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[RP] Au secours, je vais me marier.

Samaele
    Anxieuse et agitée.
    Samaële attendait le verdict de son procès avec crainte. La logique aurait voulu qu’elle soit relaxée, mais elle connaissait bien la justice de prime instance, celle ci avait tendance à condamner en dépit du bon sens et du droit. Si cela arrivait, Samaële irait sans doute en prison pour la première fois de toute sa vie. Au-delà de la peur bien réelle que lui inspirait cette sanction, cela signifiait aussi que sa belle-mère risquait d’être mise au courant... Tout un programme... Et un verdict coupable n’éveillerait-il pas les soupçons de Raeniel ? Lui qui connaissait son passé ?
    En songeant à son fiancé, elle ressentit une légère boule au ventre. Tout ce qui lui rappelait le mariage à venir était source de contrariété. D’ailleurs elle refusait d’y penser, elle n’échapperait pas à cette fatalité, il était donc inutile d’y songer. Elle chassa l’image d’elle en robe de marié et se focalisa à nouveau sur le procès.
    L’avocate lisait et relisait les plaidoiries, tentant d’imaginer comment elles seraient reçues par la juge. Le témoignage d’Aryanna était tout de même convaincant !

    Aryanna…
    Elle ne l’avait pas revu depuis le voyage. Elle n’avait fait que lui écrire, et de manière purement intéressée. Pourtant la comtesse lui avait tendu la main, sans rien attendre en retour. Elle se rappela alors de sa sœur, Ceriera, la chaleureuse capitaine de "La Solelhada" qui les avait ramenés à Tolosa. Elle lui avait fait savoir que Samaële serait la bienvenue dans son hôtel particulier.
    L’avocate releva la tête de ses parchemins. Ce serait sans doute une bonne idée de leur rendre visite au lieu de s’inquiéter de ce futur dont elle n’avait de toute façon plus le contrôle.

    Ni une ni deux, elle enfila ses bottes, enfourcha son cheval et se dirigea vers l’Hôtel de Tounis.
    Apres avoir passé une large porte de bois qui était ouverte, elle se retrouva dans une cour pavée de galets. Elle y attacha sa monture le temps de trouver quelqu’un pour lui indiquer où trouver une des deux sœurs. Comme les lieux semblaient déserts, elle appela jusqu’à ce que quelqu’un l’entende…

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Manon
Journée d'allégeances.

Ce jour d'hui, l'armure est délaissée pour la solennité que la cérémonie impose et qui ne sera pas réduite à un vulgaire courrier scellé comme c'était le cas depuis de nombreux mois. Puisqu'elle était en Toulousain par la force des choses, il lui fallait donc passer par l'étape obligée du pliage de genoux et du credo nobliaux qu'il faut débiter avec sincérité. Quand bien même ce ne soit pas un soucis pour l'expatriée qui n'en oublie pas l'attachement immuable à cette terre tolosane, les derniers événements au sein de l'assemblée nobiliaire imbibaient son esprit d'une forme de déception pour certains qui affichaient fièrement leurs bannières tout en fricotant avec l'ennemi. Pour le coup, la "Très Noble Assemblée" en prenait un sacré... coup, justement. Mais qui ? Telle était la question pour l'heure sans réponse.

S'apprêter dignement, voire richement, pour faire honneur au rang auquel on appartient. En réalité, la Comtesse trouvait là l'occasion idéale pour porter une tenue peu destinée à courir la campagne mais avec un évasé pratique pour l'exercice rotulien. La proximité de Tounis à la salle des allégeances étant un avantage non négligeable et fort appréciable en l'instant. A défaut de son sombre époux introuvable, elle aurait pu proposer à Aryanna de faire le trajet ensemble mais la comtesse tressée... ralala... toujours retard, aurait trouvé le moyen de la mettre en retard elle aussi.

Elle traverse la cour arrière, respirant les effluves du printemps et la douceur du soleil. Bientôt, dans ce même endroit, on étoufferait sous l'écrasante et étouffante chaleur de l'été, portant alors instinctivement ses pas vers la Garonne en contrebas qui offrirait aux pieds échauffés un brin de fraîcheur. Qui sait où elle sera d'ici là...

Des bruits de sabots martelants les pavés attirent son oreille en premier lieu. Puis une voix, un appel, dans la direction du chemin qu'elle emprunte pour quitter les lieux le temps de quelques heures. C'est alors qu'elle pénètre dans la première cour qu'elle reconnaît Samaele.


Lo bonjorn Dona Samaele

Si elles avaient bien échangé quelques courriers pour des raisons bien précises, cela faisait presque... un an qu'elles ne s'étaient pas recroisées depuis leur dernier mandat comtal commun. Que le temps passe vite...

Un sourire.


Il est plaisant de vous revoir. Vous allez bien ?

La Vénésienne dirait qu'elle n'a pas la tête des bons jours mais cela fait si longtemps qu'elle ne l'a vu, qu'il lui serait bien difficile de pouvoir affirmer son ressenti.

Si vous cherchez l'une des sœurs Vidal, il vous faut emprunter ce passage. Dit elle en désignant l'endroit d'où elle vient elle même. Vous les trouverez dans le bâtiment à l'arrière.

Ou pas. Mais elle tomberait forcément sur quelqu'un.
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Ceriera
Journée de passassion de pouvoir… mais à qui ?

Si ce conflit commence à lui taper sur les nerfs, il aura eu plusieurs vertus. Celle de lui faire passer du temps à l’Archevêché déjà, pour mettre certaines affaires courantes en ordre pour son successeur. Pourtant, elle se sent déjà nostalgique. Plus d’un an à la tête du diocèse, elle n’a pourtant pas l’impression d’avoir chômé, elle est même fatiguée de «porter la mitre», mais l’idée de passer la main la contrarie. Elle serait bien restée là… ad vitam æteram , en fait. Mais sans ce conflit, sans doute n’aurait-elle pas été à Tolosa pour la fin de son mandat. Il faut voir le bon côté des choses.

Une seconde vertu : vivre ici, dans son chez-elle toulousain, entourée des «siens». Car même s’il manque toujours quelques personnes pour que tout soit parfait, comme Manga ou Antoynette, jamais elle n’a eu autant de monde ici et cela la réjouit, c’est le revers heureux de la médaille de poireauter comme des couillons en attendant… quoi au juste ? Ici, elle se ressource.

