu'il le fait exprès. Elle n'est pas petite non plus. Pas assez pour que Madame ne la remarque pas et ne lui assène de vilains commentaires par pur plaisir sadique. Elle aimerait parfois être transparente. Et quand ses grands yeux noisettes s'écarquillent de rébellion silencieuse, souvent une petite moue boudeuse accompagne le regard, ce qui lui vaut régulièrement un "Vous avez une mine déplorable ma petite Louise. Allez-donc voir ailleurs, vous me gâchez le paysage.".
Elle est issue d'une petite famille d'un coin de Champagne. Ses parents sont fiers de l'avoir placée dans une maison "respectable". Ils lui écrivent souvent, de quelques mots mal rédigés, mal orthographiés, mais souvent pleins de tendresse, pour lui raconter que depuis qu'ils ont leur fille au château, ils sont bien vus dans le village et qu'ils ne manquent pas de travail. Elle se console donc en acceptant son rôle, suivant sa "Maîtresse" au rythme de ses caprices jusque parfois dans les endroits les plus indécents. Elle a tout vu, tout entendu et il lui faut souvent quelques heures pour s'endormir dans sa chambre froide et impersonnelle. Louise n'a pas beaucoup d'affaires. Elle porte des vêtements toujours soignés, mais peu luxueux. Jamais une tâche ne vient souiller le lin de ses robes modestes. Elle porte quelques couleurs toujours passées pour ne pas éclipser les tenues de Madame. Un port de tête gracile sur une nuque souvent couverte d'un fichu et ses cheveux blonds sont coiffés en un chignon discret, à la demande de son employeuse. Mais dès qu'elle en a l'occasion, Louise libère ses cheveux qu'elle soigne tout particulièrement. C'est d'ailleurs ce qui attire le plus Monsieur chez elle, outre ses courbes délicates qui ne manqueront pas de mûrir davantage. Cette crinière, n'est pas tout à fait blonde, mais plus proche du doré, du blé sauvage ou des écus sonnants et trébuchants. Elle donne l'impression d'être tissée de fils d'or, accrochant la lumière quand un rayon s'y promène. Chaque soir, elle se brosse longuement, rituel durant lequel elle rêve à d'autres aventures.
Louise se venge un peu de sa vie en se donnant quelques défis dans la journée. Parfois il s'agit de réussir à savoir quelle prochaine pique lui enverra Madame, d'autres fois elle fait en sorte de semer Monsieur qui la suit dans les dédales du château. Elle parie aussi avec les autres domestiques, se demandant qui aura sa prochaine colère, lequel des deux va se vautrer du canasson ou lequel passera le plus de temps aux latrines. Ça passe le temps et ça lui permet de rire et de s'évader quelques minutes. Mais ce qui se révèle être un vrai challenge depuis un moment déjà, c'est bien ses chapardages furtifs qu'elle ne manque pas de réaliser une fois par mois environs. Ses maîtres sont peu généreux, aussi se sert-elle parfois dans les coffres de l'un ou de l'autre, observant avec attention, les objets qui finissent par les lasser. Elle se fabrique un petit trésor qu'elle planque sous une lame de plancher du couloir de l'aile Est. Jusque là, elle s'en est toujours sortie indemne et l'adrénaline procurée par ces petits larcins est devenue une vraie drogue régulière.
Ce jour, Louise accompagne Madame à Paris. Ce n'est pas la première fois, ni la dernière d'ailleurs. Sa maîtresse aime à se pavaner dans les ruelles des Halles tout en s'offrant les tenues les plus chères possibles. Sa camériste écope souvent du rôle de porteuse, récupérant les paquets en pile assez haute pour ne plus laisser voir que le bout de son nez et ses yeux. Si elle a le malheur de trébucher, Madame lui offre des commentaires acerbes en la traitant d'empotée. Si en revanche quelqu'un ose lui faire un compliment, Louise écope d'un "Vous êtes d'une banalité désespérante ma petite". La jeune blonde a pris l'habitude de mordre sa langue pour ne pas se défendre. C'est difficile, mais efficace et elle s'en sort souvent bien, même si il lui arrive de marmonner après coup, toutes les répliques qu'elle aurait aimé lui dire en face.
