Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[Rp One-shot] Nuits noires & nuits blanches périgourdines

Perceval_aelis
Rp ouvertissime !
Le principe du topic est simple, décrire un petit événement, une pensée, les activités nocturnes de votre pantin tant que ça n'engendre aucune réponse direct.
One shot = un coup.
Idée reprise de Jd Jean.de.cetzes : A Toulouse on ne dort pas



Lentement, elle retire ses vêtements, lasse de la soirée, des dérangeantes émotions qui l'ont traversée, seule reste la chainse de lin qui lui laisse les bras nus, grêlés d'une maigre chair de poule.
La fine et longiligne silhouette balance un peu, l'esprit souhaite s’apaiser dans un ultime courrier, mais elle a jà écrit plus qu'il n'en faut à Nicolas, et reprendre la plume ne ferait qu'accentuer le malaise qui l’accapare pleinement.
Puis le corps est fourbu, de cette fatigue de l'âme, d'une solitude qu'elle croyait avoir perdue et tout à plein retrouvée dans un conte.

Lippe se pince dans l'obscurité, il y a presque l'ombre d'une hésitation à rejoindre Minah dans son nid, reprendre les enfantines habitudes, rituels rassurants du soir, lorsque sa soeur lui paraissait doudou. Odeur charnelle solidement ancrée dans la profondeur d'un souvenir macabre d'une mère qu'elle ne pouvait quitter alors que sa chair entamait le lent processus de pourrissement.

Finalement, la fatigue gagne, et la carcasse cède, se plie en se faufilant dans les draps appesantis d'une humidité glaciale.
Comment est-ce de dormir avec l'être que l'on chérit ?
La question est là, posée en suspend au dessus de son rêve qui tarde.
Probablement, jamais Perceval n'en connaîtra la saveur.

Les yeux bectent le néant, où l'obscurité dessine des ombres charmantes.
Chimères.
Il y a le noir du Chat, le bleu de la Fleur.
La courbe gracile d'un long cou blanc, l'accent de rocaille dans le grave d'une voix.
Le sinueux d'un sourire, un rire échappé qui grelotte dans l'oreille.
Qui se penchera cette nuit pour baiser son front pâle d'insouciants songes, qui plongera sa main à son sein pour lui vriller le coeur de mille épines ?
Qu'importe, les penchants de l'âme, les penchants charnels qui lovent dans les lieux secrets.
Elle l'a dit, elle l'a écrit.
L'Abeille ne s'attache qu'à la Fleur.

_________________
Benjen

      [Nuit trouble - Retraçage à "Ta mère la Catin !"]

      J'ai mal. Mais vous n'imaginez même pas à quel point j'ai mal ma gueule là ! Pourquoi me direz-vous ?
      J'ai bu. Et j'ai fumé !



        -Beuuuh …


      Pogne trouve trogne, tandis que j'allonge mes guiboles sous la table. La simple fait d'y repenser me donne la nausée. Non pas de dégoût, mais il semblerait que j'ai tout de même un peu abusé sur les quantités … Foutu cocktail qui m'a bien mis la trogne en vrac.
      La faute à qui ? Trèfle. Bon, un peu de la mienne. J'étais curieux de voir ce que ça donne une Dana sans contrôle. Je n'ai pas été déçu.
      Elle m'intrigue, sous sa fausse assurance se dissimule une âme meurtrie qu'elle tente d'enfermer dans une prison de résolutions décousues. Ca donne envie de creuser, de déterrer les secrets, de soigner. J'ai déjà donné mon cœur, mais rien ne m'empêche d'offrir un bout d'épaule sur lequel s'appuyer ?

      Soirée s'est consumée à la Pinardante, sans que de pine il ne soit question. Si ce n'est quelques confidences synonymes offertes au nom d'une amitié qui s'éveille et grandie.
      Mais l'ambiance fut tout autre lorsque l'inattendu s'est invité à la fête. La présence de l'ami délaissé pour un passé que je tente de fourrer au placard m'a refroidi un brin. Question, inquiétude et curiosité se sont invitées à l'esprit, mais prune et chanvre ont tôt fait d'entraver tout ça.



        -Hmpf …


      Jambes se croisent, et les bras imitent, rejoignant la table immobile pour calmer la torgnole qui menace à l'idée.

      De deux, nous sommes passé à trois. Et de trois à six. Adieu la quiétude d'un tête à tête. Tête m'à tourné et la concentration semblait vouloir me fuir alors que je tentais de saisir les conversations au vol dans les limbes opiacées qui m’entouraient. J'ai surtout réussi à me prendre le contenu d'un verre de prune dans la gueule ! Victime collatéral que je fus d'une tension palpable entre Coeur et Trèfle. Ma Gysèle, ma Dana. L'une d'abord conciliante, ce qui m'arracha quelques grognements. Se teindre en brune ! Quel idée stupide ! L'autre en rajoutant une couche sans tenir compte de ma détresse. Bravo la copine ! Tout ça pour terminé trempé entre celles qui se déclarent une guerre ouverte.

