L_aconit
Tour dYs sélevait au ciel de Périgueux, se divisant en deux chambres dinégales proportions, liées par un couloir et les racines dune légende à chaque ondée sabattant aux pierres claires.
Au premier étage, se trouvait LA chambre, Par-Ys * comme on lappelait. La plus grande de l'hôtel particulier Petit Vésone, L'endroit était à lui seul, aussi secret qu'on l'imaginait, et nul ne passait l'espace clos de l'endroit privé du jeune maître des lieux sans y avoir été convié.
Aux visiteurs passant devant, menés à La chambre de Gradlon , lon raconterait la légende DYs, de la belle Dahut, de ses amants faits décume et de sel, jusquà sa convoitise précipitant la ville, et lon y broderait proverbe minéral, en guise de conclusion, comme le point dun conte éclairé de bougies, mais à lombre des secrets mâles contemplant Breizh et Paris se lier jusquà lappellation :
Pa vo beuzet Paris
Ec'h adsavo Ker Is
Quand Paris sera englouti
Resurgira la ville d'Ys
Pattes de Lévriers circulaient librement sur l'espace planché du parquet de bois sombre, où étaient étalés çà et là, pour plus de chaleur, d'épais tapis de laine rapportés de voyages. Un petit foyer à la corniche de pierre au-dessus duquel trônait au mur, une toile mystérieuse offerte à Paris par Alphonse Tabouret, second résident quoi qu'officieux de l'écrin de la Tour, apportait de la chaleur plus vive les soirs d'hiver. Une grande fenêtre, pensée pour servir d'intermédiaire entre deux mondes et quatre saisons, baignait l'endroit dans une lumière douce, celle que l'on doit aux vues côté cour. En s'y penchant, la petite cour intérieure avec ses trois fruitiers et son petit bassin s'offrait lascivement, dénudée les longs mois hivernaux, chatoyante les chaudes journées d'été.
Au centre de la chambre, comme une pièce maîtresse trônait un grand lit à baldaquins épais dont les voilures brodées se refermaient parfois à la nuit tombée, parfois pas, donnant à lil curieux d'un spectateur assis en face dans un unique fauteuil, loisir à regarder. Nombres de coussins et de draperies l'ornementaient au moelleux des plumes.
Un coin entier de l'endroit était dédié à l'eau, pierres noires et grises ramenées des rivières de Bretagne grignotant habilement sur le paquet pour laisser l'humidité où elle régnait. En lieu et place de baquet, un bain marmoréen pouvait accueillir deux personnes, et un paravent de bois et de toiles peintes préservait l'intimité des baigneurs à loisir. En réalité, l'objet n'avait qu'une vocation décorative. Aux murs, un duo de tapisseries tout à propos observait les ablutions d'un il quiet. Gardiens des secrets de cette chambre si atypique.
De nombreuses tapisseries réchauffaient les murs des lieux, et derrière l'une d'entre elles, une porte dissimulée donnant sur la cave, et qui ne pouvait s'ouvrir que de l'intérieur. A l'opposé des bains, une petite chambre attenante servait de garde robe au Montfort, emplie de malles et d'étoffes, gardée par le panier d'un habitant à quatre pattes, souvent inoccupé d'ailleurs.
* Pareille à Ys
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