Theophile
Menus travaux de menuiserie, réparations diverses, fauchage, arrachage... les premiers jours à Castillon n'avaient pas été de tout repos. Et c'était tant mieux d'ailleurs. Si Théo était satisfait de se retrouver à la maison et de vaquer aux nombreuses tâches qui l'attendait, petit à petit une crainte sourde l'avait envahi. Alors qu'il ponçait le vieux lit d'enfant destiné à Elouen, ses pensées s'envolaient vers sa préoccupation principale depuis plusieurs jours : le retour de sa fille.
Quelques trop rares courriers avaient été échangés, les mots avaient bien du mal à sortir même si le fait de les coucher sur papier semblait plus aisé. Une distance s'était installée entre sa fille et lui. Certains événements entre autres à Arles ... événements que certains qualifieraient de fuite dans un jugement hâtif , avaient séparé le père et sa fille. Et si Théo avait toujours du mal à montrer sa peine, s'il se réfugiait souvent derrière un mur de silence et de froideur, il n'en souffrait que d'avantage.
Eloa n'était plus la gamine pour laquelle il s'était battu, même contre Kah a une certaine époque, parce qu'il avait été le seul à cerner le mal fait par ces gens que sa douce prenait pour des amis. Ce n'est qu'après l'épisode d'abandon qu'elle avait enfin ouvert les yeux, alors que Theo lui se battait pour que ces deux malfrats cessent de nuire et pour retirer Eloa des griffes de certains adultes trop bien pensants mais bien trop peu honnêtes et engagés aussi pour être réellement un point d'attache auquel se référer.
Il avait fini par remporter la victoire, coupant les ponts avec l'entourage de la gamine dans le seul objectif de la protéger. Il en avait mis du temps, de la hargne et de la détermination pour ce petit bout de femme. Sa puce à lui. Il avait veillé sur elle, tenté de l'éduquer, strictement certes mais avec la volonté première de la protéger. Contre elle même et les dégâts que son caractère fort pourraient faire . Contre un entourage trop agressif aussi.
Un sourire éclaira son visage quand il repensa à leurs surnoms ..."la puce" ... "la poule zéante" ... Dieu que ce petit bout de femme avait réussi, sans s'en rendre compte à adoucir un coeur meurtri par la douleur d'être privé des siens....
Puis elle avait grandi. Elle avait quitté la ville et lui aussi. Pour des raisons différentes. Il était parti rejoindre un ami en Provence et sa vie avait pris un tournant important ... Une erreur monumentale en fait. Il fallait bien l'avouer. Erreur qui l'avait une fois de plus séparé des siens. Etait-il voué à devoir sans cesse faire des choix catastrophiques ? Etait-il donc à ce point bête qu'il ne pouvait plus veiller à ne pas perdre ce qu'il avait de plus précieux ... page pénible sur laquelle il préféra ne pas s'attarder d'avantage. Tout avait été dit.
La chaleur était accablante déjà dès le petit matin. Théo s'était levé de très bonne heure afin de profiter des heures fraîches du matin pour terminer le lit de son fils. L'heure du petit déjeuner se rappela à son estomac. Posant ses outils, il se rinça rapidement le visage et les mains dans l'eau qu'il avait puisée ce matin puis rentra à la maison.
Il s'arrêta net, sur le pas de la porte. Elle était de retour. Sa puce à lui était de retour avec un blondinet dont Kah lui avait parlé. Son coeur, souvent malmené, fit un bond et discrètement il s'appuya contre le chambranle de la porte, pris d'un bref étourdissement qu'il réussit cependant à cacher. L'émotion s'empara de lui et aucun son ne put sortir de sa bouche à ce moment. Evitant le regard de son épouse, la seule capable sans doute de décrypter ce qui se passait en lui, il finit par articuler d'une voix sourde, émue :
Ah .... vous voilà ...
Choc des retrouvailles, de la revoir elle et d'être à nouveau confronté à la réalité cruelle : sa fille était devenue femme et le gamin à ses côtés - car face à Théo il n'était qu'un gamin - était l'homme de sa vie. Kah lui avait parlé de lui... d'eux. Et il s'efforçait de se faire à l'idée que la vie voulait qu'un oisillon ... arf une puce en l'occurence, prenne un jour son envol aux côtés de celui qui ferait battre son coeur. Théo détailla le jeune homme un long moment. Regard soutenu, perçant mais pas agressif. Un regard qui sonde et qui jauge. Mais qui ne juge pas. Le blond semblait costaud et le regard qu'il posait sur Eloa ne laissait aucun doute quant à ses intentions. Il fallait faire confiance aux dires de Kah et à la jeunesse de celui qui un jour deviendrait son gendre. Partagé entre fierté et crainte, Théo finit par faire un pas puis un second vers les jeunes. Son coeur le malmenait toujours mais il voulait faire face et tenter pour une fois de se montrer convivial. Au moins pour elles.
