Belisaire_lablanche
- [Des Grilles du château de Mirefleurs à la Roseraie]
- Permis ?!! Oui bien sur.
Voilà que les mots jonglaient avec les nuances. Aucune crainte à avoir et la nouvelle de Carmen fut plutôt reçut avec soulagement.
- Deux jours dites vous ? Je pourrai donc vous tenir compagnie une partie du chemin.
La suite ne fut que surprises. Se laissant guider, il reçut l'invitation de visiter le jardin avec soulagement. Il ignorait s'ils pourraient être à nouveau seuls une fois au château; il apprécia donc cette brève intimité. Il ignorait l'anniversaire de Timothée; il fut soulagé du répit donné avant d'être introduit et être passé à la question et aux regards intrigués.
Bientôt, tout fut oublié. L'endroit, d'une beauté simple et complexe à la fois, chargé d'émotions, l'invita à la contemplation et à l'écoute. Elle lui ouvrait son cur, Belisaire en fut ému, ébranlé si bien qu'il écoutait sans oser l'interrompre.
Il aurait aimé lui aussi que sa mère soit là ne serait-ce que pour ne plus la voir avec ce regard emplie de tristesse. Il ne la quittait plus des yeux et avançait en inscrivant ses pas dans les siens jusqu'au moment où une pensée prit corps face à la dernière demeure de La Serna. Carmen semblait avoir hérité beaucoup de ses qualités, il lui était dès lors facile de l'imaginer, d'apprécier ce qu'elle avait été et ce qu'elle représentait encore. Aristotélicienne, pieuse et parfois déçut par cette église emplie d'hommes et de femmes imparfaits et trahissant l'essence même de ce qu'Il voulait. Combien de fois avait-il vu cette déception dans le regard de sa propre mère. Il y avait là un écho qui faisait mouche et obligeait à une clairvoyance malgré les croyances intactes.
Il sapprêtait à la rejoindre, à lui offrir son soutient à défaut de trouver les bons mots et pourtant, il ne le fit pas, interdit, figé aux paroles qui suivirent. Il en fut profondément attristé. Il en fut intimement perturbé. Longtemps protégé, sur protégé peut être, il était confronté, là, à plusieurs réalités qui l'obligeaient à décider de ce qu'il voulait faire et, plus important, être. Il admirait son caractère, sa détermination et son esprit. Elle savait ce qu'elle voulait et il en était heureux. Elle avait enfanté, il découvrait qu'elle avait souffert. Bien plus que lui. Il y avait une différence d'âge insignifiante avait-elle dit. Il s'apercevait à cet instant qu'il devait assumer toutefois et agir pour être digne de la jeune Serna. A quoi bon sinon que de lui faire perdre son temps ou de jouer avec ses sentiments. En quelques mots elle le mit face à une réalité et des réflexions jamais posées. Avoir un héritier ? Il éluda vite le sujet. Pour lui, seul l'égo narcissique pouvait associer héritage aux liens du sang. Devenir père ? La question était plus délicate mais il savait, de par ce qu'il avait vécu et vivait, il savait.
Il vint à sa hauteur, légèrement derrière elle, et le plus délicatement possible il posa sa dextre sur son épaule.
- J'ignore ce qu'Il a prévu pour nous. Mais je suis sûr d'une chose. Le Très Haut vous a mis sur ma route et je ne compte pas tourner le dos à ce don. Votre présence à mes côtés me réjouit, votre regard posé sur moi me comble de bonheur.
La senestre linvite à se retourner et le regarder. Mais avec cette envie de ne plus la voir ainsi il continua ce par quoi il sétait convaincu.
- Un héritier se nomme. Je ne vois pas affaire de sang insurmontable à cette affaire. Tout comme devenir et être un père. Je suis fort aise pour en parler puisque je commence à reconnaître comme père une personne étrangère à ce qui coule dans mes veines. Et puis
Il aurait aimé lui dire plus Il ne put. Il prit le temps de réfléchir à ce quil devait dire.
- Si je dois faire une promesse à cet instant, ici, alors voilà
Jamais dans mon regard, dans mes mots, dans mon comportement je reprocherai quoi que ce soit sIl devait nous mettre devant cette épreuve. Et je vous prie de me croire, je ne perdrai jamais mon temps à vos côtés. Et dans un dernier murmure Bien au contraire.
Carmen avait désormais tout son attention attaché à cet espoir quil lavait rassurée, à défaut davoir trouvé les bons mots.
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