Rollin
*Le paysan avait souri avec bienveillance lorsque le dévoué Maître boulanger avait pris la parole devant l'assemblée des membres de la corporation; et c'est avec une attention respectueuse qu'il écouta chaque mot, qu'il observa chaque geste... Les occasions de voir Augis sortir de sa réserve coutumière étaient rares et Rollin n'en voulait rien manquer... et il ne fut pas déçu!*
*Avec une émotion à peine dissimulée, le Liégeois laissa pour un temps mais un temps seulement la main d'Yzalba qu'il tenait avec tendresse dans la sienne, pour refermer les doigts sur la petite clé peinte et serrer fort au creux de sa large paume le symbole de sa nouvelle charge... la première qu'il avait acceptée depuis depuis le temps d'avant, celui où son nom valait tout l'or du monde, celui où sa réputation et son honneur semblaient plus inaltérables que l'airain... cette époque révolue, un "temps jadis" qui lui paraissait maintenant appartenir aux légendes anciennes. Rollin avait reçu l'embrassade virile d'Augis comme on reçoit l'accolade de son Seigneur lige, comme un homme rompu par une vie d'errance serre contre son cur celui qui l'a nourri, celui qui l'a sauvé... Et les regards tellement profonds de ses prunelles noires disaient toute sa gratitude et son profond respect.*
*Le paysan avait fait un pas en arrière, laissant sa bienaimée dire ce que son cur avait à faire entendre... ce cur qui l'avait menée ici à la rencontre du cueilleur au monogramme énigmatique. Rollin ne pouvait détacher ses yeux du visage de celle qu'il nommait la Perle d'Armavir, buvant à la source claire de son regard argenté, goûtant au nectar divin de sa voix mélodieuse qui, malgré sa réticence aux discours de circonstance, laissait transparaitre la réelle joie qui l'animait en cet instant.*
*Puis la jeune femme leva son verre et tous les cueilleurs à sa suite Rollin croisa le gris délicat de ses yeux et son cur battit plus vite dans sa poitrine. Ensemble, les membres de la corporation goûtèrent au breuvage délicieusement sucré pressé des pommes qu'ils avaient cueillies côte à côte parmi les hautes branches du verger... et deux d'entre eux réitéraient leurs secrets serments dans l'échange silencieux de leur regard...*
*Enfin, lentement, profitant de chaque infime parcelle de ce moment de paix et de joie, le paysan leva son gobelet de terre à la panse rude et sombre.*
A la santé d'Maître Augis et d'la Corporation
*Rollin tourna les yeux vers le boulanger avec un sourire franc et rieur puis enchaina:*
Nous f'rons d'notr' mieux pour être dignes de ta confiance Mes prières t'accompagnerons au long d'ta route, et si tes pieds t'mènent sur les terres qui m'ont vu naître, là-bas au coeur de la Principauté de Liège, brûle un cierge pour moi sur l'autel de Nostre Dame la Vierge dans la Cathédrale Saint Lambert... A ta santé, Maître!
*Le paysan avala une goulée de jus parfumé et adressa un signe de tête respectueux à Augis.*
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.
*Avec une émotion à peine dissimulée, le Liégeois laissa pour un temps mais un temps seulement la main d'Yzalba qu'il tenait avec tendresse dans la sienne, pour refermer les doigts sur la petite clé peinte et serrer fort au creux de sa large paume le symbole de sa nouvelle charge... la première qu'il avait acceptée depuis depuis le temps d'avant, celui où son nom valait tout l'or du monde, celui où sa réputation et son honneur semblaient plus inaltérables que l'airain... cette époque révolue, un "temps jadis" qui lui paraissait maintenant appartenir aux légendes anciennes. Rollin avait reçu l'embrassade virile d'Augis comme on reçoit l'accolade de son Seigneur lige, comme un homme rompu par une vie d'errance serre contre son cur celui qui l'a nourri, celui qui l'a sauvé... Et les regards tellement profonds de ses prunelles noires disaient toute sa gratitude et son profond respect.*
*Le paysan avait fait un pas en arrière, laissant sa bienaimée dire ce que son cur avait à faire entendre... ce cur qui l'avait menée ici à la rencontre du cueilleur au monogramme énigmatique. Rollin ne pouvait détacher ses yeux du visage de celle qu'il nommait la Perle d'Armavir, buvant à la source claire de son regard argenté, goûtant au nectar divin de sa voix mélodieuse qui, malgré sa réticence aux discours de circonstance, laissait transparaitre la réelle joie qui l'animait en cet instant.*
*Puis la jeune femme leva son verre et tous les cueilleurs à sa suite Rollin croisa le gris délicat de ses yeux et son cur battit plus vite dans sa poitrine. Ensemble, les membres de la corporation goûtèrent au breuvage délicieusement sucré pressé des pommes qu'ils avaient cueillies côte à côte parmi les hautes branches du verger... et deux d'entre eux réitéraient leurs secrets serments dans l'échange silencieux de leur regard...*
*Enfin, lentement, profitant de chaque infime parcelle de ce moment de paix et de joie, le paysan leva son gobelet de terre à la panse rude et sombre.*
A la santé d'Maître Augis et d'la Corporation
*Rollin tourna les yeux vers le boulanger avec un sourire franc et rieur puis enchaina:*
Nous f'rons d'notr' mieux pour être dignes de ta confiance Mes prières t'accompagnerons au long d'ta route, et si tes pieds t'mènent sur les terres qui m'ont vu naître, là-bas au coeur de la Principauté de Liège, brûle un cierge pour moi sur l'autel de Nostre Dame la Vierge dans la Cathédrale Saint Lambert... A ta santé, Maître!
*Le paysan avala une goulée de jus parfumé et adressa un signe de tête respectueux à Augis.*
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Rollin, membre de la corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry.