Helene_jegado
[16 octobre, le soir tombant, dans une chambre de la taverne municipale]
Rassembler ses maigres affaires, vite. Un sac de rares vêtements sobres, éculés, démodés mais de bonne facture, rapiécés proprement, et une petite malle d'objets personnels et autres moins, bocaux, bourses, un ou deux livres, un nouveau bonnet en cours de création de couture à la main. Même pas l'ombre d'un regard pour balayer la pièce qui a servi d'abri depuis deux semaines. Tout est là, pas besoin de vérifier, rien n'est jamais sorti de sa place hormis au moment de l'utiliser. Même pas l'ombre d'un attendrissement, ce n'est qu'une chambre d'auberge comme une autre, une parmi toutes celles où sa tête a trouvé repos de quelques heures à plusieurs jours. La note est payée à l'aubergiste après âpres négociations et la voilà en route pour rejoindre son nouvel employeur.
Cheminant, des questions lui viennent à l'esprit. Celui-là sera-t-il aussi bourru que le Siméon Paterngot flamand ? ou aussi roublard que ceux de Bretagne ? ou aussi pervers que ceux de Montpellier ? Quel genre d'hommes d'église est-il ? A discuter en ville, des 'on dit' auraient laissé entendre qu'il se passe de drôles de choses dans les parages, douteuses, pas très recommandables pour des oreilles vertueuses. Le sait-il l'Homme d'église, et compte-t-il y remédier ?
Pour l'heure, c'est le moment de gagner ce qui sera pour un temps sa nouvelle demeure.
Un temps oui, toujours variable, jamais très long. Il ne faut pas rester trop longtemps.
[Au presbytère, la nuit tombée]
Trois coups retentissent sur la lourde porte qui résonnent dans la pénombre.
M'sieur l'curé ? C'est Hélène, la bretonne.
Les trois coups ont retenti, le rideau s'est levé.