      Je crois bien que c'est là tout ce que je me rappelle. J'ai fini par me mettre en mode automatique, et bien que Coeur me chuchotait de vicieux propos pour emmerder Trèfle, je ne me souviens plus de leur substance. C'est sur ma Rousse que j'ai fini par m'échouer, gracile rocher qui fut un point d'ancrage parfait dans ce monde en mouvement constant. Je l'aime mon rocher, si j'en juge par la couche dans laquelle je me suis réveillé ce matin, elle ne m'a pas abandonné à mon triste sort, c'est bien pour ça qu'elle est la pièce maîtresse de mon trésor.

      Mes pensées s'égarent lorsque porte s'ouvre, et pogne se décale pour laisser une ambre se darder sur la fausse Comtesse aux framboises, me tirant de ma tentative pour recoller les pièces d'une soirée potentiellement mémorable.

    _________________
    Don.
    [Trouble fête]


    Une main fébrile caresse le sol froid. Une souris pourrait s'y lover, et choisir à sa paume, le parfait nid pour y pieuter. Pourtant seules quelques poussières parsèment la peau esseulée, car si son baron est ancré au rocher qui le mène par le bout du nez et la pin..ardante, Trèfle reste en solitaire, à mordre terre et faux somnifères. L'alcool n'a jamais aidé à se sentir mieux, et c'est aujourd'hui une preuve nouvelle de cette état de fait : Plus jamais, oh plus jamais, Dana n'ira boire autre chose que du petit lait.

    Les bleus découvrent une piaule qu'elle connaît par cœur pour l'avoir elle même décorée. Joue écrasée contre le bois du lit, le corps inerte n'en est pas moins un survivant des heures premières. Il fait encore nuit, lorsque s'éveille la bretonne et de coton, les jambes déplorent l'idée même de se lever.

    Tic tic tic. Le bruit d'une goutte au trajet inconnu inquiète la Celte, est-ce une boutanche oubliée, qui déverse là, le contenu de son estomac ?
    Tic tic tic tic. Il s'accélère, devrait-elle se lever, pour aller éponger le front de l'être qui transpire si fort qu'il en inonde la chambre ?
    Tic tic tic tic tic tic. Bordel, mais qu'est-ce que c'est !?!
    Tic tic tic tic tic tic tic tic tic tic tic. Le son ne s'arrête plus, il impose une sonorité infâme à entendre, pour ceux qui n'ont pas dormi plus de deux heures.


    Mauri...Mau...

    La voix est si rauque que l'émettrice même s'en effraie. Mieux vaut se taire pour éviter d'attirer l'Ankou et ses comparses, par un signal malheureux, d'une voix d'outre-tombe.
    Silhouette frémit et tente de se sortir du lit. L'idée fut malheureuse ! A peine l'initiative est entamée que Dana tombe et se retrouve douloureusement allongée contre le sol. L'espoir de se redresser est mort, tout comme la dignité de l'ivrogne mal assumée.


    Dieu ! Mais qui viendrait m'aider !

    Personne. Ils vont tous par deux, lorsque toi tu restes là, à chouiner lamentablement sur ton sort. Et pourtant, n'a t'il pas dit, hier, le sanglant... Que tu étais finalement bien entourée ? Archibald, Alphonse, Maurice, Gysèle et lui même. Si. Si, ils sont là. Il est là. Et d'un bras, d'un mot et d'un rire il lui offre de quoi subvenir aux besoins de ses enfants, au deuil à purger, au silence de la honte qu'une déchue n'assume plus. Voilà ce qu'est Benjen... Etoile au milieu d'une nuit noire. Refuge du Crépuscule.

    L'Aube n'est pas encore là.
    Dana s'est échouée.
    Le tic tic tic n'est autre que les céphalées piétinant le noyau de son crâne malmené.
    La scène est absurde, et pourtant... Pourtant, un sourire vient étirer ses lippes meurtries.

    _________________
    Alphonse_tabouret
    18 octobre, centre ville.




    Conte décanté fera pousser aux pavés les lierres qui déchaussent, mais çà et là, furtives éclipses, les pierres ont déjà craquelé jusqu’à fendre mortier et ajouré la route de quelques anfractuosités.
    Avant que Bourdon ne pose son essaim aux murailles de Saint front, houle a soulevé les branches maitresses de l’arbre, et a consenti à l’effort des compromis, dispute verte écrivant serment d’amour à l’écorce: l’on apprendra à connaitre Perceval avant de la détester.
    Et Perceval est là.


    Perceval n’est pas un homme. Voilà la seule chose dont Alphonse est certain à l’étrange romance qui la lie à Faust.
    Décrite maintes fois avec l’emphase des adjectifs titans, garçonne a fait son nid à l’imagier faune avant d’y apparaitre d’une première accroche; cynodrome a révélé les frontières et assis l’explicite sans le contredire : stature imposante, silhouette androgyne, mains taillées à même les heures d’entrainement, il est de fait facile de songer que chair pâle puisse être mâle, et l’on y comprend, esthète, l’hypnose des sens.
    Juvénile colosse a dans ses traits la moue farouche des conquêtes et la douceur des tendres mélancolies.

    Mais Perceval n’est pas un homme et Chat y a assis son camp, solitaire créature à la contradiction plénière : Perceval est une fille, aux seins que l’on capture, aux cuisses que l’on écarte, à la cyprine que l’on boit à même la langue. Soldat résolu, Patrocle s’est couronné de froides méthodologies, et face à face à venir s’est tissé d’une certitude martiale, prêt à récidiver poliment à chaque levée de boucliers : Perceval est une fille et sera traitée comme telle.



