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[RP] Voyager c'est naître et mourir à chaque instant *

Ode...


    Ode déambule avec une certaine aisance sur le navire même si parfois le tangage la fait perdre son équilibre se rattrapant au bastingage quelques fois de justesse.
    Si elle aime à admirer l'océan dans tous ses états depuis la rive, là elle contemple les flots mais également subit ses états.
    Si assise sur un rocher, elle apprécie le vent l’écheveler et faire frémir sa peau, sur l'onde c'est lui qui décide de les faire avancer, les freiner ou les détourner de leur trajet.
    Si elle aime se baigner dans cette eux saline, là perdus au beau milieu de l'océan se retrouver à l'eau ne fait pas partie de ses objectifs.
    Si ce matin au loin elle pouvait voir encore un peu les côtes bretonnes , en cours de journée où que son regard se pose, elle a droit à l'eau, une onde à perte d'horizon, même en plissant les yeux, sa main posée en visière, elle ne voit que de l'eau, rien que de l'eau...

    Depuis l'Horizon, l'horizon semble paisible, mais c'est sans compter sur la météo en mer, celle-ci tourne prestement sans qu'on ne le voit venir quand on n'a pas l'habitude et pour Ode , la navigation est une grande première! Alors le temps changeant la surprend du calme plat avec un vent léger passer à des vents forts où les vagues viennent s'écraser sur la coque du navire.
    Les enfants sur le pont glissent de bâbord à tribord, l'équilibre précaire, ils ne peuvent avant qu'avec grande difficulté. Ode leur intime de se rendre en cabine sentant le navire se faire de plus en plus chahuter par la météo maritime. Une fois les quatre enfants en sécurité, la jeune Keriloc'h remonte sur le pont afin d'aller rendre visite à sa capitaine Duduche!

    Arrivée sur le pont, les cheveux dans le vent elle croise celle qu'elle allait voir. Sans être sourde avec le bruit des voiles agitées par le vent lui font tendre l'oreille pour bien comprendre ce que lui demande sa suzeraine. Ode rit un peu avant de lui répondre simplement.


      Ne te soucie pour moi ça va parfaitement, j'adore ce sentiment d'être bousculée par les flots même si là ça devient assez impressionnant. J'ai demandé aux enfants de rester dans leur cabine, j'ai croisé Tuck vert de chez vert, je crois que lui a le mal de mer. Titi , Nath et les autres semblent bien se porter quoi que je n'ai pas croisé Robin, j'espère qu'il va bien.

    Ode vérifie que sa canne à pèche soit bien liée au bateau avant de rejoindre sa Duduche pour regarder avec elle la carte.

      Pétard! Ces vents nous détournent de notre objectif... je ne m'attendais pas à ce qu'ils soufflent si fort sur les flots...

    Écartant ses mèches de cheveux venant se placer devant ses yeux, s'est remuée qu'elle scrute la carte avec elle , levant le nez pour voir d'où vienne les vents, elle ne crachera pas , déjà elle ne sait pas faire mais surtout ça pourrait lui revenir en pleine tronche et ça... ça lui plairait pas même si ça la ferait franchement rire.

    Son regard de se reporter sur la carte puis autour d'elles, avant de demander à sa capitaine préférée.


      Gast! Comment fais tu pour savoir où on est exactement là?

    Quand on y connait rien, on y entrave rien de rien!
    Ode préfère demander que de faire semblant de comprendre ou de ne pas s'intéresser à ce qui se passe...
    Heureusement qu'elle ne prend pas la barre, autrement, ils ne seraient pas sortis le cul des ronces...
    Pour le coup, elle est totalement admirative quand à ceux qui savent se diriger sur l'océan...

_________________
Zakarine
[Mardi 30 janvier, sur l'Horizon, près de l'Angleterre]




In the Navy, yes you can sail the seven seas
In the Navy, yes you can put your mind at ease
In the Navy, come on now people, make a stand
In the Navy, can't you see we need a hand*


Le vent les avait poussés bien au nord, tout près des côtes angloises qu'ils apercevaient à l’œil nu. En consultant sa carte marine, Zakarine ne se fit pas trop de souci, bien que ce fut très surprenant au premier abord. Ils étaient malgré tout sur le bon chemin. D'autant plus que les vents semblaient enfin tourner en leur faveur.

Hissez les voiles, en avant toute! C'est notre jour de chance! Nous devons contourner la pointe et redescendre vers Honfleur y déposer Piastre. Le chef de port est averti et il va nous commander un confesseur, rien que pour nous..

Elle sourit à cette idée. Le culot qu'elle a eu de demander cela au chef du port de Honfleur! Mais elle n'avait pas eu le choix, c'était un cas de force majeur. C'était ça où Titia leur faisait une crise d'apoplexie, de l'angoisse d'avoir autant de péchés à confesser..

Le vent se calmait légèrement et une brise les détourna vers l'endroit rêvé: l'Est et sa côte normande. Au fil du temps, l'équipage se détendait. Certains avaient même fait de jolies prises en pêchant. Le soir, Zakarine retournait dans sa cabine de pilotage sous le ciel étoilé. C'était tout simplement délicieux, cette sensation de liberté retrouvée.



Dans la Marine, oui vous pouvez naviguer sur les sept mers
Dans la Marine, oui vous pouvez mettre ton esprit à l'aise
Dans la Marine, venez maintenant les gars, prenez position
Dans la Marine, ne voyez-vous pas que nous avons besoin de bras

_________________
Ode...


    La tempête semble se dissiper petit à petit, certains membres présents sur le navire ont le mal de mer, ce n’est pas la majorité heureusement. Ode se porte comme un charme totalement à son aise sur les flots même si parfois l’équilibre lui fait défaut, elle aime les sensations qu’elle ressent à bord de l’Horizon.
    Ce jour-là, alors qu’elle observe les alentours du bateau, au loin se dessine une côte, un large sourire une forme d’excitation l’envahit, comme une gamine elle crie :


      TERRE !
            TERREEEEEE !

      Gast on est plus au milieu de nulle part !

    La voix de sa suzeraine toujours à la bord à lutter contre les courants et les vents lui indique que ce sont les terres anglaises.
    Ode écarquille les yeux avant de se pencher sur la proue pour mieux voir d’où elle se trouve.


      Gast !
      Je baragouine pas l’Anglois moi !

      Sans déconner… Nous n’allons pas amarrer en Angleterre tout de même ?

    Zak l’appelle pour lui montrer la carte et lui expliciter exactement ce qu’elle allait ordonné comme mouvements au navire en espérant que les vents et courants soient avec eux.
    La jeune femme s’attache à tenter de comprendre le fonctionnement de la barre de navigation mais également les outils mis à leur disposition, lire une care maritime, ce n’est pas si évident que ça y paraît, il ne faut pas croire !
    Alors étrangement, elle est sage et studieuse, Ode est une passionnée lorsqu’il s’agit d’apprendre ou de faire une chose qui lui plait, alors là il faut avouer que naviguer lui plait bien aussi elle est toute ouïe, échevelée mais heureuse.
    Il lui en faut peu pour être heureuse, ses amies et vivre simplement, vivre sans se poser de question! Argh! Cela est faux par contre!
    Ode est une questionneuse...
    Ode ne cesse de se remettre en question...
    Ode a des principes...
    Ode peut parfois être rigide... Surtout avec elle même !
    BREF!

    Sans mentir, la jeune Kerloc'h est heureuse tout bonnement. Son index longe la carte, ses noisettes scrutent l'horizon. Un regard aux voiles, un fin sourire se dessine sur ses lippes salées de cet air marin, son index pointant une direction .


      Nord -est toute!

    Zak lui indique que son choix est bon avant de lui expliquer qu'elles vont contourner la pointe normande pour pouvoir redescendre vers la côte afin de se diriger sereinement vers Honfleur.
    La manoeuvre est lancée mais on ne manie pas une cogue comme on le ferait d'une carriole à main. Sans compter que les vents varient et que parfois les courant sont traîtres. Mais elle y croit, dur comme fer!

    Plus tard dans la soirée, la pointe normande est visible, nouvelle crainte du matelot Ode alors que les vents semblent se lever et les pousser prestement vers la terre. La jeune femme s'agite délaissant sa vision pour rejoindre son Captain Zakouille la fripouille!


      Zak les vents nous poussent bien vite vers la côte, regarde les voiles gonflées, on pourrait s'échouer?

    Sa Duduche éclate de rire, un rire qui résonne malgré les sons marins, Ode se mord la lippe inférieure en se disant qu'elle a encore dit une connerie.
    Mais sa suzeraine la rassure, lui signifiant avoir été pareille lors de son premier voyage en bateau. Elle lui explique qu'il y a peu de risque qu'ils s'échouent sur la côté, que les vents va les faire virer prochainement , que le danger sera totalement écarté.

