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[RP] C'est la touffe

Hyacinthe.
L’hypothèse :
Citation:
« J’tombe jamais malade, mais j’pense que si on me coupe une touffe de cheveux, j’chope une grippe espagnole. »


Sujet n°1 : Hyacinthe.
Sujet témoin : Astana, qu’on appellera Barbara.

L’environnement : c’est l’hiver, et ils sont un peu bourrés.

Hyacinthe se pèle les miches mais il n’a pas le temps d’y penser. Dans la rue noire, alors qu’il file d’un pas pressé aux côtés de Barbara, il tente de reposer les termes d’une définition :

« Une touffe. C’est une portion de cheveux isolée du reste par des limites arbitraires mais mesurées. Comme un petit bosquet au beau milieu d’une forêt. Vous saisissez ? Et je n’ai pas dit : si on me coupe LA touffe, j’ai dit : si on me coupe UNE touffe. Pas la. Une. »

Les deux silhouettes tracent dans l’Angers occupée, en produisant des nuages de vapeur blanche quand elles osent sortir le nez de leur col pour répondre à l’autre. Hyacinthe ne regarde pas Barbara, parce qu’on y voit quasiment rien.

Il se repère au son. Il affirmerait bien que s’il était sourd, il serait se serait déjà cassé la tronche, mais il n’a pas envie de perdre ses oreilles en plus d’une touffe. Une touffe. La touffe. Une Barbara. Déconne pas s’te-plaît.

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Papadampadampadam...
Astana
Non.
J'ai dit non.

Sa Blondeur s'acharne à ponctuer chacune de ses phrases par une négation de la tête, dont on n’aperçoit guère plus que le front et une paire de châsses, tant le col est remonté haut sur le nez. Beaucoup de phrases, beaucoup d'infirmations, beaucoup de tête secouée. Finalement, d'Assay voit flou mais impossible de dire si c'est le froid qui saisit la rétine, les pintes ou tout simplement la nuit. Probablement les trois. Elle accuse un petit rire, tout étouffé qu'il est dans l'étoffe. Les plans foireux d'Astana sont légion et naissent souvent d'une nette mésentente entre les deux parties. Alors pourquoi ce soir ferait exception ? J'te le demande.


- « Une fois encore, nous parlions de chauves. Les chauves n’ont pas un poil sur le caillou. C’est bien pour cela que vous m’avez demandé si je n’avais pas attrapé froid, du temps où j’étais déplumée. Non ? »

Hyacinthe à sa gauche, elle le pousse à prendre plus à gauche encore, dans une venelle déserte et pas bien large, à l’image de l’Anjou d’aujourd’hui réduit à sa seule capitale : Angers.

- « Vous n’auriez jamais demandé ça si j’vous avais dit : "On m’a coupé une touffe de cheveux". Avouez. Navrée mais vous en perdez tout le sens, là. »


Non mais c'est vrai. Tu vas pas demander à tes amis comment ils se sentent après s'être offert un relooking chez le coiffeur, si ?
Elle ralentit le pas tandis qu'ils passent aux abords d'un rade allumé, où se pintent quelques rares âmes ayant osé braver le froid. Peut-être causent-ils d'arbres généalogiques, eux aussi. Peut-être se réveilleront-ils également soulagés de quelques tifs inutiles, des suites d'une proposition tout ce qu'il y a de plus innocente. En gros titres dans toutes vos gazettes dès demain : "Les armées de la Couronne sont chauves : encore un coup des Angevins ?"

Blondeur se gausse.


- « Et puis on dit "une touffe de cheveux" » – elle sort une patte jusqu'alors bien au chaud dans son vêtement pour désigner ce qui trône sur le crâne de Hyacinthe. – « pour désigner un ensemble. »
Hyacinthe.
Une lumière jaune frappe le profil de Barbara, qui semble presque doré. Manquerait plus que les flocons de neige se mettent à tomber pour qu’elle ressemble à une fée d’hiver, en train d’agiter sa baguette de pisseuse autour de son crâne à lui, histoire de désigner un ensemble. Désigner un ensemble. Dés.

« Désigner un ensemble. Sauf que pour que désigner, il faut bien poser une limite. Si on veut un dedans il faut un dehors. Sinon, ça n’est plus l’ensemble, c’est l’infini. Et l’infini, c’est divin. Donc à moins que Dieu ait élu domicile dans mes tifs, une touffe reste une touffe. »

[...]

