L_aconit
Chambre de Narcisse - Antoine
Narcisse dans la mythologie grecque était donné comme l'un des plus beaux hommes de Grèce, mais frappé du bon vouloir des dieux, ces derniers avaient décidé qu'il ne pourrait jamais regarder son reflet. La nymphe des sources Echo, qui avait été condamnée par Héra à ne pouvoir dire à ses interlocuteurs que la fin des phrases qu'elle voulait prononcer, tomba amoureuse de Narcisse. Elle fut rejetée par la vanité de Narcisse, et pour se venger, l'amante déçue demanda aux dieux de le punir par un amour impossible. En châtiment, Némésis, la déesse de la vengeance, fit en sorte que Narcisse vît son reflet et en tombât alors amoureux. Il resta alors figé, face à l'eau d'où émanait cette vision de lui même . Echo, prise de désespoir, se jeta du haut d'une montagne : c'est de là que viendrait le mot écho, et Narcisse fut transformé en plante. Cette plante porte son nom, à cause de l'inclinaison de ses fleurs en direction des points d'eau, de sa beauté reconnue et de son caractère toxique.
Une fine corniche à modillons sert d'appui à la fenêtre de cette chambre qui s'ouvre au dernier niveau de l'aile Est. Elle est encadrée d'un motif de sculpture, où se dessine un blason épiscopal , « d'azur et d'argent à la fleur bleue d'Aconit », entourée d'un large tapis de glycines, permettant aux plus hardis de descendre par la fenêtre dans la rue sans se rompre le cou- en théorie - Ou d'en monter...
La chambre de Narcisse fut dédiée en premier lieu au Page des lieux, et de sa vue, s'étendait le quartier Saint Front et son clocher à la coupole. Percée d'une unique fenêtre, la pièce arborait un mobilier des plus confortables, dont un lit clos aux panneaux gravés d'un paysage verdoyant. La literie, composée d'une paillasse et d'un matelas garni de laine, s'achevait d'un gros couste de plume pour les hivers froidureux. Au sol et entourant l'espace du lit où les pieds se découvrent, un grand tapis tissé recouvre le plancher, préféré pour ne pas alourdir à l'instar de dalles de pierre l'ensemble de l'étage.
En chevet, un coffre de chevalerie pour y disposer le linge de corps.
Dans un coin de la pièce un modeste foyer de pierre dont le manteau sculpté aux armes du maître des lieux se contentait de quelques bûches à renouveler souvent pendant les pâles saisons . Près du feu un petit fauteuil et un baquet pour la toilette étaient dissimulés derrière un paravent de bois faisant écho au lit, d'où pendait un linge propre que les domestiques venaient changer quand sonnait l'heure de remplir le tout de seaux d'eau chaude.
Les murs loin d'être dépouillés, arboraient une suite de tapisseries narrant les aventures de Narcisse, dans des teintes franches et un tissage serré. L'ensemble de cette chambre indépendante des autres respirait le calme et incitait à la méditation.
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil