Archibald_ravier
La roulotte cahotait sur le chemin à la sortie de la ville.
Le froid était piquant, et le ciel, dégagé, d'un outremer profond. Les étoiles et le mince croissant de lune éclairaient la route.
Ils n'iraient pas loin, et Archibald avait repéré les lieux à la nuit tombante, il menait donc la mule à la main, marchant à ses côtés, pensées rugissant entre ses tempes fatiguées, cur battant à tout rompre.
C-c-c-c-c-connerie, tu fais une connerie, semblait il lui dire.
Je m'en fous, balayait-il d'un revers de pensée.
Heureusement, l'essieu de la roulotte ne grinçait pas. Dans ses souvenirs de soirées racontées, la Mort bretonne avançait avec une charrette grinçant dans la nuit, et un présage comme celui ci l'aurait refroidit plus rapidement que l'air sec de décembre.
Concentré sur la marche lente, il écoutait le silence de la nuit. Le pas étouffé de la mule dans le chemin boueux. Le souffle de son amoureux. Le sien. Le léger vent qui faisait s'entrechoquer parfois les branches nues des arbres le long de la route. Ces bruits là couvraient tous les autres, troublés parfois par l'ébrouement de la mule.
A la seconde intersection après la sortie de la ville, il bifurqua vers la gauche, s'enfonçant sur un sentier plus étroit, qui s'enfonçait dans les sous bois. Les cahots s'accentuèrent, faisant balancer la faible lumière de la lanterne, qu'il maintenait au plus bas afin que sa vision n'en soit pas dérangée.
Quelques reflets dorés illuminaient parfois la neige sur les bas côtés. Celle du chemin, bouillie grumeleuse et glaciale, était en train de geler.
Ils auraient froid au petit matin, c'était certain.
Il retrouva l'endroit sans mal. Un cercle de pierres entourait un tas de bois sec, feu prêt à partir, près duquel il avait déposé quelques branches. Il n'avait pas besoin que le feu dure longtemps. Il hésitait même à l'allumer.
La clairière était petite, et toute proche du chemin. Mais avec une roulotte il était difficile de s'écarter plus de la route, et ils étaient si proche de la ville qu'il doutait que quiconque souhaite camper ici. D'ailleurs il était tard, et ils étaient seuls au milieu des grands arbres. Chênes, châtaigniers et noisetiers poussaient en bosquets, et la neige n'était pas parvenue à recouvrir tout le sol. L'humus dégageait une odeur chaude, et rassurante.
Il se tourna dans la pénombre, chercha du regard le vert des yeux de son amoureux. Sourit. Le dévora du regard, un instant, muet.
Puis il s'ébroua et retourna à ses devoirs. D'abord, dételer la mule. Lui trouver un coin où l'herbe n'était pas totalement pétrifiée sous la neige. Retirer le mors du licou et lui donner assez de longueur de longe. Une brassée de foin. Un peu d'avoine pour se consoler de ne pas passer la nuit à l'écurie.
Les gestes, rendus fluides et automatiques par l'habitude, lui permettaient de penser à autre chose.
A la connerie monstrueuse qu'il s'apprêtait à faire, par exemple.
Il caressa une minute l'encolure de l'animal, esquissa une moue amusée à l'idée qu'au moins un Monseigneur serait présent cette nuit, et retourna auprès de Jörgen, l'enlaçant étroitement, sous sa cape.
La faible lueur de la lune et des étoiles rendait le visage aux traits tirés plus blafard encore que la lumière dorée d'un feu, mais il s'en moquait. Il souriait.
Quelque part entre son cur et son cerveau, la pensée tapotait toujours. C-c-c-c-c-connerie, tu fais une connerie.
Je m'en fous je m'en fous, répliquait constamment le sourire qui illuminait jusqu'à son regard sombre.
L'onyx s'arrima au vert.
Subjugué, il ne put dire un mot.
___
*Voici la liste de mensonges
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Le froid était piquant, et le ciel, dégagé, d'un outremer profond. Les étoiles et le mince croissant de lune éclairaient la route.
