Andrea_


- Laver nos vies d'avant
Les amours incendiaires
Quand on avait l'aplomb de dire tout haut
Qu'on était soi-disant des amants téméraires
Qu'on ne ferait jamais faux bond à notre crédo *
Il est des moments plus faciles que d’autres, des retrouvailles que l’on avait imaginées plus heureuse, plus tendres et que je redoute maintenant, et ce petit corps que jamais plus je ne serrerais contre moi.
L’idée du début n’avait jamais était celle-ci, mais je pouvais n’en vouloir qu’à moi. J’avais malgré moi fait ce que je redoutais le plus, j’étais partie. Et je savais aujourd’hui que si mon propre enfant, encore nourrisson n’avait pas pu me retenir, alors rien n’aurait pu le faire.
Beren pourtant était arrivée au bon moment de ma vie, je ne souffrais pas de solitude, je n’étais engagée nulle part, mon cœur et mon corps étaient pour une fois en parfaite harmonie, accordée sur le fait qu’il était temps que ma vie se pose. Je me souviens encore de ce soir là, lorsqu’en arrivant en taverne, j’ai compris que tout allait changer. Sa blondeur ne m’était pas inconnue, et j’avais depuis plusieurs jours déjà partagé quelques tournées. J’avais observé depuis longtemps sa manière de materner Enolia, et j’en avais fait la promesse à la gamine, je prendrais soin d’Elle et l’éloignerait de sa belle mère.
Et ce soir là, l’évidence était devant mon nez, alors qu’il m’avait offert une rose, je savais qu’il m’avait conquise.
Passés les premiers émois, nous avons tout essayé pour que la routine nous épargne. Il s’était essayé au brigandage, et moi au respect. Nous voyagions, et il me présentait à sa famille, et ses amis, certains étaient enjoués, d’autres moins, mais toujours, toujours il me mettait à la place d’intouchable. Je n’ai jamais eu une seule fois, le doute qu’il me quitterait. Il était, je crois, l’homme dont toute femme rêve, aimant et généreux, tendre et protecteur, amant autant qu’époux.
Je ne sais plus très bien pourquoi je me suis fait la malle cette nuit là, je me souviens seulement du visage apaisé qu’il arborait sur l’oreiller, en sachant que plus rien ensuite, ne serait comme avant.
Certains disent que le plus dur c’est de prendre la décision de partir, et qu’ensuite c’est sauter le pas qui est compliqué. C’est faux, c’est put’ainement faux, le plus dur c’est de ne pas revenir quand on sait que l’on a merdé.
Ça vous fera sûrement sourire, mais je lui en ai longtemps voulu de ne pas m’avoir supplié de rentrer, je crois que c’est ce que j’espérais, mais ne nous mentons pas, je serai repartie à un moment, pour une autre raison, et j’aurais forcément remis la faute sur Lui.
Pourtant c’est Moi. Moi qui ai décidé de laisser le doute sans s’installer sans lui en parler, moi encore qui ai organisé mon départ, moi qui n’ai pas donné de nouvelles, moi qui suis partie à l’autre bout du monde, moi. Moi. Et moi. C’est ma faute à moi.
Aujourd’hui alors, c’était à moi de payer le prix de mes erreurs, le prix fort, le prix le plus fort qui soit pour une mère, aussi mauvaise soit-elle. Aujourd’hui j’allais affronter le père et abandonner mes droits sur mon fils, sans possibilité de retour cette fois ci.
Le rendez vous fût pris quelque part entre le Poitou et le Béarn, et alors que mes pas me ramenaient vers le passé, je fis l’amer constat que le temps n’était pas un allié. Qu’il n’avait pas effacé grand-chose de cette histoire. Le temps s’était contenté de masquer les doutes et les sentiments en parsemant mon chemin d’embûches, de rencontres plus ou moins belles. Le temps avait seulement mis des parenthèses à cette histoire, et il était temps désormais, d’en affronter les conséquences.
*Nos vies d’avant, Archimède.
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