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[RP] Des yeux partout

L_intrigue




       _Suspect, je n'serai point Messire ! Pas un geste, pas un mot, rien ne vous fera ressortir votre épée, je vous l'promets !

       Si les années de roture et de vie dans la rue avait rendu le bougre presque insolent d'assurance, il n'en était pas pour autant stupide : pour vivre aussi longtemps à même le pavé de Paris, il fallait être aussi malin que l'on était opportuniste. Faisant grincer ses guiboles maigres et nerveuses comme deux sarments de vignes, le mendiant se redressa avec lenteur, l'échine courbée et la tête basse, sans que l'on puisse affirmer s'il s'agissait-là de respect ou de simple faiblesse. Lorgnant d'un œil réprobateur le troisième garde sortant avec son larcin sous le bras, il prit lentement son rôle de guide au sérieux, non sans lancer d'une intense curiosité :

       _ Pourriez-vous me dire ce qui vous mène chez Giuseppe, Messires ? A-t-il des... ennuis ? J'imagine qu'on ne vous presse pas pour un simple trou dans une mitaine et que c'est encore moins une rombière qui vous fais mener pour un parfum qu'aurait tourné !

       Ces petits pas soulevant la crasse de Paris, le Miséreux n'en avançait pas moins avec une aisance tranchant quelque peu avec sa carcasse délabrée.

       _Savez, y'en a qui se questionnent ! Pas plus tard qu'il y a peu, on a vu débarquer... Hum... Roland ! Tout paniqué dans la boutique de Giuseppe. Savez, il besogne au Louvre, Messires ! Et je l'ai vu ! Parce que moi, j'ai l'œil et l'oreille ! Savez quand on traîne tout son jour dans la rue, regarder et entendre, on a qu'ça à faire, entre deux supplications... Savez Messires, j'suis qu'un pauvre traîne-misère, sans le sous... sans le pain... sans rien... un peu de générosité, ah ! Ca fait tant de bien et... Ah bah on y est.

       Se figeant brusquement, le mendiant fit halte devant une grande porte boisée donnant sur une rue plutôt large, mais plus calme que celle bordant la vitrine de l'atelier du Maistre-Gantier. On pouvait deviner une petite cour intérieure juste à côté.

       _ La boutique est de l'autre côté, mais savez, Pelletier, il a un peu un poil en dedans, il paye les autres pour le travail, lui, il ne plonge les mains qu'dans son argent. C'est chez lui, personnellement, qu' vous le trouverez. C'est que j'en sais des choses Messires ! J'pourais vous aider plus souvent... contre un peu d'argent... J'sais tellement de chose que j'peux vous prédire que si vous frappez, c'est cette vielle carne d'acariâtre d'Adelsinde qui vous ouvrira !


       Se penchant vers le Grand Prévôt, une main sur la bouche comme pour couvrir sa confidence, il murmura :

       _ C'est parce que cette morue de boniche est vieille fille, hinhinhin.


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