    Rassurée, Ode rit doucement et reste là connement, presque béatement à contempler la Manche, les terres normandes. La jeune Barbar pourrait passer sa nuit accoudée au bastingage , à contempler la nuit étoilée, à écouter les clapotis des vagues contre la coque, les oiseaux marins qui piaillent, le vent dans les voiles... Ce serait peut-être aussi extatique qu'un moment suave entre un homme et une femme, ce voyage lui plait tant et il lui réserve tant de surprises également.





    L'obscurité recouvre la terre, la fraîche nocturne enveloppe le navire, Ode est rejointe sur le pont, elle ne passera pas sa nuit seule à admirer le spectacle offert sur cette mer offerte où l'Horizon semble glisser vers cette pointe qui lui semble si proche qu'elle pourrait presque la toucher. Ainsi rejointe, grisée par ce voyage, grivoise de lui, elle se laisse emportée dans la cabine pour prolonger cette contemplation mise en place depuis des heures...

    Sur une couche étroite, dans les bruissements du linge de lit, balancés, bercés par les vagues, un corps à corps torride s'organise sans qu'elle ne puisse lutter contre ses désirs et envies. Un jeu sensuel où les soupirs et plaintes se font discrets afin de ne pas éveiller tous les membres de l'équipage, c'est peu avant l'aube que le sommeil les emporte pour quelques heures à peine. L'extase ressentie durant la nuit est encore perceptible sur sa peau, lorsque comme une voleuse après un baiser dérobé, elle file faire ses ablutions avant de retourner sur le pont.

    Le navire contourne effectivement la pointe avant de laisser découvrir à ses noisettes émerveillées les côtes normandes. Déjà Bayeux est en vu... elle file voir la carte pour prendre acte de leur avancée,satisfaite elle sourit... Si tout se passe bien ils seront à terre dans moins de deux jours.
    La jeune Kerloc'h passe sa journée sur le pont à aider Zak et les autres, à admirer leur déplacement, à apprécier les vents toujours favorables, priant pour qu'il en soit ainsi dans les heures à venir.
    Tout ce qu'elle vit depuis quelques jours est exaltant, les derniers jours à Tréguier furent animés et bien occupés, depuis leur montée sur le bateau, tout semble s'accélérer même les battements de son coeur, pris parfois en étau entre les agitations des flots et le vent fouettant son minois.

    L'année mille-quatre-cent-soixante-sept promet d'être riche en émotions et en actions, mais pour l'heure la brunette profite de l'instant présent, en scrutant les cotes qui se dessine aisément et elle peut parfois même saluer de la main un gamin qui d'une falaise agite ses bras comme pour saluer les bateaux. Ses pensées filent, son coeur serré,son sourire béat accroché aux lèvres, elle profite...

_________________
Ode...
[Vendredi 1er février , Face à Honfleur ! ]

“Les yeux des femmes posent toujours la même question : est-ce qu'on me désire ?”

Roger Fournier


    Depuis la fin de matinée, l’Horizon est à l’entrée du port d’Honfleur.
    Une certaine excitation peut se faire sentir sur le pont, certains qui ont le mal de mer sont ravis de mettre pied à terre. D’autres se disent qu’ils vont en profiter pour aller se confesser et d’autres encore ont espoir de flâner un peu. Bref, chacun a des plans, des occupations à venir et là cela fait des heures qu’ils contemplent Honfleur du pont.
    Cependant cela fait des heures qu’ils attendent qu’autorisation leur soit donné… La Duduche et sa Barbar number one s’interrogent sur l’utilité d’avoir écrit au chef de port depuis plusieurs jours. Aussi, elles tournent en rond, en même temps que peuvent-t-elles faire d’autres ?

    Le pont est parcouru de long en large et de travers, ils finissent par le connaître par cœur à force surtout après avoir passé presque une semaine en mer ! Finalement la plupart en ont assez et retourne se reposer en cabine, pas la jeune Kerloc’h qui préfère s’accouder au bastingage pour profiter de la vue mais aussi du léger vent qui frole sa peau.
    Ode en profite pour songer à l'année passée, les mois loin de leur Bretagne chérie, sa jumelle et elle, les quelques semaines passées à la Rochelle, puis le premier faux départ... Le départ, la dispute, le retour à la Rochelle afin de préparer un autre départ. Un retour vers la Breizh natale. Un fin sourire étire ses lippes quand une forme de mélancolie laisse son esprit virevolter à un temps passé.

    Ses premiers jours à Tréguier, les rencontres, les jeux, les joies, les peines, les rires et les sourires, une vie tout bonnement. C'est décidé c'est ici qu'elle s'installerait quoi qu'il advienne. De difficiles décisions à prendre, des choix tout aussi compliqués et pourtant la jeune femme les prend en sachant que ça ne plaira pas à tout le monde.
    Depuis de l'eau est passée sous les ponts, la rancune à son égard semble tenace et la connerie tout autant mais elle en a cure! Après tout ce sont eux qui se privent du voyage et pas l'inverse, un sourire plus triste car elle n'est pas méchante même si pour le coup, ils mériteraient de recevoir quelques bonnes vérités... Elle n'en fera rien!

    S'en suit son histoire avec Nath, leur rapprochement, puis bons nombres de promesses faites qu'il brise sans qu'elle ne comprenne, ni sente venir la chose. Il l'a fait sans y songer, sans même imaginer qu'elle en soit triste. Un mois de décembre seule à Tréguier, Heureusement, ils sont rentrés avant la Saint Noël. Depuis la brune ne croit plus aux promesses et n'en veut plus d'ailleurs… En se disant que c’est la vie et qu’elle devra faire avec.

    Les mois sont passés, les amitiés se sont renforcées, c’est la raison pour laquelle c’est ensemble qu’ils partent vers l’inconnu et l’aventure. Un voyage dont elle attend beaucoup, un dépaysement, mettre en place ses recherches pour Rome, mais également profiter de ses amies et amis. Mais depuis leur départ, c’est toujours les mêmes bouilles qu’elle croise, ô elle les adore alors ça ne la dérange pas bien au contraire même, mais elle regrette que certains ne sortent pas ou peu de leur cabine. Un soupir imperceptible, peut-être que le voyage réservera plus de surprises qu’elle ne l’imagine. Déjà, un tas de questions tournent dans sa tête, cette attente ne lui est pas bénéfique, sa remise en question et tant de choses qui la tourmentent actuellement.

    Elle rumine tout simplement!
    Ne rien faire que réfléchir c'est tourner en rond en son esprit et ça n'a rien ni de drôle, ni d'agréable.
    Elle est ainsi, toujours à s'interroger, toujours à vouloir tout gérer, anticiper l'imprévu... Mais il y en a qui la surprenne tellement qu'elle est totalement perdue et actuellement, ses noisettes fixées sur le port d'Honfleur sont perdues dans le vide...
    Au final, ce jour Ode ne se demande pas si on la désire mais bien quand ils pourront accoster!

    La nuit fraîche tombe sur l'Horizon, ça annonce une nouvelle nuit à passer sur le navire, ce qui étrangement la partage entre une forme de contentement et de déception, Totalement paradoxale mais tellement vrai.
    Une nuit face à Honfleur alors qu'ils auraient pu la passer à terre... Dans un vrai lit, dernier goût de confort qui va les quitter définitivement durant les mois à venir, alors en fixant les lumières d'Honfleur.


      Oh pétard!

      Face à Honfleur
      J'aurais pu vieillir
      Face à mon coeur
      J'aurais pu mourir
      Je me relève
      Je prends mon dernier rêve...

      Face à Honfleur
      C'est toi qui résistes
      Face à mon coeur
      Ton nom sur la liste
      De tout ton être
      Cité à comparaître...

      Face à Honfleur
      On veut tous s'offrir
      Quand en mon coeur
      De petite mort je veux mourir...*

    Un soupire suivi d'un léger rire moqueur, c'est d'elle dont elle se moque, de ses faiblesses, et autres...
    Nouveau regard sur le port endormi...


      Ô rage ! Ô mes espoirs!
      Quand tu veux tu nous laisses accoster.!
      Ouai, ouai on sait tu veux pas!

    Dépitée elle tourne les talons pour jeter son regard à coeur perdu face à la mer....


* une partie de face à la mer, un peu transformé.

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Ode...
[2 février 1467, Honfleur]



    Euripide était Grec et non Normand qu’on ne s’y trompe pas !
    Pourtant les Normands sont des taiseux, car ils n’ont au petit matin toujours aucune nouvelle. Elles peuvent faire des pieds et des mains écrire à qui de droit , rien, « Silence ça tourne ! » hé oui car le cycle du jour et de la nuit se poursuit malgré qu’ils poireautent comme des cons le bon vouloir du prévôt.