Donc, elle rentre de l’Archevêché. Oh, ça n’est pas très loin : quelques ruelles à peine. Pas aussi près qu’Assézat, mais comme dirait tout bon négociant en maisons et demeures : «l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement !»
Et l’emplacement, ici, c’est parfait.
Sa mine est un peu contrariée, son humeur un peu grognonne faute d’avoir une solution idéale pour la suite du diocèse. Peut-être lui faut-il simplement se rendre à l’idée qu’elle n’est pas indispensable, et qu’une fois la relève assurée, elle pourra rester tranquille les orteils en éventail.

Elle passe le porche lorsqu’elle aperçoit les deux femmes. L’humeur bougonne disparaît aussitôt et elle s’avance vers elles, pour saluer l’une et accueillir l’autre. Ses bras chargés de parchemins qu’elle ira déposer au Palais quand elle en aura le temps.


Bonjorn vous deux !

Manon… quelle élégance ! Il y a une fête ? Et je n’ai pas été prévenue ? On va danser ?


Les allégeances sont bien la dernière chose qu’elle a en tête, alors comment aurait-elle pu faire le lien ?

Samaële… c’est un plaisir de vous voir ici ! Son regard passe sur la monture de la DiVarius qui semble être parfaitement bien garée – les chevaux en double-file, ça énerve le voisinage.
Vous allez bien ? Question presque automatique, bien qu’il ne lui échappe pas que la jeunette n’a pas l’air complètement dans son assiette.
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Samaele
    Quelqu’un.
    Et pas n’importe qui, car c’est Manon qui apparut devant elle ! Enfin, façon de parler, mais pour la jeune femme c’était presque une apparition, ça faisait tant de temps qu’elle ne l’avait pas vu. Son visage s’éclaira et un sourire ravi émergea sur ses lèvres.


    Lo bonjorn Comtessa ! Quelle bonne surprise de vous trouver là !

    Samaële se félicita d’être venue, c’était exactement ce qu’il lui fallait : passer un moment simple et chaleureux avec ceux qu’elle appréciait. Retrouver son ancienne collègue ne pourrait que lui changer les idées et elle était déjà curieuse d’apprendre ce qu’elle était devenue. Son sourire s’étira davantage lorsqu'elle se remémora une conversation avec Cerièra où les deux femmes avaient projeté de capturer Manon afin de la garder auprès d’elles à Tolosa. Elle songea d’ailleurs qu’empêtrée dans tout ce tissu qui servait de robe à Manon -oui Samaële n’a aucun sens du raffinement vestimentaire- il leur serait plus facile de la kidnapper ! Une étincelle de malice brilla dans le regard de l’avocate tandis qu’elle écoutait la comtesse.
    Comme elle ne voulait pas polluer sa soudaine bonne humeur de conversations désagréables, elle ne révéla rien de son procès.


    Tout va bien oui, et vous-même ?

    Elle se tourna dans la direction qu’elle lui indiquait, mais avant qu’elle ne put ajouter quoi que ce soit Cerièra fit irruption dans la cour. Samaële se sentit un peu idiote d’avoir débarqué ainsi sans prévenir, les mains vides, et sans raison valable autre que vouloir égoïstement soulager ses propres angoisses. Elle salua chaleureusement la maitresse de maison tout en cherchant ce qu’elle allait bien pouvoir dire pour justifier sa présence ici.

    Plaisir partagé ! Vous m’aviez dit que je pourrais passer un de ces jours, alors j’ai pensé que…

    Elle s’interrompit en zieutant la pile de parchemins de portait Cerièra.

    J’espère que je ne vous dérange pas ? J’aurais dû écrire avant… C’est que…

    Vite, vite, une idée… Un truc à dire… Une nouveauté à annoncer, un truc joyeux, un truc à partager entre filles….

    J’étais tellement contente, je voulais vous apprendre la nouvelle, je… je vais me marier !

    En prononçant ses mots qui ne reflétaient en rien sa véritable pensée, elle fut submergée de ce même désespoir qu’elle avait ressenti à l’annonce des fiançailles. Que pouvait-il arriver de pire qu’un mariage ? Ça avait le même gout qu’un verdict coupable, mais celui-ci la condamnait "jusqu’à ce que la mort les sépare". Lourde sanction pour la jeune femme éprise de liberté et d’indépendance.
    Son sourire se brisa et elle fondit en larmes.

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Manon
Il est de ces lieux où l'on remercie le Très-Haut d'y avoir guidé nos pas, en l’occurrence, comme cette cour à l'instant. Le sourire que lui renvoi Samaële et le petit éclat dans son regard ont largement de quoi faire rayonner à présent sa journée et ce, même si elle ne se doute pas une seconde qu'il y ait eu complot à son endroit. Si elle avait immédiatement apprécié cette jeune femme, elle regrettait cependant de n'avoir pu la connaître plus intimement et au delà d'un simple mandat comtal.
Bien sûr, le sourire est partagé, comme le plaisir de se retrouver fortuitement.


Je vais bien également mercé. Je... Lo bonjorn Cerièra !

Un sourire à son hôte qu'elle ne remerciera jamais assez pour ces merveilleux moments qu'elle passe et aura passé à Tounis.

Malheureusement, danser ne fait pas partie du rituel de la cérémonie d'allégeance. Répond t'elle à sa question. Et vous voilà bien chargée !

La passation de poste en était peut-être l'explication mais elle ne le saurait probablement pas tout de suite alors que Samaële leur annonçait que...

Oh ! Félicita...

La fin de sa phrase se perd à la même vitesse que le désarroi de la jeune femme, laissant sur le visage Vénésien les marques de la stupéfaction.

Allons, allons Samaële... La Comtesse étant très peu tactile, c'est un peu maladroitement qu'elle pose une main sur l'épaule de Samaële tandis que l'autre vient lui effleurer le dos doucement, comme elle le fait avec ses fils pour apaiser un gros chagrin. Heureusement qu'elle est mère sans quoi elle serait restée plantée là comme une gourde, démunie face aux larmes incompréhensibles pour l'heure.