Soyez les bienvenus ... Heureux de vous rencontrer ... Gorum, je crois.
S'avançant d'abord vers le jeune homme, il lui tendit une main qu'il voulait amicale, esquissant un sourire.
Quelques trop rares courriers avaient été échangés, les mots avaient bien du mal à sortir même si le fait de les coucher sur papier semblait plus aisé. Une distance s'était installée entre sa fille et lui. Certains événements entre autres à Arles ... événements que certains qualifieraient de fuite dans un jugement hâtif , avaient séparé le père et sa fille. Et si Théo avait toujours du mal à montrer sa peine, s'il se réfugiait souvent derrière un mur de silence et de froideur, il n'en souffrait que d'avantage.
Eloa n'était plus la gamine pour laquelle il s'était battu, même contre Kah a une certaine époque, parce qu'il avait été le seul à cerner le mal fait par ces gens que sa douce prenait pour des amis. Ce n'est qu'après l'épisode d'abandon qu'elle avait enfin ouvert les yeux, alors que Theo lui se battait pour que ces deux malfrats cessent de nuire et pour retirer Eloa des griffes de certains adultes trop bien pensants mais bien trop peu honnêtes et engagés aussi pour être réellement un point d'attache auquel se référer.
Il avait fini par remporter la victoire, coupant les ponts avec l'entourage de la gamine dans le seul objectif de la protéger. Il en avait mis du temps, de la hargne et de la détermination pour ce petit bout de femme. Sa puce à lui. Il avait veillé sur elle, tenté de l'éduquer, strictement certes mais avec la volonté première de la protéger. Contre elle même et les dégâts que son caractère fort pourraient faire . Contre un entourage trop agressif aussi.
Un sourire éclaira son visage quand il repensa à leurs surnoms ..."la puce" ... "la poule zéante" ... Dieu que ce petit bout de femme avait réussi, sans s'en rendre compte à adoucir un coeur meurtri par la douleur d'être privé des siens....
Puis elle avait grandi. Elle avait quitté la ville et lui aussi. Pour des raisons différentes. Il était parti rejoindre un ami en Provence et sa vie avait pris un tournant important ... Une erreur monumentale en fait. Il fallait bien l'avouer. Erreur qui l'avait une fois de plus séparé des siens. Etait-il voué à devoir sans cesse faire des choix catastrophiques ? Etait-il donc à ce point bête qu'il ne pouvait plus veiller à ne pas perdre ce qu'il avait de plus précieux ... page pénible sur laquelle il préféra ne pas s'attarder d'avantage. Tout avait été dit.
La chaleur était accablante déjà dès le petit matin. Théo s'était levé de très bonne heure afin de profiter des heures fraîches du matin pour terminer le lit de son fils. L'heure du petit déjeuner se rappela à son estomac. Posant ses outils, il se rinça rapidement le visage et les mains dans l'eau qu'il avait puisée ce matin puis rentra à la maison.
Il s'arrêta net, sur le pas de la porte. Elle était de retour. Sa puce à lui était de retour avec un blondinet dont Kah lui avait parlé. Son coeur, souvent malmené, fit un bond et discrètement il s'appuya contre le chambranle de la porte, pris d'un bref étourdissement qu'il réussit cependant à cacher. L'émotion s'empara de lui et aucun son ne put sortir de sa bouche à ce moment. Evitant le regard de son épouse, la seule capable sans doute de décrypter ce qui se passait en lui, il finit par articuler d'une voix sourde, émue :
Ah .... vous voilà ...
Choc des retrouvailles, de la revoir elle et d'être à nouveau confronté à la réalité cruelle : sa fille était devenue femme et le gamin à ses côtés - car face à Théo il n'était qu'un gamin - était l'homme de sa vie. Kah lui avait parlé de lui... d'eux. Et il s'efforçait de se faire à l'idée que la vie voulait qu'un oisillon ... arf une puce en l'occurence, prenne un jour son envol aux côtés de celui qui ferait battre son coeur. Théo détailla le jeune homme un long moment. Regard soutenu, perçant mais pas agressif. Un regard qui sonde et qui jauge. Mais qui ne juge pas. Le blond semblait costaud et le regard qu'il posait sur Eloa ne laissait aucun doute quant à ses intentions. Il fallait faire confiance aux dires de Kah et à la jeunesse de celui qui un jour deviendrait son gendre. Partagé entre fierté et crainte, Théo finit par faire un pas puis un second vers les jeunes. Son coeur le malmenait toujours mais il voulait faire face et tenter pour une fois de se montrer convivial. Au moins pour elles.
Soyez les bienvenus ... Heureux de vous rencontrer ... Gorum, je crois.
S'avançant d'abord vers le jeune homme, il lui tendit une main qu'il voulait amicale, esquissant un sourire.