Cornelius.de.leffe
[Début juin 1466 - Argentan ]
"And the rest, as they say, is History" *
"And the rest, as they say, is History" *
Ils se sont rencontrés en taverne, le Garde Royal et la Régente d'Alençon. Ont échangé quelques paroles agréables, perdues à jamais pour la postérité. Mais alors qu'elle s'en va, la voilà qui propose au garde de l'accompagner quelques pas. Le vieil homme lui offrira donc son bras. Et la suite...
Chiméra tourne les yeux vers lui, à peine sortie de la taverne.
- Je vous ai arraché à la jeune Constance, vous souhaitiez peut être demeurer en sa compagnie.
- Non pas particulièrement...Visiter la ville en votre compagnie est bien plus agréable. Et, après un regard en biais. Et que m'a valu l'honneur de cette invitation, votre Grâce ?
- Faut-il une raison?
Il l'observe, intrigué.
- Généralement, oui Mais il vous revient le droit de ne pas en avoir une, en effet Connaissez vous bien Constance ?
- Vous plairait-il de savoir que c'est simplement pour profiter de votre compagnie ?
Elle a quitté ses yeux, pour les tourner vers la rue, comme pour alléger le poids de ladite raison. Lui en profite qu'elle ait détourné le regard pour s'autoriser un sourire flatté.
- Si c'est le cas oui, il me plait grandement.
Le Vieux Leffe s'étonne un peu qu'une femme si jeune - du moins à ses yeux - et si titrée semble vouloir apprendre à mieux le connaitre, mais n'est pas prêt de l'avouer.
- C'est le cas.
L'Aubépine poursuit sa progression dans les rues d'argentan, ignorante des pensées du garde à son côté. Il ignore sans doute qu'en dehors de sa fonction présente, elle n'est pas titrée. Et Leffe ignore en effet tout des titres de la dame, mais une duchesse reste une duchesse à ses yeux : en homme de la vieille garde, il a un grand respect pour l'étiquette. Le Garde Royal marche à ses côtés, volant des regards de temps à autre, conscient que l'ambiance a légèrement changé depuis la taverne.
- Il va sans dire que le plaisir est partagé. Votre converse m'est fort agréable. Ce qui n'est pas.... si fréquent.
- Pourtant, vous fréquentez ce que la France compte de plus raffiné, non?
- Je ne dirais point que je les fréquente, répond-il en fronçant les sourcils. Je les vois, de part mes fonctions. Alors à moins que vous ne parliez du Capitaine de la Garde mon cousin, ou du Médecin Royal que je croise en taverne Les hauts nobles du Louvre non je ne les fréquente pas..
- Sont-ils donc totalement absents de l'équipée actuelle? Oh, et pour votre question, je l'ai connue a la Maison Royale mais nous n'avons guère eu l'occasion de passer du temps ensemble.
Un petit haussement d'épaules.
- S'ils en sont, je ne les croise pas Elle est agréable. Mais tout comme le médecin de la garde, la gentillesse n'a rien à voir avec l'art de la converse.
- Non, c'est juste, certains pratiquent le verbe à des fins plutôt nauséabondes. Je le prends plus comme un plaisir, pour ma part.
Cornelius glousse un peu.
- Il est vrai. Pourtant dans le cas de ces charmantes dames, j'entendais juste que leurs sujets de conversations n'ont pas grand intérêt pour moi. Par ailleurs elles sont fort gentilles.
- Si vous fréquentez les dames de la chambre qui causent jupons a longueur de temps, j'entends bien.
Elle rit faiblement, tandis qu'il se mord la joue.
- Hm.. si ce n'était que ça.
- C'est pire ? Demandera-t-elle avec un regard amusé.
- Ahem. Je ne veux pas dire de mal. Mais oui.
- Allez, lâchez vous. Rien ne sortira d'ici.
Et de la regarder, l'il pétillant de la voir amusée.
- Devriez sourire plus souvent.
- Donnez m'en donc l'occasion.
Rousse défie du regard, pressant de façon quasi imperceptible sa main sur le bras sage, et il grommelle carrément. Les commérages, c'est mal. Mais la dame est jolie. Dilemme.
- Hmpf. Elles parlent de choses que je trouve malséantes pour des dames, un peu comme des soldats. Voilà. Enfin pas Damoiselle Constance
- Allons, ne vous forcez pas à aller au delà si cela vous coûte.
