Alphonse_tabouret
Dans la petite cour, lon nentend plus parler.
Mots ont cédé place aux onomatopées, et si elles se troublent de quelques syllabes, parfois dun rire, cest le plus souvent dune voyelle sèche que claque la dissonante mélodie.
Sur un banc, lon a délaissé les chemises et les bottes ; celle dAlphonse est de celles qui sont blanches, au col toujours bien fait. Les boutons y sont simples et élégants, pièces rondes discrètement frappées au sceau dun artisan italien découvert aux abords de Naples, et le tissu, quoique dapparence simple, est rehaussé de quelques coutures soigneuses témoignant dun métier finement exercé.
Celle de Diego est propre quoiquabimée ; détail na pas échappé à Tabouret, dont lil a suivi distraitement lusure de la bordure sombre lorsque les mains se sont serrées aux sourires des retrouvailles. Posées négligemment lune à côté de lautre, tissus se frôlent de quelques plis quand leurs propriétaires sempoignent.
Parfois, lon perçoit quelques cris chantants venant de lentrepôt dont la porte fermée cache les trésors du ventre, et si lon a essuyé quelques regards curieux à la livraison dune gourde de vin clair aux premières minutes, voilà plus de deux heures que personne nest passé ou na entrouvert Sésame ; ici, derrière la Casa Verde, lon a perdu leur trace.
Automne a posé ses rigueurs dans lair, et bien quil y fasse frais, les corps bouillonnent dune chaleur tropique, consumée dexotiques brulures. Nuque embuée defforts jusquà poisser les cheveux en lacets épais à la peau, garçon se font face , respirations alourdies par leffort continu auxquels ils se captivent ; les pantalons sont tachés çà et là de terre ou de poussière, et lépaule dAlphonse accuse encore la marque des doigts quy a posé Casas quelques instants plus tôt.
A larène de six mètres sur six, lon se jauge, paumes en avant, sourire belliqueux cousu aux lèvres et prunelles égayées dune malice toute mâle. Çà et là, corps sont éprouvés, muselés à la verdure des apprentissages communs, mais voilà déjà deux points déjà que si lon retient la brutalité, on porte chaque coup sans hésiter, jusquau chant dune paume frappant le sol à la répétition.
Trois-Quatre en faveur du gitan, en Cinq gagnant.
Le round est décisif, et ce qui ne devait être quune conclusion aux exercices répétés a mué en un jeu de coqs joyeux ; bruns poursuivent une valse brisée, ciselée dimperceptibles mouvements que lon repère et que lon contredit, pieds nus noircis à lhumus humide dune pluie matinale. Bottes ont été ôtées en premier.
Chat aux aguets séprend de chaque pas et les muscles tendus de tension autant que dattention répondent dun instinct de danseur aux pognes qui sabattent ; Alphonse recule dun pas, pliant coude pour saisir un bras et à létau dune dextre dense, tâche de repousser la silhouette duelliste sans succès ; poignet saisi à la volée attache les corps dune ancre et quand le pied vient balayer le sien, cest vers le sol, sans sommation, quAlphonse perd léquilibre. Suite se mêle de grognements au poids qui l' enlace , de mains qui tâtonnent dans le but pur de la saisie, de la force compacte, et Spartiates attachant les corps à la poussière, y roulent de rage et dinvectives ; gymnètes ont délaissé les armes pour la lutte, suspendant les minutes à la joyeuse fièvre des combats garçons.
Bras se tord dun angle saillant et Tabouret pousse un cri de surprise autant que de douleur, abreuvant la bouche dune rocaille nordique tempêtant assez sans que lon ait besoin du savoir pour en prendre la teinte. Peaux se mêlent, sirritent de frictions, et rien nest sacré que celui qui percera la ligne de défense ; silhouettes à lunisson des élans fusionnant, saltérant, aliènent brièvement dun espoir les tempes parisiennes avant que la souffrance nen brise les ailes en même temps que le cou, et paume libre sabat sans plus réfléchir trois fois au sol, abjurant la victoire dun sourire vaincu sans pour autant y perdre la morgue
A son dos, pèse le poids de Diego dont les doigts encore tiennent le poignet à leur étreinte quand souffle se brisant au sol révèle les parfums bruts de terre jusquà lui emplir le museau
Tu ne mauras pas à chaque fois avec ce coup-là .
