Isaure.beaumont
... Pour une théorie capillaire
Une catin et une noble respectable sont dans une taverne. On pourrait croire au début d'une mauvaise blague, et on aurait sans doute raison.
Les deux femmes, contre toute attente, échangent, et se trouvent même quelques valeurs communes, comme "chacun sa place et les vaches seront bien gardées.". Quelques unes, il ne faut pas exagérer : c'est une conversation parfois houleuse, souvent drôle, et soudain même, farfelue. Car la brune, avisant la chevelure de feu de la catin, prétend que toutes les rousses sont faites pour l'amour, que les blondes irradient de vertu quand les brunes sont fades et sans intérêt. Elle va même jusqu'à prétendre que les hommes, tous les hommes, aiment les rousses ; même son époux, qui s'en défend pourtant.
Rouquine, on ne le répètera jamais assez, incarne la caricature même de la putain au grand coeur, et après s'être positivement bidonnée à l'idée même que les blondes fussent toutes vertueuses - elle qui en connut de fort délurées- offre donc à la jeune inconnue de l'aider à vérifier cette théorie... ou l'infirmer. Soit elle décide d'avoir confiance en son époux soit... si son mari aime les rousses, elles le sauront bien assez tôt. Mais pour l'heure, la nobliote aux idées arrêtées hésite, pèse le pour et le contre et se décide enfin. Après tout, quel mal y a-t-il à savoir ? Si elle ne doute pas de l'amour qu'il lui porte, elle s'est convaincue, et n'en démord pas, qu'il finira par céder à une femme plus désirable qu'elle. Et les rousses ne sont-elles pas l'incarnation même du désir ? Rendez-vous est donc donné à l'église pour parler sans être vues des détails de l'affaire. Et la roussette de rejoindre la brune agenouillée près d'une colonne, prenant place derrière elle. Tête baissée, elle chuchote.
-Pssst. Je ne connais même pas votre nom, ma dame..
-Le tairez-vous seulement ? Rappelez-vous votre promesse. Pas un mot. A personne. La réponse est soufflée, l'air grave, et la suite lui échappe: Isaure de Beaupierre.
- J'ai conscience des enjeux, ma dame, et ne trahis jamais. Me parlerez-vous un peu de lui ou... préférez-vous que la couleur de mes cheveux reste mon seul... atout ?
Il faut bien l'admettre, Rouquine a déjà pris parti pour l'époux. Dieu fasse, pour la paix des ménages, qu'elle échoue dans leur entreprise.... Agenouillée qu'elle est, pile au bon endroit pour cela, la jeune rouquine de se mettre à prier en silence pour que le mari soit fidèle... Ou Isaure de Beaupierre serait à jamais convaincue que le destin se résume à la couleur des cheveux. Peut-être pourrait-elle en faire très peu pour lui plaire... ? Non, ce serait malhonnête. Mais est-ce seulement honnête de la part de la Beaupierre de tenter ainsi son époux, de lui tendre cet odieux piège pour se rassurer pleinement quand elle aurait simplement pu lui faire confiance et se contenter de sa charmante vérité: s'il n'a jamais touché d'autre femme qu'elle, pourquoi commencerait-il aujourd'hui à s'y intéresser ? Les genoux endoloris, les pensées bien éloignées de ses habituelles prières et qui n'ont alors rien d'aristotéliciennes, la Beaumont met de l'ordre dans ses pensées, ourdissant leur plan.
- Octave. Il s'appelle Octave de Beaupierre. Il est cependant inutile que vous en sachiez beaucoup plus sur lui.Elle marque une pause, réfléchissant. Si vous semblez trop le connaître, il s'alertera et finira par se méfier de vous et nous aurons tout gâché. Un regard circulaire lui confirme qu'elles sont seules et la Beaumont, le regard brillant, se retourne vers sa complice du jour, étrange duo de vertus et de vices. Vous le reconnaîtrez aisément. C'est un bel homme. Un très bel homme même. Le sourire s'étire malgré elle La tête aussi bien faite que la silhouette. C'est un homme brillant, vous savez. Il manie aussi bien l'épée que la plume. Rien ne l'intimide, ni ne lui résiste. Et il est si beau, vous l'ai-je déjà dit ? Son nez si fier, la courbe de ses lèvres, l'éclat de ses yeux, la douceur de ses sourires, la bienveillance de son regard... tout... tout est beau en lui. Tout est bons. Jusqu'à son âme. Je dois cependant vous mettre en garde. Il a un humour déplorable. C'est bien là tout ce que je peux lui reprocher. Si je fais abstraction de sa mauvaise foi, de son obstination, de ses sautes d'humeur, de ses bouderies, de ses... Enfin, bref. Passons. Nous ne sommes pas là pour lister ses défauts. Le sourire s'éteint, il est l'heure de passer aux choses sérieuses.