    La bretonne est têtue aussi c’est naturellement qu’elles partent en quête de renseignement, chacune de son côté, car l’attente est longue. Attendre sans savoir est à la limite du non-respect des personnes qui font le pieds de grues.
    Les heures passent et toujours aucune nouvelle, de temps en temps, le chef de port qui s’excuse de n’avoir toujours pas de réponse. Mais les Normands ne se demandent pas si tous sur le navire a de quoi subvenir à ses besoins, non ils s’en tapent comme de leur première pomme, de leur premier calva. Mais pas de problème ils patientent, même Frangipane ne sait si elle a le droit de passer chez elle ou non, le comble, ils laisseraient crever de faim une compatriote, belle mentalité !

    La roue de la journée tourne, la nuit tombe, et c’est peu avant minuit qu’enfin la Duduche reçoit une réponse qui dit à peu près ça «la Duchesse a décidé que seules Frangipane et la personne qui doit rencontrer la duchesse peuvent descendre. ».
    Les deux femmes se regardent, peu avant elles avaient appris que la Titi était Persona non grata en Normandie, déjà Ode avait bien ri.


      Gast ! Mais qu’est ce qu’elle leur a fait au mois de décembre notre Titi pour être ainsi désignée Persona non grata ? Si ça date pas d’il y a quelques semaines alors ce prévôt a juste un effet de zèle !

    En fait, a part ce faire chier en décembre Titi n’a rien fait. Elle n’a tué personne, elle n’a volé personne, elle ne s’est pas révoltée, elle n’a craché sur personne, elle s’est juste fait chiée !

    La Duchesse du Trégor et la Baronne de Trelévern connaissent un peu le passé de la Baronne de Lézardrieux, mais ça date ! Enfin c’est pas d’hier quoi ! ça fait même quelques années y a prescription non ? Depuis cette époque il ne s’est rien passé !
    Après le dégoût, la surprise de cette connerie, Ode éclate de rire


      Ma Duduche, as-tu vu aussi de quel équipage tu te prévaux ?
      Un Cardinal , une préfète du Saint Office, une garde épiscopale, ton fils remarque ton fils l’est terrible, il râle souvent. Tuck qui nous voue les biens faits de la Normandie et du calva à chaque godet de chouchen. Un homme en la personne de Nath qui emmerde personne, Frangipane la normande qui aime à passer du temps en Breizh ! Et toi !
      Tous des brigands faut croire ! Ils refuseraient même l’accès à notre nouveau pape s’il avait été Breton je suis sûre !
      Ça leur suffit pas d’avoir le Mont-Saint-Michel ? Faut encore qu’ils soient idiots au point d’un jour autoriser une personne et le lendemain l’interdire ?
      Ils sont à la limite de l’incident diplomatique ! Bordel !

    Cela la gave grandement, s’ils avaient eu les couilles de leur dire avant, ils ne seraient pas restés là à poireauter comme des cons ! Sans rire, ils ont autre chose à foutre !
    Mais elle préfère prendre ça avec une forme d’humour bien que là elle aurait le prévôt en face d’elle, elle lui signifierait sa manière de penser sans détour, c’est qu’elle a pas sa langue dans sa poche la Dimezell.


      Sont plus Royalistes que leur Reine eux, tu paries?

    Un regard vers le port, Ode secoue vivement la tête, soit le lendemain leur passager et sa Petite Folie descendront et eux resteront à bord, mais ils viennent de leur faire perdre au moins deux jours, sans déconner, « Quelle bande d’abrutis ! » pense-t-elle avant de fredonner « Oui on aura ta peau ! » c’est la chanson fétiche de sa Duduche quand elles sont agacées par la connerie humaine, après l’avoir chantée en général elles partent dans un grand éclat de rire et passent à autre chose. Pas certaine que ce soit le cas cette nuit-là, mais Ode se demande franchement s’ils ont une once de jugeotte ces normands qui restent campés dans des histoires passées, il faudrait qu’ils évoluent un peu un jour… Enfin c’est à espérer, tant qu’il y a de l’espoir y a de la vie, quoi que paraît que c’est plutôt mort la Normandie. Pour le coup, elle pouffe en regagne une cabine pour passer une nuit câline ;

      Tendrement enlacés
      Se grisant de baisers
      Les amants deux par deux
      Cherchent les coins ombreux

      Nuits de Chine, nuits câlines, nuits d'amour
      Nuits d'ivresse, de tendresse
      Où l'on croit rêver jusqu'au lever du jour !

      C’est sûr que c’est pas à Honfleur que cela serait possible !

    Une fois en cabine, de sa plume elle note les noms de certains normands qu'elle se fera un plaisir de non recevoir en Breizh si tant est qu'ils osent sortir leur cul de leur "trou normand" c'est pas gagné ça! Ensuite sa plume servira à d'autres jeux , longera d'autres velins pour des mots plus poétiques, plus extatiques, plus angéliques...
    Tout ceci ne l'aide plus à accepter la situation... Mais elle devra faire avec et le lendemain dire des au revoir...

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Zakarine
[3 février 1467, Honfleur]


Le bateau avait pu accoster à la seule condition que seuls Aotrou Piastre et Frangipane puissent descendre à terre. Les ordres avaient été donnés par les autorités normandes. Bêtes et disciplinés, ils obéirent afin de ne pas avoir de problème.... sauf un. Robin, dès qu'il eut aperçu le pont jeté entre le débarcadère et le navire, il s'était précipité à l'extérieur. Il avait fallu le rappeler à l'ordre et attendre qu'il remonte à bord avant de repartir le lendemain.

[4 février 1467, Honfleur]


Lendemain qui promettait une nouvelle surprise. Zakarine entrevit une ombre inconnue. La peur s'empara d'elle. Mais qui donc était cet inconnu qui était monté sans autorisation? Un passager clandestin? Mais que dire, que faire? Et si elle l’assommait et le jetait par-dessus bord? Ils en seraient débarrassés! L'homme était de bien plus grande taille qu'elle et d'une carrure bien plus imposante que la sienne. En douce, elle alla en parler aux membres d'équipage qu'elle croisait pour en parler avec eux. Et puis, l'heure tournait. Ils n'étaient pas en avance dans leurs projets. Cette fâcheuse histoire de personna non grata les avait déjà pas mal retardés. Au final, elle apprit de la bouche-même de Frangipane qu'elle l'avait invité. Soulagée, la Duchesse du Tregor reprit soudainement confiance bien que des questions de logistique allaient se poser au terme. Ils étaient partis à huit personnes afin d'avoir une lance complète pour éviter toute mauvaise rencontre une fois sur la route, une de plus était cependant une de trop. Ils allaient composer. Ils n'allaient tout de même pas l'abandonner seul sur la route. Ils feraient au petit bonheur la chance. Au fil des rencontres, peut-être embarqueraient-ils de nouvelles personnes avec eux?

L'aventure c'était ça! Le petit grain de sel qui se mêlait au rouage de leur projet initial. L'homme, qui s'appelait Sylvère, se révélait sympathique, ce qui n'était que du plus. Le bateau repartit comme il était venu, avec ses passagers qui n'avaient pu ni assister à la messe dominicale, ni se confesser. Ils verraient bien une fois arrivés chez les Teutons..


[5 février 1467, sur les flots]



Les vents leur étaient favorables. Quel plaisir pour le capitaine Zak que de barrer dans de telles conditions! Malicieuse, elle avait été tentée de virer de bord en apercevant les côtes angloises toutes proches. Hastings.. bientôt Calais. Les Pays-bas n'étaient pas encore pour ce jour mais pour très bientôt. Malgré le froid, la traversée était très agréable à vivre. Zakarine respirait l'air marin et s'en ennivrait pendant que les autres pêchaient. Emplie de joie, elle se mit à chanter à tue-tête une chanson bretonne de corsaire.

Le corsaire le Grand Coureur
Est un navire de malheur
Quand il se met en croisière
Pour aller battre l'Anglais
Le vent, la mer et la guerre
Tournent contre le Français.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaie ment!

Il est parti de Lorient
Avec mer belle et bon vent
Il cinglait babord amure
Naviguant comme un poisson
Un grain tombe sur la mature
Voila le corsaire en ponton.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

Il nous fallut remater
Et diablement bourlinguer
Tandis que l'ouvrage avance
On aperçu par tribord
Un navire d'apparence
A mantelets de sabords.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement!

C'était un Anglais vraiment
A double rangée de dents
Un marchand de mort subite
Mais le Français n'a pas peur
Au lieu prendre la fuite
Nous le rangeons à l'honneur.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement!

Ses boulets sifflent sur nous
Nous lui rendons coups pour coups
tandis que que la barbe en fume
A nos braves matelots
Nous voila pris dans la brume
Nous échappons aussitôt.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement!