Peut-être qu’elle a appris à parler en suivant les leçons d’un caillou. Ou alors c’est la mauvaise foi qui l’emporte.


« Le froid m’claque les couilles. »
T’as l’air d’y tenir, à me rendre chauve.

« J’sens plus mes mains. »
Comme si t’avais une lubie passagère et bien chiante.

« C’est loin chez toi ? »

Hyacinthe se fait à l’idée d’être chauve. Son raisonnement ne mérite pas de développement tant il est simple : les poils, c’est pas important et ça repousse. Pourtant, il garde le clapet fermé dans son écharpe. Faudrait pas gâcher les négociations.

Edit : manquait des bouts.
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Papadampadampadam...
Astana
Mais Sa Blondeur en a posé, des limites. T'as pas vu ? Quand elle a désigné ta touffe dans l'air glacial, c'était pas juste pour l'effet de style. Oh. Pas n'importe quelle touffe non, la tienne. Ni à côté, ni derrière. Là, sur ton crâne. Simple. Clair. Défini. Alors Dieu peut rester au chaud, peinard, on va pas le déranger pour si peu.

- « T’as survécu des plombes tout troué et à moitié à poil dans la cambrousse il y a de ça deux hivers. Tu peux bien encore attendre cinq minutes. »

Tes valseuses survivront, j’en suis sûre. Parole de moi.

- « C’est juste au coin. »

Un mouvement de tête montre une bâtisse siégeant à l’angle droit de la venelle. Bientôt, on distinguera des lueurs dans les étages. A ses fenêtres aussi. Alors, l’esquintée tique un peu. C’est pas un mouvement de recul évident. Plutôt comme un petit froissement du visage. Bah ouais, y’a ta progéniture là-haut, mignonne. Ta progéniture brise-ovaires qui ne pionce donc toujours pas, et qui gagne chaque année un échelon sur l'échelle des pisseuses, des vraies. Sûr que c'était plus marrant d'imaginer l'introduction tout à l'heure. Moins depuis qu'Astana réalise que la jeunesse amène son lot d'interrogations très terre à terre comme, notamment, demander ce que sa mère peut bien foutre à ramener un gars en pleine nuit pour lui raser la boule et pourquoi ça ne pouvait pas attendre qu'il fasse jour. Est-ce que c'est pressé ? Doit-il se faire beau pour rencontrer une princesse ? ou la Reyne ? Elle ne manquera pas non plus de faire remarquer qu'un crâne chauve n'a jamais rendu personne présentable.

Comme ils atteignent la porte du bas, Sørensen lâche à l'adresse de Hyacinthe :


- « Tu peux encore te sauver, Rose. »

Me sauver. Nous sauver. Sois courageux pour deux !
Parce que la gamine aux châsses noires a des questions plus vicelardes encore. Qui n'ont pour le moment jamais trouvé de réponse.

La main sur le panneau, prête à ouvrir la boite de Pandore, Blondeur tente une dernière parade :


- « Surtout, si ma fille demande si tu veux bien être son père vivant, refuses de manière catégorique. C’est un piège. »
Hyacinthe.
Bah ouais. Et puis je finirais par venir poser mes affaires chez vous, fatalement, pour combler le vide paternel de ta maisonnée. Ta gosse et moi, on s’rait potes. Comme les deux doigts de la main. On ferait des batailles de brouet. La course pour aller acheter des miches de pain toutes fraîches au marché. On aurait quelques accrochages, parfois, mais les larmes seraient vite séchées, dès le moment où se confierait nos sentiments, à grand coup de morale, en regardant le plafond de concert. Après elle me murmurerait que son feu papa lui manque, et je lui répondrais qu’il vivra toujours dans son cœur. Et toi Barbara, tu sécheras une petite larme d’émotion, flanquée au bas des escaliers, alors que tu espionnais la scène des réconciliations entre ta gamine et son père pas mort.

« Vraiment ? Tu as bien fait de me prévenir, je pourrais déraper sur une fin de phrase, et dire oui. Oui, et non, c’est des mots mal foutus ; ils se confondent facilement. »

Tu t’dégonfles Barbara ? Interroge-t-il du regard, passant, peut-être pour la dernière fois, sa main dans sa tignasse. J’m’dégonfle pas moi. Regarde. J’suis prêt. Même pas peur. Regarde, je sors une petite bouteille de liqueur de ma besace. On en trouve partout au coin des rues en ce moment, pas même entamées. C’est bizarre, mais c’est parfait pour les moments comme ceux-là, les petites bouteilles de liqueur. Ça va t’aider. Ça va t’en donner, du courage. Je prends même la première rasade avant de te la tendre.