C'est une punition de votre père, c'est ça ? Il veut vous marier de force ? Evidemment, elle ne sait même pas qu'elle fréquente quelqu'un. A vrai dire, elle ne sait rien de rien de la vie de Samaële... Est il si laid ? Vieux ? Petit ? Bossu ? Idiot ? Oh ! Votre futur époux n'est pas tout ça à la fois quand même ??

Les azurs qui se lèvent sur Cerièra portent un questionnement dont elle n'est pas sûre de trouver réponse. Des âneries pour tenter de remplacer les sanglots par ne serait ce qu'un demi sourire, elle en a des tonnes dans la tête. Mais elle ne la connaît pas suffisamment pour se le permettre.
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Ceriera
Ah, les allégeances… un petit hochement de tête mais pas davantage de commentaire. Au fond, ce protocole lui passe un peu au-dessus de la tête. Bien que la cérémonie soit en théorie ouverte au public, elle n’a jamais vu foule s’y presser, signe sans doute qu’elle est loin d’être la seule à s’ne désintéresser.

Évidemment que vous êtes le bienvenue ici, voyons ! Il faudra juste que je pose ces quelques bêtises – qui lui encombrent encore les bras – et… oh ? Une nouvelle ? Tout va très vite dans le phrasé de la jeune DiVarius et Cerièra affiche un sourire solaire à l’évocation d’un mariage. C’est qu’elle aime les célébrer, comme y assister, et en incorrigible romantique, c’est toujours pour elle une heureuse nouvelle.

Oh, c’est merveilleux ! Et elle ne tarde pas à se sentir penaude de son enthousiasme lorsque Samaële fond en larmes devant elles deux. Non, ce ne sont pas des larmes de joie. Ce sont des larmes de détresse. La brune est suffisamment émotive elle-même pour distinguer le panel des émotions larmoyesques.
Les registres finissent au sol et deviennent le cadet de ses soucis instantanément. Une main réconfortante vient se poser sur une épaule de la jeune femme et alors qu’une foule de questions lui viennent en tête, la Comtessa lui grille la politesse en les posant à sa place.


Vous êtes bien jeune quand même… oui, elle est moins amusante que Manon. Bien qu’elle sache que les jeunes filles sont souvent amenées à être mariées tôt, elle-même s’est mariée tard et trouve étrange de sortir si vite des années «insouciantes».

Je ne savais pas que vous voyiez quelqu’un. Ça semble si… soudain…

Ses yeux perplexes croisent ceux de Manon, pour partager quelques secondes ce qui semble être la même hébétude. Puis le réflexe «maman poule» reprend le dessus, et…

Il vous faut un thé. Tout le monde dedans ! Dirigiste ? Peut-être un brin. Méladius ne va pas s’envoler. souffle-t-elle à Manon. Elle ramasse les registres diocésains tout en entrainant la petite troupe vers la cour arrière. Venez nous raconterer ça au calme, Samaële. Un escalier les mènera à un salon fait de tapis, de poufs et d’une table basse, cadre plus intimiste et tranquille pour discuter. Et si le thé ne suffit pas à lui faire retrouver le sourire, Cerièra a exploré la forêt de Castres dernièrement et a tout ce qu’il faut.
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Samaele
    Malgré les lourds sanglots qui secouaient Samaële, elle éprouva une mince consolation en entendant Manon. C’est vrai qu’après tout elle n’était pas si mal lotie. Le fiancé aurait pu être tout ça à la fois, moche, petit et stupide. Il n’était que vieux, et c’était là un détail qui ne perturbait pas Samaële.
    Elle voulut répondre, mais sa gorge se nouait à chaque tentative d’explication, ne laissant place qu’à une suite de pleurs interrompus. Elle était gênée de craquer ainsi, mais il n’y avait rien à faire, son corps refusait de se calmer. C’était comme s’il avait besoin de déverser à travers ces larmes toute la confusion de ses sentiments et toutes ses craintes. Besoin d’exploser. Et sans doute que le moment était propice, quitte à se noyer dans son chagrin, autant que ça arrive auprès de deux solides bouées de sauvetage. D’ailleurs peut être qu’inconsciemment ces présences amies l’avaient poussé à dévoiler ses émotions, bien qu’elles ne sortaient pour l’heure que sous forme de sanglots.

    La jeune femme suivit Cerièra jusqu’à un salon, elle s’étonna du mobilier original qui s’y trouvait, notamment ces espèces de gros coussins posés directement au sol. Samaële se laissa tomber sur l’un d’eux, et savourant le confort qu’ils offraient elle tenta à nouveau de retrouver son calme. Le cadre intimiste et chaleureux de cet endroit était apaisant, elle se sentait en sécurité, comme un peu hors du temps. Tous les regards s’étaient tournés vers elle, attendant manifestement une explication à son état. Elle dégagea les quelques mèches de cheveux collées à son visage, essuya ses yeux humides, et entreprit de répondre, les yeux perdus dans les motifs du tapis juste sous ses pieds.


    C’est que…
    C’est que je suis morte de trouille à l’idée de me marier.


    C’était dit.

    Mon père a proposé cette union en effet. J’ignore pourquoi, sans doute souhaite-t-il faire entrer Raeniel dans la famille.

    Elle releva la tête en direction des deux filles.

    Mais je ne veux pas me marier ! Pas si tôt ! Je ne sais pas comment être une épouse. J’aime ma liberté, mon indépendance. J’aurais sans doute pu m’opposer à la volonté de mon père si… Elle hésita un instant avant de poursuivre avec plus de douceur dans la voix… si ça n’avait pas été lui, Raeniel. J’ai pensé que quitte à être mariée un jour, mieux valait accepter que ça soit maintenant, pour que ça soit avec une personne que j’aime… bien.

    Hum… Un peu plus et elle s’arrêtait un poil trop tôt. Et l’air de rien, à un mot près ça change vachement le sens de phrase… Elle rougit un peu, puis renifla bruyamment genre : non mais c’est parce que j’ai pleuré que je parle de façon saccadée. N’allez pas croire des choses fauss… enfin pas très vraies, enfin… et si on parlait d’autre chose ?

    Mais il est vieux.

    Elle tourna un regard inquiet vers Manon, cherchant dans les azurs amies si ce fait était vraiment gênant.

    39 ans.

