Guillon
*Paris, Avril 1466*
« Au pays du rêve, nul n'est interdit de séjour » - Julos Beaucarne
« Au pays du rêve, nul n'est interdit de séjour » - Julos Beaucarne
Des jours à lobserver. Des années quil ne lavait vu daussi prêt. Ses murs inchangés, mais la vie qui y était caché, elle, nétait surement plus celle quil avait un jour connu. Le monde avait changé, tout comme lui Auguste Guillon. Qui là bas connaissait encore ce nom ? Lâge avait probablement rendus plus sages les anciens ribauds à moins que la potence navait eut raison deux. Quand à lui, le poète, il navait pas eut à sortir de la ville pour finir enterrer dans une fosse commune. Une bien modeste sentence lui avait été octroyé pour ses crimes. De quoi faire jalouser les défunts. Lart de la rime offrait til vraiment quelque passe-droit ? Ou la culpabilité de sa vie épargnée avait elle été un fardeau de plus à porter ?
Un bruit de charrette sentendait au loin, approchant du pensif observateur mais ce dernier ne sen laissa pas distraire, retournant a quelque époque plus récente de son passé Il nétait pas devenu plus sage par la suite de son bannissement. La vie en campagne lui était vite devenue familière grâce à ceux qui s'y cachaient là. Certains dentre-eux suspectèrent quil eût évité la corde en léchange dune aide pour les autorité et mirent un certain temps à lui faire confiance. Qui plus est, lintellectuel nétait pas exactement de leur trempe, même sil était lui aussi un marginal et curieux épicurien avide dune liberté qu'il trouvait entravé par les lois et la bienséance Mais quel en serait le prix ? Sa quête lavait fait sabaisser aux plus viles, sassociant à des écorcheurs don linsolence de leurs méfaits enterrèrent lhumanité dun poète sans âme. Des années de rapine et dexcès, à côtoyer de bien trop prêt la mort laissait peu de place au goût pour la vie et de sens pour celle-ci Il lui avait fallu rencontrer une âme tout aussi perdu que lui pour quil se montre capable du courage nécessaire pour fuir ce mode de vie et tenter de remplir le vide au sein de lui. Et même quand il avait tenté de chasser son passé qui cherchait à le rattraper, il avait continué de lui tourner le dos
Pourtant, il était revenu sur ses pas. Et la charrette, elle aussi, se rapprochait. Ils étaient à deux doigts de se rencontrer, aussi sûrement quil était prêt à franchir le pas et retourner là où il ne devait pas. Les risques faisaient partie du jeu, ajoutait du piment à la vie. Étais-ce là une leçon pour lorpheline qui laccompagnait et à qui il avait promis de faire visiter le quartier latin et la Sorbonne, lieux où il avait apprit son art, celui quil enseignait à la jeune fille ? Embellir le sujet était sa manière de négliger le danger, même si celui ci le concernait principalement, cétait irresponsable de sa part de ly associer La jouissance dun exploit, sil laccomplissait, serait un agréable souvenir pour tous les deux, mais était il vraiment si confiant en son succès ? Bien sur que non
La mule tirant la charrette râle alors quelle ralentit le pas, sarrêtant à coté des deux voyageurs dans lattente, le conducteur les toisant avec un grand sourire avant de leur adresser la parole avec un fort accent Parisien :
- Holà ! Je viens tenir la corde ! Le père aux écus au coup de marteau est-il prêt à faire des bamboches tout en évitant les cabriolets ? Il est lheure de se la fracturer ! Pas de bêtises, il ne sagit pas dêtre le lion du jour, jai pas envie de me peigner et encore moins de perdre le goût du pain ! *
Spoiler:
(Langue verte) Holà ! Je suis le héros du jour ! Lhomme riche un peu fou est-il prêt à faire des sottises plus ou moins graves tout en évitant de finir en prison ? Il est lheure daller quelque part ! Pas de bêtises, il ne sagit pas dêtre le point de mire de tous les regards, jai pas envie de me battre et encore moins de mourir !
La fillette interrogea son Auguste compagnon dun regard incertain, nayant pas appris dans ses leçons les nombreux jargons et argots don le poète était très friand. Celui dernier sortit une coquille d'une poche tout en la passant au conducteur, échangea quelques propos tout aussi incompréhensibles avec lui, donnant limpression a une oreille non-adepte dentendre deux personnes improviser des phrases sur le tas sans queue ni tête. C'était pourtant loin d'être le cas. La jeune Alix fut prise sous ses aisselles et déposé à bord, suivit de prêt par le brun qui alla chercher à larrière de la charrette quelques déguisements pendant quils se mettaient en mouvement. Ils navaient que peu de temps pour se préparer, mais ils en auraient bientôt bien assez pour endurer les répercussions de leur entreprise Car une fois les portes de la ville atteintes, leur rêve prit fin abruptement. Non, il ny aurait nul séjour aisé qui les attendaient là. Et ce fut dans lanonymat le plus total quils disparurent du monde, comme sils neurent jamais existés, leurs précautions ajoutant au mystère de leur éclipse Il nétait point encore venu le jour où le Guillon serait ici à nouveau connu...
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Note HRP : Merci a tous mes camarades de jeu, aux amitiés nées parmi eux. A tous je souhaite bonne continuation et peut-être à la prochaine !
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