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[RP] Si le fou prévient d'un danger, fuyez.

Eudoxie_
RP lié à l'IG
Merci donc de ne pas interférer si vos pantins n'ont rien à y voir
Omniscience, ubiquité et incohérence ne sont pas les bienvenus




“Si le fou prévient d'un danger, fuyez.” (Proverbe Téké)

Enigma ? Inconscience ? Protéger...

"Arles : Quand tout commence"
27 janvier 1467

Mise en situation, plantage de décor


Provence hivernale et promenade dominicale, une orthézienne avait ce jour-là esquisser un sourire en voyant sa belle-sœur sortir de son trou en même temps qu'elle, promenant sa silhouette arrondie sous le nombril en taverne.
Si la bestiole avait su ce que réservait cet excès de sociabilisation, sans doute aurait-elle rattraper la petite brune par le col pour aller s'offrir un moment entre filles dans les thermes de la ville, mais... encore eut-il fallu qu'Arles en possède et au demeurant, à la connaissance d'Eud ce n'était pas le cas.

Il suffit parfois d'une simple rencontre pour bouleverser une vie, en l'apaisant ou en la bousculant, celle qu'Eni avait fait ce jour-là ne serait pas à considérer comme celle rentrant dans la case du «calme", mais depuis quelques temps la bestiole avait remarqué que la parturiente semblait prise du démon de midi. Ebullition hormonale ???
Toujours était-il que l'homme dans sa ligne de mire, Eudoxie l'avait croisé par le passé, fugacement, une ou deux rencontres en capitale Bourguignonne, mais suffisamment pour savoir, parce qu'il ne s'en était pas caché plus que ça, et là...

Mise en garde d'usage furent faite, oui même si l'usage aurait voulu que ce soit l'inverse, Eudoxie ne pouvait s'empêcher d'être protectrice avec Enigma, parce qu'elle semblait étourdie, impulsive et aussi immature qu'elle pouvait être une bonne mère avec ses jumeaux, ce quelque chose qui poussait la béarnaise à prendre soin d'elle, qu'elle porte l'enfant de son jumeau diabolique aussi surement.
Toujours est-il que la scène qui avait été offert à son regard sombre en revenant en début de soirée, lui fit avoir un geste que jamais elle n'eut pensé avoir envers sa belle-sœur après l'avoir tiré par la peau du cul hors de la taverne, envoyant une bonne droite s'écraser sur le visage enfantin de la brunette avant de la recadrer en se détestant de devoir tenir ce rôle.

Elle venait de frapper Eni et n'en revenait pas elle-même, encore moins de la voir retourner contre tout ce qu'elle tentait de la protéger et s'engouffrer, le dos encore ensanglanté, dans la taverne où l'attendait tout ce que la tentation de la folie pouvait représenter.
S'enivrer un peu mais pas trop, sans doute plus que voulu en surveillant depuis la taverne connexe, protéger malgré elle une Mac Fadyen se jetant dans la tourmente et défiant le danger avec une telle insouciance que s'en était déconcertant.

Enigma partie, et entière, l'ombre eudoxienne s'était faufilé au creux de la taverne pour s'entretenir avec le mercenaire, qui ne tentait rien, n'avait rien, il avait annoncé reprendre la route plus tôt et l'ébène voulait s'assurer que ce serait bien le cas.
Comme lors de leur prime rencontre, deux ans en arrière à quelques jours près, l'entrevue fut... aussi captivante que déconcertante, troublante serait même plus juste s’il était à la qualifier, mais la chose fut entendue, il partait et il ne souhaitait pas voir Eni le suivre, avertissant, avant de franchir la porte, d'un sourire narquois accompagnant la caresse d'une joue, que dans le cas contraire... une dépouille serait au rendez-vous.

Le fou prévenait du danger, ne restait plus qu'à ne pas le chercher, chose aisée.
Enfin... c'est ce que l'inénarrable pensait, l'avenir lui prouverait bientôt qu'elle se trompait...


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Jessienigma
Arles : Dans les méandres des pensées énigmatiques
27 janvier 1467


*Elle sortait de plus en plus depuis des jours, depuis l'annonce du départ en réalité, l'au revoir si difficile qu'elle avait fait lui avait donné envie de boire plus que de raison. Et c'est ce qu'elle avait fait une fois encore ce matin-là ! Était-ce son état de tristesse ou sa grossesse qui l'avait ainsi poussée à taquiner ce "gentilhomme", elle l'ignorait, mais la tentation était trop grande et il fallait bien l'avouer, elle ne pouvait s'en empêcher, c'était naturel.

Après une envolée de piques lancées l'un vers l'autre, la brunette avait admis en son fort intérieur qu'elle était probablement folle, mais ce jeu de lames et de mains l'amusait grandement et ce n'était qu'avec un regret partagé que les deux protagonistes avaient cessé leurs actions à l'entrée d'une tierce personne en taverne, la petite sauvage enceinte ôtant de la gorge du gentilhomme son poignard danois, et le brun retirant les paluches qu'il avait glissées sur les cuisses couturées de la robe de la jeune mère enceinte pour aller les caler jusqu'à son fessier dénudé.

Situation embarrassante en soi, mais qui n'avait fait que peu réagir de façon étonnante. Était-elle donc considérée comme la catin du coin ? Avait-elle réussi à faire ce qu'elle avait voulu éviter toute sa vie en arrivant à la cheville de la réputation de feu sa mère finalement ? C'est son père potentiel qui en aurait trouvé des chansons à écrire sur cette base …

Un échange de lettres et plusieurs mises en garde ponctuées d'argumentations manquant de conviction plus tard et la jeune femme était revenue. Malgré tout ce qui avait été dit ou écrit, elle n'avait su écouter, petite sauvageonne impulsive n'écoutant que ses instincts et envies sans réfléchir plus loin que le bout de son nez. Il n'avait pas fallu bien longtemps pour que l'attirant inconnu se transforme en un prédateur alléché par sa proie … et la proie était facile, innocente, envieuse de le devenir …

C'est donc bloquée contre le comptoir, sa robe retroussée sur son ventre laissant les courants d'air glisser sur sa peau couverte de cicatrices, une main mâle entre les cuisses, un ventre musclé collé à son dos … et une dague sous la gorge que la petite brunette avait été surprise dans la taverne. Ce que nul ne voyait du premier coup d'œil laisserait pourtant les traces les plus sanglantes… Le poignard danois de la jeune mère avait été sorti de sa botte et glissé entre le ventre du bourreau et le dos de la victime, enfoncé dans les chairs de l'un comme de l'autre dans leur promiscuité.

Enigma ne s'en était pas rendue compte, mais Eud lui avait certainement sauvé la vie, même si le coquard bleuté s'étalant sur sa joue après avoir été sortie par la peau de cul de la taverne ne ferait qu'exciter davantage toute leur folie. La violence du coup cognait dans sa tête comme une horde de gamins tapant du pied mais ce n'était pas tant la douleur que le malaise qui s'était insinué comme un poison en elle, la faisant se sentir comme une gamine qui s'était fait prendre la main dans le sac après une grosse bêtise.

Il était dangereux, et le danger l'attirait. C'était très simple… très con aussi et elle avait beau écouter la belle-doche pointer du doigt tout ce qui aurait même sauté aux yeux de l'idiot du village, elle n'entendait rien, butée comme un âne et complètement obnubilée comme une jeune pucelle face à son premier orgasme en devenir.

L'orthézienne était la voix de la raison … mais quand les voix dans la tête se font plus fortes, la situation peut vite dégénérer. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait engueuler pour des choix stupides … mais elle retourna néanmoins dans la taverne laissant le bourreau venir examiner le coquart laissé par Eud sur sa joue, s'amuser à l'idée qu'elle se referait frapper à force de ne pas l'écouter, mais que ça lui plaisait.

Un brin d'instinct de survie l'aurait fait ouvrir la porte de la taverne et fuir à toute jambe mais elle lui avait obéi à la place, délaçant sa robe pour montrer les marques du passé dans son dos et le laisser y glisser les mains avec délectation.

Elle ne se douta pas un instant qu'une autre brunette la surveilla jusqu'à son départ, observant bien des choses qu'elle aurait préféré ne montrer à personne …*

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Gerceval
Arles : La douceur d'une nouvelle rencontre

27 janvier 1467


Dès l'aube, le vieux mercenaire empoigna son baluchon et fuyait l'inconfort du bateau collé au port depuis de longues heures, cette quête ne sera pas pour lui.