Ils n'iraient pas loin, et Archibald avait repéré les lieux à la nuit tombante, il menait donc la mule à la main, marchant à ses côtés, pensées rugissant entre ses tempes fatiguées, cur battant à tout rompre.
C-c-c-c-c-connerie, tu fais une connerie, semblait il lui dire.
Je m'en fous, balayait-il d'un revers de pensée.
Here is the list of lies.
Heureusement, l'essieu de la roulotte ne grinçait pas. Dans ses souvenirs de soirées racontées, la Mort bretonne avançait avec une charrette grinçant dans la nuit, et un présage comme celui ci l'aurait refroidit plus rapidement que l'air sec de décembre.
Concentré sur la marche lente, il écoutait le silence de la nuit. Le pas étouffé de la mule dans le chemin boueux. Le souffle de son amoureux. Le sien. Le léger vent qui faisait s'entrechoquer parfois les branches nues des arbres le long de la route. Ces bruits là couvraient tous les autres, troublés parfois par l'ébrouement de la mule.
Here is the list of lies.
A la seconde intersection après la sortie de la ville, il bifurqua vers la gauche, s'enfonçant sur un sentier plus étroit, qui s'enfonçait dans les sous bois. Les cahots s'accentuèrent, faisant balancer la faible lumière de la lanterne, qu'il maintenait au plus bas afin que sa vision n'en soit pas dérangée.
Quelques reflets dorés illuminaient parfois la neige sur les bas côtés. Celle du chemin, bouillie grumeleuse et glaciale, était en train de geler.
Ils auraient froid au petit matin, c'était certain.
Here is the list of lies.
Il retrouva l'endroit sans mal. Un cercle de pierres entourait un tas de bois sec, feu prêt à partir, près duquel il avait déposé quelques branches. Il n'avait pas besoin que le feu dure longtemps. Il hésitait même à l'allumer.
La clairière était petite, et toute proche du chemin. Mais avec une roulotte il était difficile de s'écarter plus de la route, et ils étaient si proche de la ville qu'il doutait que quiconque souhaite camper ici. D'ailleurs il était tard, et ils étaient seuls au milieu des grands arbres. Chênes, châtaigniers et noisetiers poussaient en bosquets, et la neige n'était pas parvenue à recouvrir tout le sol. L'humus dégageait une odeur chaude, et rassurante.
Il se tourna dans la pénombre, chercha du regard le vert des yeux de son amoureux. Sourit. Le dévora du regard, un instant, muet.
Puis il s'ébroua et retourna à ses devoirs. D'abord, dételer la mule. Lui trouver un coin où l'herbe n'était pas totalement pétrifiée sous la neige. Retirer le mors du licou et lui donner assez de longueur de longe. Une brassée de foin. Un peu d'avoine pour se consoler de ne pas passer la nuit à l'écurie.
Les gestes, rendus fluides et automatiques par l'habitude, lui permettaient de penser à autre chose.
A la connerie monstrueuse qu'il s'apprêtait à faire, par exemple.
Here is the list of lies.
Il caressa une minute l'encolure de l'animal, esquissa une moue amusée à l'idée qu'au moins un Monseigneur serait présent cette nuit, et retourna auprès de Jörgen, l'enlaçant étroitement, sous sa cape.
La faible lueur de la lune et des étoiles rendait le visage aux traits tirés plus blafard encore que la lumière dorée d'un feu, mais il s'en moquait. Il souriait.
Quelque part entre son cur et son cerveau, la pensée tapotait toujours. C-c-c-c-c-connerie, tu fais une connerie.
Je m'en fous je m'en fous, répliquait constamment le sourire qui illuminait jusqu'à son regard sombre.
L'onyx s'arrima au vert.
Subjugué, il ne put dire un mot.
Il n'y a plus que l'amour
L'amour mort de faim
Qui hurle à la lune
Comme un loup
Comme un chien
Nous serons mille chevaux aveugles et fous
Qui courent après les rêves
Grand debout, grand debout
L'amour mort de faim
Qui hurle à la lune
Comme un loup
Comme un chien
Nous serons mille chevaux aveugles et fous
Qui courent après les rêves
Grand debout, grand debout
___
*Voici la liste de mensonges
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