Pour nous refaire des combats
Nous avions à nos repas
Des gourganes, et du lard rance
Du vinaigre au lieu de vin
Le biscuit pourri d'avance
Et du camphre le matin.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

Nos prises au bout de six mois
Ont pu se monter à trois
Un navir' plein de patates
Plus qu'à moitié chaviré
Un autre plein de savates
Un troisième de fumier.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

Pour finir ce triste sort
Nous venons périr au port
Dans cette affreuse misère
Quand chacun c'est cru perdu
Chacun selon sa manière
S'est sauvé comme il a pu.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement!

Si l'histoire du Grand Coureur
A Pu vous toucher le coeur
Ayez donc belles manières
Et payez-nous largement
Du vin, du rack, de la bière
Et nous serons tous contents.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement!

_________________
Ode...
[Dimanche 3 février 1467, Honfleur]


    Elle, qui jusque-là avait toujours défendu les Normands face aux remarques de certains voyageurs ou bretons, cette fois, peste après eux et leur connerie « Gast ! Abrutis ! Tête de gland, ouais ça le fait bien avec normand.. Bande de pleutres et de frileux… Conseils à la con ! Sauvages comme dirait un duc de ma connaissance…. » , la duchesse en poste et son prévôt ont eu droit à bien des noms d’oiseaux, après tout y a pas de mal à se faire du bien et là c’est la seule chose qui lui reste à faire à par retourner piquer une tête ou pécher.

    Mais pour l’heure, elle regarde s’éloigner Aotrou Piastre et Sa petite folie, les seuls autorisés à descendre. Son amie remontera sur le navire dans la soirée quant à Piastre … Il a une connaissance à voir sur Lisieux et ensuite elle n’a aucune idée de ce qu’il fera. S’ils se sont promis de garder contact, rien ne certifie que cela sera le cas… C’est une sensation étrange qui la transperce en les observant ainsi quitter le navire. Ode n’aime pas les au revoir qui ont souvent un avant-goût d’adieux aussi quitte-elle le pont pour s’affairer dans la cale, éviter de trop réfléchir et surtout s’occuper l’esprit pour passer le temps…. Car pour le coup être à quai sans pouvoir descendre est assez frustrant pour diverses raisons dont elle ne dira mais rien mais qui l’agace vivement.

    Aussi ne vit-elle pas Robin descendre sur le quai autrement elle l’aurait retenu. Mais en même temps avec son mal de mer, dès qu’il a vu le pont d’amarrage, il s’est jeté dessus sans même songer à mal , juste pour sentir le plancher des vaches sous ses pieds. Après tout c’ est une bonne chose pour Robin qu’il puisse prendre des forces pour la suite du voyage.

    La journée s’étale longuement comme si elle n’allait jamais finir, y a rien de pire que de s’emmerder ainsi quand on rumine à cause de personnes totalement obtuses. Frang tarde à remonter au point que la brune perde patience et se rend dans sa cabine afin de lire en rêvassant du voyage bien entendu mais également de diverses autres choses, c’est ainsi que se passe sa soirée allongée sur la couche de sa cabine entre lecture et écriture avant que le sommeil la prenne.




[Lundi 4 février 1467, Honfleur aucun cœur ! On se casse ! ]


    Réveil à l’aube une chanson en tête. Ode se précipite vers la cabine de Frangipane pour vérifier qu’elle soit bien de retour, un sourire en voyant son amie aveugle endormie. C’est donc enjouée en fredonnant gaiement qu’elle regagne le pont.

      Dès que le vent soufflera
      Je repartira
      Dès que les vents tourneront
      Nous nous en aillerons..

    Une silhouette inconnue attire son regard. La jeune femme cesse sa chanson et cherche du regard cette ombre qui lui a titillé l’œil. Doucement elle se faufile en quête de cette personne clandestine, malgré son déplacement, elle ne la trouve plus pourtant elle retourner en cale direction le mess au cas et y retrouve sa Duchesse Captain. Après les bises d’usage, Ode s’installe à ses côtés, se frotte les yeux et sans attendre.

      j’ai cru voir… Elle la regarde, arque un sourcil. quelqu’un à bord… un inconnu… Zak y a un passager clandestin ou je suis folle.

    Les deux jeunes femmes s’observent , en conversent, se demandant comment agir. Plus tard dans la journée, Zakarine lui apprend qu’il a été invité par Sa Petite Folie, soit les requins attendront un peu leur repas. Et Frangipane devra penser à prévenir la prochaine fois qu’elle convie des gens à bord. Sans déconner, l’Horizon c’est pas un moulin !
    Robin est de retour aussi, ils désamarrent et reprennent les flots, les vents leur état favorables. Toute la journée, ils peuvent admirer la côte normande et quand ils voient au loin le Mont Saint Michel, Ode s’exclame :


      LE MONT SAINT MICHEL ! On le prend, l’est à nous ! Les normands ne le méritent pas !

    Qu’il est sublime, son regard émerveillé ne peut le quitter tant qu’il est à vue, si elle pouvait s’y rendre elle le ferait là tout de suite. Mais ils en sont loin, le mauvais temps de jours précédents ne lui avaient pas permis de le voir, mais là le temps est clair et elle en prend plein les mirettes !

    C’est ainsi qu’elle s’installe pour pêcher en scrutant l’horizon, appréciant le voyage, ravie bien que ses pensées soient toujours occupées de bien des songes. La journée se coule doucement au rythme du navire, emportée comme bercée par les vagues claquant contre la coque. Les heures passent, sereines et douces, elle fredonne toujours en profitant du spectacle de la nature offert à ses noisettes, papotant de temps à autres avec sa suzeraine ou d’autres.

    Plus tard dans la soirée, elle croise le passager dont elle a aperçu la silhouette plus tôt dans la journée, il se prénomme Jacques, pas un normand donc pas un gland à première vue. Tous deux conversent un long moment avant d’être rejoint par Nath qui se soucie de la voir seule avec un inconnu probablement, même s’il ne lui en dira rien. Après un moment sympathique, la jeune femme décide de regagner sa cabine afin de reposer ses yeux. Ainsi c’est furtivement qu’elle passe par le pont pour apprécier la lueur de la lune sur les flots, lancer un dernier regard aux côtes normandes avant de se glisser vers sa couche pour un repos bien mérité.




[Mardi 5 février 1467, sur les flots]


    Nouvelle nuit en pleine mer, le temps est clément, malgré le froid, les vents sont toujours favorables et les flots sont calmes. Les côtes normandes ont laissé place aux côtes artésienne, et bientôt les vagues de dunes à perte de vue dans les Flandres. Les paysages sont déjà différents, à tribord la France, à bâbord l’Angleterre, quelles impressions étranges que d’imaginer pouvoir toucher du bout des doigts ces côtes inconnues. Sans s’y être arrêtée, elle a vu au loin déflier Avranches, Bayeux, Honfleur, Fécamp, Dartmouth, Dieppe, Hasting, Bertincourt… C’est ça le voyage, voir au loin ou explorer mais changer de paysages.

    Ce soir, selon la carte qu’elle est occupée d’étudier, ils s’approchent de Dover en Angleterre et Calais en France, bientôt ils se dirigeront vers leur premier objectif. Le regard pétillant, le vent frais l’échevelle et flirte avec son minois, elle replace sa cape sur ses épaules et va se caler afin de pouvoir apprécier les lueurs de la lune sur la Manche. Ode se sent bien malgré qu’elle ressente un manque dont elle ne peut parler, ce clair de lune la plonge en une forme de mélancolie qu’elle chassera bien vite face aux membres de l’équipage… Ses lèvres s’étirent doucement, ses noisettes humides se perdent sur la merveillosité de l’onde.

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Nathaniel89
[ 7 Février 1467]

Le voyage avait bien débuté, dommage que la halte à Honfleur n'ai pas permis de descendre à terre, mais bon il en a été ainsi. Resté sur le bateau à passer le temps comme on peut.

En ce jour, l'Horizon est à Rotterdam, en attente de savoir si oui ou non ils pourront accoster. Le temps est toujours frais et l'air est bien vivifiant. Au moins ils ont droit à de bons bols d'air. Nathaniel sort de la cabine et cherche Ode, sa demoiselle, certainement occupée à la cabine de pilotage avec Zakarine, le nez dans les cartes.

Il prend donc le chemin le plus court pour aller les retrouver. Une fois arrivé, il frappe à la porte et attend d'être invité à entrer.


Puis je entrer?
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Ode...
[Mercredi 6 février 1467, sur les flots encore ]


    La mer est calme, les vents toujours favorables, l'Horizon longe les côtes flamandes, des dunes blanches à perte de vue, une sérénité agréable, tout ce qu'il faut pour profiter pleinement de la journée en mer.
    Profiter de pécher.
    Profiter de rêvasser.
    Profiter de se laisser aller au gré du temps.
    Juste flâner en songeant au lendemain.

