Lenu


La réponse qui n’avait pas tardé l’a laissée perplexe un instant. Orbes sombres détaillant chaque arabesque de l’écriture, esprit détaillant la sobriété du texte. Pipe ancrée aux lèvres charnues laissant échapper quelques volutes de fumées, les yeux se plissent quelques secondes jusqu’à ce que la main fine retire la pipe et la délaisse sur la table. La langue impose un claquement contre le palais tandis qu’elle se lève, la missive est pliée et remise à l’intérieur de son mantel. Si jamais on lui demande preuve de son entretien, elle la sortira. Le nez aquilin se fronce légèrement, quelque chose la chiffonne et elle n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Est-ce l’appréhension d’aller dans un tel établissement ? Est-ce l’effet que lui fait Paris dont elle en ressent tout le danger ? Nouveau claquement de langue. Elle n’est pas fille à s’émouvoir du danger, ni de la fange, ni de maisons offrant luxure.
Toute à la recherche de cette petite alarme qui teinte au loin dans son esprit, elle relève la longue chevelure ébène en un chignon dans lequel elle glisse un fin stylet si délicatement ouvragé qu’il ressemble à une longue épingle à cheveux. La main se porte à la hanche ou trône la dague nichée dans son fourreau, dague dont Axelle a su faire sienne une morsure qu’elle ne pourra jamais oublier. Inconsciemment, la pulpe des doigts vient caresser la légère cicatrice offensant la gorge délicate, esquisse d’un sourire éphémère alors qu’elle se couvre de son mantel et en relève le col. Elle dépose un coffret de bois sculpté dans sa besace qu’elle porte à son épaule, il est temps d’aller affronter l’auteur de la lettre, de se montrer convaincante quant aux services qu’elle peut offrir à l’établissement.
Elle retrouve la rigueur de l’hiver, l’inspire profondément, décidant d’y aller à pieds, la chambre louée n’étant pas bien loin de la Cour de la Jussienne pour d’autres raisons. L’Italienne traverse l’obscurité qui peine à tenir son règne sous un éclair de voile de lune, dévoilant enfin la bâtisse dans toute sa majestuosité. Lénù l’observe un instant avant de s’avancer vers la lourde porte cochère et d’y apposer trois coups de heurtoir résonnant dans la nuit. Le cliquetis métallique des verrous rend écho, un garde la dévisage sans dire mot.
Bonsoir. Lénù di Massari, je suis attendue par la direction.
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Toute à la recherche de cette petite alarme qui teinte au loin dans son esprit, elle relève la longue chevelure ébène en un chignon dans lequel elle glisse un fin stylet si délicatement ouvragé qu’il ressemble à une longue épingle à cheveux. La main se porte à la hanche ou trône la dague nichée dans son fourreau, dague dont Axelle a su faire sienne une morsure qu’elle ne pourra jamais oublier. Inconsciemment, la pulpe des doigts vient caresser la légère cicatrice offensant la gorge délicate, esquisse d’un sourire éphémère alors qu’elle se couvre de son mantel et en relève le col. Elle dépose un coffret de bois sculpté dans sa besace qu’elle porte à son épaule, il est temps d’aller affronter l’auteur de la lettre, de se montrer convaincante quant aux services qu’elle peut offrir à l’établissement.
Elle retrouve la rigueur de l’hiver, l’inspire profondément, décidant d’y aller à pieds, la chambre louée n’étant pas bien loin de la Cour de la Jussienne pour d’autres raisons. L’Italienne traverse l’obscurité qui peine à tenir son règne sous un éclair de voile de lune, dévoilant enfin la bâtisse dans toute sa majestuosité. Lénù l’observe un instant avant de s’avancer vers la lourde porte cochère et d’y apposer trois coups de heurtoir résonnant dans la nuit. Le cliquetis métallique des verrous rend écho, un garde la dévisage sans dire mot.
Bonsoir. Lénù di Massari, je suis attendue par la direction.
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