« Tiens, bois. Mais pas trop. J’aimerais garder un peu de peau sur l’carafon, si ça te va. »

Ô petite fleur, n’entre pas dans le donjon,
Où se terrent les enfants aux yeux noirs.

Pwarf.

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Papadampadampadam...
Astana
Non, pas de sauvetage ? Pas de place pour deux sur la planche ? C'est fort stupide, Rose. Fort stupide. On pourrait t'en vouloir pour ça.

- « C'est à dire qu'elle est du genre borné. Elle sait se montrer retors, aussi. »
C'est que le pois n'est pas tombé loin de la gousse.

Elle accueille la fiole de liqueur sans faire d'histoires, tout en poussant la porte de l'épaule. Une fois à l'intérieur, Astana lorgne brièvement les planches au-dessus de leur tête, comme si elle pouvait voir à travers le sol de l'étage supérieur et lape une gorgée. Je sais que tu tends l'oreille, vilaine.


- « J’ferai de mon mieux pour pas t’écorcher, mais j’garantis pas la finition parfaite. Rappelle-toi : la marge d’erreur. »

Une flopée de marches qui grincent plus tard, une seconde porte. « T’es prêt ? » interroge-t-elle dans la pénombre. Mais oui, il est prêt. Il s’en tamponne les orbites. Y’a que toi que ça rend nerveuse, de toute évidence. Astana brise le suspense en faisant tourner la clef dans la serrure. La lourde s’ouvre sur une drôle de pièce principale où se mélangent bordel de gosse et coins organisés, ferraille, livres, bouts de parchemins gribouillés et… poupées. Sympa, la déco. T'as fait appel à quelqu'un ? Ouais, Sørensen a officiellement embrassé son rôle de mère célibataire. Et ça lui fout toujours un choc de voir ça, comme si c'était chez quelqu'un d'autre à chaque fois. Dans son champ de vision se matérialise l’espace d’une seconde un bout de tignasse blond clair, à demi masqué par l’encadrement d’une autre ouverture qui donne sur la chambre. La mère planque un sourire dans son col, avant de le rabaisser sur sa gorge et de commencer à défaire son manteau.

- « Fais comme chez toi. J’en ai pour une seconde »
dit-elle en désignant table et chaises sommairement éclairées par un chandelier. « Je vais nous chercher plus de lumière. Il faudra au moins ça pour pas que je te loupe. »

Mais oui, mais oui.

Et tandis qu'elle va pour s'engouffrer dans la chambre à la recherche de bougies supplémentaires, mais surtout à la poursuite de sa descendance aux yeux noirs, elle lâche comme si de rien n'était :

- « Fais juste gaffe où tu mets les pieds. On sait jamais avec les toupies. »
Hyacinthe.
Hyacinthe baisse instantanément les yeux au sol, à l’affût de ces toupies qui sonnent comme une évidence pour Barbara, et auxquelles il n’avait même pas songé. Le territoire est miné. Il scrute son chemin pas à pas jusqu’à la première chaise venue, où il pose son derche.

« Aïtch ! »


Un coup de toupie dans le gras de la fesse ça fait rarement plaisir. Enfin, peut-être que ça fait plaisir à certains ou certaines, mais Hyacinthe, lui, il trouve ça franchement moyen. En plus c’est pointu une toupie. Et avec la guerre, il a plus tellement de gras nulle part.

Barbara a disparu. Le moment étrange de l’attente a démarré. On mate la pièce à la lueur de la bougie. C’est plutôt bordélique. C’est… plutôt bordélique. Quelques têtes de poupées lancent des sourires figés. Y a un bouquet d’herbes, qui pend d’un bout de métal, qui pend d’une poutre. Y a une pomme, aussi, sur la table.

Qu’est-ce que je fous là, déjà ?

La dame a dit fais-comme-chez-toi-j’en-ai-pour-une-seconde... Docile, Hyacinthe essuie la pomme avec sa manche et croque la première bouchée.

Qu’eche que j’vfous là déch…

Des petits bruits de pas se rapprochent furieusement. En relevant le nez, il voit accourir une gamine, en train de chercher du regard la première poupée qu’elle pourra torturer coiffer, ou sa toupie préférée, ou peut-être un bol de lait, il n’en sait rien Hyacinthe, ça fait longtemps qu’il n’a pas été enfant.