Après avoir déposé les affaires à leur appartement, Madame envoie Louise faire d'autres courses et lui demande de ne pas revenir avant tard. Cet ordre est donné souvent quand Madame se paie la venue d'un jeune éphèbe pour qu'il la console au creux d'une couche en la couvrant d'amours illusoires.
Louise en profite pour souffler un peu. Elle déambule dans les quartiers, évitant ceux les plus malfamés. La Jussienne attire toutefois son intérêt, car elle y avait repéré, il y a quelques mois de ça, un établissement dont le nom la faisait rêver. Car régulièrement, quand le sommeil venait à manquer, la jeune fille allait fouiller dans les livres de Monsieur pour y lire des aventures ou des mythes grecs. Elle se fait donc quelques suppositions sur ce que pourrait être cet établissement mais la curiosité la pousse à vouloir vérifier par elle-même. La lourde et jolie porte d'entrée est ouverte d'une main discrète, à la manière d'une domestique qui se fait invisible. Louise introduit un minois curieux pour observer le hall majestueux qui se dessine sous ses yeux. Elle en prend plein les mirettes et ose avancer d'un pas, puis de deux, nez remonté vers le plafond en une expression d'étonnement. L'endroit est superbe et le goût est bien plus sûr que chez ses employeurs. Louise est stimulée de toute part et la curiosité marque si bien son visage qu'on ne peut douter de son désir d'en savoir plus sur cet endroit. Ici, à l'Aphrodite, la jeune femme en oublie jusqu'à son rang et il est bien trop tard quand elle réalise qu'elle n'est peut-être pas la bienvenue.
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La jeune femme est dans la fleur de l'âge, elle vient tout juste de fêter ses dix sept printemps. Elle est de taille moyenne. Pas assez grande pour atteindre les étagères du bureau de Monsieur toutefois, ce qui donne le loisir à ce dernier de la lorgner pendant qu'elle peine à récupérer les objets à nettoyer. Elle sait qu'il le fait exprès. Elle n'est pas petite non plus. Pas assez pour que Madame ne la remarque pas et ne lui assène de vilains commentaires par pur plaisir sadique. Elle aimerait parfois être transparente. Et quand ses grands yeux noisettes s'écarquillent de rébellion silencieuse, souvent une petite moue boudeuse accompagne le regard, ce qui lui vaut régulièrement un "Vous avez une mine déplorable ma petite Louise. Allez-donc voir ailleurs, vous me gâchez le paysage.".
Elle est issue d'une petite famille d'un coin de Champagne. Ses parents sont fiers de l'avoir placée dans une maison "respectable". Ils lui écrivent souvent, de quelques mots mal rédigés, mal orthographiés, mais souvent pleins de tendresse, pour lui raconter que depuis qu'ils ont leur fille au château, ils sont bien vus dans le village et qu'ils ne manquent pas de travail. Elle se console donc en acceptant son rôle, suivant sa "Maîtresse" au rythme de ses caprices jusque parfois dans les endroits les plus indécents. Elle a tout vu, tout entendu et il lui faut souvent quelques heures pour s'endormir dans sa chambre froide et impersonnelle. Louise n'a pas beaucoup d'affaires. Elle porte des vêtements toujours soignés, mais peu luxueux. Jamais une tâche ne vient souiller le lin de ses robes modestes. Elle porte quelques couleurs toujours passées pour ne pas éclipser les tenues de Madame. Un port de tête gracile sur une nuque souvent couverte d'un fichu et ses cheveux blonds sont coiffés en un chignon discret, à la demande de son employeuse. Mais dès qu'elle en a l'occasion, Louise libère ses cheveux qu'elle soigne tout particulièrement. C'est d'ailleurs ce qui attire le plus Monsieur chez elle, outre ses courbes délicates qui ne manqueront pas de mûrir davantage. Cette crinière, n'est pas tout à fait blonde, mais plus proche du doré, du blé sauvage ou des écus sonnants et trébuchants. Elle donne l'impression d'être tissée de fils d'or, accrochant la lumière quand un rayon s'y promène. Chaque soir, elle se brosse longuement, rituel durant lequel elle rêve à d'autres aventures.