      Il a tiré une chaise, comme il le fait souvent, à l’entrée d’une dame, et Perceval, à la perceptible oscillation d’une surprise, a finalement choisi de s’y assoir d’un merci.
      Au masque, prunelles se sont compactées d’un étonnement nouveau-né, refus attendu avorté d’un élan étonnamment gracieux, et monstre tapi aux veines y a cligné des yeux, ébloui à l’éclat du point d’interrogation assis en même temps que la géante.



    Le temps d’un sourire-reflexe, Résolution a pris une ampleur inattendue, étirant les ailes encore froissées d’une ombre nouvelle, et à l’entêtement d’une trame observée en guise de passive rébellion, l’intérêt a pointé un museau frais jusqu’à la déchirer d’une question aux couleurs implacables, aux parfums puissants et musqués des curiosités maladives d’Alphonse.
    Confrontation n’existe plus ; il flotte dans l’air une entêtante note dont il ne soupçonne pas encore les capacités de terraformation.
    Que se passe-t-il lorsque l’on traite Perceval comme une femme ?

    Tout à l’heure, se levant d’un écho pour quitter la taverne et rejoindre l’auberge, Alphonse proposera son bras à Perceval.
    Moi ? s’assurera-t-elle.
    Vous, confirmera-t-il.
    Lourde pèlerine aux épaules, elle aura la lenteur d’un chemin mais lorsque ses doigts se poseront d’une délicatesse à unir les silhouettes, Alphonse rayé de noir aura senti la sève se répandre au palais jusqu’à pulper d’une étrange douceur, la courbe d’un sourire, et amener en bouche, le premier parfum des animales fascinations.

    Perceval est une femme.

    _________________
    Archibald_ravier
    [21 - 22 octobre]

    Qu'est-ce qui peut pousser un adolescent de quinze ans à se mutiler comme ça ?
    C'est une question que des milliers de parents à travers le monde se posent encore.
    Il avait attendu que son amant sombre dans un sommeil difficile, couché à plat ventre en travers du lit, pour renfiler braies et chemise, et se glisser dans l'arrière cour.
    Pieds nus dans l'air piquant d'octobre, il s'était assis sur un tabouret, adossé au mur de sa petite maison, et il regardait les étoiles.

    Qu'est-ce qui peut pousser un adolescent de quinze ans à se mutiler comme ça ?
    C'est une question qu'Archibald "Maman Ours" se posait, cette nuit.
    Sauf qu'à quinze ans, si les hormones devaient travailler de la même manière au XVème siècle que de nos jours, à quinze ans eh bien on était un adulte. Jorgen était un homme, capable de travailler, se marier, se reproduire, aller mourir au combat.
    Il n'aurait pas du se comporter ainsi.

    Remarquant une lueur blanche au sol, Archibald se pencha, et ramassa un joli caillou, blanc aux arrêtes saillantes. Il referma la main dessus et serra, fort.
    Comment trouve-t-on de la joie à expier dans la douleur ? Comment un Dieu d'amour peut demander à ses fidèles de se blesser pour accorder son pardon ? Quelle était cette drôle de logique métaphysique ? Prier, oui, travailler pour lui, oui. Faire preuve de réserve, de frugalité, pourquoi pas.
    Mais se blesser ? Vraiment ?

    Archibald le douillet rouvrit la main. Le caillou ne l'avait même pas égratigné, et la douleur ne l'avait absolument pas soulagé. Il était toujours là à se geler le cul dehors la nuit en octobre, juste parce qu'il était fatigué d'angoisser perpétuellement.
    Ce soir, il se sentait mieux dehors, à respirer l'air chargé d'humidité, qu'à l'intérieur dans la tiédeur du foyer presque-conjugal. Le corps de son amoureux l'horrifiait. C'était le troisième dos mutilé qu'il voyait dans sa vie, et la terreur viscérale qu'il avait ressentie en soignant Isaure le prenait aux tripes à chaque fois.
    Il réalisait donc qu'il allait devoir vivre avec cette horreur sous les yeux, à chaque instant, à chaque fois que son tempétueux amoureux lui tournerait le dos. Ce dos pâle et virginal qu'il fantasmait à longueur de journée, c'était terminé, plus jamais il ne le verrait.
    Il était fatigué d'angoisser.
    Il était fatigué de lutter.
    Il était fatigué d'entrer dans des cases pour complaire aux uns et protéger les autres.
    Il était fatigué. Tout court.

    Il se leva, s'étira, et empocha le caillou blanc. Il rentra et pris le temps d'attiser le feu, de faire ronfler les flammes. L'amant dormait le dos à l'air, le frottement de l'édredon sur le bandage magistralement réalisé par Gysèle n'étant pas supportable.
    Archibald se réchauffa longuement devant les flammes, pour que l'arrivée de son corps froid dans le moelleux du matelas ne réveille celui qui sommeillait là, entre les rives de la douleur. Il prit même le temps de se faire une tisane, de la boire, et de ranger le godet de grès, propre, sur l'étagère.
    Puis, enfin, il se coucha.
    Et il ne dormit pas.

