- Retour au présent . Quatorze ans : L'Arrivée -
Arrivée au bastion de Sancte, les soldats m'ont expliqué ce qu'était la Gonorrhée . J'ai revu mes ambitions à la baisse. Je préfère devenir soldat.
J'avais mis une semaine à gagner Tours, puis Chinon, traînant sérieusement des bottes, mais faisant malgré moi exactement ce qui avait été ordonné par le comte de Rubroek... Laisser Ganwyn derrière moi sans un mot m'avait donné du remord un temps, mais présentement, la faim avait fini de grignoter les dernières parcelles de mon empathie, s'y installant, peste ravageuse corrompant toutes mes pensées. Wayllander, non content d'avoir arraché lil au garde auquel j'avais faussé compagnie, n'avait pas manqué de me couper les vivres, pour me donner leçon. Leçon je vous garantis fut vite prise... Les soldats de la garnison se montrèrent impitoyables en affaires, et je payais de mes petits vols le double de ce qu'il fallait pour avoir un peu de gruau. Je m'estimais heureuse. Trop garçonne pour eux, je n'attirais pas leur convoitises, certains songeant parfois quand j'attachais mes cheveux bruns et lourds que je n'étais qu'un écuyer. Sans doute que d'ici un mois de siège, leurs exigences seraient elles aussi, revues à la baisse. D'ici là, vivre parmi les hommes me forgeait le caractère. Plus que jamais je découvrais l'univers des lansquenets et des hommes d'infanterie, plus que jamais, je désirais m'y fondre, pour m'y faire oublier. Et oublier les dures paroles qu'avait posé mon géniteur à mon égard.
Je sortais peu. Préférant pour l'heure me renseigner sur cette Zoyah à qui le comte me destinait plutôt que de rejoindre ses jupes sans ciller. Le Capitaine, Sancte, m'apparaissait plutôt comme une entité plus rassurante, paradoxalement. Avec les hommes, on avait vite fait de savoir ce qui leur trottait en tête. Les femmes étaient plus difficiles à cerner. J'appris que Zoyah était une de ces femmes plutôt portée sur la cour, les usages, la broderie et les robes. Quatre raisons de ne pas la rejoindre et de rester au campement, avec les sous fifres. J'annonçais cependant ma présence, par politesse, et parce que je voulais pas donner d'autres raisons à Wayllander d'être de trop insatisfait et d'y aller de sa démonstration...
Citation:
De : Zoyah Aurel-Novotny, Princesse de Chevreuse.
À : Cixi Apollonia
Demoiselle,
Enfin votre père ma donné votre nom. Je sais maintenant à qui je peux madresser, qui je peux faire chercher. Tout dabord, je tiens à vous adresser mes condoléances pour la perte de votre mère, tant bien même que mes propos puissent vous paraître plus conventionnels que sincères. Je ne métendrai pas sur le sujet afin de ne pas me montrer indiscrète, il vous appartiendra alors de men parler si jamais vous veniez à en éprouver le besoin.
Je suis actuellement à Chinon avec larmée royale « les lions de guerre » et je séjourne dans le campement à lentrée de la ville, près de la route de Saumur. Nous ne manquons de rien, mais vous devinerez assez aisément que nous sommes loin du confort et de la chaleur dun logis bourgeois ou dun palais. Je me suis enquis auprès de votre père afin de savoir sil sopposait à ce que vous me rejoignez au sein de larmée. Il na émis aucune objection. Aussi, je vous laisse le choix. Vous pouvez faire partie de larmée où une tente sera mis à votre disposition, apporter votre aide comme bon vous semblera en cas de combats (vous pouvez combattre au front comme restez en arrière et aider au soin des blessés) ou bien rester dans une auberge à Chinon.
Le Comte de Rubroëk ma informé que vous étiez accompagnée et je tiens à vous rassurer, votre serviteur sera également le bienvenu. Je dois également vous avertir quil y a deux membres de la famille Leffe présentent à Chinon et à qui il faudra cacher votre lien de parenté. Il sagit de sa majesté, la reine de France elle-même et un cousin de votre père, Cornelius de Leffe. Nous verrons ensemble comment vous présentez à eux si jamais vous deviez les croiser, peut-être vous faire passer pour ma pupille, fille dun notable de Guyenne.
Faites bonne route.
A vous voir
SA Zoyah Aurel-Novotny
Citation:
A : Zoyah Aurel-Novotny, Princesse de Chevreuse.
De : Cixi Apollonia
Je serai au campement avant la fin de la journée. Point envie de parler de ma mère. Le confort ne mintéresse pas non plus, et rester dans une auberge pendant que la guerre gronde serait d'une couardise éhontée. Rassurez-vous, je resterai avec la garnison, personne n'aura donc à s'enquérir de ma filiation, je n'irai point en taverne et les grouillots sont en général peu curieux. J'ai appris à bretter il y a peu, et la compagnie des soldats sans noblesse m'agrée mieux que n'importe quelle autre. Chacun pourra donc se tenir avec ses pairs. Le mien ne sera pas inquiété.
