Maryha
- L'amour est-il si pressé de toujours vouloir s'en aller ?
Dites-moi si vous savez, où s'en vont les curs brisés, quand ils ont fini daimer ?
Même si le temps passe, rien ne te remplace
Mais saurons-nous un jour, où donc la vie les emporte
Toutes ces amours mortes ?
Où vont les curs brisés quand ils ont fini d'aimer ? A l'Aphrodite bien sûr.
Qu'on leur donne l'envie, l'envie d'avoir envie ! Où l'ont ils fait prisonnier ? Pour repriser les curs cassés, appeler un coeurdonnier, boire, fumer, oublier, sentir sa peau vibrer, son coeur palpiter sous le joug du fantasme réalisé !
Chagrin d'amour ? Amant envolé ? Coeur déchiré ? Corps en manque ? Désir caché ? Un bon endroit pour se soigner, l'Aphrodite. Juste un peu d'or ou de bijoux, quelques centaines d'écus, et toutes les demandes, spéciales ou non, sont à votre portée.
Alors l'ancienne Epicée n'a pas longtemps hésité ; il lui faut juste préparer un peu le tout. Préparer ce jour la soirée d'après demain. Pour que tout soit calculé, pour que tout soit prêt, pour qu'elles n'aient plus qu'à se laisser porter. De noir vêtue, tel un pirate, bas en cuir, corset serré, le tout couvert d'une cape sombre, elle a gardé disséminé sur son corps, dagues et épée. Et dans la bourse cachée, les profils des galants pour Marion & Adrianah.
Pour l'envie, elle a Adrianah ; pour les écus, elle a Marion. Que le spectacle commence !
ça avait commencé plutôt innocemment, une sortie entre filles, l'exploitation des ressources et des richesses de Marion pour côtoyer la "haute" ; confort, luxe et interdit pour rattraper les derniers mois d'aventures, et parfois de celles dont on se passerait volontiers. Quel est le con qui a dit qu'il n'y avait pas de mauvaises expériences ? Que des leçons ! Son poing dans leur trogne, ça aussi c'est la leçon !
C'est donc comme ça, dans l'émulsion de la conversation, dans le feu de la discussion, emportée par son prétexte parisien tout trouvé, en vue de son prochain coup fourré,qu' elle a lancé aux filles : " et l'soir, on s'fait une soirée à l'Aphrodite ! De quoi tout oublier ! ".
Maryah et ses idées tordues. Une de plus.
Et bien sûr, aucune des deux femmes pour l'en dissuader. Avec ce qu'elles viennent chacune de vivre, comment encore parler de Raison ? Ce mot est à mille lieues de leurs pensées, et leur condition de vie actuelle.
Parce que quitte à mourir à la guerre, après avoir perdu beaucoup, autant rire et jouir au préalable. Autant partir comme de beaux diables. Ou d'horribles diablesses. Une soirée sans limite. C'est ça le plan ! C'est ça l'Aphrodite !
Maryah .... Maryah ... l'Aphrodite ! Cet endroit, qu'enfant tu livrais, et pas en caramels ... cet endroit aussi, où tu t'es fait attraper quelques mois plus tôt, pour te faire emprisonner aux yeux d'Hadès, et passer à la question par la gitane à la solde des Royalos !
Maryah ... Maryah ... mon enfant ! Une fois ne te suffit pas ? Entrer dans la cour de tes ennemis ne te posent pas de soucis ? Risquer bêtement ta vie ? Les souvenirs de torture ne sont ils pas assez présent ? la provocation en vaut elle la chandelle ? Seras tu seulement capable de la tenir ... la chandelle ? Si elle ne te brûle pas la pointe des pieds ? S'il reste encore quelque chose à brûler.
Danger, danger !
Idiote.
Elle n'apprend pas des leçons du passé.
Elle avance vers la porte, la fin de journée est avancée.
Elle veut mettre carte sur table, elle paie, et le client est Roy ! Elle dit quand, elle dit où, elle dit qui, elle dit comment !
Elle rit déjà de les voir, les deux amies, dans ce genre d'endroits où luxe et luxure s'allient à merveille. Elle veut voir des gens rire, boire, s'amuser, se parer d'artifices, de séduction, de masques, de faussetés en tout genre. Alors que les habits tombent, glissent au sol dans un bruit de soie. Qu'ils se mettent à nu, tel qu'on l'est à la naissance, tel qu'on l'est, fragilisé à souhait. Ouvert à l'Autre.
L'Autre, qui un beau jour disparait sans un mot, et vous laisse vide de tout !
La Fête ! Pour cacher. Simuler. Oublier. Exorciser. Que l'alcool coule à flot ! Qu'il nettoie les plaies béantes ! Qu'il cicatrise les fermées ! 3 drôles de dames, 3 courtisans ... ou plus !
Qu'ils soient les meilleurs, qu'elle soit la pire !
Qu'elle exulte ce passé qui lui crache à la figure, se moque d'elle, en lui tournant autour, encore et encore. Ce karma démon qui revient la frapper là où le bas blesse. Qu'elle soit témoin des pires bassesses, qu'elle les regarde tous s'abandonner à l'animal instinct, à l'excitation, à l'égo, et aux pires dérives. Faute de sang, que le champagne coule à flot, ou bien le whiskey, ou encore le Rhum ! Comme au bon vieux temps des galères ! Qu'importe le flacon pourvu qu'elle ait l'ivresse.
Alors quand elle vient frapper à la majestueuse porte, mille fois rencontrées, elle est déterminée, hautaine, audacieuse, puante d'exigences qui tomberont tel un couperet sur le cou d'une jeune pucelle.
Sous le poing percutant, la porte vibre, tremblant sur les gonds ; et dans la précipitation, afin d'éviter que détermination ne se fiche la malle, c'est sans attendre que celle-ci s'ouvre à elle, qu'elle s'exclame :
" J'ai une REserVAtion SPECIALE à faiRE ! Je VEUX voir le RESPONsable, la DIRECtrice, la GERante " ...
Non, elle ne va pas se laisser impressionner par la Gitane ! Hors de question ! Elle est plus forte que ça, et puis surtout, même si elle ne l'était pas, elle n'a rien à perdre. Du coup, même pas peur ! Qu'elle y vienne l'Axelle de malheur, la royaliste pervertie ! Dans son état de rage, la bridée serait bien capable de lui rouler une pelle. On verra bien laquelle des deux sera la plus perverse !
Et pour bien enfoncer le clou, elle ponctue, orgueilleuse et fougueuse :
- VOTRE prix sera le MIEN ...
Enfin, surtout celui de Marion. C'est elle la Bourse sur pattes.
Et ne dit on pas, la Bourse ou la Vie ?
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