    Puis reportant son regard vers Cerièra elle se défendit des propos qu’elle avait tenus dans la cour:

    Mais je ne vois personne ! Si j’ai côtoyé Raeniel, c’est juste parce que c’était un collègue. Nous ne nous sommes jamais vus en dehors du travail !


    A ba si en fait.


    Hum… Enfin si. C’est arrivé par hasard en taverne.


    Et pas seulement par hasard.

    Ou pour qu’il m’entraine à l’épée.
    Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a absolument rien entre nous.


    Bon, et on est d’accord que quand on commence à se sentir obligé d'apporter ce genre de precision, c’est qu’il y a quelque chose?

    C’est un mariage arrangé.

    Qui l’arrange bien.

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Manon
Evidemment, elle acquiesce au murmure de Cerièra et emboîte le pas des deux femmes. Les allégeances attendront.
Evidemment, ce sont des poufs qui se présentent à son séant, celui là même qui se voit entouré d'un amas de tissus fort peu pratique à ce genre d'assise. Une fois qu'elle serait assise, d'ailleurs, le coussin disparaîtrait sous les pans de sa robe après une mise en place quelque peu ridicule, évidemment...

Un mouchoir est tendu à Samaële alors que les sanglots se meurent et que la langue se délie. Il y a beaucoup de désarroi dans les paroles de la jeune femme et pourtant dès la première phrase énoncée, la Vénésienne doit se contrôler pour ne pas rire. Choupinette... Qui n'est pas mort de trouille à l'idée de se marier ? Celles qui veulent à tout prix une alliance à leur doigt et encore...

Elle découvre en suivant le nom de l'élu. Raeniel donc. Un sourire amusé se dessine alors qu'elle évoque le fait de ne pas savoir être une épouse, suggestion dont Cerièra aura une meilleure idée qu'elle même. Mais la suite sonne bien différemment et c'est un éclat malicieux que trouve Samaële lorsqu'elle relève le regard sur elle. Un mariage arrangé... Le travail comme point de départ... L'attachement "amical", du moins de celui qu'on croit seulement teinté d'amitié... Elle trouve dans ses paroles bien des points communs avec ce qui fait d'elle aujourd'hui une Calderon.


Ce n'est pas "si" vieux.

Avec vingt ans de plus, elle aurait étiré une grimace mais en l'état, il n'a que dix ans de plus que Manon, ce qui se résume pour elle à une sagesse et une maturité non négligeable, surtout dans la vie de couple.
Il n'est pas si évident pour elle de trouver des mots réconfortants alors même que son propre mariage ne la satisfait pas ces derniers temps. Il vaut mieux d'ailleurs éviter de lui dire que cela arrive à tous, à un moment ou un autre. Mais la vie n'est pas faite que de bas...


Si votre père a choisi cet homme, c'est qu'il l'estime bon pour vous et votre famille. Pas "bon" dans le sens "ok, je valide, ça fera l'affaire" mais avec l'assurance qu'il sera empli de bonté pour elle. D'ailleurs, connaissant un peu ledit père, s'il en a décidé ainsi ce n'est pas sans raison valable.

Un sourire...


Pensez vous que... Raeniel vous ôtera votre liberté ? Le mariage n'est pas une prison Samaële. "Sauf quand il vous engrossera et qu'il vous obligera à rester au lit pour préserver sa descendance". Tututu, Chut Manon. Les femmes obtiennent toujours ce qu'elles veulent, grosses ou non.

Un mariage qui l'arrange bien avec quelques sentiments déjà à la clé, voilà ce que saisit la Vénésienne. Un bon départ en somme. Et puisque l'histoire ressemble beaucoup à la sienne...


Quoiqu'il en soit, si je ne puis vous donner les codes pour être une bonne épouse... Coup d’œil à Cerièra, l'éternelle romantique, avant de reporter les azurs sur celle qui devra bientôt s’intéresser un peu aux froufrous en tout genre quand il lui faudra choisir sa robe de mariée. A moins qu'elle se marie en armure, comme elle. Je peux vous donner ce conseil... Choisissez une date un peu lointaine, juste quelques mois... ainsi vous aurez loisir de mieux vous connaître et cela vous rassurera quant à votre décision.

Conseil dont elle fera bien ce qu'elle voudra. Mais si le couple Calderon a choisi de laisser couler une année entre la demande et la cérémonie du mariage, ce n'est pas pour rien. D'autant que les souvenirs de cette année là sont certainement les plus forts et les plus beaux.
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Ceriera
Elle n'interrompt pas la conversation. Samaële semble vider son sac, un peu, et Cerièra la laisse faire. Ça pèse moins sur les épaules, une fois vide, un sac.
C'est fou toutes les bêtises qu'elle a pu ramener d'Alexandrie dans la cale de la Yémaya. Décidément, Fathia avait de la compagnie. Comme ces trois bols qu'elle pose sur la table pour servir un thé chaud à chacune, à la menthe désaltérante car la saison commence à être belle.
Ne pensez pas que la tâche l'absorbe : son oreille est toute à ce qui se dit. Ses petits hochements de tête ça et là en témoignent.

Raeniel… elle ne le connaît pas, à peine de nom et sans vraiment savoir pourquoi, elle en a même un a priori plutôt positif.
«22 ans, pétard !» pense-t-elle sans rien en dire à la jeune DiVarius de peur de l'inquiéter encore davantage. Mais au moins Samaële ne connaitra pas la petite angoisse que la griotte peut avoir parfois à avoir un mari plus jeune qu'elle, «vieillir» avant lui lui fait peur.
Mais ça, c'est parce qu'un rien la fait travailler du chapeau, au fond leur écart d'âge n'est pas bien grand.

Puis c'est Manon qu'elle laisse parler, celle-ci ayant le don pour poser les bonnes questions. Un sourire amusé parcourt son visage quand celle-ci leur conseille de différer le mariage. Elle la reconnaît bien là.

Sur ce, après avoir soufflé sur son bol et avalé une gorgée de thé, elle enchaîne. Sachant qu'elle n'a pas grand chose à offrir d'autre qu'elle-même, pas de parole universelle sur ce genre de sujet qui est toujours personnel.