Cixi Apollonia.
Citation:De : Zoyah Aurel-Novotny, Princesse de Chevreuse.
À : Cixi Apollonia
Mademoiselle,
Me voilà rassurée de vous savoir arrivée à bon port et cela sans malaventures. Je nai pu venir à votre rencontre, vous men voyez désolée, mais ayant été malade, on ma contrainte à me tenir au chaud et à éviter tout contact. Bref, je ne compte pas épiloguer sur ma santé qui ma fait défaut quelques jours. Je me sens mieux, maintenant. Voilà.
Je peux comprendre que vous puissiez apprécier la compagnie des gens darmes qui sont souvent francs, le caractère rude, non sans esprits, ni sans humour. Toutefois, je tiens à préciser que si je me dois de vivre selon mon rang, japprécie aussi la vie simple, en dépit de ma charge qui me porte vers la vie mondaine plus que je ne lapprécie vraiment.
Si votre père ma confié temporairement à moi, cest certainement parce que je ne suis pas née parmi la noblesse, mais plutôt au sein dune famille dartisans qui ne manquaient de rien. Ainsi, jai dû faire miens les codes de la noblesse lorsque mon premier titre de noblesse mest tombé dessus. Et je pense que cest dans loptique que je vous transmettre ce que jai acquis quil a fait appel à moi, et aussi parce que jai un pied dans la sphère où il aime évoluer.
Je ne compte pas vous surveiller, juste conserver un il bienveillant sur vous. Je nai pas non plus lintention de vous priver de votre liberté, un tant soit peu que vous me teniez informée de vos sorties. Cependant, jaimerai que vous finissiez par rejoindre mon camp. Cest à moi et non aux soldats que votre père vous a confiée. Je me vois mal linformer que vous dormez sur une paillasse entre un piquier et un arbalétrier.
A vous lire et vous rencontrer
Zoyah.AN
Citation:
À Zoyah
Altesse,
Loin de moi l'envie de vous froisser. Cependant, Le Comte de Rubroek m'a coupé les vivres voilà une semaine, sous prétexte que son fils m'ait rencontrée et que je me sois présentée à lui sous le nom qui est le mien : Leffe miras. Il a de plus, gracieusement arraché un il au messager à qui j'ai faussé compagnie le temps d'une ballade de quelques jours et décrété que si son "seul et unique " héritier avait envie de me passer au fil de sa lame la prochaine fois qu'il me croisait, il ne l'en empêcherait pas. Leçon est faite. Je gage qu'un arbalétrier, un piquier et une paillasse sont bien plus encourageants que tous projets qu'il a pu mettre à jour pour mon bien être... Sauf votre respect. Je ne veux plus croiser Bastian, une fois m'a suffit. Je veux monter à cheval et être au front, avoir une lame et rester pour l'heure, loin des Leffe. Sauf Cornelius. Celui ci est tout à fait charmant, et j'ai sa cape à lui rendre...
Vous m'aideriez en m'équipant.
Cixi A.
Citation:De Zoyah
Mademoiselle,
Vous ne mavez nullement froissée.
Pour en venir au sujet important, votre équipement. Hélas, je ne suis pas en mesure de vous équiper dune épée, ni dun bouclier, nayant pris avec moi que le strict nécessaire puisque jétais alors en voyage quand mes compagnons de routes ont décidé de rejoindre les armées royales.
Toutefois, jai contacté le Duc de Touraine afin de savoir si son connétable pouvait vous confier une épée et un bouclier. Je vous aviserai de sa réponse dès quelle me sera parvenue.
Enfin, je peux mettre entre vos mains un de mes ronçins. Point de destrier. Mais ne le dédaignez pas pour autant, cest une monture courageuse à la robe noire, issue de de la région de Foix, dont les ancêtres ont porté les soldats de larmée de Gaston Phébus. Il a le pied sûr et lossature solide. Il gagne en endurance et en intelligence, ce quil perd en force et en rapidité. Il se nomme Tencendur.
Pour ce qui des Leffe, javais cru comprendre que votre père vous avez donné des consignes claires à leurs sujets, consignes que je vous ai répété, il me semble. Nen faites-vous toujours quà votre tête ?
Javoue que je comprends à peine le fait quil veuille conserver le secret de votre existence au sein même de sa famille. Probablement quil trouve difficile de composer avec son passé en ce moment où il aspire à faire montre dune réputation dhomme vertueux et honorable, tout en arrachant les yeux des messagers ce qui est assez discordant !
Et pour Cornelius, vous avez raison, il est charmant.
Z.AN
Conviction s'était forgée. Zoyah n'était pas mon ennemie. Peut-être irais-je dès lors, à sa rencontre. Je n'imaginais pas que dès le soir, j'allais retomber nez à nez, avec l'ennemi Leffe public numéro deux: mon demi frère.
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