- J'en ai bien assez dit pour que votre imagination complète mes dires non ?
- Allez, disons que oui.
- Assez des inepties qui se disent en taverne. Qu'elles soient vulgaires ou non, les paroles de tavernes sont généralement trop creuses.. c'est pour cela que j'y vais si peu. Vous rencontrer fut une exception J'aimerais mieux vous entendre parler de vous.
- Comme quoi, les tavernes peuvent être terre de surprises. La ville possède un verger charmant, vous plairait-il d'aller y chiper un fruit ou deux? Les cerises sont exquises, présentement.
- Vous avez l'art de décliner les questions dit-il avec une sourire en coin, hochant la tête en guise de consentement sur la destination prise.
- Pardon. Elle rit. Celle ci n'en était pas une. Formulez donc, et je vous répondrai.
Il rit carrément, puis se creuse la cervelle. Mince, il n'a aucune question Il songeait plutôt à entendre parler de son passé, ses goûts ou dégoûts, ses valeurs.. D'ordinaires les femmes ne sont pas si difficiles à faire parler. Lui jetant un regard en biais, il fronce légèrement les sourcils. Quelle question poser, qui ne soit pas "d'où venez vous" ? On a dit qu'on éviterait les blabla de taverne...
- Qu'est-ce qui vous importe le plus ?
La régente tourne les yeux vers lui, saisie par la question, et Cornelius écarquille légèrement les yeux, surpris lui même d'avoir demandé ça.
- Pardonnez moi, c'est peut-être un sujet trop sérieux pour une promenade au verger, ajoute-t-il.
- Je ... non, je.. laissez moi une seconde. Elle reprend sa marche, tout en songeant à sa question. Je dirais... le bonheur d'Elisabeth. Avant même mes enfants, elle est celle qui m'accompagne et qui me soutient chaque jour, depuis tant d'années.
- Elisabeth ?
- Elisabeth kermorial. L'actuel commissaire au commerce.
- Donc, le bonheur de ceux qui vous sont chers.
Il l'observe, elle opine.
- Ca. Oui.
- Nous ne sommes pas très différents. Sur ce point du moins.
- Votre famille, je suppose. J'ai peint un portrait pour Son Altesse la Dauphine hier, qui vous est je le sais apparentée. Elle était ravie.
- Ah ! je l'ai vu. Elle est arrivée toute joyeuse pour nous le montrer Mais je ne connais pas ma famille, Duchesse. Enfin très peu.
- Oui?
- Oui... Mais je dirais que ce qui m'importe le plus est d'être.. Droit. Loyal envers mon chef de famille, ma Reyne, mon Dieu. Plus jeune, le bonheur était au centre de mes préoccupations mais j'ai appris assez vite qu'il peut-être arraché.
Il sourit et hausse les épaules, comme si cela pouvait alléger ses dires.
- Et pourtant, il peut aussi être cultivé. Doit l'être, même.
- Hum. Je suppose qu'on peut essayer. Mais être droit, on peut toujours réussir, alors que le bonheur n'est pas de notre ressort. Dieu le donne, et le reprend à sa guise...
- Je ne suis pas d'accord avec vous. La droiture est un sentiment très personnel. Bien d'autres pourraient dire que vous êtes tordu, ils auraient l'impression d'avoir raison, si le nombre fait foi.
Cornelius regardait au loin, plongé dans le passé et tourne la tête vers elle, surpris.
- Sauf que je me fiche bien de ce que d'autres pensent, si je me sais droit et loyal envers ce en quoi je crois A savoir mon Sang, mon Roy et mon Dieu. Ah, et l'amitié, aussi. N'oublions pas l'amitié.
- L'amitié. Voilà une chose qui peut bonheur générer.
Cornelius la regarde, un peu trop longtemps peut-être. Jamais il n'a eu de converse si profonde avec une inconnue.
- C'est vrai . Je ne fuis pas le bonheur, je dis que je ne compte pas dessus...
- Vous faites bien. C'est une drôle de bestiole bien compliquée à saisir.
Il opine, et puis détourne les yeux de façon un peu soudaine.
- Bon, il est loin votre verger ?
[* Traduction littérale : Et la suite, comme on dit, appartient à l'Histoire
Traduction en contexte : Et la suite, vous la connaissez..
RP 4 mains avec JD Chimera.]
Traduction en contexte : Et la suite, vous la connaissez..
RP 4 mains avec JD Chimera.]
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