    _________________
    Leyah
    [ Nuit du 21 au 22 octobre ]


    Le Vice de la lice, ou la lice du Vice ... Affublée d'hématomes, lui remplissant les côtés, la soirée n'avait été que plainte et mauvaise foi honteuse sous la houlette abondante du sieur Chouchen.
    Vice cédant à tous ses caprices , même la lice... et cette culpabilité qui était viscérale à chaque fois .... "Pauvre conne ... Que ne lui ferais-tu subir encore ?" , pourtant, elle ne pouvait s'en empêcher.
    Sempiternel recommencement d'extravagances parfois juste qualifiées de folie douce ou de simples excentricités mais souvent si dévastatrices.
    Demain serait un autre jour, autres défis, autre lice au grand dam du trop inquiet Vice. " Vous reprendrez bien de quelques bleus ? ". Elle avait juste .. haussé les épaules.

    Déambulation hasardeuse au gré des rues et ruelles de la Capitale pour rentrer chez soi , bien accompagnée littéralement pendue à un bras, l'entrée en matière pour une nuit fort sympathique était bien compromise.
    Quand la guimauve des précédents jours retombe dans une mélancolie, qui cachée aux yeux de tous, ne peut que rejaillir une fois seule dans ses pénates.
    C'était là la raison de l'avoir laissé s'endormir, le gratifiant d'un baiser sur le front et d'un " Douce nuitée " avant de l'abandonner dans les draps et d'aller siéger dans le fauteuil faisant face à la cheminée, le regard se partageant alternativement les flammes et la couche.

    Ne pas dormir pour éviter les songes, souvent trop sombres, toujours trop cauchemardesques lui renvoyant sans cesse ces images d'une décision prise envers et contre son envie et ses convictions profondes mais pour tenir parole.
    Ce côté sacré qu'elle prêtait à une parole donnée avait ses revers ... Lui en voulait-elle pour ladite parole ? Était-ce là une des raisons pour laquelle elle avait cette tendance à lui faire vivre un enfer ? La réponse était toujours un sujet de recherche ...

    Certes, elle était en vie, mais le reste ...

    Quand le jour pointerait le bout de son nez, elle afficherait un sourire, comme toujours, elle en ferait de même lors de sa tournée en taverne, et dans les méandres des couloirs du Castel Comtal.
    Parce qu'elle n'avait pas son pareil pour donner le change, telle était cette folasse Rouquine, mais dedans, quelque chose s'était brisé.

    Ainsi fallait il continuer car comme disait Louis : " La messe est dite. Amen".


    _________________

    Dessin et bannière by JD Sorianne ; trop la classe !
    Victoire_vf
    [nuit du 22 au 23 octobre]

    Il y avait donc pire que d'être enfermée dans un cachot. Il y avait donc pire que de récurer les écuries quinze jours durant, les genoux dans le crottin. Il y avait donc pire qu'un père refusant obstinément de lui apprendre à faire des petits moulins de bois, ou tout ce qu'il voudrait tant qu'elle passait un peu de temps avec lui.

    Pire oui, que tout cela. Il ne fallait pas grand-chose pour le comprendre. Il suffisait d'être recroquevillée sur un lit inconnu, entourée de visages inconnus, et d'être malade comme un chien. La nausée au bord des lèvres quand elle était clémente, s'éclatant dans la bassine de terre cuite quand l'envie lui prenait de rire aux dépens d'une môme paumée. Assez paumée pour aller se perdre dans une ville étrangère au lieu d'avoir le courage d'affronter les leçons qu'elle aurait dû apprendre. Et surtout assez stupide pour cracher sur l'attachement doux et chaleureux de Terrides.

    Bandelettes souillées jetées dans un coin de la chambrette louée trois écus la nuit, l'idiote gamine à l'imagination trop fertile se voyait déjà mourir à chaque spasme de son ventre. Ainsi donc, jamais elle n'apprendrait à tirer à l'arc. Jamais elle n'explorerait les catacombes parisiens en faisant mine d'être aussi courageuse qu'Athénaïs. Jamais son regard ne fendrait l'horizon, comme celui de papa, fier devant la victoire et les râles agonisants des ennemis se traînant à ses pieds pour implorer sa clémence. Et jamais elle n'aurait de nichons. Quel foutu prénom définitivement mal choisi.

    Non, elle allait crever là, dans cette ville qui grouillait d'une vie où elle était intruse, percevant trop nettement les mentons pointant vers elle pour imposer les silences. Si elle s'était souvent sentie seule, jamais elle ne l'avait été plus que dans cette ville-là où, malgré les sourires, elle restait sur la rive, spectatrice d'éclaboussures involontaires s'écrasant à quelques mètres du bout de ses bottes. Pourquoi les avait-elle vu, ces éclaboussures ? Il aurait été si simple de regarder ailleurs. Peut-être était-elle déjà un peu trop adulte. Un peu trop observatrice.

    Mais après tout, quelle importance, de ne pas les connaître, ces gens-là ? Pourquoi être blessée de se sentir là comme un cheveu sur la soupe ? Parce qu'elle était certainement encore trop jeune et trop égoïste pour ne pas ressentir le besoin enfantin d'attirer l'attention. Nouvelle leçon apprise sur la liste s'allongeant avec une lenteur cafardeuse.