Les ruelles froides d'Arles auront eu raison de son choix immédiat, il empoigna avec fermeté la poignée de la taverne qui se présenta devant lui et entra dans la chaleur de
l'endroit, s'y installa et contre quelques pièces de sa bourse y apprécia une blonde.

L'endroit fut néanmoins calme que peu de temps, rapidement il fut perturbé par l'entrée d'une femme au ventre arrondie, rapidement suivi par une blonde qui eue le mérite d'être agaçante aux yeux du mercenaire. Ce fut toutefois, la célébration de la chopes qui s'échangèrent rapidement au grès de leurs discussions et autres provocations.
La brune engraissée intéressait de plus en plus l'homme au fil de ces échanges atypiques et bien souvent douloureux, de cette journée. Il échangea avec elle des familiarités, trop souvent interrompues à son goût, nul doute que celle là avait éveillé en lui un intérêt tout à fait particulier, une envie sanglante.

Une rencontre passée troublait toutefois les idées, assurément malsaines, du mercenaire. Cette femme baguée, il l'avait déjà rencontré, bien des années auparavant. Il eu du mal à s'en souvenir mais l'insistance avec laquelle elle m'était en garde l'engraissée titilla son attention. Eud, c'était ainsi qu'elle se faisait appelée, oui, il l'avait connu et était ce peut être là l'origine d'un trouble qu'elle provoquait sur l'homme de nature insensible. Une longue nuit passée avec elle permis de mettre moultes choses au clair.
Elle semblait vouloir protéger la folie de la femme enceinte, la protéger du danger que représente ce mercenaire. Ce dernier pu constater avec une certaine délectation qu'il avait laisser une trace indélébile de sa volonté et son sadisme auprès d'elle. Il accepta cependant l'envie de cette femme, de ne pas jouer avec la vie de la femme enceinte chose qu'il prit comme un défi, peut être bien malgré sa propre volonté cette fois là. Défi qui fut scellé par des adieux troublants mais nécessaires pour la suite que le mercenaire envisageait déjà.

L'homme fit ses adieux à cette cité et prit le chemin vers l'est avec une certitude, il reviendra et surement bien plus vite qu'il ne l'imagine.
Eudoxie_
“Le courage est souvent l'effet d'une vue peu nette du danger qu'on affronte ou de l'ignorance entière du même danger.” ( Claude Adrien Helvétius)

Folie ? Danger ? S’adapter...

"Arles : Je m'énerve jamais !!! Je t'explique juste pourquoi j'ai raison"
28-29 janvier 1467


Uhm ouais, à peu près l'idée de l'entrevue avec sa belle-sœur ce fameux dimanche après l'avoir tiré par la peau du cul hors de la taverne et lui avoir collé son poing dans la figure.
Pas faute de l'avoir prévenue, alors la trouver lame sur la gorge, jupe troussée et voir son dos en sang... bah celui de la bestiole n'avait fait qu'un tour et elle s'en était prise une.

Les jours qui avaient suivi avaient vu naître une correspondance entre Eni et le mercenaire, le premier pli envoyé par la brune enceinte ayant failli couter la vie au pauvre messager, il était un visage de l’orthézienne que fort peu de monde connaissait, personne au final à part… « l’Autre ».
A cet instant, ce moment précis, une seule pensée en tête alors que le coursier s’alignait dans la ligne de mire de la flèche entre l’index et le majeur de la bestiole, la protéger envers et contre tout, empêcher ce message d’arriver à son destinataire, hésitation et un flashback violent de ses mains rougies de sang, arc s’abaissa, innocent n’ayant rien demandé ne méritait tel sort.

Le retour du coursier avait en revanche été intercepté, l’étonnement se lisant sur le visage eudoxien quand un second pli lui fut remis de la part du ténébreux, il la tenait informée qu’Enigma l'avait contacté, qu'elle cherchait après lui, et surtout de ce qu’Eud devait prendre soin de la tenir loin, de la surveiller et… avant qu’il soit trop tard, en précisant qu'il avait aussi écrit à l’insouciante pour lui dire avertissement similaire.
Discussion et soins furent donc au rendez-vous pour le dos de sa belle-soeur, dont personne n’avait pris soin, l’ébène appuyant là où ça fait mal : la famille, ses enfants, son frère, même la remontée de l’Autre si Soren apprenait tout ça et les conséquences qui l’accompagnerait, arguments suffisants avant de lui remettre le courrier du mercenaire intercepté plus tôt, du moins… en avait-elle eu l’impression.

Mais quand une énigme s’entête… C’est en fin de journée du 29 que le calvaire d’Eud allait débuter, alors que Plume Noire revenait porteur non pas d’une réponse, mais bien de deux parchemins, dont l’écriture peu soignée était reconnaissable, et le contenu n’avait rien de réjouissant.
Enigma n’avait pas pu s’en empêcher, il avait fallu qu’elle le provoque par courrier, qu’elle le défie, qu’elle le cherche et cette fois… elle l’avait trouvé, et pas qu’un peu, les craintes de l’orthézienne se matérialisant dans les mots sous son regard, avant même d’avoir décidé ce qu’elle ferait du courrier destiné à la tête de mule brune, qui justement venait toquer à sa porte.

Une discussion, des aveux, et… un entêtement à ne pas vouloir comprendre, c’est la joue rougie d’une gifle monumentale que la conversation s’était poursuivie pour la belle-sœur, comment pouvait-on être aussi stupide ? Eudoxie n’arrivait pas à comprendre, c’est pourquoi sa correspondance et l’entrevue avec le mercenaire ne seraient pas révélées à Eni, pourquoi aussi la lettre destinée à Enigma fut lu par Eudoxie, le parchemin claquant sur la table froissé dans son poing serré après lecture.

Les termes des deux courriers en sa possession étaient clairs, il ne jouait plus, ou plutôt si pour lui le jeu commençait justement, la nuit suivante verrait une réponse d'Eud au chasseur, peut-être pas la bonne, déterminée à ne pas transmettre ce défi qu’il lançait à Eni dans son courrier « Venez à moi, défiez moi... Je suis prêt et vous? », d’autant plus après les révélations qui avait valu à la brunette de s’en prendre encore une, sinon autant lui filer un cheval aussi.

**********
"Arles : la fin justifie les moyens"
31 janvier 1467


Un répit, un peu de calme, pas de missive, avoir hésité et conservé le courrier du danger pour Eni avait-il été la solution, sans une réponse défiante d’Eni sans doute était-ce enfin terminé, l'homme devait avoir d’autres chats à fouetter ou une nouvelle proie ou quoi que ce soit, mais au retour du village ce matin-là…
Revenant de son passage habituel en ville, pigeon blessé fut trouvé sous les marches de la roulotte, jetant un regard noir à son corbeau, probable responsable de l’état de l’oiseau que la béarnaise récupéra avec délicatesse en même temps que le message porté.

Cape virée, vélin fut légèrement déroulé, reconnaissant l'écriture dans un soupir, trop tranquille, trop longtemps, et après avoir pris connaissance du courrier, l’ébène resta un instant pensive, regard noir se portant sur le tiroir où dormait encore le parchemin du mercenaire destiné à Eni, la décision le concernant se précisant dans sa tête de la béarnaise.
L’idée avait fait son chemin, mais à quoi bon la développer si non nécessaire, sans nouvelle du danger et la folie se tenant tranquille, sauf que cette fois, confirmation était faite que la donne avait changée et que la considération accordée à la bestiole par le ténébreux n’y changerait rien, les mots du mercenaire étant limpides quand il s'adressa à Eudoxie dans cette dernière lettre «elle est ma proie et votre protection est caduque, vous avez échoué ».

C’est ce qu’on verra, pour échouer il faut abandonner

Un froissement d’étoffe plus tard, la cache ouverte et le parchemin du danger pour ni fut étalé sur la table, un poignard danois laissant sa lame glisser sur les fibres du papier froissé pour en épurer le contenu.


    Folle égarée,

    L'erreur de toutes les Belles c'est de croire que la Bête est apprivoisable, gentil au fond d'elle, en quête d'amour. Je n'ai peur de rien, de personne, d'aucun défi. Oh, oui, cela me perdra le jour ou je trouverai un adversaire plus coriace, l'êtes vous, cet adversaire?

    J'en doute...

    Je n'ai aucun respect pour vous ou votre corps.



    Je n'ai qu'accepter le défi d'une autre. Ce défi est terminé, vous et moi pouvons nous revoir, mais oserez vous perdre ce que vous êtes, perdre votre liberté et redevenir ce que jadis vous êtiez?

    Venez à moi, défiez moi... Je suis prêt et vous?