Se marier est toujours source d'angoisse, même lorsqu'il s'agit d'un mariage d'amour comme le mien et qu'on est enthousiaste, voire même impatients. Et absolument personne ne sait par avance «être une épouse». «Pas plus qu'être parents» ajouterait-elle, mais chaque chose en son temps, la pauvre n'en est pas là !

Quand Sowelo s'est déclaré à moi, j'avais beau sentir que c'était différent entre nous depuis quelques jours, je suis restée comme une couillonne. J'étais en pleine période de déprime sur un plan sentimental et personnel et… je n'ai pas su comment réagir.
«Par bonheur» si je puis dire, ma sœur allait mal, ce qui m'a donné un prétexte pour me réfugier à Montfa. Pour m'occuper d'elle, sincèrement évidemment, mais aussi pour prendre du recul. Et… je me suis vite rendue compte que j'étais complètement idiote.
Il était là depuis un bon moment, dans ma vie, toujours là pour écouter mes malheurs, me soutenir, me protéger… le fait est que tout bon ami qu'il était, je me suis rendue compte que je pouvais avoir confiance en lui. Et ça, la confiance, c'est primordial.


Manon l'ignore peut-être, elle qui est tout à fait à l'aise avec l'idée de mariages arrangés, mais Cerièra la romantique a aussi écouté la raison pour son choix.

Je ne sais pas à quel point vous êtes amis ou vous vous entendez avec Raeniel, mais ce que vous dites me laisse penser qu'au fond, vous pensez qu'il est un bon choix pour vous, parce que vous l'appréciez.

Mais comme dit Manon, profitez de ce temps avant de vous marier. Si vous le faites trop vite, vous allez vous retrouver comme deux couillons l'un en face de l'autre. Attendre un peu vous permettra de vous rapprocher et d'envisager un rapprochement conjugal plus sereinement.


Parce que oui, il y a cet aspect-là aussi à prendre en compte. La brune avait flippé comme une dingue alors même qu'elle était amoureuse, alors elle imaginait ce que ça pouvait être sans ça.

Nous voulions nous marier plus rapidement nous, mais le Très-Haut en a décidé autrement et cela a pris quelques mois. Et… sans doute tant mieux. J'ai pu demander à Sowelo de m'apprivoiser avec un peu plus d'insistance sur les toutes dernières semaines avant notre mariage pour me mettre à l'aise.

Oui oui, elle parle bien d'intimité. Jamais crument mais relativement ouvertement. C'est une des réalités du mariage.

Votre liberté… je ne vais pas vous mentir, elle ne sera plus exactement la même, et ce bien que le mariage ne soit en effet pas une prison.
J'ai fait la tête à Sowelo quand nous étions fiancés, car un soir il a dit qu'il perdrait un peu de liberté. Je me suis vexée comme pas possible !
Un petit rire à y repenser.

Mais il avait raison, car c'est vrai sur un point.
Quand j'étais seule, je pouvais partir où bon me semblait quand bon me semblait, sans prévenir personne, sur un coup de tête. Aujourd'hui je dois quand même me concerter avec lui, certaines décisions se prennent à deux et c'est bien normal après tout. À plus forte raison quand après on a des enfants.

Mais… c'est tout. Je vous assure. Pour le reste nous restons indépendantes si nous le voulons, quant à nombreux de nos choix, quand à la gestion de nos possessions…
Mais certaines décisions se prennent à deux, c'est ainsi. D'où qu'il est capital que vous ayez confiance en celui que vous épousez.
Il n'est pas impossible que l'estime finisse par faire place à une profonde affection… voire à de l'amour, méfiez-vous !


Le ton est à la plaisanterie mais au fond elle ne serait pas étonnée que cela arrive. La badinerie continue, fini les larmes sinon le mouchoir de Manon va finir détrempé:

Et voyons le bon côté des choses ! Vous n'aurez plus froid aux pieds en hiver, épousez-le à l'automne ! S'il y a des choses lourdes à porter vous pourrez le lui déléguer.
Et si jamais il vous prend l'envie de mettre une jolie robe, ou que vous y soyez contrainte par je ne sais quelle cérémonie mondaine… rien que pour voir sa tête quand il vous verra dedans, ça vaudra l'effort je vous assure !

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Samaele
    Samaële posa ses mains autour du bol de thé, les motifs qui l’habillaient lui rappelèrent les objets exotiques qui ornaient la maison de Raeniel. Bientôt sa maison à elle… Les mains se crispèrent. Elle reporta son attention sur les paroles réconfortantes de Manon. Pourtant la question posée avait un gout bien amer aux oreilles de la voleuse.
    Qui sait… oui Raeniel pourrait finir par lui ôter sa liberté, et de façon bien plus concrète que ne l’imaginait la comtesse. Le mariage n’était peut-être pas une prison en soi, mais ce rapprochement pouvait l’y conduire. Un garde royal et une voleuse… Voilà un problème qu’elle ne pouvait aborder avec personne. Si elle redoutait d’être démasquée par son fiancé, c’était bien sûr par crainte de subir les représailles de la justice, mais aussi par peur de le décevoir lui. Elle tenait trop à leur relation, leur lien s’était fait sur la base d’une passion commune pour le Droit, ne volerait-il pas en éclat s’il réalisait qu’elle bafouait régulièrement les lois ?
    La question resta silencieuse…

    Elle avala une gorgée du liquide chaud et se focalisa sur Cerièra qui témoignait de son expérience. Elle l’écouta avec bonheur, le simple fait de l’entendre partager des bribes d’histoire personnelle lui faisait chaud au cœur. Ca rendait également le mariage moins terrifiant, ça atténuait son aspect inconnu.
    Du moins, jusqu’à ce qu’elle évoque le « rapprochement conjugal ». D'abord elle ne fut pas sûre de comprendre, mais la suite ne laissait guère de doute sur ce dont il était question. Samaële replongea dans son bol de thé. Elle avait mille questions qui lui brulaient les lèvres sur ce sujet qu'elle n’avait jamais pu aborder avec personne, n’ayant pas eu de mère ou d'amies assez proches ayant vécu le mariage. Pourtant elle ne dit rien par pudeur, se contentant d'une légère grimace à l’écoute de Cerièra. Elle avait beau être amoureuse de Raeniel –et être à peu près la seule à ne pas être au courant- il y avait des choses qu’elle ne pouvait pas envisager, et encore moins sereinement. En faisant un effort, il lui était concevable de l’embrasser et... c’est tout. Même pas de langue. Parce que c’est quoi ce délire avec la langue, on est bien d’accord que c’est dégueulasse une langue !? Gluant, humide, baveux. Ça a les mêmes caractéristiques qu’une limace. Qui peut aimer ça ? A quel moment quelqu’un a décrété qu’en plus d’embrasser
    sur la bouche, on pourrait embrasser dans bouche ?! C’est complètement dingue !
    Alors, aller encore plus loin dans l’intimité du couple, c’était très difficilement envisageable pour elle. Quand elle y songeait, tout ce qui lui venait à l’esprit c’était de trouver un moyen de repousser le problème. Par exemple, faire en sorte que la nuit de noces tombe pile quand elle aurait ses menstrues… Genre : Oh ba mince alors ! C’est vraiiiiiment pas de chance, ça tombe super bi… mal !
    Pas de quoi révolutionner l’histoire de l’excuse bidon, mais ça replissait l’objectif.