    Ne restait plus qu'à partir. Solution simple, oui, si la fièvre ne lui avait pas coupé les pattes. Alors il lui faudrait être patiente, un peu. Et ça, ce n'était franchement pas gagné. Parce que même la mort, vilaine chose aussi injuste que la vie, semblait bien décidée à la faire poireauter encore un bon bout de temps. Ingrate. Et le toubib, tout pareil !

    _________________
    Anefleur03
    [44 ans plus tard… Nuit du 27/11/1510…]

    Ane rit... Et dévoila les quelques dents qui lui manquait. Sa hanche avait beau lui faire un mal de chien, présage d'une prochaine pluie, elle insistait auprès du petit jeune qui lui faisait face :

    Je suiiis montééée sur ses rempaaaarts touuus les soirs depuiiiis 46 aaans ! Alooors ce n'eeest pas un p'tiiit jeuuune, qui va m'appreeendre le métieeer, et m'empêcheeer de monter ces eeescalieeeers ! Y a plus de respeeect pour les ancêêêêêtres ! Noooom de noooom !

    Les jambes tremblantes, elle entreprit de monter les escaliers sous le regard ahuri du nouveau maréchal.

    Et c'est quoua ces manièèères ? Vous regardez une petite vieille peiner avec les escaliers sans l'aider ? Aaaah ces jeuuunes d'aujourd'huiiii ! Votre braaas, je vous priiie ! Quoiiique naaan ! Prenez mon saaaac plutooot !

    Le jeune homme manqua tomber en recevant le sac qu'elle venait de lui lancer, et qui semblait peser une tonne. Lorsqu'elle fut en haut, la petite vieille s'assit essoufflée sur un créneau.

    Aaaah la laaa ! Ou sont mes viiingts aaans ! Et bieeen alooors ! Faites voootre travaiiil ! Je ne vais pas les redescendre avant demain matin vous saveeeez ! Et soyeeez à l'heuuure pouuur vootre rappooort ! Maiiis avaaaant regardeez moiii ! Ouiii ! Approocheeez !

    C'est qu'elle avait encore une bonne vue Mamie Ane !

    Diiites moiiii ! Vous n'aveez paaaas buuu avant votre gaaarde ?

    Le jeune homme intimidé, secoua vivement la tête.

    C'est trèèès maaal ! Jaaamais il ne fauut preeendre une gaaarde sans avoiiir bu ! C'est un conseiiil d'expérieeeence !

    Elle lui prit son sac des mains, et fouilla à l'intérieur. Quand elle l'eut trouvé, elle mit une bouteille de bière entre les mains, du jeune garçon.

    Alleeez ! Cul sec mon graaand ! C'eeeeest bieeeen ! Tu peuuux y alleeer maiiintenant !


    Et elle le regarda partir tant bien que mal, en vacillant…

    Eeeeh beeen… ils tieeennent pluuus le couuup ces ptits jeuuunes ! Si la cheeeffe voyaiiit çaaaa !
    _________________
    Gendry.
    [ Nuit du neuf au dix décembre. ]

    I’m sorry for everything
    Je suis désolé pour tout
    Oh everything I’ve done
    Oh pour tout ce que j'ai fait
    I am out of touch
    Je ne suis plus dans le coup
    I am out of my place when I keep saying
    Je ne suis pas à ma place quand je répète
    That I'm looking for an empty space
    Qu'il me faut une place de libre
    Oh I'm wishing you're here
    Oh, j'aimerais que tu sois là
    But I’m wishing you're gone
    Mais j'aimerais que tu ne sois plus
    I can’t have you and I'm only gonna do you wrong
    Je ne peux pas t'avoir et je vais seulement te causer du tort
    Oh I'm going to mess this up
    Oh je vais tout gâcher
    Oh this is just my luck over and over and over again
    Oh, ce n'est que de la chance, encore et encore et encore

    I’m sorry for everything
    Je suis désolé pour tout
    Oh everything I’ve done
    Oh, pour tout ce que j'ai fait
    From the second that I was born
    C'est comme si j'étais né
    It seems I had a loaded gun
    Un pistolet chargé dans la main
    And then I shot shot shot a hole through everything I love
    Et puis je tire, tire, tire sur toutes es choses que j'aime
    Do I shot shot shot a hole through every single thing that I loved?
    Pourquoi dois-je tirer, tirer, tirer sur toutes les choses que j'aime ?


    Incompréhension.

    Deux heures avant, ils étaient entrain de jouer dans la neige tous ensembles. Faust, Alphonse, Archibald, Jörgen et même Opaline.
    Ils riaient tous, à s'envoyer de la neige, à chahuter, à sourire et à rire. A briser le silence du froid hivernal par des paroles et de grand éclats de rires.
    Et puis, après, chacun étaient partis se réchauffer, seul ou par pair, profiter d'un bain, d'un encas, d'une cheminée allumée.