    Votre plus grand défi

    (Dessin très grossier du blason d'Aix en Provence)


Une césure… Coupure franche du parchemin, Eni aurait son courrier, mais pas n’importe comment, la partie superflue disparaissant au creux de la paume orthézienne, froissée, détruite, devenant mauvais souvenir d’une invitation malsaine à ne surtout pas transmettre à Enigma.
Un chiffon déposé pour protéger la table et la douceur d’Eud se porta alors sur le pigeon blessé, longs doigts fins de sa main libre caressant le plumage jusqu’à ce que l’oiseau se trouve fermement maintenu sur le chiffon, dextre déterminée armée de la lame scandinave venant lui trancher brutalement la tête d’un coup sec, net, précis, sans qu’un vacillement de paupière ou de sourcil ne se fasse malgré le dégoût de l'acte.

Désolée…

Longue inspiration en regardant le résultat, la béarnaise voulait que l’impact soit suffisant pour calmer sa belle-sœur, la missive de l'homme devint alors enveloppe cadeau de la tête sectionnée, avant de la glisser dans un petit sac de jute.
Le poids des mots n’était pas suffisant jusqu’ici, même si ceux sélectionnés venaient du danger, Eud espérait que le choc de l’image donnerait une dimension supplémentaire, c’est ainsi que se promenant en ville, un jeune garçonnet fut missionné pour aller porter le paquet à un coursier qui l’apporterait le lendemain matin à la cariole d’Enigma.

Protéger demandait des sacrifices, le premier était un pigeon blessé, suffisant ? Eudoxie en doutait vu les lettres du mercenaire, mais si déjà Enigma se calmait un peu.
L’avenir le dirait, adviendrait ce que devrait, mais l’ange gardien auto-désigné de la brunette n’avait pas dit son dernier mot.

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Jessienigma
Arles : La folie est une femme bruyante, stupide et ne sachant rien. (proverbe de Salomon)
28-29 janvier 1467


*Après cette soirée mémorable, elle n'avait pu que peu dormir, se retournant dans tous les sens en se consumant de désir et s'arrachant les cheveux de ces pensées stupides envers ce psychopathe et l'effet qu'il lui faisait. Tout aurait pu être terminé avec son départ, mais elle n'avait pu s'en empêcher… elle avait pris sa plume et avait entamé un échange épistolaire qui risquait bien de bouleverser toute sa famille.

Le retour de flammes de sa gardienne avait d'ailleurs été fulgurant lorsqu'elle avait intercepté un courrier adressé à la brunette et la discussion qui s'en était suivie avait été pour le moins gênante, laissant un sentiment de malaise et d'inconfort pesant dans l'esprit de la brunette même si elle avait tenté d'exposer son poing de vue et d'expliquer son attirance vers cette violence qui habitait le brun.

La peur s'était emparée d'elle, surtout à l'évocation de son frangin et des impacts que ça aurait sur lui. Elle n'avait pu que repenser à cette soirée en taverne à Patay et à la folie qui s'était emparée d'un blond au point de la marquer pour toujours. Noir … un simple mot qui la glaçait jusqu'à l'os, même si l'amazone brune lui avait dit qu'il avait beaucoup changé. Elle ne pouvait avoir les deux … de quoi la marquer suffisamment pour ne pas quitter la ville le soir-même, mais insuffisant pour l'empêcher d'écrire encore, même avec la douleur de la plaie lui cuisant encore le dos.

D'ailleurs, l'onguent posé par sa belle-sœur était si efficace qu'elle n'avait presque pas fermé l'œil après avoir lu la missive qu'elle avait interceptée et quelques mots avaient retenu son attention, la perturbant jusqu'au plus profond de son être, au point de la pousser à écrire à la lueur d'une bougie, se servant de son sang pour dessiner les lettres sur le parchemin. Elle savait qu'elle ne devait pas, elle savait qu'elle était folle, mais les mots étaient implacables… si avec ça elle ne le trouvait pas, il n'était pas celui qu'elle pensait.

Mais si la décision d'écrire était facile, celle de rester la personne sincère en disant la vérité à sa belle-sœur l'était moins, d'autant moins au fur et à mesure des mots durs lui étant jetés à la gueule avec autant de violence que ceux qui chercheraient à blesser. Oh comme ça l'énervait de voir pourtant l'orthézienne avoir raison. Elle mourrait d'envie de tout plaquer là et de grimper sur Layla avec ses quelques possessions, laissant ses têtes blondes à qui serait moins nocif pour eux … mais voilà, elle attendait quand même un enfant d'un charmant blond qu'elle respectait trop pour le faire d'une part, et elle aimait sa famille plus que tout d'autre part… et oui, ça comprenait même la brunette qui lui en mettait pourtant plein la tête depuis quelques jours !

Elle ne savait que faire… Fuir ? Rester ? Allait-il vraiment s'en prendre à ceux qu'elle aimait ou pourrait-elle le convaincre de s'arrêter à une seule proie ? Était-elle vraiment en train d'espérer son retour et les coups et viols qui en ressortiraient ? Elle se maudissait, se détestait intérieurement et chaque minute, chaque heure passée la faisaient sombrer un peu plus dans les méandres du labyrinthe inextricable qui occupait ses pensées.*



Arles : Avec certaines gens, la délicatesse est folie (proverbe allemand)
1 février 1467


*Les jours passaient dans le calme apparent mais en elle, c'est un feu ardent qui brûlait et la consumait de l'intérieur, la faisant basculer peu à peu vers un gouffre profond et dangereux. Elle avait demandé à la brunette de l'enfermer, de l'attacher, de ne surtout pas lui faire confiance s'agissant de lui … peut-être aurait-elle dû s'exécuter immédiatement.

Ce matin-là c'est une jeune mère à l'apparence normale qu'un jeune coursier avait trouvé près de sa demeure provisoire, penchée au-dessus d'un feu où une casserole remplie de neige avait été placée. Le petit sac de jute avait étonné la jeune femme mais elle était rentrée immédiatement pour en découvrir le contenu.

De l'extérieur, un bruit sourd s'était fait entendre, suivi de hurlements dignes de bête sauvage avant qu'une hystérique apparaissent à l'entrée de la carriole, les yeux injectés de sang et le regard fou, balançant son poing encore et encore dans la planche en bois qui fermait la petite carriole. Les jumeaux de 6 ans étaient sortis prestement et le garçonnet avait essayé d'arrêter sa mère dont les mains se couvraient de sang à mesure des coups.

La femme criait, la fillette tentait de la soigner mais elle se retrouva poussée violemment à l'extérieur et se mit à pleurer pendant que son jumeau venait la relever et la réconforter. La brunette sortit alors son poignard danois de sa botte et commença à s'en prendre aux draps qui séparaient l'intérieur de la carriole en petits espaces plus personnels, puis à sa propre robe pour finir par hurler des mots incompréhensibles en sanglotant à la fois, tombant au sol du véhicule pour s'attaquer à ses bras et ses jambes, lacérant dans des grognements de douleurs et des larmes de rage, ne semblant plus reconnaître la chair de sa chair…

Les deux enfants se regardèrent et le garçon glissa un bras à la taille de sa jumelle aux yeux rouges et gonflé pour la réconforter avant de l’entraîner sans un mot loin de cette folie …*

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Gerceval
En pleine forêt : Quand le diable veut une âme, le mal devient séduisant.

28 Janvier 1467


Les premiers rayons de soleil apparaissent pour signaler la nouvelle journée, les chants d'oiseaux remplacent progressivement ceux des insectes nocturnes et, sur un sentier entouré d'une épaisse forêt, le vieux mercenaire étouffe un feu de camp bien réconfortant. Quelques fruits suffiront pour son repas matinal et déjà reprend-il le chemin, décidé à ne pas perdre de temps vers sa destination.

Moins d'une heure après, l'oreille du mercenaire se mit à frémir quand il entendit des pas lourds d'indiscrétion. Ses déboires à Arles lui avaient elles valu qu'on le chasse, une brune voulait elle s'assurer qu'il n'hante plus ? Pas de temps de tergiverser, il faut mieux surprendre qu'être surpris. Un bosquet touffu servit à merveille les plans précipité de l'homme mur qui s'y dissimuler. Quelques secondes après, il pu voir un jeune homme chargé d'un sac en bandoulière, le teint rouge d'essoufflement, courant à perdre haleine. La curiosité ou l'espoir eurent de la prochaine action du mercenaire. Il empoigna sa hache et, d'un geste vif, sorti du bosquet pour fondre sur le flanc du jeune coureur qui n'eut que le temps d'avoir un regard surpris avant de se voir choir violemment au sol, la lame aiguisée d'une hache sur sa gorge moite et tendue.