    Planifier la suite, appréhender toujours un minimum même si déjà en une dizaine de jours , la jeune baronne se rend compte que les imprévus sont présents et tout aussi surprenants les uns que les autres. Elle ne peut s'empêcher de repenser à Honfleur, à celui qu'ils ont déposé en se demandant s'il a déjà poursuivit sa route ou s'il est toujours sur cette ville?
    Elle n'oublie pas non plus l'objectif de ce voyage, même si elle s'amuse de certaines réactions et nouvelles qu'elle apprend ici et là. Comme l'annonce d'un vice amiral pontifical qui l'a fait grandement rire, comme quoi la vermine ça se faufile partout, ça brise ici et là mais ça parvient toujours à ses fins. Mais au final , elle en a cure les gens se rendront bien compte par eux même un jour, peut-être trop tard qu'ils se sont trompés, mais cela ne la regarde pas!, tant de choses qu'elle préfère désormais occulter afin de ne point se mettre en colère, mieux vaut parfois taire les choses. C'est ce qu'elle fait!

    C'est une Ode, les cheveux dans le vent, le regard sur la côte et l'esprit libre qui pèche sereinement en fredonnant :


      Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
      Qui sont dans l'eau profonde
      C'est que jamais quand ils sont polissons
      Leur maman ne les gronde

      Quand ils s'oublient à faire pipi au lit
      Ou bien sur leurs chaussettes
      Ou à cracher comme des pas polis
      Elle reste muette

      La maman des poissons elle est bien gentille!

      Ell' ne leur fait jamais la vie
      Ne leur fait jamais de tartine
      Ils mangent quand ils ont envie
      Et quand ça a dîné ça r'dîne

      La maman des poissons elle a l'oil tout rond
      On ne la voit jamais froncer les sourcils
      Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
      Et moi je l'aime bien avec du citron

      La maman des poissons elle est bien gentille!

      S'ils veulent prendre un petit ver
      Elle les approuve des deux ouïes
      Leur montrant comment sans ennuis
      On les décroche de leur patère

      La maman des poissons elle a l'oil tout rond
      On ne la voit jamais froncer les sourcils
      Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
      Et moi je l'aime bien avec du citron

      La maman des poissons elle est bien gentille!

      S'ils veulent être maquereaux
      C'est pas elle qui les empêche
      De s'faire des raies bleues sur le dos
      Dans un banc à peinture fraîche

      La maman des poissons elle a l'oil tout rond
      On ne la voit jamais froncer les sourcils
      Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
      Et moi je l'aime bien avec du citron

      La maman des poissons elle est bien gentille!

      J'en connais un qui s'est marié
      À une grande raie publique
      Il dit quand elle lui fait la nique
      "Ah, qu'est-ce qui tu me fais, ma raie!"

      La maman des poissons elle a l'oil tout rond
      On ne la voit jamais froncer les sourcils
      Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
      Et moi je l'aime bien avec du citron

      Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
      Qui sont dans l'eau profonde
      C'est que jamais quand ils sont polissons
      Leur maman ne les gronde

      Quand ils s'oublient à faire pipi au lit
      Ou bien sur leurs chaussettes
      Ou à cracher comme des pas polis
      Elle reste muette

      La maman des poissons elle est bien gentille!
      !

    Ainsi la journée passe lentement mais agréablement, alors qu'elle partage des instants au mess avec ses amies ou profiter d'une conversation sur le pont tout simplement. La soirée se passe de la même manière alors qu'ils voguent toujours tranquillement. Sa plume survole le velin alors qu'elle écrit quelques missives ou qu'elle complète son carnet de bord. Une nuit bercée par l'onde, une nuit où ses songes se faufilent dans certains jardins voire des oasis, les rêves sont fait pour cela, vivre en parallèle des aventures dont l'esprit se nourrit.
    C'est ainsi que l'espace d'une nuit, elle s'imagine ailleurs que dans sa cabine, dans des endroits méconnus, pourtant c'est un sourire aux lèvres qui peut être visible à la lueur de la lune.



[Jeudi 7 février 1467, une idée , un port ]


    A l'aube, loin devant, dans la brume matinale des silhouettes de rochers ou îlots, elle ne saurait dire. C'est donc d'un pas preste et décidé que la jeune Kerloc'h se rend à la cabine de pilotage pour en converser avec leur capitaine et pouvoir jeter un oeil à la carte. Elles passent un long moment à converser en surveillant l'horizon, plus la cogue s'approche des formes rocheuses, mieux elles peuvent se rendre compte de leur composition et ainsi Zak peut envisager de se faufiler entre eux.
    En consultant la carte, Zakarine montre à Ode qu'il y a une Crypte à Rotterdam, passionnée de reliques et de tous monuments religieux , la jeune femme demande s'ils pourraient s'arrêter une journée, le temps pour elle de pouvoir se recueillir sur cette dernière, tant qu'à faire ils tenteront de se confesser par la même occasion.

    L'idée est bien accueillie et la proposition est faite à l'ensemble de l'équipage, à midi la décision est prise et demande d'accostage est faite. Les heures passent lentement, l'attente... L'attente est toujours compliquée surtout quand on trouve que la réponse se fait attendre. La journée se passe donc à papoter autour de cette escale probable, sachant que deux des membres de l'équipage ont besoin de se dégourdir les jambes plus que les autres qui ne souffrent pas du mal de mer.

    Quelques passages au mess pour partager un chouchen ou quelques pas sur le pont afin de profiter pleinement des embruns. Un retour dans la loge du capitaine afin de prendre connaissance d'une réponse enfin parvenue. Une grimace à l'annonce, un fin sourire entres elles, un soupire concernant les briochins, mais ravies malgré tout de pouvoir poser pied à terre. Quelques heures à terre, assez pour qu'Ode puisse faire ce qu'elle a décidé et puisse profiter d'envoyer quelques missives aux personnes à qui elle pense souvent et qui lui manque d'une certaine manière. Un coup à la porte et un Puis je entrer? les font tourner le minois vers la porte en signifiant au visiteur qu'il peut entrer sans souci, de découvrir Nathaniel qui vient à leur rencontre. Les deux jeunes femmes l'accueillent avec un large sourire.


      Nous allons faire escale une journée durant à Rotterdam! Figure toi que comme un briochin a fait des siennes il y a peu, nous avons interdiction de quitter la ville.

    Mieux vaut en rire qu'en pleurer, aussi la brune en rit franchement avant d'ajouter.

      Nous pourrons en profiter pour visiter la ville, nous reprendrons la mer rapidement.

    Il va être le moment de préparer son sac avant de débarquer.
    Quelques bricoles avant de poser pied à terre, sous peu, ils vont manoeuvrer pour amarrer, chacun sera à son poste à savoir ce qu'il a à faire, Ode est sincèrement ravie de pouvoir profiter de cette ville, alors qu'elle espérait visiter Amsterdam ce sera peut-être pour une autre fois, car le goût des voyages et de l'aventure est ancré désormais en elle à tout jamais.

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Zakarine
[Vendredi 8 février 1467, Rotterdam]



Les voilà enfin sur le plancher des vaches. Une fois à terre, Zakarine observa cette ville qu'elle n'avait encore jamais visitée. Il faisait très froid. Elle s’emmitoufla dans son manteau avant de prendre la direction du centre ville avec ses amis. Le premier lieu qu'elle fréquenta, ce fut la taverne municipale "Den Berremeister". Elle prit place auprès du feu afin de se réchauffer. Elle commanda le plat du jour et le dégusta doucement.

Par la faute de deux Briochins qui s'étaient illustrés en Hollande en prenant la ville de Heusden, tout l'équipage avait ordre de ne pas quitter la ville, comme des brigands qu'ils n'étaient pas, eux.. Fort heureusement pour eux, la crypte sur laquelle Ode voulait se recueillir était à Rotterdam. Par curiosité, le Duchesse y alla aussi. Les monuments étaient différents ici, l'architecture ne ressemblait en rien de ce qu'elle avait l'habitude de voir. C'était intéressant à visiter.



Vous êtes dans la luxueuse crypte royale de Rotterdam.
Le poids du souvenir des monarques défunts vous donne la chair de poule et vous n'avez qu'une envie, vous recueillir silencieusement devant cet illustre tombeau.

Ci-gît le corps de Raboude , Roi de Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicæ qui a régné du 22/08/1459 au 29/03/1460


Mais le meilleur restait à venir! Le marché! Tout le monde était comme des fous! Les prix imbattables! Aussi, ne se gêna-t-elle pas de remplir une charrette pleine de carcasses, une pelle, une hache et encore quelques victuailles qui lui serviraient pour le restant du chemin.