    I am out of luck I am waiting to break
    J'ai aucune chance, je vais bientôt tomber
    When I keep saying that I'm looking for a way to escape
    Et je répète sans cesse qu'il faut que je m'en aille
    Oh I m wishing I had what I'd taken for granted
    Oh, j'aimerais avoir ce que je croyais avoir acquis
    I can't help you when I'm only gonna do you wrong
    Je ne peux pas t'aider car je vais seulement te causer du tort
    Oh I'm going to mess this up
    Oh, je vais tout gâcher
    Oh this is just my luck over and over and over again
    Oh, ce n'est que de la chance, encore et encore et encore

    I’m sorry for everything
    Je suis désolé pour tout
    Oh everything I’ve done
    Oh, pour tout ce que j'ai fait
    From the second that I was born
    C'est comme si j'étais né
    It seems I had a loaded gun
    Un pistolet chargé dans la main
    And then I shot shot shot a hole through everything I love
    Et puis je tire, tire, tire sur toutes es choses que j'aime
    Do I shot shot shot a hole through every single thing that I loved?
    Pourquoi dois-je tirer, tirer, tirer sur toutes les choses que j'aime ?


    Et puis il y'avait eu la rencontre avec la sœur de Céleste. Il l'avait adorée, dès le début. Ce caractère, cet aura qui émanait d'elle. Bien sûr il s'était un peu chamaillé, mais il avait apprécié. Et il y avait eu la question, ce " vous ", était-il adressé aux deux ? A Faust seulement ? Il ne savait, alors il avait répondu, en toute sincérité, Kasia était gentille, mignonne, mais assez collante et agaçante. Et puis ce fut le début de la fin, Faust répondit, assez froidement, d moins, c'est ainsi que Jörgen l'avait ressenti, et il avait répondu d'un majeur levé.
    L'évêque parti, il ne s'était pas inquiété plus que ça, moue esquissée il était rapidement revenu à la brune. Ils avaient parlé, rit, puis avaient prit congé.

    Et ce fut la fin.

    La fin d'un monde selon Jörgen.

    L'éphèbe avait trouvé un pli. Pli qui lui était adressé.
    Il avait lu. Plusieurs fois. Une centaine pour dire vrai. En boucle. Il l'avait retenu par cœur.
    Et il ne comprenait pas.
    Ils avaient rit. Il y avait eu un câlin.
    Il ne restait plus qu'une douleur étouffante.
    Une douleur lancinante qui le rongeait au fur et à mesure, brûlante, prenant place dans ses entrailles.

    Il ne pleura pas, se contentant de boire, bouteilles après bouteilles jusqu'à être trouvé. Par sa protégée d'abord, puis par Archibald. Avachi contre le comptoir, buvant pour noyer et remplir l'immense gouffre béant qui s'agrandissait à chaque fois qu'un mot du vélin lui revenait en tête.

    Mots qui tournaient, le faisant suffoquer.
    C'était atroce.
    Et Archibald lui avait conseillé de pleurer. Ce qu'il avait fait, avant de vomir en réaction à la douleur.

    Et l'amant était là. Au milieu de tout cela. Prit entre deux feux. Jörgen avait au moins conscience de cela. Ne lui demander aucun choix.

    Ils avaient fini par rentrer chez eux, pour tenter de dormir.
    Jörgen l'avait massé plutôt que de s’apitoyer sur lui à voix haute. il se faisait mutique.
    Avant de sombrer sur Archibald d'épuisement.

    Il dormit mal. Cauchemardant, pleurant dans son sommeil, comme à chacune des tempêtes.


    I am out of luck I am waiting to break
    J'ai aucune chance, je vais bientôt tomber
    When I keep saying that I'm looking for a way to escape
    Et je répète sans cesse qu'il faut que je m'en aille
    Oh I m wishing I had what I'd taken for granted
    Oh, j'aimerais avoir ce que je croyais avoir acquis
    I can't help you when I'm only gonna do you wrong
    Je ne peux pas t'aider car je vais seulement te causer du tort
    Oh I'm going to mess this up
    Oh, je vais tout gâcher
    Oh this is just my luck over and over and over again
    Oh, ce n'est que de la chance, encore et encore et encore

    I’m sorry for everything
    Je suis désolé pour tout
    Oh everything I’ve done
    Oh, pour tout ce que j'ai fait
    From the second that I was born
    C'est comme si j'étais né
    It seems I had a loaded gun
    Un pistolet chargé dans la main
    And then I shot shot shot a hole through everything I love
    Et puis je tire, tire, tire sur toutes es choses que j'aime
    Do I shot shot shot a hole through every single thing that I loved?
    Pourquoi dois-je tirer, tirer, tirer sur toutes les choses que j'aime ?


    C'était la fin.

    La fin d'une amitié.
    La fin de rêves.
    La fin d'un monde selon Jörgen.

    Il avait tiré sur Faust Nicolas.