Quelques formalités furent échangées ou, selon le coureur, les injonctions. Ce dernier était porteur d'un message pour un "Brun à la hache" qu'il se devait de retrouver. Cette révélation fit donner au mercenaire un sourire malicieux avant d'empoigner le parchemin enroulé dans la main tremblante du jeune homme menacé.
L'homme vindicatif se fit moins menaçant, courrier en main, libérant de son emprise viril l'homme apeuré, lui intimant toutefois d'attendre avant de fuir. Les mains imposantes du mercenaire libérèrent le faible cachet et le premier mot qu'il pu lire "Gentilhomme" provoqua chez lui un frisson et une excitation toute particulière. Le restant des mots étaient absorbés par son regard brillant de délectation.



"Mais il faut se rendre à l'évidence, j'ai apprécié sentir vos dextre et senestre sur ma peau et votre voix autoritaire tout en ne pouvant m'empêcher de la contrer... un frisson de danger mêlé à la douce folie de l'ignorance où tout cela peut mener."


Un soupire exhalé par le mercenaire fit sursauter le coureur surpris, qui pu observer son bourreau se saisir du nécessaire pour répondre à ce courrier. Ce geste rassura le pauvre homme qui vu la une échappatoire à cette situation.

Instant de réflexion pour le mercenaire, il se devait de choisir ses mots pour inciter la réponse en son sens, appâter la bête curieuse. Puis le sourire vint accompagner une écriture difficilement déchiffrable.



"Suivez donc cet ordre, ne me cherchez pas! Vous en trouverez un monstre bien plus dur que celui que vous avez vu."


Cependant, l'appétit de l'homme ne pu s'arrêter à cette seule proie, l'envie irrésistible de rendre ce défi plus délectable et dangereux. Eud, en plus de l'intérêt que le mercenaire lui porte, est habitée d'un devoir de protection envers sa belle sœur. Pourtant, ce n'est pas cette protection qui força l'opportuniste mercenaire d'user d'Eud mais plus la rage dont elle est habitée qui aura laissé la marque d'un poing serré sur la joue de la frêle femme enceinte.

Il dut donc alimenter cet excès de rage, prouvant toutefois qu'il est de son côté et animé de bonne foi envers elle, et prit un nouveau papier et se mit à coucher une écriture, toujours aussi peu soigné, à l'attention d'Eudoxie.



"Elle est semble t il toujours en quête de réponse à mon sujet, intriguée par ce que je lui ai fait partager... Je ne peux vous cachez qu'elle m'a contacté grâce à l'homme qui attend son dû, devant vous.
...
Surveillez la, maintenant, avant qu'il ne soit trop tard.
...
Quant à vous, je n'ai toujours aucune réponse, à mon grand désespoir."


Il ferma les deux messages et les remis au coureur avec l'obligation d'un retour à l'envoyeur.



En pleine forêt : Le meilleur nectar se façonne dans la stratégie de manipulation.

29 Janvier 1467


Un nouveau matin se lève sur cette forêt silencieuse, perturbée par les plaintes d'un vieux grincheux à la fraîche plaie douloureuse, son corps, aussi bien que son esprit, aiment à lui rappeler ce qu'il doit faire. Un bruit plus discret se fit entendre en haut d'un arbre, le piège mis en place la veille semble avoir eu son effet. Gymnastique disgracieuse et douloureuse, quelques grognements et injures et l'homme se saisit du volaille de bonne taille, bien trop dodu pour être sauvage.
Descente de l'arbre faite, le bourru inspecte l'oiseau et en voit un message attaché à sa patte. Son poing se ferma autour du dodu visiteur et un craquement à peine audible vint à bout des quelques battements d'ailes. Le message fut détaché et l'animal préparé pour un bon repas matinal.
Le teint du volatile changea gentiment de couleur au-dessus des flammes, et le mercenaire s'intéressa au message enroulé, un entête bien mystérieux "Commander est une chose...". La curiosité de l'homme le fit dérouler ce message. Un grand sourire se fit sur son visage avide, du rouge sang complétait l'entête "Se faire obéir en est une autre". La folle engrossée semble ne pas avoir tenu compte de ses ordres de mise à l'écart. Un air de défi dans ce court message.



"Et jusqu'ici … nul n'a jamais pu me faire obéir aisément !
Sans me prendre pour la Belle, je n'ai pas peur de la Bête … qui est bien moins mauvaise et effrayante qu'elle ne le pense pour vouloir ainsi préserver mon corps et mon esprit de la folie qui les attire en elle. Le monstre aurait-il peur d'avoir trouvé son maître ?"


Le mercenaire chiffonna le papier dans sa main forte, un sourire de victoire se dessina sur son visage, il l'eut enfin, son défi.
Il arracha de ses dents la chair cuite de l'animal et songea déjà à une réponse à lui retourner, sans équivoque, menaçant, attirante... L'animal eut un gout de sang dans la bouche de la Bête avide, avide du sang de la Belle.
Peu de temps après, il prit plume et papier pour répondre à la folie, l'attirer à lui.



"L'erreur de toutes les Belles c'est de croire que la Bête est apprivoisable, gentil au fond d'elle, en quête d'amour. Je n'ai peur de rien, de personne, d'aucun défi.
...
Vous et moi pouvons-nous revoir, mais oserez-vous perdre ce que vous êtes, perdre votre liberté et redevenir ce que jadis vous étiez?
Venez à moi, défiez-moi... Je suis prêt et vous?"


Il allait griffonner une signature mystérieuse mais fut interrompu par un nouvel animal, qui se posa au côté de la carcasse dépiautée. Le corbeau, loin d'en être effrayé, claqua son bec contre l'animal mort pour en prendre les quelques restes. La patte de l'oiseau intéressa l'homme. Un message y fut attaché. La bête non peureuse se laissa approcher et saisir.
Le message accroché finit de satisfaire la joie du vieux mercenaire, la gardienne répondu. Une longue lettre à la belle écriture. La satisfaction de cette réception ne fut pas entachée par sa lecture, bien que certains passages présentent un risque évident pour le vieil homme.



"Merci de m'en avoir avertie, j'apprécie, même si sans connaitre le contenu de sa missive je savais qu'elle vous avez écrit.
...
J'ai donc vu le coursier, le même que vous avez fait revenir vers elle et vers moi, le même que j'ai failli tirer comme un lapin pour que vous n'ayez jamais son courrier.
...
J'ai réceptionné le votre d'ailleurs... les votres. Je ne vous cache pas que la tentation de lire, tout comme de détruire celle destinée à Enimia fut grande. Je n'en ai rien fait.
...
J'ignore si j'ai réussi à la convaincre de se détourner de vous, j'ai usé de tout ce que je pouvais, ça semble l'avoir atteint, touchée, mais elle reste à avouer que vous exercer une attraction qu'elle ne s'explique pas.
...
Je ne lui ai pas dit que j'étais revenue vous voir après son départ.
...
La considération que vous me portez me flatte autant qu'elle m'intrigue, même si flatter n'est pas le terme le plus approprié mais je n'en trouve pas d'autre pour l'heure.
J'aimerais pouvoir vous aider à trouver cette réponse, je crains hélàs que vous soyez le seul à le pouvoir, mais ne vous désespérez pas pour autant de ne pas y parvenir, serais-je tel fléau sur votre route que cela vous pousse au désespoir ?
Je vous ai promis de ne pas user de cela, vous pouvez être assurer qu'il n'en sera rien, je m'en mordrais peut-être les doigts, l'avenir en sera juge."

Le mercenaire sait qu'elle représente un danger pour lui, mais quel défi n'en présente pas? Le défi serait-il d'ailleurs intéressant, sans une dose d'incertitudes et de risque ? Non, l'homme aime les défis dangereux. Cette femme représente d'autant plus un réel amusement pour le mercenaire. Elle semble dissimuler une part de terreur en elle, qu'elle ne semble pas accepter. L'homme compte bien s'en délecter, la faire germer. Et quelle meilleure façon, pensa-t-il, que de tenter plus encore sa curiosité que d'envoyer deux messages à la Gardienne.
Douce manipulation en main, il écrivit, toujours aussi mal, sur un nouveau parchemin.