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Mots ont cédé place aux onomatopées, et si elles se troublent de quelques syllabes, parfois dun rire, cest le plus souvent dune voyelle sèche que claque la dissonante mélodie.
Sur un banc, lon a délaissé les chemises et les bottes ; celle dAlphonse est de celles qui sont blanches, au col toujours bien fait. Les boutons y sont simples et élégants, pièces rondes discrètement frappées au sceau dun artisan italien découvert aux abords de Naples, et le tissu, quoique dapparence simple, est rehaussé de quelques coutures soigneuses témoignant dun métier finement exercé.
Celle de Diego est propre quoiquabimée ; détail na pas échappé à Tabouret, dont lil a suivi distraitement lusure de la bordure sombre lorsque les mains se sont serrées aux sourires des retrouvailles. Posées négligemment lune à côté de lautre, tissus se frôlent de quelques plis quand leurs propriétaires sempoignent.
Parfois, lon perçoit quelques cris chantants venant de lentrepôt dont la porte fermée cache les trésors du ventre, et si lon a essuyé quelques regards curieux à la livraison dune gourde de vin clair aux premières minutes, voilà plus de deux heures que personne nest passé ou na entrouvert Sésame ; ici, derrière la Casa Verde, lon a perdu leur trace.
Automne a posé ses rigueurs dans lair, et bien quil y fasse frais, les corps bouillonnent dune chaleur tropique, consumée dexotiques brulures. Nuque embuée defforts jusquà poisser les cheveux en lacets épais à la peau, garçon se font face , respirations alourdies par leffort continu auxquels ils se captivent ; les pantalons sont tachés çà et là de terre ou de poussière, et lépaule dAlphonse accuse encore la marque des doigts quy a posé Casas quelques instants plus tôt.
A larène de six mètres sur six, lon se jauge, paumes en avant, sourire belliqueux cousu aux lèvres et prunelles égayées dune malice toute mâle. Çà et là, corps sont éprouvés, muselés à la verdure des apprentissages communs, mais voilà déjà deux points déjà que si lon retient la brutalité, on porte chaque coup sans hésiter, jusquau chant dune paume frappant le sol à la répétition.
Trois-Quatre en faveur du gitan, en Cinq gagnant.
Le round est décisif, et ce qui ne devait être quune conclusion aux exercices répétés a mué en un jeu de coqs joyeux ; bruns poursuivent une valse brisée, ciselée dimperceptibles mouvements que lon repère et que lon contredit, pieds nus noircis à lhumus humide dune pluie matinale. Bottes ont été ôtées en premier.
Chat aux aguets séprend de chaque pas et les muscles tendus de tension autant que dattention répondent dun instinct de danseur aux pognes qui sabattent ; Alphonse recule dun pas, pliant coude pour saisir un bras et à létau dune dextre dense, tâche de repousser la silhouette duelliste sans succès ; poignet saisi à la volée attache les corps dune ancre et quand le pied vient balayer le sien, cest vers le sol, sans sommation, quAlphonse perd léquilibre. Suite se mêle de grognements au poids qui l' enlace , de mains qui tâtonnent dans le but pur de la saisie, de la force compacte, et Spartiates attachant les corps à la poussière, y roulent de rage et dinvectives ; gymnètes ont délaissé les armes pour la lutte, suspendant les minutes à la joyeuse fièvre des combats garçons.
Bras se tord dun angle saillant et Tabouret pousse un cri de surprise autant que de douleur, abreuvant la bouche dune rocaille nordique tempêtant assez sans que lon ait besoin du savoir pour en prendre la teinte. Peaux se mêlent, sirritent de frictions, et rien nest sacré que celui qui percera la ligne de défense ; silhouettes à lunisson des élans fusionnant, saltérant, aliènent brièvement dun espoir les tempes parisiennes avant que la souffrance nen brise les ailes en même temps que le cou, et paume libre sabat sans plus réfléchir trois fois au sol, abjurant la victoire dun sourire vaincu sans pour autant y perdre la morgue
A son dos, pèse le poids de Diego dont les doigts encore tiennent le poignet à leur étreinte quand souffle se brisant au sol révèle les parfums bruts de terre jusquà lui emplir le museau
Tu ne mauras pas à chaque fois avec ce coup-là .
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