Ah, elle l’a remarqué.
Le premier regard qu’Hazel lui lance peut être aisément traduit par un : qu’est-ce que tu fous dans ma maison ?
La tête qui penche légèrement sur le côté par un : et t’es qui d’abord ?

Hyacinthe avale sa bouchée, en reprend une seconde et soulève le menton à l’adresse de l’enfant.


« Bonchoir. »

La base quoi.
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Papadampadampadam...
Astana
    [Deux minutes trente avant impact]

Dans la chambre, ça sent la cire chaude des bougies tout juste éteintes. Dessous les draps, Hazel singe le sommeil des jeunes innocentes, respiration posée et sereine. Mais sûr qu’elle a le palpitant qui cogne comme un dingue dans sa poitrine. T’en fais pas, petite, même les anges ont déjà fait semblant de dormir pour cacher des secrets à leurs parents. Sans quitter la comédienne des yeux, Astana se défait de ses vêtements d’extérieur qu’elle dépose sur un grand coffre de bois, avant de finalement s’approcher de la tête du lit pour ficher une patte froide sur la joue de sa fille ; qui tressaillit sous le contact. Oui, il caille dehors, et la chaleur de l’appartement me file des picotements dans le bout des doigts. La blonde se penche par-dessus l’enfant, pour lui murmurer quelques mots doux :

- « Je t’ai vue, gamine. Tu ne dors pas. Il y a quelqu’un avec moi, on a quelque chose d’important à faire. Tu peux observer, participer de loin, dormir ou faire ce qui te chante. Mais pas de questions tordues, ni d'enfumage. Pigé ? »

Une main miniature émerge de sous les couvertures.

- « Une nouvelle poupée. »

Bah tiens !

- « Et ma flûte. »

Non mais c’est ta faute, aussi. A toujours dire que tout ou presque se monnaye – y compris l’innocence des enfants apparemment – ça a déteint. Bien ouèj. Prise de court, Astana rumine une réponse qui ne vient pas immédiatement, et ne viendra donc jamais puisque la môme ébouriffée est déjà hors du lit et fonce en direction de la grande pièce. Plac, plac, plac, plac font ses pieds nus sur le sol. Lâche l'affaire, va. T'as perdu. Hazel a déjà conclu le deal alors qu'elle n'a pas dix piges.

Gardant une oreille attentive sur l'échange d'à côté, la ferrailleuse en congé sabbatique s'attèle au rassemblement du matos nécessaire à la coupe dans une petite bassine qu'elle maintient contre sa hanche droite. Elle entend sa fille demander comment il s'appelle, et se présenter sous l'intitulé :
« Hazel-comme-l'enfer. As hell/Hazel. T'as compris ? C'est tonton Athelstan qui m'l'a dit. » Fière de sa connerie, la bête. Très intimidant. Brrrrr. Un chandelier calé sous le bras, trois bougies dans les poches, Blondeur accuse un ricanement foireux. Tu risques d'être aussi douée que ta mère pour te faire des amis, toi.

Et puis, y'a comme un gros blanc d'un coup. Pas le genre de silence gêné qui suit une blague naze, non. Plutôt comme un truc lourd qui pèse dans l'air. Astana opère un retour vers l'encadrement de la porte. Les châsses noires d'Hazel accrochent illico les siennes, et elle jurerait qu'elle les a plus noires que d'habitude encore – peut-être le manque d'éclairage y est-il pour quelque chose. L'index de l'enfant se lève alors pour désigner la pomme que Hyacinthe tient dans sa main.


- « Il est en train de manger Maleus. »

Ah.

Paix à ton âme, la reconstitution historique. Tu viens de perdre l'un de tes acteurs principaux.
Hyacinthe.
Hyacinthe bloque ses crocs. Il interroge Barbara du regard.

Léus, c’est un drôle de nom pour une variété de pomme. Peut-être qu’elle vient d’un verger romain. Les gens trimballent de ces choses exotiques de nos jours, pourquoi pas une pomme après tout ? En tout cas, l’index levé n’est pas trompeur : l’affaire est d’importance. La pomme avait un destin tracé, cette pomme, ça n’était pas une pomme comme les autres, elle ne devait pas finir dans n’importe quel estomac, elle jouait un rôle dans cette maisonnée. Hyacinthe doit choisir,

entre remettre les pieds de tout l’monde dans la réalité,

Mais enfin regarde, c’est une pomme ! C’est juste une pomme ! On t’en retrouvera une autre de pomme, enfin mais qu’elle est neuneu cette enfant ! Elle va pas pleurer pour une pomme tout de même ! Ro, lala…

accepter le délire ambiant,

Oh ! Pardon ! Pardon je suis désolé ! Ta Léus ! Ta mignonne petite Léus… Tu… Tu penses qu’elle me pardonnera ? Regarde, je la pose gentiment sur la table… j’ai presque rien croqué… Oh, j’ai encore un bout de peau coincé entre les molaires, regarde, je vais tout bien recoller…

Ou finir sa bouchée.