"J'ai beaucoup médité quant à votre influence sur moi, heureusement elle s'estompe quand je m'éloigne de vous, je ressens la force et la détermination me revenir.
...
Mais je sais qu'une fois devant vous, cette attractivité se réveillera de nouveau et ce respect que je hais au plus profond de mon être renaîtra. Délicieuse torture que cela m'impose.
...
Mais j'en viens à un fait nouveau, si on peut dire, elle me défie. Dois-je en dire plus?
...
Rien ne pourra m'arrêter tant que je n'aurai pas gagné, j'ignore pour l'instant l'objectif, mais je ne renonce jamais et ne me laisse jamais faire, quoiqu'il se passe. Si vous vous mettez entre elle et moi, je combattrai cette force que vous dégagez en vous et vous aussi deviendrez ma proie.
...
Vous avez le courrier de réponse pour la jeune insolente. Lisez le ou pas, brûlez le ou remettez-lui, tout ça n'a plus d'importance, elle est ma proie désormais.
Et vous, Eud, que voulez-vous être pour moi?"


Les deux messages furent enroulés et simplement fermés, ouverts à toute curiosité malsaine. Il les attacha solidement aux pattes de l'emplumé et le laissa repartir dans les airs.
Il se remit dès lors en marche, persuadé que la suite sera des plus intéressantes.
Gerceval
Aix-En-Provence: Jeu de dupes.

30 Janvier 1467


La matinée a grandement avancé quand le mercenaire, chargé de son barda, arrive aux portes d'Aix-En-Provence. Les gardes aux murs ne semblent pas inquiets de sa présence et n'opposent aucune résistance à son passage. Les ruelles et rues sont déjà bien animées tout comme les tavernes, occupées de quelques bons soûlards.
Il ne prêta pas attention à toute cette activité pour l'heure, bien plus pressé de trouver une auberge et de quoi se décrasser de ce long voyage.

Le soir arrivant, l'heure était à s'immerger le crâne de quelques bonnes chopes Aixoises. Il prit place dans une des nombreuses tavernes et s'y installa avant d'en commander une première chope. Quelques gorgées revigorantes avalées, il sortit le courrier qu'il avait reçu plus tôt. La Gardienne de la Folle lui avait répondu. Le message était un véritable recueil de défiance.



"...ce "je ne sais quoi" chez moi et qui vous empêche de céder à votre nature en ma présence, cette "délicieuse torture" et son pourquoi.
Pensez-vous pouvoir y répondre un jour ?
...
... ne pas me mettre entre elle et vous ? Qu'elle devient officiellement un défi et votre proie ?
Qui cherchez-vous réellement Gerceval ?
...
... vous me demandez de ne pas m'interposer entre vous ?
...
... vous m'en offrez la possibilité en me faisant parvenir ce courrier qui lui est destiné, me laissant entre les mains la suite de tout ceci.
...
Vous me demandez ce que je veux être pour vous... M'en laissez vous réellement le choix si j'en crois votre missive ?
Reste à savoir ce que vous, vous voulez être Gerceval."


L'homme ne put contenir un soupire à la fin de cette lecture, elle est intelligente mais sa volonté de vouloir protéger la folie chez sa belle-soeur l'affaiblit inévitablement, du moins ce fut là la pensé du mercenaire. Il se perdit longuement dans ses pensées, cherchant une réponse adaptée à donner à ce courrier, cette provocation mais fut interrompu par l'entrée discrète d'une blonde.

Il la connaissait celle-là, elle est jeune et en quête de son pleurnichard volé. Il discuta un moment avec elle et comme à son habitude, menaça avant de partir dans l'obscurité froide des rues d'Aix.


Aix-En-Provence: Alea Jacta Est.

31 Janvier 1467


Un nouveau jour se lève sur Aix, et le mercenaire s'en rend bien compte en étant ébloui pas les rayons de soleil qui viennent percer le vitrail de sa chambre démunie de volet. Un grognement l'aida à se sortir du lit et, avant de sortir, il eut dans l'idée de répondre au courrier de la veille.

En outre, l'absence de nouvelles de la part de la Folle enceinte eut raison de sa patience, elle n'avait pas répondu, il en était certain, la Gardienne ne lui avait pas remis ou l'avait simplement empêché de répondre. Des pensées sombres entachaient l'esprit de l'homme qu'il tenta de chasser avant de commencer l'écriture d'une nouvelle lettre.



" Vous êtes bien curieuse quant à votre léger avantage sur ma personne... Je vous intrigue, je vous intéresse bien au delà de cette folle qui est liée d'un appétit vers moi. La jalouserez-vous?
...
Peut être vous raconterais je comment, un jour, j'ai pu combattre l'une de mes plus grandes peurs, comment je m'en suis débarrassé.
...
Oui, elle est ma proie et votre protection est caduque, vous avez échoué en ne parvenant pas à limiter son appétit pour moi.
...
Pensez vous que votre influence joue sur le fait que j'ai envoyé un seul corbeau, le votre, me semble t il? Je me doutais, j'espérais qu'il n'atteigne qu'un destinataire, vous, oui, vous.
...
J'ai un but, je vous ai mis en garde, vous avez lu le second courrier et il exige une réponse qui étrange tarde à venir. La femme enceinte a rarement fait montre de patience.
Je vous laisse le choix Eud, tant que vous ne vous mettez pas en travers mon chemin."


Le vieux mercenaire enroula le message et enroula une ficelle autour. Tout semble se mettre en place, il serait bientôt temps pour lui d'agir et de récupérer son dû. Il ne lui resta plus que quelques préparatifs à organiser, puis alors, il serait temps d'entrer réellement sur l'échiquier.

Le restant de cette longue journée passa lentement jusqu'au soir où il eut l'heureuse surprise de croiser une femme sans le moindre intérêt physique, insignifiante au premier abord, qui sut pourtant, pour la deuxième fois, attirer son intérêt.
Eudoxie_
“Toutes les passions aiment ce qui les nourrit : la peur aime l'idée du danger.” (Joseph Joubert)

Dosage ? Folie ? Douleur...

"Arles : Oops j'ai merdé... Pour faire de l'effet, ça fait de l'effet...
01 Février 1467


Fin de matinée radieuse sur la Provence, une béarnaise sur le côté de sa roulotte, s'affairait à frotter à la saponaire marseillaise, bah oui tant qu'à faire, le linge sur la planche à laver quand deux têtes blondes, qui étaient brunes d'ailleurs, pointèrent leurs museaux à la porte du vago... sans leur mère.
Indiquant sa présence aux jumeaux, Eud eu la surprise de voir la fillette d'ordinaire peu, ou pas trop, démonstrative, foncer vers elle pour se nicher au creux des jupons de l'ébène, suivi de près par un Nathanaël toujours aussi sérieux, mais surtout avec le teint plus blême qu'à l'ordinaire, les warnings de l'orthézienne se mettant aussitôt en marche.

Qu'est-ce qui t'arrive mon cœur ?

Karine sanglotait tant et tellement, qu'il était purement et simplement impossible de la comprendre, posant ses mains humides sur les épaules de Karine, les sourcils se froncèrent en pliant genoux pour se mettre à hauteur de la fillette lui caressant la joue du bout de ses doigts froids.
Les obsidiennes se dirigèrent alors vers le garçonnet, qui d'un calme olympien, limite flippant pour un môme de son âge, entrepris d'expliquer à sa tante ce qui se passait, à savoir pour résumer grossièrement, la manœuvre d'Eud avec la lettre avait bien impacté mais un peu trop apparemment et la belle-sœur bah... elle était en train de fondre un fusible, et ouais.

Sans attendre, la gamine et son frangin furent embarqués dans la roulotte en intimant de rester ici sans sortir, sans ouvrir, sans bouger, sans rien du tout parce que là, les bandages et autres pansements, chiffons, bref tout et n'importe quoi pour parer à l'urgent se voyait enfoui dans la besace de la bestiole.
Et en parlant de bestiole.... Y’en avait deux qui roupillaient qui allait lui être bien utile pour occuper l'esprit des jumeaux et d'un panier tiré des museaux de mustélidés frétillants, vinrent détourner l'attention des marmots, Karine et Nath s'amusant déjà avec Boule de poils et... arf il n’avait toujours pas de nom ce paquet de poils que Lucifaire lui avait offert pour tenir compagnie à sa furette... faudrait y penser en attendant on l'appellera Truc.

Neveu et Nièce occupés, Eudoxie filait fissa vers la carriole d'Eni, manquant de se vautrer à plusieurs reprises dans la neige...


"Arles : Bienvenue à Crazyland"
Même jour


... Fin, du moins ce qu'il en restait.