Les gens ici étaient sympathiques. Même le contremaître de la mine ne regardait pas trop lorsque la Rousse se faufilait en douce à l'extérieur. Le salaire n'était pourtant pas mauvais mais elle n'avait plus l'habitude de s'enfermer dans le noir pour y chercher du fer. Elle préférait se promenait vers le port, sentir l'air marin. C'est sûr qu'il était vivifiant, celui-ci! Les gouttelettes qui sortaient de son nez givraient aussitôt, se transformant en stalactites de glace! Alors, à ce moment-là, elle pensait très fort au pays chaud qu'ils allaient visiter.. Alexandrie... Quel doux nom pour une ville! Elle fila rejoindre ses amis en taverne où elle rencontra Ariana. le chef de l'armée. Une dame très accueillante. Malgré la barrière de la langue, elles s'arrangèrent avec l'Angloys aussi bien qu'elles pouvaient, les unes et les autres.

La journée se terminant, Zalarine alla se réfugier dans sa chambre, louée pour la nuit dans l'auberge municipale. Dormir dans un vrai lit qui ne tanguait pas, elle allait apprécier, c'était certain. Le lendemain serait un autre jour....

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Ode...


    Les Hollandais sont plus intelligents que les Normands, presque une ironie du sort, quand après quelques heures d'attente, elles apprennent que deux briochins ont pris une mairie dans ce comté! Le fils d'une ancienne reine française Nébisa, pas la moindre la première après Levan! Quel abruti, pourvu qu'il croupisse en prison avec son compère. Pourtant les membres de l'équipage ont droit de poser le pied à terre et profiter de moments de liberté sur le plancher des vaches.

    Le marché est intéressant, presque il défierait toutes concurrences! Des pelles et haches dans les cent cinquante écus, des légumes à peine à huit écus, des morceaux viandes frisant les seize écus, bref! De quoi faire ses courses sans se ruiner et en se faisant plaisir.
    Un passage en taverne, où elle fait la connaissance d'Ariana, prévôt des maréchaux, cheffe d'armée et j'en passe. Une femme très investie et pourtant très accessible. Certes Ode baragouine plus qu'elle ne manie la langue, mais avec un anglois approximatif, quelques gestes et le sourire tout passe sans aucun souci, même se faire inviter sur Amsterdam.

    Une journée à flâner, à dépenser écus et à travailler également à la mine, le salaire y est intéressant alors pourquoi s'en priver? Des passage en taverne afin de profiter d'une boisson avant de retourner errer dans les rues de Rotterdam.
    Ode se rend également à la Crypte abritant le corps d'un Empereur, un certain Raboude, pas un Saint, ni même un Bienheureux à sa connaissance, pourtant la préfète des reliques ne perd pas son temps. Elle apprécie l'architecture de l'endroit, elle prie sur le tombeau du défunt, elle s'imprègne du lieux respectueusement. La jeune diaconesse se recueille un long moment avant de se décider à retourner sur la ville où elle retrouve Evan au hasard d'une ruelle.

    Le jour décline, l'ombre de la jeune femme s'allonge sur un mur lui donnant une silhouette filiforme presque inquiétante avec sa cape portée jusque sa tête pour cause du froid ambiant. La neige est toujours présente, le silence presque assourdissant donne une atmosphère pesante. Evan guette l'arrivée de la personne en se dirigeant vers l'auberge où ils se sont installés pour la nuit, il garde son attention vers l'embouchure de la ruelle en retenant son souffle, quand Ode pénètre d'un pas preste, puis en la reconnaissant il éclate de rire:


      Baronne! Je me demandais qui j'allais croiser... Votre ombre sur le mur vous donnez une allure impressionnante.

      Tiens donc? Car je n'ai rien d'impressionnante c'est cela?

    Elle éclate de rire en venant se saisir de son bras tendu. il la taquine en l’entraînant vers l'auberge, Evan se montre sous un nouveau jour depuis le début de voyage , ce qui est fortement apprécié par la jeune femme./i]

      Continuez ainsi Evan, et je vous laisse ici! Nous partirons sans vous épicétout!

    [i]Ils entrent dans l'auberge en riant, retrouvent tout le monde pour le souper du soir , un moment de partage agréable avant que chacun regagne sa chambre pour une nuit dans un vrai lit. Une nuit douce, une nuit de rêve, une nuit d'envie, une nuit d'ombres et de lumières...





    Un réveil en douceur, un levé sans tangage, mais pleins de nuages, le temps est chafouin ce qui donne un drôle d'horizon comme perdu dans une brume blanchâtre. Ode s'étire doucement en scrutant le temps au travers le rideau qui frétille sous l'air devant la vitre. Lentement, elle roule sur le côté pour extirper son corps de dessous les draps, déposer ses pieds sur le sol froid. S'asseyant sur le bord du plume, son corps éveillé se redresse avec une sorte d'élégance et grâce en effectuant les quelques pas qui la séparent de la fenêtre. Ses doigts étirent le tissu des rideaux, son front vient se poser sur la vitre humide et fraîche, les noisettes observent la place centrale de Rotterdam.

    Quelques marins vagabondent allant ou venant du port, des marchands installent leur étal, la ville s'éveille, elle s'anime lentement au gré du vent qui fait vaciller les branches nues des arbres comme les cheveux des passants, la neige est toujours aussi belle, un sourire étire les lèvres de la brune, un fin soupir passe le seuil de ses lèvres. Cette ville lui plait, malgré la barrière de la langue, Ode est parvenue à profiter des bienfaits de l'endroit. Dans la soirée, ils se doivent de remonter à bord,il lui reste quelques heures pour profiter encore un peu de la ville.


      Oups... La journée va passer rapidement, il ne me faut pas tarder afin de profiter encore de cette chaleureuse et accueillante ville.

    Ode délaisse la vision qu'elle a de la place pour se rendre à la salle d'eau, une toilette rapide mais pleine, une tenue décontractée et chaude, un chignon rapidement monter pour retenir sa longue et lourde chevelure, sa besace rangée convenablement. La jeune Kerloc'h quitte la chambre afin d'aller prendre un petit déjeuner conséquent pour affronter le froid extérieur et la brume matinale. Ici c'est presque un repas, des oeufs, du bacon, de sorte de crêpes mais également du fromage, des petits pains de divers goûts, un repas de roi ou d'empereur, il est clair qu'elle n'aura pas faim avant le soir venu.

    Quelques bouchées englouties avec gourmandise, une satisfaction réelle, elle partage le moment avec les enfants de Nathaniel et leur promet de passer la journée avec eux. Première mission de la matinée, se rendre au confessionnal, le prêtre Nicko de Braganza, a eu la gentillesse de réponse à sa requête, tous les membres de l'équipage le désirant ont pu le rencontrer. Ce jour, Ode passe un long moment avec lui, il est agréable et a de l'humour ce qui ne gâche rien. Pendant ce temps, Evan s'occupe des enfants.
    Quand elle les rejoint, l'air satisfait et le pas léger, la plus jeune vient glisser ses doigts dans la main de la jeune femme, les aînés proposent une promenade le long du port afin de pouvoir contempler les navires spécifiques aux fleuves, ces derniers sont rares en Bretagne.

    Cette promenade est agréable, les enfants posent des questions, inventent des histoires, tentent de converser avec les marins. Franchement un moment de rigolade, les entendre s'essayer à l'anglois avec des hollandais sympathiques qui font des efforts de compréhension, un vrai petit bonheur. Un des marins leur parle d'un parc existant non loin de là, une conversation où la gestuelle à toute sa place, puis d'un pas preste, ils se rendent sur place et se baladent longuement tout en effectuant une bataille de boule de neige et d'autres jeux où les enfants peuvent se dégourdir les jambes, pas rien car de nombreux jours sont prévus sur le navire et ils ne pourront point ainsi courir sur le pont.

    En début d'après midi, Ode les accompagne d'ailleurs sur le navire avant de retourner à terre afin de boucler les valises et effectuer les derniers achats pour le voyage. Ravis de cette escale, ils filent se reposer dans leur cabine qu'ils partagent avec Lili , la fille de Titia. Quant à Ode ses dernières heures à terre sont bien occupées, elle s'affaire activement sachant son temps compté, elle en profite pour écrire quelques missives à ceux restés en Bretagne. Puis, peu avant dix neuf heures, elle rejoint sur le quai ses compagnons de voyage, ensemble ils se rendent sur le pont et aident au désamarrage.

    Alors que l'Horizon s'éloigne, que les lueurs de la ville éclairent la nuit tombante, Ode regarde cette dernière alors qu'ils s'éloignent pour poursuivre leur voyage. Voilà des terres qu'elle n'est pas prête d'omettre, ces deux jours passés sur Rotterdam lui ont donné l'envie de découvrir d'autres villes hollandaises, peut-être au retour se rendront ils sur Amsterdam... Elle y croit, Zakarine également a apprécié cette hospitalité et la cheffe d'armée les a clairement invité à venir lui rendre visite alors...
    Alors l'avenir leur dira.


      En route pour de nouvelles aventures!