Ce qu’il fait.
Crânement.

Il repose la pomme sur la table, bien en face de lui. Regarde la pomme. Hazel. Barbara. Hazel. La pomme. C’est symétrique. C’est beau. Ça fait comme une pyramide des regards. Il remonte au sommet, et décrypte le langage corporel de Barbara, Barbara, des trucs calés contre sa hanche, Barbara qui crie avec ses sourcils, bah vas-y, démerde-toi, t’as croqué dans la pomme, t’assumes, t’avais qu’à aller plus souvent à l’église, là t’aurais appris que ça se fait pas, de croquer dans n’importe quelle pomme qui te fait de l’œil, que c’est une connerie universelle.


« Hazel, je crois que votre maman a amené de quoi me punir. »

Il glisse une main dans ses tifs. Maso va.
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Papadampadampadam...
Astana
- « Il y a des punitions pires que celle-ci. »
- « Comme le cachot ! »
- «Hazel. »


Oui, Sørensen crie avec ses sourcils. Avec ses yeux juste en-dessous, aussi. C’est quand même bien foutu l’anatomie, quand on y pense : de cette façon même les muets peuvent crier de quelque part. Et les aveugles avec leur bouche. Les malchanceux qui n’auraient plus ni l’usage de leurs yeux ni celui de leurs cordes vocales peuvent aussi crier avec leurs mains. Et aux manchots, il reste toujours le reste du corps. Alors Sørensen crie des sourcils et des yeux tandis qu’elle traverse la pièce. Vers Hyacinthe, d’abord, tandis qu’elle se décharge de la bassine et du chandelier sur la table, puis vers Hazel dont le rouge a marqué les joues. De honte ou de colère ?

On ne va pas passer la nuit sur une histoire de pomme, si ? Les châsses grises passent de l’un à l’autre mais ne crient plus. Elles se posent finalement sur la pomme que Hyacinthe tient encore en main. La blonde la réquisitionne pour planter les dents dedans à son tour, sous le regard médusé d’Hazel qui a croisé les bras contre sa maigre poitrine. Elle doit se douter qu’il y a baleine sous graviers. Astana essuie une perle de jus de son pouce, s’avançant dans le même mouvement vers sa fille.


- « C’est un signe. Maleus a rempli son rôle. Il y a d’autres histoires à raconter que celles des prêches de Limoges. »

Quand bien même le remake de Sørensen deuxième du nom ait été plaisant à regarder, au moins les trois premières fois. La danoise tend la pomme à sa fille, l’invitant à croquer dedans en guise de signe de paix. Hazel s’en saisit par la tige en plissant les yeux. Hésitante, elle approche la bouche d'un côté encore plus ou moins intact. Froissement de nez.

- « Deux poupées. » fait Hazel en levant deux doigts vers sa mère, déterminée.

La danoise répond du tac au tac avec le même aplomb :


- « Adjugé. Mais à ce prix-là, n’espère pas rester là les bras croisés. Remets de l’eau à chauffer pour notre invité, tu veux ? Ni brûlante, ni glaciale. Tiède. »

Scrounch.

Alléluia, on va enfin pouvoir passer à autre chose.

Et tandis que la môme s’en va remettre un bout de bûche sur les braises encore vives de l’âtre, la blonde s’en retourne vers Hyacinthe. Méthodiquement, elle sort et aligne le matériel récolté siégeant au fond de la bassine : deux couteaux dont elle vérifie le tranchant de la lame avec son pouce, un linge, un savon, un amadou. Les trois bougies dans ses poches trouvent leur place sur le chandelier, désormais recentré au milieu de la table avec son jumeau, une fois allumées. Un éclair de sourire gouailleur passe sur le minois de la blonde.


- « Je te facturerai la deuxième poupée. »

Elle avance une main vers le fouillis de cheveux de son vis-à-vis, et suspend son geste au-dessus de sa tête :

- « Tu veux commencer par où ? »
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