Scène apocalyptique s'offrant au regard de l'inénarrable, l'ange gardien s'approchait de ce qu'il restait de la porte de l'habitat, ne tenant plus que vaguement d'une charnière résistante, iris sombres ne pouvant pas passer à côté des marques de sang l'ornant, parfois typique d’une main égarée, attention détournée par les grognements plaintifs d'une créature blessée, et Eud connaissait son nom.
Pénétrant dans le chaos de l'endroit, la bestiole se conchiait de son idée qui pour avait bel et bien impacté Enigma mais jamais Eud n'aurait supposé un tel résultat et ce qu'elle découvrit en poussant un lambeau de drap lui vrilla le cœur et l'âme, se mordant la lèvre en recalant une mèche noire avant de s'approcher davantage.

Eni...

Un animal apeuré... blessé... Une petite brune déconnectée de la réalité qui protégeait bec et ongle, ce qui pour Eud n'était qu’un amas de linge, mais pour Eni bien plus dans sa folie, menaçant l'orthézienne de sa dague danoise, et s'il était une arme dont Eud connaissait les effets pour avoir lacérer des chairs avec c'était bien celle-ci.
D'un coup de pied dans la main de l'énigme, la lame vola au loin, danger écarté voyant Eudoxie s'agenouiller pour cajoler la petite brune d'une main à ses cheveux, dans un bien mauvais calcul... La parturiente embourbée dans son cauchemar éveillée se rebiffant d'une morsure brutale, profonde, sanglante sur l'avant-bras de sa protectrice, contrainte de se débattre pour se dégager de la folle enragée.

Nom de.... ENI !!!! C'et EUd !!!!

Bras récupéré et main apposée sur la morsure pour en restreindre le saignement, Eud se vit alors offert le spectacle indécent d'une belle-sœur prête à tout pour protéger ce que représentait ce tas de chiffon, qu'elle aurait préféré s'éviter.
Visualisant alors parfaitement le calvaire d'Enigma dans ses jeunes années et ce que signifiait l'amas de linge, regard se fermant longuement dans un soupir, attrapant à tâtons une couverture sur la couche pour en couvrir la nudité de sa protégée, l'enveloppant de ses bras s'approchant de son oreille dans un murmure tendre.

Eni... Angéline n'est pas là....


Déclic, mot magique, sésame ouvre la raison d'Enigma, l'engrossée sortit alors de son cauchemar éveillé, se rendant compte de ses actes, de l’état de sa roulotte, du bras d’Eud, se redressant comme un beau diable des bras protecteurs pour s’enquérir de ses enfants et de leur bien-être.
Discussion, paroles rassurantes et nettoyage sommaire pour évaluer l’étendue des blessures, Eudoxie se revoyait avec son époux quand il lui était arrivé une fois ou deux de le récupérer couvert de miasmes, de boue, de sang séché sans souvenirs.

Roulotte Eriksen rejointe, enfants rassurés de retrouver leur mère, les blessures furent pansées et la quête d’un vago lancé pour Eni et ses enfants dès que l’occasion se présenterait.
La protéger jusqu’à quel point contre elle-même ? A quel prix ? La brûlure de sa chair meurtrie jusqu’au sang par l’enragée n était un… combien d’autre encore.

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Jessienigma
Arles : Oh douce folie, emmène-moi avec toi, prends-moi dans tes bras et tes draps …
1 février 1467


*La petite silhouette brunette était roulée en boule comme un animal blessé, les yeux hagards et fous et la lame du poignard danois ornée d'une tête de pigeon, cadeau qui l'avait mise dans cet état à sa réception, dans sa main droite glissant sur ses cuisses dénudées sous une robe qui semblait avoir subi les assauts d'une meute de loups enragés. De fins filets de sang coulaient des sillons pour décorer sa blanche chair et glisser vers ses fesses.

Elle leva les yeux en sifflant et crachant de rage, en ôtant la lame de sa chair pour la pointer devant elle à l'entrée de l'ennemi dans son espace.Un pied passe vaguement dans son champs de vision et lui arrache un couinement de douleur en même temps que sa lame, abîmant encore un peu plus la main ensanglantée.*


~Elle va mourir ! Elle va mourir !~

~Non, je ne le permettrai pas ! Pas touche !!!~

Pas la toucher, pas la toucher ! s'rai sage m'sieur, s'rai sage !

*La petite brune se calfeutra plus encore contre un amas de draps qu'elle se mit à caresser affectueusement.*

Citation:
13 ans plus tôt

*Les deux sœurs étaient l'une contre l'autre, silhouettes frêles et craintives, pleurant toutes les larmes de leurs petits corps en regardant la dépouille de leur mère dénudée sur laquelle un homme corpulent à l'air mauvais vidait joyeusement ses boyaux en souriant sadiquement aux fillettes.*

Ca, c'est tout c'qu'les femmes méritent gamines ! Maint'nant, z'êtes à moi et z'allez nous servir moi et mes hommes ! Z'allez r'joindre deux aut' gamines et un gamin et z'avez intérêt à obéir ! On va commencer d'suite d'ailleurs !

*Le gaillard attrapa la plus âgée des sœurs par la queue de cheval et la tira vers lui pour la faire mettre à 4 pattes et arracher ses braies, quand la plus jeune, tremblante mais un regard de défi au fond des yeux, s'approcha et commença à balancer ses petits poings dans le ventre mou qui lui faisait face, déclenchant l'hilarité du brigand.*

Tu m'donnes 'core plus envie d'bien la traiter comme une chienne ta sœur p'tite !

*Il abaissa ses propres braies pour en sortir le monstre qui s'y abritait, faisant monter des larmes aux yeux de la petite brune de 8 ans qui vint se poster devant sa sœur aînée, si douce, si calme, la protégeant de ses bras frêles.*

Pas la toucher, pas la toucher ! s'rai sage m'sieur, s'rai sage !


*Elle ferait tout pour la protéger, toujours. Maman l'avait dit, elle était un garçon manqué, ça faisait d'elle l'homme de la famille puisqu'il n'y en avait pas… et en tant qu'homme, elle paierait pour protéger sa famille. Lorsque l'ennemi approcha, c'est donc instinctivement qu'elle fit barrage de son corps maigrichon et plongea ses dents profondément dans le bras qui approcha sa chevelure, laissant le sang dégouliner sur ses lèvres en se repaissant de l'avoir pris à l'ennemi.

Le bras finit par se retirer et la fillette sait ce qu'il veut… elle l'a vu, elle sait que les hommes sont tous des porcs. Elle se leva donc, oubliant qu'elle est une femme enceinte de bien plus d'années, ne voyant plus la réalité, et elle se débarrassa en un tour de main de sa robe en lambeaux, dévoilant les nombreuses stries rouges de sang frais sur ses cuisses et ses bras pour se mettre à quatre pattes comme il avait forcé sa sœur à le faire, la lueur d'espoir dans ses yeux éteints.*


Faites c'que vous d'vez mais la touchez pas !

*Soudain, le cauchemar prit fin en un instant pour se rouvrir sur un autre dans lequel l'homme de la maison, farouche et protecteur, se transforma à nouveau en fillette apeurée et tremblante sous les sanglots l'agitant dans une couverture et des bras protecteurs féminins.*

Angéline n'est pas là …

*Quelques mots innocents la faisant revenir à la réalité en un court instant, la faisant blêmir sous tout ce qu'elle venait de faire et le jour qu'elle venait de montrer, son plus grand secret et sa honte d'avoir échoué exposés ainsi et sa folie ayant pris le dessus pour foutre un sacré bazar, non seulement dans la cariole, mais dans la vie de sa famille.

L'inquiétude alla vite vers ses enfants, regrettant de ne les avoir confiés à d'autres depuis bien des années. La peur de les blesser un jour s'insinua dans son esprit et y prit place. Qu'allait-elle donc bien pouvoir faire ?

Quand le passé vous rattrape, faut-il foncer droit dedans pour le venger ou fuir loin, très loin ? Malgré la présence d'Eud et tout ce qui venait de se passer, elle ne pouvait s'empêcher de penser à sa Némésis, à son envie de le frapper tout autant que son envie de lui. Pourrait-elle l'oublier ?

Les blessures qu'elle s'était faites guériraient sans mal, mais elle avait failli tuer Eud et ses enfants juste avant… ces blessures-là mettraient bien plus longtemps à se refermer et laisseraient une trace indélébile dans son esprit.*


Enigma
~pensées d'Enigma~
~la petite voix dans sa tête~

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Eudoxie_
“Qu'est-ce que le courage ? Sinon garder devant le danger une âme sereine et un esprit libre.” (Paul Cazin)

Courage ? Détermination ? Protection...