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Une catin et une noble respectable sont dans une taverne. On pourrait croire au début d'une mauvaise blague, et on aurait sans doute raison.
Les deux femmes, contre toute attente, échangent, et se trouvent même quelques valeurs communes, comme "chacun sa place et les vaches seront bien gardées.". Quelques unes, il ne faut pas exagérer : c'est une conversation parfois houleuse, souvent drôle, et soudain même, farfelue. Car la brune, avisant la chevelure de feu de la catin, prétend que toutes les rousses sont faites pour l'amour, que les blondes irradient de vertu quand les brunes sont fades et sans intérêt. Elle va même jusqu'à prétendre que les hommes, tous les hommes, aiment les rousses ; même son époux, qui s'en défend pourtant.
Rouquine, on ne le répètera jamais assez, incarne la caricature même de la putain au grand coeur, et après s'être positivement bidonnée à l'idée même que les blondes fussent toutes vertueuses - elle qui en connut de fort délurées- offre donc à la jeune inconnue de l'aider à vérifier cette théorie... ou l'infirmer. Soit elle décide d'avoir confiance en son époux soit... si son mari aime les rousses, elles le sauront bien assez tôt. Mais pour l'heure, la nobliote aux idées arrêtées hésite, pèse le pour et le contre et se décide enfin. Après tout, quel mal y a-t-il à savoir ? Si elle ne doute pas de l'amour qu'il lui porte, elle s'est convaincue, et n'en démord pas, qu'il finira par céder à une femme plus désirable qu'elle. Et les rousses ne sont-elles pas l'incarnation même du désir ? Rendez-vous est donc donné à l'église pour parler sans être vues des détails de l'affaire. Et la roussette de rejoindre la brune agenouillée près d'une colonne, prenant place derrière elle. Tête baissée, elle chuchote.
-Pssst. Je ne connais même pas votre nom, ma dame..
-Le tairez-vous seulement ? Rappelez-vous votre promesse. Pas un mot. A personne. La réponse est soufflée, l'air grave, et la suite lui échappe: Isaure de Beaupierre.
- J'ai conscience des enjeux, ma dame, et ne trahis jamais. Me parlerez-vous un peu de lui ou... préférez-vous que la couleur de mes cheveux reste mon seul... atout ?
Il faut bien l'admettre, Rouquine a déjà pris parti pour l'époux. Dieu fasse, pour la paix des ménages, qu'elle échoue dans leur entreprise.... Agenouillée qu'elle est, pile au bon endroit pour cela, la jeune rouquine de se mettre à prier en silence pour que le mari soit fidèle... Ou Isaure de Beaupierre serait à jamais convaincue que le destin se résume à la couleur des cheveux. Peut-être pourrait-elle en faire très peu pour lui plaire... ? Non, ce serait malhonnête. Mais est-ce seulement honnête de la part de la Beaupierre de tenter ainsi son époux, de lui tendre cet odieux piège pour se rassurer pleinement quand elle aurait simplement pu lui faire confiance et se contenter de sa charmante vérité: s'il n'a jamais touché d'autre femme qu'elle, pourquoi commencerait-il aujourd'hui à s'y intéresser ? Les genoux endoloris, les pensées bien éloignées de ses habituelles prières et qui n'ont alors rien d'aristotéliciennes, la Beaumont met de l'ordre dans ses pensées, ourdissant leur plan.
- Octave. Il s'appelle Octave de Beaupierre. Il est cependant inutile que vous en sachiez beaucoup plus sur lui.Elle marque une pause, réfléchissant. Si vous semblez trop le connaître, il s'alertera et finira par se méfier de vous et nous aurons tout gâché. Un regard circulaire lui confirme qu'elles sont seules et la Beaumont, le regard brillant, se retourne vers sa complice du jour, étrange duo de vertus et de vices. Vous le reconnaîtrez aisément. C'est un bel homme. Un très bel homme même. Le sourire s'étire malgré elle La tête aussi bien faite que la silhouette. C'est un homme brillant, vous savez. Il manie aussi bien l'épée que la plume. Rien ne l'intimide, ni ne lui résiste. Et il est si beau, vous l'ai-je déjà dit ? Son nez si fier, la courbe de ses lèvres, l'éclat de ses yeux, la douceur de ses sourires, la bienveillance de son regard... tout... tout est beau en lui. Tout est bons. Jusqu'à son âme. Je dois cependant vous mettre en garde. Il a un humour déplorable. C'est bien là tout ce que je peux lui reprocher. Si je fais abstraction de sa mauvaise foi, de son obstination, de ses sautes d'humeur, de ses bouderies, de ses... Enfin, bref. Passons. Nous ne sommes pas là pour lister ses défauts. Le sourire s'éteint, il est l'heure de passer aux choses sérieuses.
Ecrit à 4 mains avec JD ROuquine
Merci JD Dôn pour la première partie du titre
Merci JD Dôn pour la première partie du titre
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