    In the meantime can we let it go at the road side that we used to know
    En attendant, pouvons-nous laisser ça au bord de la route que nous connaissions
    We can let this drift away
    On peut laisser les choses partir en fumée
    We let this drift away at the bayside where you used to show in the moon light
    En fumée, dans la baie à laquelle tu venais au clair de lune
    Where we let it go we can let this drift away
    Là où on s'abandonnait, on peut tout abandonner
    Oh we let this drift away and there’s always time to change your mind
    Oh, laissons tout ça derrière et tu auras toujours le temps de changer d'avis
    Oh there’s always time to change your mind
    Oh, tu auras toujours le temps de changer d'avis
    Oh love can you hear me ?
    Oh mon amour, est-ce que tu m'entends ?
    Oh let it drift away
    Oh, laisse tout ça partir en fumée

    I’m sorry for everything
    Je suis désolé pour tout
    Oh everything I’ve done
    Oh, pour tout ce que j'ai fait
    From the second that I was born
    C'est comme si j'étais né
    It seems I had a loaded gun
    Un pistolet chargé dans la main
    And then I shot shot shot a hole through everything I love
    Et puis je tire, tire, tire sur toutes es choses que j'aime
    Do I shot shot shot a hole through every single thing that I loved?
    Pourquoi dois-je tirer, tirer, tirer sur toutes les choses que j'aime ?
    Diego_casas
    [Nuit du 23 décembre]

    Oh, que les bordels étaient bons, salvateurs et foutrement pratiques. Pas de fièvre à la vue d'un seul visage, à l'écoute d'une seule voix. Pas de sang s'affolant dans les veines, frappant trop fort à la poitrine et battant les tympans avec fureur si ce n'était en dehors du rut le plus puissant. Le calme, la paix, simplement, le corps fourbu et le sommeil lourd après le coït.

    N'importe quel homme sain d'esprit n'aurait dû approcher une femme que dans le cercle bien protégé des lupanars. Telle était la certitude du cadet. Telle était la ligne de conduite que le Casas avait toujours suivie en matière de donzelles. Les laisser jacasser dans son dos, ne retenir aucun visage et partir sans se retourner. Sauf quand une catin avait un trop joli fessier. A cette condition, et à celle-ci seulement, il se servait à nouveau.

    Sauf que depuis quelque temps, au bordel, il ne mettait plus un pied, sauf pour aller tirer Thibault d'un lit définitivement trop froissé avant que la maquerelle ne le mette dehors de peur qu'il n'épuise ses filles. Et une chose était certaine, renoncer, dévier, était la plus mauvaise idée qu'il avait eue durant sa vie. Et le diable savait combien de mauvaises idées avaient germées dans sa caboche. Le Casas devenait idiot, jaloux, possessif. Tout ce qu'il détestait, tout ce qu'il avait toujours fui, se jurant que jamais, Ô grand jamais il ne se laisserait corrompre par des histoires de greluches. Et il était tombé dedans, les deux pieds joints, mains liées d'un léger accent rital.

    Pourtant, tomber dans ce piège là était salvateur. Un peu. La culpabilité reculait dans son ventre, chassant à grands battements de cœur et pugilats imbéciles les hématomes que sa frangine lui laissait à l'âme après les avoir laissés à sa peau en se débattant, la gorge ouverte en un sourire macabre. La cervelle pleine de futilités camouflait la réalité. A chacun sa drogue pour chasser ses démons. Démons encore plus sournois quand les sourires d'Alphonse lui crachaient à la figure ses mensonges, sa laideur, sa trahison. Tout avouer, et laisser le flamand le tuer. Souvent il y pensait devant le visage reflétant celui du neveu, souvent il ouvrait la bouche pour laisser couler la vérité. Mais de sa bouche, ne ruisselait que taquineries et petites provocations bon enfant. Jouant la nonchalance quand ses poings, aux jeux de garçons dans lesquels les deux hommes se plaisaient à se retrouver, n'appelaient qu'à recevoir le châtiment de la vengeance méritée. Ô, misérable confiance dont on paraît ses épaules.

    Alors cette nuit-là, emmêlé dans ses contradictions, il avait bu, seul en déambulant sur les hauteurs de Périgueux, jusqu'à tomber ivre mort à l'aube. Oubliant demain. Oubliant ce foutu bal. Oubliant ces foutues lames entre les mains de la ritale. Oubliant la promesse faite à Alphonse de creuser une tombe vide dans le petit jardin à la pointe de l’Île Notre Dame.

    Oubliant tout, pour quelques heures.

    _________________
    Fyona.
    Nuit du 29 décembre.

    L'enfant est triste. L'enfant est en colère. L'enfant ne sait plus ce qu'elle veut. Elle erre. Seule. Dans la nuit noire.
    Un peu plus tôt, il y a eut la rencontre avec le chiot. Narcisse. Un nom idiot pour un chien. Il est là. Il prend toute la place. Et en plus il risque de mordre. Elle ne veut plus. Elle a peur des chiens. Elle grogne sur eux, espérant qu'ils auront plus peur qu'elle.
    Manger. Priorité. Le lard. L'engueulade. Pourtant, on lui a toujours dit de se servir.
    Incompréhension.
    Peur.
    Douleur.
    Le regard se porte sur le poignet en sang. L'Opale a essayé de lui parler pourtant. De la réconforter. De lui faire comprendre. Mais le coeur est fermé.
    Elle ne voit rien dans le noir. Elle ne voit rien à travers ses larmes. Mais la rugosité du tissu sur son poignet lui rappelle qu'elle se l'ai griffé jusqu'au sang.
    Elle ne veut pas dormir avec lui. Alors elle se laisse tomber dans une grange, dans le foin à moitié chaud, contre un animal.

    Promesse brisée pour une nuit.
    L_aconit
    [30 décembre 1466]

    Pas prêt. Il n'était pas prêt. Les bottes avaient fait à reculons le maigre chemin qui les séparaient tout juste de Petit Vésone, aux premières lanternes se démultipliant trop vite en face, dans la nuit froide de Décembre. Scindant d'une pauvre excuse balbutiée le duo tout juste élancé, une seconde plus tôt encore plein de détermination.