"Arles : Un peu de calme enfin !!!"
02-03 Février 1467


Une journée empreinte de calme et de quiétude, une fin de semaine même sous ce signe, enfin un peu de répit dans tout ce bordel qu'était devenu sa vie ces derniers temps, une belle-sœur qui enfin se tenait à peu près tranquille et par tous les saints ce que ça faisait comme bien !!!
Était-ce la morsure qui chauffait son avant-bras gauche ou la peur d'avoir fait du mal à ses enfants ? L'orthézienne n'en avait foutrement pas la moindre idée mais pour autant elle prenait avec un bien fou ce répit offert, mais de répit d'un côté une blonde amie inquiète suite à missive avait fait déplacement jusqu'à Arles délaissant les siens sur le chemin.

Comment d'un simple courrier écrit pour donner des nouvelles on pouvait laisser transpirer son mal-être, ses inquiétudes sans même le vouloir ? Tout simple, en l'envoyant à une nymphe en capacité de vous comprendre sans même que vous ne parliez et c'est celle-ci qui se tenait dans la roulotte déterminée à avoir des explications sur cette Eudoxie sombre.
Plusieurs confidences, l'aveu d'un coup de "mou", de l'épisode parisien et du visage de l'homme qu'elle avait tué là-bas qui hantait ces nuits, de ce que tout cet épisode avait noirci son âme, durci son cœur peut-être, parce qu'une vie avait été prise et... parce qu'elle y avait pris un certain plaisir sur l'instant.

Confidence pour confidence, beaucoup de choses dites, et puis le reste de la famille céleste de passage avant un départ annoncé vers le bout du monde fin février, et celui de la folle vers la ville voisine pour un mariage, une invitation qui tombait à point.
Dire qu'Eud avait poussé Eni à partir eu été un doux euphémisme, l'éloigner, lui changer les idées, lui faire penser à autre chose, zapper le danger qui se trouvait ailleurs et à l'opposé du Languedoc... et oui... respirer aussi... du moins en théorie.


"Arles : Si le loup y était..."
04 Février 1467


Libérée... Délivrée.... Je ne mentir.... Oups... égarement, pétage de plomb et... pas tant que ça en fait, parce que c'était bien le ressenti de l'ébène avec Enigma partie en vadrouille pour quelques jours, liberté et même si quelques omissions à l'interrogatoire de son pouet seraient au rendez-vous d'une soirée avec la belle suédoise, rien de bien méchant en soi.
Plutôt même un bon moment, bon enfant, à éviter de répondre ou ne dire que ce qui pouvait l'être sans déclencher un réflexe protecteur d'un Auguste bienveillant en l'absence d'un danois pris ailleurs, sauf que quand le loup entre dans l'auberge en réclamant après sa proie... le grivois n'est pas dupe et le départ du mercenaire ouvre alors porte pleine à l'inquiétude.

Fais-moi confiance, je ferais attention je te promets

La chose acceptée par le poète sans grande conviction, mais plutôt par affection pour sa belette, la béarnaise avait pris la direction du port, s'apaiser au ressac des vagues hivernales s'écrasant sur les quais sous la lune pleine était une chose qu'elle faisait souvent.
Judicieuse idée ou pas quand une ombre massive approcha sans qu'elle ne fût vu la voix rocailleuse lançant son "bonsoir" animant l'échine d'Eudoxie d'un frisson loin d'être agréable, avant de répondre.

Lui, le danger personnifié et son obstination à vouloir savoir où se trouvait Eni confrontée à celle de la bestiole à ne rien dire, l'entrevue de prime abord cordiale avait eu raison d'un mercenaire et de sa capacité à garder son sang-froid face à quelqu'un lui tenant tête, ne réagissant quasi pas à la menace d'une main porté sur sa gorge pour avoir l'information souhaitée.
Sans trop comprendre, le corps eudoxien rencontra rudement le mur d'une auberge, les doigts à sa gorge se resserrant sans pour autant l'empêcher de parler, paluche libre du loup s'impatientant déjà à faire remonter la jupe sur une cuisse nue et s'immiscer pour agresser autrement, intimider plus... intimement rondeurs charnelles d'une Eudoxie à la mâchoire crispée.

Ne pas entrer dans le rapport de force avec lui avait été l'optique prise par la jeune femme, diplomatie, asséner des vérités, chercher à le perturber par ce qu'elle le savait ne pas pouvoir expliquer à l'enhardissement du mâle se faisant dominant et contre qui de tout évidence le combat était perdu d'avance.
Par quel miracle, ou stratagème, peut-être bien parce que l'homme avait été décontenancé du stoïcisme relatif de la petite brune, par ses gestes ou pour toute autre chose, toujours fut-il que l'exploration entamée fut stoppée et la béarnaise relâchée dans l'échange d'un baiser demandé en guise de paiement à sa clémence.

Chacun à sa route, chacun à son chemin, les deux ombres s'éclipsèrent sans trop de dommage, quelques marques légères seraient à masquer sur sa gorge une paire de jours, mais rien d'alarmant.
Le danger était de retour, il fallait tout faire pour l'éloigner mais comment, faire en sorte déjà qu'Eni ne revienne pas avant, et s'arranger pour qu'il reparte en l'oubliant, mais Eud n'était pas folle, y parvenir relevait de l'impossible, mais n'échouent que ceux qui n'essaient pas.

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Jessienigma
Arles : Le calme ... avant la tempête ?
2 et 3 février 1467


*La folie qui s'était subitement emparée de la brunette s'était calmée avec autant de précipitation lorsqu'elle s'était rendue compte qu'elle avait failli faire tout ce contre quoi elle luttait ... blesser les siens.

Mais sous ce calme apparent et cette résignation, elle bouillonnait. La lettre continuait de gronder en elle et son envie de le retrouver, aussi bien pour le frapper que son contraire, restait tenace. Les questions de la petite blonde lui faisaient comprendre qu'elle ne comprenait pas, mais comment l'aurait-elle pu alors que la principale intéressée n'avait pas la moindre idée du pourquoi non plus.

Plus les heures passaient et plus elle songeait qu'elle devrait confier ses enfants . Son esprit repensa à sa pastorale non achevée et à ce charmant jeune évêque aux yeux bleus qui était déjà prêt à les confier aux soeurs à l'époque... Monseigneur Nicolas ... Avait-elle fait un mauvais choix en les gardant auprès d'elle ?

En attendant, elle passait autant de temps que possible avec les jumeaux et essayait de récupérer leur confiance mais elle sentait bien que c'était un échec total et que son fils la considérait comme un danger et sa fille comme une étrangère. Elle les avait vus plusieurs fois rôder autour de chez Eud et Kag sans oser rentrer et elle s'était plongée dans de nombreux verres d'alcool pour tenter d'oublier.

Le coquard qui s'étalait sur sa joue ne semblait pas cesser de faire parler de lui et elle avait assez moyennement apprécié le "face de cul de babouin" négligemment lancé par un amant. Elle en avait décidé de ne pas réagir à sa main se glissant sur sa cuisse discrètement dans une taverne. Il était probablement véritablement inquiet pour elle mais elle était trop énervée contre elle-même pour vouloir se confier à quiconque et elle s'en énervait d'autant plus en repensant à ce qu'Eud lui avait dit ... "Tu mentiras". Elle, toujours si honnête, qui mentait.

Elle avait beau réfléchir, elle ne savait où elle en était et l'invitation de Fanfan à son mariage ... et plus si affinités ... tombait à la fois à point nommé et comme un cheveu dans la soupe. Elle avait été étonnée de la proposition, n'ayant encore que très brièvement croisé la jeune femme mais elle supposait que l'Etalon devait y être en partie pour quelque chose sans doute.

Toujours est-il que poussée par Eud et porteuse d'un message du provençal pour son amie, elle prit la route pour se rendre à Nîmes et assister à ce fameux mariage où elle ne connaissait presque personne.*


Nîmes : Le souvenir, c'est ce qu'il reste de mémoire à l'oubli.*
Du 4 au 8 février 1467


*Le voyage avait été long sans carriole pour voyager et c'est avec des enfants pendouillant à ses bras que la sarladaise était arrivée à Nîmes, s'écroulant dans la première auberge au nom intéressant qu'elle avait croisée ...des histoires de dragons... ça s'annonçait peut-être passionnant ?

Les quelques jours sur place lui avaient permis quelques rencontres, notamment le mari de Fanfan, les locaux ou encore le charmant patron de l'auberge où elle logeait... charmant mais fou. Elle lui avait dit de ne pas l'approcher mais le blond ne l'avait pas écoutée et laissant les jumeaux dormir d'un profond sommeil avant le départ, elle avait profité d'une soirée plus câline que violente, mais ses pensées restaient tournées ailleurs malgré le charme de l'homme. Elle avait également goûté aux lèvres féminines, ce qui était une surprise, mais rien qui puisse non plus détourner son esprit de son intérêt.

