Arseline


- Faut il une raison de se sentir coupable pour l’être vraiment, vous avez deux heures.
Inviter Octave, n’avait pas été chose aisée, la peur du refus, l’angoisse de trouver le moment ou personne ne serait là pour la juger, et l’humeur du jour.
Il fallait ajouter à ça les conditions actuelles du Comté, mais il avait dit oui, à son grand étonnement et sans trop discuter.
Plus tard il lui a même pris la main pour rentrer, là ou elle s’attendait à trouver un bras pour s’y pendre et depuis, plus rien.
Etait ce volontaire ? Dû à l’horaire tardif de ce geste, innocent mais au combien perturbant pour la jeune femme qui s’est vouée à ne plus approcher les hommes ? Arseline n’en sait rien.
C’est dans cet état d’esprit que la Mini Lisreux s’avance jusqu’à la porte des appartements du Comte. Esquivant le corps d’Abasael roulé en boule au pieds d’un garde, trois coups sont portés à la porte accompagnés de sa petite voix.
Octave, vous êtes prêt ?
Pas plus habillé qu'à l’habitude, une robe de saison sans trop de fioriture, trop de détail, juste ce qu’il faut pour être présentable à l’endroit ou on les attends.. Juste de quoi pouvoir survivre, si jamais il a changé d’avis et la laisserait partir seule affronter la branche familiale qu’il lui manque.
Prêt également, depuis un moment, il est penché sur une énième missive quand il entend les coups donnés sur la porte. Un instant, il se demande qui donc peut bien venir le chercher alors qu’il est en plein travail, puis se rappelle pourquoi il s’est habillé.
Arseline.
Quand elle lui avait demandé de l’accompagner, il avait d’abord pensé refuser. Parce qu’il n’a clairement pas la tête à ça, et qu’en plus, il déteste les mariages et autres cérémonies. A chaque fois c’est pareil… On y va, plein d’enthousiasme et d’envie, et trois heures plus tard, on pionce dans un coin, de la bave coule sur le banc de l’église, et plus personne n’est là quand enfin les mariés se disent oui.
Ou on se dispute avec Isaure. C’était la seconde raison pour laquelle il avait hésité. Il avait beau douter légèrement des conseils de Madeleine, et en avoir ensuite discuté avec Alphonse, il ne savait toujours pas où il en était. Alors quand Arseline lui avait demandé, en faisant une affaire importante, de l’accompagner… comment lui dire non ? Il appréciait sincèrement la compagnie de la jeune femme, et avait été aux premières loges pour apprécier les difficultés de ses relations familiales.
Pas la peine de hurler Arseline, je vous entends parfaitement, et je suis prêt. Lâche-til dans un sourire en ouvrant la porte, et se glissant dehors, entre une Arseline et un Abasael ronflant.
Quand je vous disais qu’il faisait un bruit hallucinant !
- Amusée par ses remarques, encourager par son sourire, la jeune femme surenchérit, espérant ne pas réveiller l’homme à terre.
Certes. Il vous faudra vous en occuper un jour ou l’autre, ça fait mauvais genre pour un comte de laisser son.. Valet, Echanson ? à la porte.
Elle le regarde, ne trouvant le meilleur nom à lui donner, cherchant son aide, encore, avant de laisser filer pour se concentrer sur ce qui l'amène à le déranger.
Nous n’attendions plus que vous pour partir, la voiture est en bas, j’espère que ça va aller.. il y a un peu de route jusqu’en An ..jou..
Quoi ? Aurait elle volontairement omis de lui préciser que c’était loin?
Que c’était en Anjou, là où les gens sont fou ?
Non vraiment c’est pas son genre à la Lisreux d’oublier ce genre de détail.. à moins bien sur d’avoir eu la trouille d’y aller seule, de faire la connaissance de son demi frère, de sa nièce.. Pis être en compagnie d’Octave ça n’a pas de prix.
En quoi ?
Elle avait manifestement oublié en effet de préciser la chose au Beaupierre. Il est des contrées où il ne souhaite pas foutre les pieds. Anjou, Bretagne, Artois et Empire en font partie. Pourquoi ? On ne saurait pas vraiment le dire. Peut être parce qu’il déteste les gens qui ont plus de charisme que lui ? ou qu’il ne supporte pas de n’être pas le plus fou ? Ou simplement parce qu’il kiffe la royauté, la Couronne, enfin du moins tant que c’est Alvira qui en est à la tête ?
Vous êtes vachement bien gardée de me le dire. Et en plus, c’est loin. Très bien, ça lui donnera tout le loisir de lui pourrir le voyage. Si Octave maîtrise un truc, c’est bien le faisage de gueule et la pénibilité.
[ Au Mariage.]
- Ni en avance ni en retard, l’affiche surprend, et sans connaître l’un ou l’autre, il faut parier. Un regard vers Octave, puis elle note Edern sur toutes les lignes sauf la dernière ou ce sera la mariée. Après tout les hommes de la familles sont soit mort, soit trop.. féminin, pour être considéré comme tel. Glissant son billet dans l’urne, elle zieute les présents, baissant d’un ton pour éviter de laisser entendre son angoisse.
Je ne sais décidément pas quelle folie m’a poussée à venir jusque là, en votre compagnie, en plus.
Le bout du nez se plisse, le sourire se fait en coin, et il est temps d’aller saluer de la tête, pour ne pas passer pour une sauvage.
Je vous retourne le compliment Arseline. Sauf pour la compagnie, puisque c’est ainsi que vous avez réussi à me piéger.
Et voilà comment le Comte d’Armagnac et de Comminges, au beau milieu d’une campagne de chasse aux couards, se retrouve propulsé dans un mariage ou assimilé, ne connaissant personne, et accompagnant quelqu’un qui ne connait personne non plus. Ca promet.
Ecrit à quatre mains, en compagnie de JD Octave.
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