Louise se venge un peu de sa vie en se donnant quelques défis dans la journée. Parfois il s'agit de réussir à savoir quelle prochaine pique lui enverra Madame, d'autres fois elle fait en sorte de semer Monsieur qui la suit dans les dédales du château. Elle parie aussi avec les autres domestiques, se demandant qui aura sa prochaine colère, lequel des deux va se vautrer du canasson ou lequel passera le plus de temps aux latrines. Ça passe le temps et ça lui permet de rire et de s'évader quelques minutes. Mais ce qui se révèle être un vrai challenge depuis un moment déjà, c'est bien ses chapardages furtifs qu'elle ne manque pas de réaliser une fois par mois environs. Ses maîtres sont peu généreux, aussi se sert-elle parfois dans les coffres de l'un ou de l'autre, observant avec attention, les objets qui finissent par les lasser. Elle se fabrique un petit trésor qu'elle planque sous une lame de plancher du couloir de l'aile Est. Jusque là, elle s'en est toujours sortie indemne et l'adrénaline procurée par ces petits larcins est devenue une vraie drogue régulière.
Ce jour, Louise accompagne Madame à Paris. Ce n'est pas la première fois, ni la dernière d'ailleurs. Sa maîtresse aime à se pavaner dans les ruelles des Halles tout en s'offrant les tenues les plus chères possibles. Sa camériste écope souvent du rôle de porteuse, récupérant les paquets en pile assez haute pour ne plus laisser voir que le bout de son nez et ses yeux. Si elle a le malheur de trébucher, Madame lui offre des commentaires acerbes en la traitant d'empotée. Si en revanche quelqu'un ose lui faire un compliment, Louise écope d'un "Vous êtes d'une banalité désespérante ma petite". La jeune blonde a pris l'habitude de mordre sa langue pour ne pas se défendre. C'est difficile, mais efficace et elle s'en sort souvent bien, même si il lui arrive de marmonner après coup, toutes les répliques qu'elle aurait aimé lui dire en face.
Après avoir déposé les affaires à leur appartement, Madame envoie Louise faire d'autres courses et lui demande de ne pas revenir avant tard. Cet ordre est donné souvent quand Madame se paie la venue d'un jeune éphèbe pour qu'il la console au creux d'une couche en la couvrant d'amours illusoires.
Louise en profite pour souffler un peu. Elle déambule dans les quartiers, évitant ceux les plus malfamés. La Jussienne attire toutefois son intérêt, car elle y avait repéré, il y a quelques mois de ça, un établissement dont le nom la faisait rêver. Car régulièrement, quand le sommeil venait à manquer, la jeune fille allait fouiller dans les livres de Monsieur pour y lire des aventures ou des mythes grecs. Elle se fait donc quelques suppositions sur ce que pourrait être cet établissement mais la curiosité la pousse à vouloir vérifier par elle-même. La lourde et jolie porte d'entrée est ouverte d'une main discrète, à la manière d'une domestique qui se fait invisible. Louise introduit un minois curieux pour observer le hall majestueux qui se dessine sous ses yeux. Elle en prend plein les mirettes et ose avancer d'un pas, puis de deux, nez remonté vers le plafond en une expression d'étonnement. L'endroit est superbe et le goût est bien plus sûr que chez ses employeurs. Louise est stimulée de toute part et la curiosité marque si bien son visage qu'on ne peut douter de son désir d'en savoir plus sur cet endroit. Ici, à l'Aphrodite, la jeune femme en oublie jusqu'à son rang et il est bien trop tard quand elle réalise qu'elle n'est peut-être pas la bienvenue.
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