Mais au final, ce qui avait le plus retenu son attention était la lettre de l'orthézienne ... celle qui l'avait décidée à revenir vers Arles en compagnie de l'énigmologiste ...*


*Henri de Régnier

Edition pour correction d'une monstruosité orthographique

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Guillon
*Arles, début février 1467*


« Réparer est vingt fois plus difficile que prévenir. » - Henri-Frédéric Amiel


    Quelques sous contre des murmures, une bourse pleine pour un bras armé... Il ne manquait pas de spadassins pour ceux qui savaient ou chercher. Si un mercenaire posait problème, un autre pouvait se proposer pour le "régler". Voir même plusieurs, histoire d'être sur de son coup, pour peu que le commanditaire eut la fortune suffisante.

    Si l'Auguste demandeur avait bien entendu la promesse offerte, elle n'était pas pour autant une assurance suffisante à son gout. La confiance qu'avait la belette en ses capacités à résoudre cette étrange situation -pour le peu qu'il avait réussi à déchiffrer de son interrogatoire- n'était pas une que le poète partageait.
    Sinon, pourquoi n'aurait elle pas déjà résolu un tel dilem, si elle avait en sa possession un atout imparable pour mettre hors course un des deux protagonistes de l'histoire ? Qui plus est, le brun connaissait bien trop peu l'étendue des compétences et capacités de l'Orthézienne mais avait pour sa part une certaine expérience avec les hommes de nature dangereuse...

    Cette fois-ci, l'aide du Guillon n'allait pas se limiter à celui d'enquêteur... Le mal étant déjà identifié. En l'absence de diagnostique, l'étape suivait était le traitement du dit mal. Dans de tels moments, l'intellectuel approchait la chose de cette façon froide et chirurgicale, en étapes méticuleuses, allant droit à l'essentiel : il y avait un virus, il fallait l'éliminer.

    La solution avait beau avoir été écartée par la brune, quand le brun lui en avait parlé. Mais selon lui, une telle solution ne devait jamais être définitivement écartée. L'expérience lui avait appris à se méfier de la violence, mais aussi qu'il n'y avait pas meilleure solution à la violence que d'user de celle ci. Un esprit belliqueux gagnait soudainement beaucoup de sens de la préservation une fois que ses côtes étaient creusées par un poignard. Et pour le cas ci présent, de l'insistant mercenaire, cette solution simple et efficace n'était pas seulement possible, mais prête à être appliquée, en dépit du refus de l'Orthézienne.

    Les sous avaient été dépensés. Les couteaux étaient affûtés. Un mot de plus, une dernière bourse offerte et la chasse à l'homme serait lancée et malgré la fortune que cela pourrait lui en coûter, l'Auguste Gardien se délecterait d'un tel scénario. Une partie de lui, espérait même qu'il faille en venir là. Peut-être dut à l'ennui de ses mois à végéter dans Arles.
    Mais en même temps, il ne souhaitait nullement qu'il n'arrive quoi que ce soit à Eudoxie, il gardait une part de foi en ses capacités de résoudre cette situation. Le cas échéant, il serait prêt. Et si jamais le mercenaire mettait en mauvais état son amie, la vengeance du poète irait bien au delà de tout ce qui était déjà prévu...




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Gerceval
Quelque part, à Arles : La traque.

4 Février 1467


Le vieux mercenaire est arrivé dès l'aube à Arles. Il s'y est fait tout d'abord discret, à la recherche d'une taverne tout aussi discrète. Il ne fallait pas se faire repérer tout de suite, une menue préparation serait nécessaire pour sa traque.

Le soir venue, il partit à la recherche de sa proie. Les tavernes, l'endroit idéal pour débuter pensa-t-il, après tout, la chasse a été ouverte dans la chaleur de l'une d'elles. Pourtant, de longues minutes passèrent ou le mercenaire entrait dans les tavernes, en observait les quelques rares présents, d'autres fois, il se contentait seulement d'observer au travers un vitrail par trop crasseux... rien, pas de proie. Agacé, il poursuivit sa recherche jusqu'à tomber sur cette taverne. Elle n'était pas habitée de sa proie mais toutefois dotée d'un intérêt particulier.

Il entra accompagné du grincement de la porte qui brise toute envie d'entrer en tapinois. Il s'installa et contempla l'Orthézienne dans les bras protecteurs d'un homme qui lui est encore inconnu mais qui aura eu le don de l'agacer bien rapidement. Le mercenaire s'heurta face à un mur quand il la questionna sur la folle traquée. L'envie était là, omniprésente dans l'esprit et le coeur de l'homme mûr mais l'inconnu est un danger qu'il ne peut pas encore quantifier. Qu'à cela ne tienne, ce n'est que partie remise. Il sortit de la taverne en quête de bière et d'informations qu'il pensa trouver auprès de la Prévost, mais celle-ci s'avère d'aucune utilité par son manque cruel d'information.

Quelques bières plus tard, l'homme parti apprécier la fraicheur d'une nuit d'hiver. Il songea longuement durant cette promenade, si elle était en ville, elle serait venue. La colère de l'Eud aurait elle eut raison de la fragile femme enceinte? Il fut expulsé de ses songes en s'approchant du rivage et du claquement des vagues contre la terre, il se demanda, par ailleurs, comment on pouvait réfléchir avec un tel rafus. Dans un demi tour, il remarqua une silhouette fixant l'horizon lunaire. Curieux, il s'en approcha et en découvrit, avec une joie non dissimulée, l'Orthézienne.

Des formalités glaciales furent échangées avant que le corps massif vienne quérir la chaleur du plus menu. L'homme était en quête des réponses et il comptait bien les obtenir. L'Eud fuyait le regard inquisiteur d'un homme trop impatient pour écouter des mensonges ou des réponses énigmatiques. Il entoura bien vite son cou de sa poigne pour intensifier l'échange et lui faire comprendre qu'il n'était plus l'heure de l'amusement, du moins pour elle. Le mercenaire affectionne tout particulièrement l'art de la torture, sentir la panique d'un esprit perturbé et les craquements d'os devenus trop fragiles sous ses mains rugueuses.

Et celle-ci semble résister à ces haussements de ton, sa poigne oppressante sur sa gorge. Il en perdit patience et la repoussa vivement en arrière pour mieux la dominer contre le mur froid d'un bâtiment côtier. Toute chose à ses points faibles, celle-là en a aussi, il prit donc en mains l'intérêt de les découvrir pour mieux abuser d'elle.

Les mains fortes de l'homme se font plus curieuses, plus possessives à mesure que la discussion passe. Ni sa cuisse, ni la peau délicate d'un séant ne lui firent délier sa langue sur les réponses qu'il attendait. L'Eud tentait, en vain, de raisonner l'homme déterminé. Elle était, semble-t-il, animée d'une fidélité envers la Folle enceinte, prête à tout endurer pour elle. Doux parfum délectable pour un homme qui ne trouve plaisir que dans la douleur et la détresse d'autrui. Ses paroles, il les choisi avec soin, cherchant à la provoquer, à la faire douter. Il en perçu un changement quand ça l'impacte personnellement, elle n'aime pas perdre, elle aime gagner, c'est du moins ce que le mercenaire percevait en cet instant.

La faire flancher, perdre le contrôle. L'inquisition sur son corps se faisant plus pressante, avec doigté. L'homme éprouve une certaine satisfaction quand la colère féminine s'épanouit enfin contre sa curiosité corporelle. Il accepta une négociation de liberté contre une parole de vérité, sans mensonge. Si facilement atteinte, cette vérité devait être teintée de mensonges, mais qu'importe, en cet instant il décelait un moyen de pression contre elle, quelque chose qu'elle semblait avoir en horreur, un point faible.

La rassurer, lui faire croire qu'elle gagne. Il lui offre l'impression de la croire, il libère son corps de son inquisition et devient moins autoritaire dans ses paroles. Le mercenaire se força à croire que ça venait uniquement de son intelligence, de sa perfidie mais c'est ce lien étrange qu'il a envers elle, ses paroles, ses doigts délicats cherchant à briser ses prises qui l'auront forcé à abandonner sa torture et à en changer de stratégie.

Il la laissa partir après avoir exigé le paiement de ses lèvres, lui montrer l'intérêt qu'il peut avoir pour elle ou simplement se rappeler au souvenir des derniers adieux. Nul doute en tout cas qu'il la reverra, il n'en a pas fini avec elle. Enigmatique, elle offre au mercenaire de plus en plus d'intérêt.
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