    Elle sourit à la dernière réplique de Cerièra. En parlant de contrainte, de cérémonie et de robe, il allait falloir qu’elle en trouve une pour le mariage. Spontanément elle proposa :


    D’ailleurs, j’aimerais bien ne pas choisir ma robe de mariée seule, je crois avoir très peu de bon gout en matière de mode. Croyez-vous que vous pourriez m’accompagner ?

    L’invitation était adressée aux deux filles bien entendu. Puis elle replongea au cœur du sujet.

    Certes, le mariage n’est pas une prison. On garde les clés de chez soi mais… c’est tout de même un engagement à vie.
    J’apprécie tellement Raeniel ! J’ai peur qu’une union puisse abimer notre relation, que le quotidien polisse mon enthousiasme à le côtoyer. J’ai peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Pourquoi a-t-il accepté ce mariage ? Je ne suis qu’une gamine par rapport lui… Il a déjà été marié, il a même déjà été père… Son épouse et sa fille sont mortes.


    Elle fronça les sourcils. Etre la seconde épouse d’un homme quand on ne l’a jamais été une fois soi-même, ca mettait une pression supplémentaire.

    Je ne manquerais pas d’essayer de choisir une date lointaine pour la cérémonie… Surtout que…

    Elle tourna un regard inquiet vers ses deux interlocutrices avant d'avouer l’évidence:

    J’ai un peu peur de la nuit de noces…

    Un peu ? Non. Elle était juste morte de trouille, et on pouvait clairement le lire dans ses yeux qui commençaient à s’embuer de larmes à la seule évocation de cette fameuse nuit. Elle mordilla ses ongles pour s’éviter de fondre une nouvelle fois en larmes. Elle chercha refuge dans son thé à la menthe.

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Manon
Le bol fumant entre ses deux mains tourne doucement sous l'action d'un jeu de doigts adroits. Tout à l'observation des motifs qu'il arbore, elle découvre à travers les mots de son hôte le commencement de leur propre histoire. Une histoire basée sur l'amour depuis le début. Que lui raconterait ce bol s'il avait le don de parole ? Peut-être aurait il déjà vu ces sentiments le jour de cet achat, peut-être a t'il participé à quelques petits déjeuners d'amoureux, peut-être... En attendant, ce contenant la ramenait loin en arrière, dans ce si beau voyage qu'ils avaient entrepris tous ensemble vers un autre continent.

Si Manon avait toujours refusé le simple fait de se marier, Cerièra, elle, ne concevait pas sa vie sans un mari et une famille pour l'entourer. L'indépendante intouchable face à la bohème au romantisme toujours bordé de belles fleurs écloses et pleines de couleurs, on ne pouvait pas faire plus opposé, ce qui au final tombait bien pour Samaële qui aurait ainsi deux sons de cloche.

Elle acquiesce aux propos de Cerièra jusqu'à ce qu'elle évoque le côté charnel du mariage. Les azurs pivotent vers Samaële pour en saisir la prime réaction et la grimace ne tarde pas. C'est que faire la chose lorsqu'on ne s'aime pas, ce n'est pas du tout la même que lorsqu'on s'aime. Et même quand on nourrit des sentiments réciproques, la ou les premières fois ne sont pas forcément si évidentes à gérer. En cela, la demande de Cerièra a Sowelo l'étonne, la choque presque. Si Cerièra avait demandé à être apprivoisée, Manon en était à dormir en cotte de mailles pour freiner les ardeurs Juliannesque qui lui filait une trouille bleue. Un an d'abstinence, c'était peut-être un peu trop demander aussi. Mais laquelle des deux avait eu raison dans la gestion de son amour charnel ? Chacune à sa façon et par le fait de leurs caractères opposés. Le résultat final se traduisait par les bambins galopant ou rampant à travers l'hôtel.

Cerièra enchaîne et elle ne peut qu'approuver ses propos. Au fond d'elle, une part bataille avec une autre pour savoir s'il vaut mieux finir par tomber amoureux ou non, tant l'amour est source de joie comme de déception. La Vénésienne imagine un instant sa vie si elle était restée sur son mariage de convenance, tel qu'elle se l'imaginait au tout début. Elle aurait gardé sa liberté et sa façon de vivre mais n'aurait jamais connu le bonheur de faire les choses main dans la main. Elle n'aurait jamais ressenti la douleur de ses silences mais il serait parti à force de lutter contre un cœur de glace. Samaële, Samaële, ... Tout serait plus simple si la notion d'amour même n'existait pas !

La Comtesse se met soudain à rire à la conclusion de la griotte. Il est vrai qu'il n'y a pas plus douce chaleur nocturne que les bras de son époux.



Bien sûr Samaële, mais... répond t'elle à la question de la robe, emballée à l'idée de cet instant de partage mais tout en gardant les deux pieds dans la réalité. Vous aurez peut-être envie, le moment venu, de partager ce choix avec un membre de votre famille. Evidemment, c'est à Asphodelle qu'elle pense.

