[P2 - L'impudique avec Elisabeth et Satine]
Dans la nouvelle pièce dite l'Impudique, la Noiraude en robe de gitane, voyait son reflet se répéter parfois à l'infini, suivant devant quel miroir elle se tenait. Bigre ! Des dizaines de Satine, aux jupons virevoltants, alors qu'elle tournait sur elle-même, la mine rieuse, tout en cherchant l'objet caché. Mais où..où..où !!!
Se rapprochant d'un miroir qui rendait l'image de sa silhouette fine et gracile en entier, Satine y déposa son index, délicatement, presque en crainte de briser la fine surface aux multiples reflets. Une légère caresse à son double, alors que le souvenir d'un couple qui se contemplait en un temps lointain, y avait souri en accord parfait. Il lui avait démêlé sa longue chevelure indisciplinée au petit matin, avec douceur et gestes attentionnés. Un ancien compagnon, un couple magnifique et heureux, si vivant et rayonnant de leur amour. Oulà... que d'eau avait coulé sous le pont, comme d'autres liens s'étaient formés et défaits, au cours de sa vie parfois bien agitée. Tête penchée lentement, alors que ses mèches bouclées s'étalaient sur son épaule gauche, la Noiraude eut un petit sourire fin, cherchant à deviner qui pourrait bien venir s'accorder derrière elle, à son reflet.
L'espace d'un instant, regard concentré sur la vision vide derrière elle, si ce n'était les autres miroirs et le lit à baldaquins... elle ferma les paupières, puis chuchota doucement :
Alors..hein..dis-moi qui ! Et toi, ne te trompe pas comme moi...
Plissant les yeux sous la force du rire moqueur qui voulait monter à ses lippes, elle se sermonna intérieurement tout en oubliant encore de les ouvrir pour quelques instants. Yep, devant le silence sidéral répondant à sa question, la jeune femme, joueuse, commença à tâtonner à l'aveugle. Après tout, il faisait si sombre que la différence serait minime, de parcourir la pièce du bout de ses doigts fins... Partant sur la gauche du miroir, Satine sentit quelque chose de moelleux. Paume exploratrice, elle la laissa découvrir la texture...ah....tiens..uhm..oui..on dirait bien ! Elle devinait. Son regard le confirmait...
Soulevant une couverture à la fourrure incroyablement douce posée sur un guéridon, peut-être même de l'hermine au toucher, bordant une large part de tissu en velours sombre, ses yeux myosotis cherchaient en vain la statuette de l'Aphrodite. Comme Elisabeth avait gardé la chandelle, alors qu'elle s'était allongée sur le lit bien large pour au moins trois personnes, si pas plus... sa partenaire de recherche semblait plus enclin pour l'instant, à se prélasser sur la couche de taille royale, à minima.
Son pied nu vint à faire connaissance frontalement d'une malle posée au sol, lui tirant plus un petit cri de surprise que de vraie douleur. Boudiou ! Fallait quand même dire la difficulté à explorer l'endroit, la lueur amoindrie du bougeoir n'aidant que peu la Noiraude à se diriger efficacement. Palpant l'intérieur du coffre en bois, Satine sentit divers objets, avant tout des tissus très fins qui devaient même avoir un effet transparent assez dévastateur sur un corps nu.
Wowowooo.. dentelles et tenues fines, légères, puis des plumes piquées dans une forme de masque, de nombreux longs bandeaux de soie...Rah..Dieu du ciel..si c'était pas tout un commerce de luxure, alors elle ne s'appelait plus Satine ! Là, non plus, rien d'assez solide et volumineux pour être une petite statue. Et non, un olisbos en bois, n'était pas une Aphrodite en pierre, bois de cerisier ou autre matière, car elle n'avait pas vu l'objet d'assez près pour savoir en quoi il était fabriqué. M'enfin, en tout état de conscience, les formes différaient grandement, y avait aucun doute. Bon, ben.. Zoup, couvercle remis en place pour les prochains visiteurs, elle avait eu mauvaise pioche jusqu'à maintenant, alors, remontant son petit chemin de quête, la jeune femme s'appropria la douce couverture pour la passer autour de ses épaules dénudées, en prévision d'une sortie dans le jardin.
Enfin, rejoignant Elisabeth alors qu'elle se postait au pied du lit, la Noiraude repoussa avec un geste fin sa tignasse sur ses épaules, les rassemblant pour les libérer de l'emprise de sa nouvelle cape anti-froid.
Elle avait entendu les propos de sa partenaire de jeu, qui tentait de se tirer les flûtes pendant qu'elle, exploratrice hors pair (et parfois, tout en impair aussi), chassait à qui mieux, mieux..la vach'te de statuette qui devait avoir un don : là, Satine n'était pas loin d'être convaincue que l'objet devait se téléporter à gauche et à droite.. et..et.. Une idée !
ELISABEEETH..JE SAIS !!! Veuillez bien bouger le..enfin..attendez...c'est ça ! ...votre seyant fondement de ce vaste lit !!
Vous m'écoutez, oui ? Il faut trouver l'homme..Cabochin.. Cachotin..enfin.. lui !!!
Celui qui avait la statue en main.. on va le torturer pour qu'il avoue.. uhm..ça vous va ? A vous le beau sire, à moi la jolie petite statue.. c'est vendu ?
Vous..vous dormez, dites ?
Je vous laisse volontiers explorer le dessous de la couche, vu que vous avez pris jouissance du dessus !!
Là, dans le doute, mais à nouveau motivée comme jamais, parce que quand elle a une idée en tête, elle ne va pas la lâcher, hein..pas si vite. La blondinette roupillait-elle ou pas ?
Alors, tirant sur le drap de soie du vaste radeau à plaisir où était allongée Elisabeth, elle tentait de la déloger avant que la belle noble, et un peu paresseuse, à voir comme elle s'était langoureusement vautrée dans le luxe, ne vienne à s'endormir en rêvant à dix corps entremêlés sur le plumard. 10 corps à maxima... Tout fantasme avait ses limites, non mais et le lit aussi !
Fait pas un peu chaud dans cette pièce, trouvez pas..Elisabeth ?
Un petit soupir plus loin, elle patientait, la damiselà..elle était trop empressée, parfois, pouquoi avoir déjà mis la cape, c'était idiot, il restait tout le salon à traverser pour aller au jardin, ou ailleurs, trouver Chabotin..