    Un dernier regard à Rotterdam, puis elle rejoint sa Suzeraine à la cabine de pilotage afin de poursuivre son apprentissage de la navigation alors que la pluie se met à choir, résonnant en une douce mélodie sur le pont et le toit de la cabine. Ode est heureuse simplement d'ainsi découvrir le monde sous un autre angle, laissant les vipères cracher leur venin au loin...

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Zakarine
[Dimanche 10 février 1467, poussés par le vent]



Poussée par le vent
Et glisser
Aller de l'avant en voulant voler
S'en aller du Nord
Au dehors


La veille, ils avaient quitté la Hollande avec pour seul regret de n'avoir pas pu visiter un peu plus le pays. Peut-être au retour.. Le prévôt lui-même les avait conviés à Amsterdam. Une dame très sympathique au demeurant que Ode et Zakarine avaient appréciée à sa juste valeur.

Ils quittèrent la mer pour prendre doucement l'embouchure du fleuve dénommé Waal. Chi va piano, va sano e va lontano*. C'était la toute première fois qu'elle naviguait sur un cours d'eau et l'Horizon n'était pas un petit foncet fait pour ce type de manœuvre. Elle surveillait chaque bord du bateau chaque fois qu'elle barrait. Elle ne voulait surtout pas abîmer le navire que Rico, leur ami, leur avait prêté pour ce voyage. Il avançait bien cependant, au grand soulagement de tout l'équipage qui regardait la côte de Rotterdam qui s’éloignait doucement sous les étoiles de février.

Au matin du dimanche, les choses allaient se corser. Il y avait une petite bifurcation à prendre pour atteindre le Rhin. Les vents soufflaient en direction du sud-Est et il fallait que le bateau remontât vers le Nord. Elle avait dû demander de l'aide à ses amis pour qu'ils rament face au vent afin de le contrer. Le bateau mit un peu plus de temps que prévu pour accéder au Rhin mais ils y arrivèrent! Voilà, les vents mauvais étaient enfin vaincus! A présent, ils pouvaient se laisser pousser par les bourrasques vers leur objectif tout en surveillant tout de même de ne pas s'approcher de trop près de la rive, au risque de s'embourber si le fond n'était pas assez profond.. L'ambiance à bord était toujours bonne enfant, ça changeait de ce qui se disait de la Bretagne actuellement, car, même s'ils n'étaient pas chez eux, les nouvelles allaient très vite. Bien entendu, c'était toujours les mêmes qui se faisaient remarquer dans le mauvais sens du terme.. Elle en aurait presque ri si certaines personnes n'étaient pas aussi pathétiques en se baignant dans leur propre merde avec laquelle elles essayaient d'éclabousser les gens qu'elles n'aimaient pas. C'était loin de la Duchesse tout ça. On aurait pu croire qu'elle n'en avait cure mais ce n'était quand même pas le cas. La Rousse n'aimait pas qu'on salisse sa Bretagne de la sorte.


*Qui va doucement va sûrement

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Ode...


    Deux jours déjà qu'ils ont quitté Rotterdam, deux jours que le Rhin les berce, la navigation sur fleuve est différente qu'en mer mais n'en est pas plus aisée. Les vents et courants peuvent les dévier ou les retarder, impossible de leur échapper comme en pleine mer.
    Par contre certaines choses sont bien différentes, les paysages défilent sous ses noisettes curieuses, les effluves fluviales ne sont pas iodées, chacune d'elle a son charme, Ode ne saurait signifier laquelle aurait sa préférence. La pèche n'est pas plus simple non plus, presque trois jours qu'elle n'a rien attrapé, même pas une vieille paire de botte, rien de rien ce qui la peine légèrement, comme quoi on ne peut pas être performant dans tous les domaines.

    Ce matin, à l'aube, Ode accoudée au bastingage contemple le lever du soleil pensivement. Amusée par le comportement de certaines personnes restées à Tréguier, car ils ont beau être loin, des missives informent de certains comportements et comme certains se sentent pousser des ailes en leur absence et déversent leur venin, tout ceci en oubliant qu'en leur absence ils se sont permis le même genre de comportements, mais "Faites de que je dis mais pas ce que je fais" est une phrase qui leur irait bien.
    Enfin, ils montrent leur vrai jour, celui que tous subodoraient mais qui se dévoile pleinement au grand jour peu à peu. Jalousie, envie, haine, autant de beaux sentiments si humain, qui glissent simplement... Cela a eu le don de faire sourire la jeune Baronne qui s'est dit que Tréguier avait sa Broceliande également... Autant dire que ce n'était pas un compliment mais après tout, il faut assumer simplement ce que l'ont est.

    Un large sourire lui fend le minois alors qu'un vent frais vient flirter avec son épiderme réactif, ses noisettes se ferment un instant, son inspiration profonde la fait frissonner de toute part. Force est de constater que ce voyage lui ouvre les yeux sur bien plus de chose que la simple découverte d'autres cultures et pays, et pour cela Ode ne regrette nullement d'être partie. Vivre au jour le jour, avec ceux qui lui tiennent à coeur, profiter de chaque instant même lorsque la pluie roule sur son corps, même lorsque les vents puissants lui font perdre l'équilibre, même lorsque sur le pont elle glisse comme elle le ferait sur une plaque de glace, même lorsque la pèche n'est pas bonne et n'autorise pas un repas de choix... Ne pas pouvoir anticiper de quoi seront faites les heures à venir, juste se laisser porter par les événements comme l'Horizon se laisse emporter par les courants.

    Cet inconnu qui est depuis près de deux semaines son quotidien, c'est envoûtant, sincèrement agréable à vivre. Voyager! C'est magique, les vrais voyages pas les courts déplacements non! Des vrais programmes, des objectifs, un périple ficelé ou non mais en avant toute pour l'Aventure. Aventure avec un grand A, avec les surprises , les craintes même parfois, les moments de doutes et de colère pour terminer par de grands éclats de rires et surtout la bonne humeur.
    Malgré tout elle pense à sa nièce restée en Breizh, à certains amis et connaissances qu'elle apprécie grandement, car on oublie pas d'où l'on vient ni qui l'on est même si le temps qui passe fait évoluer certaines choses de sa vie, elle n'en restera pas moins Ode Kerloc'h.

    Quelques gouttes de pluie viennent s'écraser sur sa peau, doucement elles roulent pour aller mourir en son cou lorsqu'elle lève le minois, les noisettes closes, un sourire, un soupir d'aise et elle se met à fredonner...


      Elle, rappelle-toi comme elle est belle
      Et touche-la: elle sent le sel.
      C'est un don miraculeux.
      Elle, c'est la naissance de la gabelle,
      C'est l'oubliée des infidèles
      A la terre des futurs vieux.

      Rien que de l'eau, de l'eau de pluie,
      De l'eau de là-haut
      Et le soleil blanc sur ta peau
      Et la musique tombée du ciel
      Sur les toits rouillés de Rio.

      Toi, tu te caches dans les ruelles
      Et comme un païen qui appelle
      Les Dieux pour qu'elle t'inonde.
      Elle, oh tu sais elle a le temps:
      Elle est là depuis mille ans,
      Elle te suit comme une ombre.

      Rien que de l'eau, de l'eau de pluie,
      De l'eau de là-haut
      Et le soleil blanc sur ta peau
      Et la musique tombée du ciel
      Sur les toits rouillés de Rio.

      Elle, en attendant l'orage,
      Elle te pardonnera ton âge
      Et l'argent de tes cheveux.
      Elle, tu ne peux pas te passer d'elle,
      Tu ne vivras jamais sans elle.
      Tu n'auras que l'eau de tes yeux.

      Rien que de l'eau, de l'eau de pluie,
      De l'eau de là-haut
      Et le soleil blanc sur ta peau
      Et la musique tombée du ciel
      Sur les toits rouillés de Rio.

    Si le soleil ne danse point encore sur sa peau, le jour est né, une nouvelle journée s'annonce avec son lot de plaisirs.
    Ode ouvre les yeux, sourit plus largement avant de se rendre à la cabine de pilotage pour prendre des nouvelles de sa suzeraine et lire la carte afin de calculer le nombre de jours qu'ils vont passer sur le Rhin...
    Elle a tant à faire qu'il lui faut s'activer dès à présent, ne pas perdre une seconde afin de pouvoir bénéficier de chaque petits émois des heures à venir.

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Zakarine
[Jeudi 14 février 1457, sur l'Horizon]



Deux jours qu'ils étaient resté coincés sur le Rhin, juste avant Mainz. L'Horizon était trop gros, trop lourd.. Les marins ne s'avaient plus quoi faire pour occuper leurs journées. Même la pêche était infructueuse. Ils passèrent donc le temps en taverne ou bien dans leurs cabines à lire ou dormir ou.. La Duchesse capitaine n'en pouvait plus de cette situation. Tout le monde surveillait le vent, espérant qu'il tournerait en leur faveur mais non. Rien n'y faisait. La décision fut prise. Allez zou! Cap au nord! Ils rebroussèrent chemin, remontant le fleuve, direction Amsterdam. Leur voyage, ils l'avaient décidé et ils le feraient! Ils n'allaient tout de même se laisser embêter par les éléments climatiques! Au moins, ils auraient appris, à leurs dépends, que le Rhin, il ne fallait le prendre qu'avec un foncet et pas d'autre bateau. Et cette leçon-là, ils n'étaient pas prêts à l'oublier.