Pourquoi a-t-il accepté ce mariage ? C'est justement à répondre à ce genre de question que sert ce temps de découverte entre la demande et la cérémonie. Vous pouvez me croire sur parole. La demande en mariage que m'a faite Julian est tombée comme un cheveux sur la soupe tellement je ne m'y attendais pas. Nous avons laissé filer une année pour apprendre à nous connaître, à l'aimer, ... Petit sourire en coin... et j'ai trouvé les réponses aux mêmes questions que vous vous posez maintenant.

Aujourd'hui, la crainte de Samaële quant à la nuit de noce pourrait la faire sourire si d'une part, les larmes ne tendaient pas à vouloir couler de nouveau et d'autre part, si elle même n'avait pas été sujette à la même angoisse. Comment trouver les bons mots lorsque sa propre première nuit avait failli être un véritable fiasco ? Sans compter qu'elle ne savait pas si...

Est ce que ce sera votre... première fois?

Une moue gênée à devoir poser une telle question dont la réponse influencera la suite à moins que Cerièra soit plus ouverte qu'elle sur le sujet.

En attendant, elle tend d'un sourire sa main à Samaële.
Vous voulez les miens ?

D'ongles à ronger. Encore un truc de mère ça.
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Ceriera
Au fil de la discussion, petit à petit, Cerièra se rend compte du chemin parcouru dans sa tête et se demande qui d’autre que Sowelo aurait pu «endurer» sans broncher – bien qu’il ne soit déjà pas de nature très bavarde – ses multiples peurs et angoisses de pré-demme-mariée… et même de post !

Elle sourit à sa demande, pour la robe de mariée. Elle se rend compte qu’elle n’a pas conviée la moindre amie à choisir avec elle. Il faut dire qu’elle avait une idée très précise de ce qu’elle voulait, et que si on demande leur avis à trop de gens, on finit sans rien dessus ! Et pour un mariage les pieds dans la neige, ç’aurait été… rafraîchissant.

Manon évoque Asphodelle. Elle n’y avait même pas songé, ne sachant pas quels sont les rapports belle-mère-belle-fille des deux. Elle serait étonnée que ça se passe mal, mais la bonne entente suffit-elle à créer une complicité ? Asphodelle a souvent raison mais brusque les fortes têtes, Cerièra le sait bien, elle qui met souvent des mois à comprendre… qu’elle aurait dû la comprendre plus tôt !


Vous verrez avec qui partager ce moment oui. Au besoin nous sommes là ! Après toit, nous n’avons jamais autant parlé chiffons que dernièrement ! dit-elle dans un sourire à Manon, sans se douter que celle-ci prépare déjà une nouvelle vengeance.

Attentive à la suite, son visage affiche une petite grimace aux mots de Samaële. Une peur qu’elle connait bien… être la seconde épouse, quand soi-même des hommes on ne connaît rien. Enfin, elle suppose que l’avocate n’y connaît rien, étant donné son jeune âge. Au pays de Cerièra les choses sont simples, et dans sa tête, claires : avant le mariage, on n’y connaît rien. Oh, elle sait bien que certaines personnes s’affranchissent du sens que Dieu a donné à l’union, mais ça n’est pas ce qu’elle envisage en premier.


Vous savez, un âge plus avancé n’empêche pas d’être complètement godiche. Sowelo est plus jeune que moi mais a eu une vie avant moi. Lui aussi avait connu la vie maritale et la paternité, et moi… j’étais une vieille jeune fille si je puis dire.
Je ne peux pas vraiment vous rassurer là-dessus, je n’ai trouvé la sérénité par rapport à cet état de fait qu’au fur et à mesure. Mais ce que je pense pouvoir vous dire c’est qu’il s’en fiche. Il ne vous comparera pas à votre désavantage.

Essayez d’en faire un atout : il a cette expérience de la vie, confiez-lui vos craintes et reposez-vous sur lui.
Vous dites que vous l’appréciez, je pense que l’affection mutuelle sera grandie par ce mariage plutôt qu’abîmée. Mais il est un ami, et votre futur époux ? Parlez-lui. Vous serez surprise, peut-être que lui aussi se pose une foule de questions, et partager vos questions vous rapprochera.


Ça vaut aussi pour la peur de la nuit de noces, mais sur le sujet, elle laisse Samaële répondre à Manon, amusée que celle-ci lui propose ses mains en défouloir à quenottes.

Vous ne préférez pas des biscuits ?

Qu’on n’aille pas dire que la DiVarius est sortie d’ici les doigts en lambeaux par manque de nourriture ! Pas chez Cerièra !
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Samaele
    Les paroles amies désamorcent une nouvelle fois les larmes. Samaële s’accroche à la conversation comme à une bouée de sauvetage, pour ne pas sombrer dans les profondeurs infinies et sombres de ses idées noires. Elle se sent si fragile, oscillant sans cesse entre différents états émotionnels contradictoires.
    Elle n’aurait jamais imaginé que des fiançailles puissent la bousculer à ce point. Mais finalement, tout cela n’était dû qu’à la peur d’un tas de choses l’inconnu auxquelles elle allait devoir se confronter.
    Un fin sourire se dessine sur son visage tandis qu’elle répond.


    Hum, les ongles de Manon sont tentants, mais j’ai peur qu’elle n’apprécie pas que je les trempe dans mon thé. Des biscuits seraient sans doute plus adaptés…

    Large sourire à présent. Comme quoi, se ronger les ongles peut avoir du bon : Ça donne un prétexte pour réclamer des gâteaux !
    Elle redevient plus sérieuse en évoquant son fiancé.


    Depuis qu’il est garde royal Raeniel n’est plus jamais là… Il va m’être difficile de le découvrir à distance. Depuis qu’il a dit oui, il a disparu…

    Elle soupire. Pourtant il est clair que l’optique de se retrouver avec un mari absent ne la dérange guère, bien au contraire. Plus il serait loin, plus elle serait libre, et notamment libre de s’adonner à ses activités de l’ombre. Malgré tout quelque chose la contrariait. Elle était tellement bien en sa compagnie, depuis qu’elle l’avait rencontré elle s’était habituée à ce qu’il soit dans sa vie et maintenant qu’il s’en éloignait cela créait un vide. Elle n’avait plus personne sous la main pour débattre sur le droit local, plus personne pour lui apprendre à manier l’épée… Et surtout, elle ne l’avait plus lui, tout simplement.

    C’est sans doute à cause de son travail… à moins qu’il ne regrette sa décision et qu’il tente de fuir !