    Pas prêt. Il n'était pas prêt. Première sortie de sa chambre close depuis l'incendie, insufflée par Alphonse, Alphonse qui parvenait à se tenir si droit. Si droit devant l'adversité, là où il se sentait lui, si tordu. Si recroquevillé. Il n'avait pas préparé son texte. N'avait pas prévu un bain de foule.

    Axe brun sur lequel il était évident de Nicolas s'appuyait depuis plusieurs semaines, Alphonse avait cette force irrésistible qui pouvait venir à bout de toutes les angoisses Faustiennes, reléguant parfois, lors d'une seconde insaisissable, ses névroses au rang d'accessit .

    Refermant la porte de Vésone dans un halètement bouleversé, le Maitre de Maison qui n'en a plus l'étoffe est accueilli par les mains de ses jeunes domestiques, restés le souffle court dans l'expectative le nez collés à la fenêtre, avides de voir la gueule de cette première sortie depuis l'Incident. Incendie. Et ils avaient vu.

    Pas prêt. Pressentant qu'au dehors il y en aurait forcément un qui n'aurait pas la pitié de l'épargner d'une question-couteau. Les jeunes, plus jeunes que lui, le découvrent, le dorlotent sans un mot d'un regard compatissant, d'un " On s'en doutait " non prononcé. Et telles la main qui l'avait conduit dehors, celles là semblèrent murmurer des allez venez, là, qu'on prépare le bouillon. Demain il fera jour. Demain, on réessayera. Ce soir Faust accepte même de se coucher et de se rouler dans leur compassion, l'esprit gourd et la truffe mouillée. Demain peut-être, demain il serait prêt.

    _________________

    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
    Arsen
    [7 janvier 1467]


    D'une taverne est vomi un trop sobre, trop buvardé, trop cuirassé garçon. Le pavé se dérobe sous ses semelles ; la lune manque à l'appel.

    Il est de ces soirs où la clairvoyance prend comme des airs d'éviscération.

    De ces soirs auxquels on ne survit pas sans être pâmé de l'une ou l'autre muse, sans brûler de l'un ou l'autre feu, où l'on est mal inspiré d'être vertueux.

    De ces soirs où même le ciel est tout bileux de l'infidélité habituelle de son astre blanc.


    Et l'Arsen, épaule tournée à l'évidence, de la modération se prétendant étendard, les vit tous ce soir, ces soirs.





    Il est tard ; il est tôt. --- Ressac d'une ruelle à l'autre, Tournepiche dort, fourmillant. --- Neurones écument ; paumes marécagent. --- Il est en fermentation, ce n'est pas encore prêt, mais le souffre couve en pointe de sternum, maladrerie est dépassée. ---- Au tournant Sainte-Marthe, ça le frappe :

    Là, juste là, sous l'innocente cicatrice d'un pacte impudique, sa pomme d'Adam se fendille dans un vertige. Puis, le bubon répand son pus comme de la mélasse : est-ce qu'il sait encore parler ?

    Achrome adulescent touche du doigt le problème et y perd la main, le bras, la vie.

    C'est ça : est-ce qu'il sait encore se raconter, aller chercher sous le nombril, la cachette sous les falaces, et purger le mal  ? Est-ce qu'il sait encore dire son deuil vraiment, la résolution de sa punition sans fin, la politique de terre brûlée appliquée ? Est-ce qu'il sait encore quand il est amusé, quand il aime, quand l'existence lui paraît légère ?


    Et puis, comment on dit tout ça, déjà ?

      Comment on dit qu'on a les boyaux à l'air ; que chaque effleurement, même joueur, est un festin de canines ?

      Comment on dit qu'on a été forcé à bouder la mort et qu'on la veut pourtant, n'en craignant pas moins la sentence avec une passion oxydée ?

      Comment on dit qu'on se sent coupable à en vomir ses affections ; que, des fois, on aimerait être heureux, vraiment, toutes jetées et fondues soient les clefs de l'apaisement ?

      Comment on dit que même pour une nuit, nos genoux ploient sous le manteau de droiture imposée dans les labours de notre dos ?


    C'est que, ne parlant que de la boule de nerfs pelés qu'il est, que de la vertu qu'il lutte pour conserver ; constamment, même dans les banalités, même dans les calembours envinaigrés, même dans les rires puériles... Il n'en dit jamais grand chose, au fond.



    Et puis, ça fait comment de se déverser plein et entier, d'être exsangue de sa propre essence envoyée dans les oreilles d'un autre mais bienheureux, déjà ? D'être un instant en dehors de soi ?

    Il voudrait arrêter d'une patte un badaud, n'importe qui, et lui dire : « Prête-moi tes mots, ta bouche, ta langue, je t'en supplie... Et souffle-moi comment on dit. »

    Il voudrait, mais on est déjà rue des Plantiers.


    Derrière lui, les barreaux grincent et privé du ciel aveugle, il perd la voix.

    Les draps boivent toute l'encre de son mutisme et puis sur lui le sommeil se déploie ; linceul.

    _________________
    See the RP information
    Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
    Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)