Des nouvelles de la Bretagne leur parvenaient toujours. Zakarine était toujours étonnée par le talent des pigeons qui la retrouvaient partout où elle était. Au matin, le premier oiseau ne fut pas un pigeon mais un gabian qui lui lança une rose aussitôt qu'il s'était approché de la Rousse, un petit mot gentil l'accompagnait en ne désignant aucun expéditeur. Le mystère resterait donc entier.

C'était dans l'après-midi qu'un second courrier lui était parvenu. Zakarine n'avais jamais entendu parler d'un certain Jean Bob. Il lui parlait de guerre, de menace pour la Bretagne et lui intimait de rentrer, délaissant son rêve d'Alexandrie, pour défendre son pays adoré.


Citation:
Duchesse du Trégor,

Bretagne en grand danger - STOP
Possibilité de guerre dans un futur plus ou moins proche - STOP
Indépendance en péril - STOP
Alexandrie devrait pouvoir attendre - STOP
Il n'y a rien là-bas de toute façon - STOP
La Bretagne va avoir besoin de vous - STOP

Jean Bob


Holàlàlàà! Ça recommençait! Pour une fois qu'elle pensait enfin à elle! Elle voulut en savoir plus. Elle se renseigna auprès de la Grande-Duchesse elle-même qui la rassura, en lui disant qu'il n'y avait aucun danger pour le moment. Le voyage allait donc continuer. Elle ferait tout de même attention à sa Bretagne chérie, même si elle se trouvait loin d'elle. Tout se savait tôt ou tard, ça aussi elle l'avait appris très récemment. On lui avait rapporté des choses que, finalement, elle aurait préféré ignorer tant la déception sur certaines personnes s'aggravait au fil du temps.

Pour le moment, la Rouquine voguait au fil de l'eau et là, ses cheveux de feu volant au vent, elle ne voulait plus penser au passé. Ce voyage, elle l'avait voulu pour rompre avec ce quotidien qui finissait par l'ennuyer au plus haut point. Seul le présent et le futur l'intéressaient.

Laisse Parler Les Gens! Les personnes qui parlent dans mon dos ont trouvé leur place, derrière moi pendant que je continue d'avancer.

Elle fredonnait en tenant la barre en souriant à ses compagnons d'aventure.

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Ode...


    Deux jours que l'Horizon semble stagner, emporté par les vents et les courants, d'avant en arrière comme un lascif mouvement, telle une ondulation de corps menant en une danse douce et extatique. Pourtant, il n'en est rien, ils font une sorte de sur place, ce qui a le don de démoraliser la DuchesseCaptain qui fait tout son possible pour les sortir de ce mauvais pas. La Barbar à sa Duduche tente juste de la faire sourire voire rire, lui permettant d'omettre l'espace d'un instant leur infortune. Ainsi la cogue vogue sans que le paysage ne change, étonnante stagnation qui ne panique nullement la Kerloc'h qui a toute confiance au jugement de leur meneuse de déplacement.

    Son moral n'en pâtit pas , même si durant ces deux jours le poisson se fait rare même insignifiant, Ode conserve sa Foi inéluctable en l'avenir. Pourtant, malgré les lieues, les rumeurs de Bretagne lui parviennent par missives expresses, les oiseaux porteurs de messages la trouvent où qu'elle soit, il faut avouer que pour le coup, ce n'est guère complexe vu qu'ils ne bougent presque pas. Ce qu'elle apprend d'une certaine manière l'attriste, se réjouir pour une personne qu'on apprécie en même temps que se soucier pour une personne que l'on aime infiniment sans avoir à le dire sans cesse. Ce jour, particulièrement, la jeune femme s'en veut de n'être aux côtés de sa nièce, pourtant ça ne changerait rien... Mais elle aurait pu mieux l'épauler que de quelques mots que sa plume lissent sur velin.

    Alors que décision est prise pour manoeuvrer autrement, pour définir un nouvel itinéraire.
    Alors même que le navire reprend réels déplacements.
    Alors que le plaisir de naviguer devrait être présent...
    Ode ressent une forme de mélancolie.

    Malgré qu'elle ait souri de la rose reçue par sa Suzeraine, qu'elle a retenu un rire en lisant la missive que cette dernière a reçu d'un certain Aotrou Bob...
    Ses pensées vont vers sa nièce, tout ce qui semble arriver quelque part en Bretagne, lui semble improbable et pourtant...
    Pourtant ce qui semble opposer des êtres, s'envole au gré des vents. Une incompréhension s'installe en elle, ils sont donc ainsi les hommes?
    Préférant les femmes entreprenantes à celles pures et simples?
    Décidément, elle ne les comprendra donc jamais...
    Les rumeurs restent rumeurs mais il n'y a pas de fumée sans feu...

    Alors, elle s'enferme dans son esprit, s'installant à même le sol du pont, adossée à un portant afin de laisser sa plume flirter avec le velin pour signifier à deux personnes certaines choses... A un, son incompréhension latente, à l'autre son appui et ses tendres pensées... Elle s'est trompée, s'est égarée à son égard, cela la plonge dans le silence. Son coeur oppressé, frappe doucettement sa poitrine, sa gorge asséchée et ses doigts agiles qui font valser la plume efficacement ou non... Doucement un murmure monte crever le pseudo sublime silence.


     
      Sublime & Silence
      Autour de moi tu danses
      Et moi j'oublie
      C'est à toi que je pense
      Ta bouche brûlante
      Comme tu souris

      Le vide aurait suffit
      Le vide aurait suffit

      Sublime & Silence
      Autour de toi tout tremble
      Tout fini
      C'est à moi que tu penses
      À nos ivresses blanches
      Je fuis Paris

      Le vide aurait suffit
      Le vide aurait suffit

      Mais je sais que tu restes
      Les fleurs que j'te laisse
      Après la nuit
      Violence et promesse
      C'est tout c'que tu détestes
      La mort aussi

      Le vide aurait suffit
      Le vide aurait suffit

      Je caresse ton absence
      Les montagnes & l'errance
      Et puis l'ennui
      La rivière te ressemble
      Du moins en apparence
      Pourtant tu fuis

      Le vide aurait suffit
      Le vide aurait suffit

      Je sais que tu restes
      Les fleurs que j'te laisse
      Après la nuit
      Violence & Promesse
      C'est tout c'que tu détestes
      La mort aussi

      Le vide aurait suffit
      Le vide aurait suffit

      Je sais que tu restes
      Les fleurs que j'te laisse
      Après la nuit
      Violence & Promesse
      C'est tout c'que tu détestes
      La mort aussi

      Mais je sais que tu restes
      Mais je sais que tu restes


      Mais je sais que tu restes...
      Oui tu restes...
      Mais je sais que tu restes
      ....

    Quelque part sur le Rhin, physiquement sur ce navire mais l'esprit aux côtés de sa nièce... Pourquoi quand on s'éloigne, les choses semblent se précipiter.
    Malgré tout, elle lui souhaite d'être heureux car c'est un homme qu'elle apprécie même si pour le coup, elle ne le comprend guère.
    Le vent fait frétiller sa plume, doucement ses doigts se resserrent autour de son outil, ses cheveux virevoltent devant ses noisettes perdues en Vannes ou Rennes, selon où elle se trouve...

    Les voiles claquent au dessus de sa tête, sa réalité revient peu à peu, elle a encore à faire, aider aux manoeuvres qui se voient plus pressante. Partagée entre l'envie d'être à ses côtés et éviter de rentrer. C'est un triste fouillis en ses méandres neuronales, peine de l'éloignement, un manque insidieux et l'envie d'Aventure... Envie de lui écrire de les rejoindre, instinct de protection et pourtant...
    Elle ne peut rien faire d'autres que de lui écrire et tenter de la faire sourire.
    Les missives en main, la plume dans l'autre, Ode se redresse prestement, un regard à l'infini, un imperceptible soupir... Le temps de s'activer revient, coupant court à cette pause nécessaire où elle a pu penser les choses, mettre à plat ses sentiments.
    Il n'a probablement pas conscience de la peine occasionnée, ni même de la déception perçue par Ode, au paysage elle adresse un sourire, non feint, mais triste...


     
      Des coups de fouets se perdent... Peut-être...

    De toute la soirée, ses pensées ne la quitteront guère... Elle est ainsi...
    Ses doigts repoussent ses mèches rebelles derrière ses oreilles, ses pas la guident vers sa Duduche...

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