    Elle s’amusa de cette éventualité, bien qu’au fond cela l’inquiétait un peu.
    Enfin, elle acquiesça à la question de Manon. Le fait d’être pucelle ne la gênait nullement, au contraire, c’est l’inverse qui l’aurait mise mal à l’aise. D’ailleurs elle serait bien restée vierge toute sa vie si elle avait pu. Vierge, mine de rien, c’est des emmerdes en moins.

    Oui, ça sera la première fois…

    Il y eut un silence durant lequel elle hésita à poser les questions qui la hantait depuis qu’elle savait que sa première fois ne tarderait plus à lui tomber dessus.

    Qu’est-ce que… qu’est-ce que je devrais faire ?

    La question n’appelait pas réellement de réponse détaillée, c’était surtout une façon d’exprimer à quel point elle était ignorante en la matière. Tandis qu’elle interrogeait les deux filles de son regard tracassé, elle laissa échapper le reste des interrogations qui lui trottait dans la tête.

    Je veux dire…
    Comment on s’y prend quand on n’a jamais…
    Je ne vais pas savoir quoi faire!
    Est-ce que ça fait vraiment mal ?
    Ca c'est passé comment pour vous?
    Est-ce que c’est obligé que ça ait lieu durant la nuit de noces ?
    Vous croyez que ça fâcherait le Très-Haut de ne pas consommer le mariage tout de suite ?
    Parce que… je ne suis vraiment pas sure d’y arriver.

    Elle se mordilla les lèvres, à défaut des ongles.

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Manon
Si Cerièra tique sur l'idée qu'il s'agisse là, en l'occurrence, d'un second mariage, la Vénésienne s'arrête grandement sur le fait que le futur époux n'est déjà plus présent dans la vie de Samaële. Et ça... Elle souffre bien trop des silences de son double pour avoir comme unique réaction... une petite moue. Pourtant, elle se doit de relever.

Les échanges épistolaires sont parfois bien plus révélateurs. Il est plus facile de coucher ses sentiments sur le papier, surtout lorsqu'on est angoissé comme vous l'êtes. Finalement, son absence sera peut-être bénéfique sur ce plan là.

Quant au reste... Voilà bien un sujet difficile à aborder pour elle. Alors si en plus il s'agit d'une première fois... Avec quelqu'un dont elle ne semble pas totalement amoureuse... Et qui en plus n'est pas là... Que dire...

Ce n'est pas si douloureux.

Un sourire qui se veut aussi rassurant que possible puis elle poursuit, après avoir avalée une gorgée du délicieux breuvage.

Je ne sais pas s'il est bien utile de vous raconter ma propre expérience. Cela se fait... tout seul. Vous allez bénéficier de la sagesse de Raeniel, de son expérience... Ou comment ne pas dire "voyez, ça a du bon d'être avec un "vieux" finalement. Il vous guidera. Et si vraiment le moment venu vous n'êtes pas prête, je suis sûre qu'il le comprendra et qu'il prendra le temps de vous apprivoiser.

Petit sourire à Cerièra.
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Ceriera
Évidemment c'est sa toute première fois. Cerièra, naïvement peut-être, ne l'envisageait pas autrement. Jamais mariée = toute première fois, pour elle. Et évidemment les question se bousculent dans la tête de Samaële comme dans la sienne à l'époque.
En fait, la griotte hoche la tête. Parce qu'au fond tout cela lui semble bien normal. Et au fond elle envie presque un peu la DiVarius de pouvoir en parler avant le mariage. Cerièra, elle, avait eu du mal… avec qui aurait-elle pu partager cela ? Sa sœur, aussi pure qu'elle et encore moins intéressée par la chose ? Celles de ses amies qui n'avaient de l'intimité que des mauvais souvenirs ? Il n'y a qu'à celui qui était son futur époux qu'elle avait pu partager quelques-unes de ses appréhensions, finalement.


Manon a raison.

Ben oui.

C'est une chance pour vous que Raeniel ait déjà eu une vie, si je puis dire. Vous pouvez vous confier vos craintes vous savez. Il n'en sera que plus prudent, et cela s'en passera d'autant mieux pour vous.
J'étais toute aussi empotée, si cela peut vous rassurer. Personne n'a le mode d'emploi avant le mariage, ce serait si simple !


Quoique… là, son regard se pose sur Manon, elle a en tête le fameux «livre» de Lyviia… mais Manon comprendra-t-elle ?

Vous avez tout votre temps, que ce soit pendant la nuit de noces ou plus tard. Pour le Très-Haut, la seule chose qui compte est de ne pas céder à la tentation d'être trop pressé et de brûler les étapes. Mais rien ne vous empêche de prendre votre temps.

Un blanc. Elle vient de parler comme une archevêque… mais est-ce ce que Samaële attend d'elle vraiment ou… doit-elle se raconter davantage ?
Elle hésite, elle tergiverse dans sa tête. Mais elle a bien demandé «comment ça s'est passé pour vous ?» après tout.
Les gâteaux servis, elle en grignote un qu'elle fait passer avec une gorgée de thé. Le temps de trouver les mots sans doute ? Le temps aussi qu'elle se remémore ce moment de leurs noces… et qu'un sourire éclaire son visage.


Plutôt bien.

Là, elle répond à la question, mais un peu comme un cheveu sur la soupe. Donc elle précise.

Ça s'est plutôt bien passé. Mais comme je vous conseillais plus tôt… moi j'avais un peu confié mes craintes à Sowelo, je lui avais demandé de m'apprivoiser un peu aussi… j'avais la trouille, oui.

Un petit sourire d'aveu.

Mais bon, on a su se trouver, mais de notre côté… même si j'avais peur, j'étais impatiente aussi.


Ces mariages d'amour, c'est d'un pénible… vas-y que je t'étale mon bonheur à la face.

Ça ne fait pas vraiment mal non. Si on prend le temps ça va. Mais honnêtement… les fois d'après sont mieux quand même.
Même si ça reste un bon souvenir parce que j'étais si contente qu'on soit enfin l'un à l'autre…


Un sourire neuneu maintenant sur son visage. Elle est un peu retournée dans sa bulle. Elle pense au nuage aussi. Et puis elle grignote un nouveau petit gâteau.
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