Cixi_apollonia
Sur le pont de l'Obélix, quelque part dans l'océan atlantique.
L'Océan se perdait à vue depuis quelques heures. Quelques heures pendant lesquelles elle n'avait pas détaché ses yeux de lui. Compagnon mouvant et ogre, fascinant. C'était bien la première fois qu'elle voyait l'Océan. En Bruges, c'était autre chose, ce que l'on pouvait observer depuis les quais. Loin des Gabarres de sa terre natale, l'immense Caraque de guerre ressemblait à une minuscule coque de noix, traversant une infinité de bleu marine. Elle, une poussière disséminée sur le plancher. Assise et entravée là, pour ne pas passer par dessus bord avec ses jambes encore mal alertes. Une figure de proue embarquée, stoique. Celui qui chanterait un jour que ce n'était la mer qui prendrait l'homme n'aurait pas tort. Assise bien malgré elle sur le pont où les autres marins l'avaient laissée faute d'avoir du temps à lui accorder, Apollonia était figée les yeux au loin, dans l'expectative de chaque remous fascinant des vagues. Chaque mouvement monstrueux bavant d'écume. Quelque chose donnait vie à tout ce bleu, se pouvait-il que ce ne soit jamais qu'un géant qui s'ébroue? Angers avait disparu. Et avec lui, Fechter. Torchesac. Rameau. Tous les autres.
Charivari pour qui ?... !
Sortie de ses observations statiques par un cri provenant de la caraque voisine, les yeux clairs se tournèrent sur leurs homologues, dix coques de noix en enfilade, l'ensemble de la flotte Royale, toutes proues fendant le flot d'un mouvement conquérant. L'Obélix voguait en formation stricte, le temps était au beau fixe, idéal pour filer à la vitesse de pointe , fiers gréements retenant d'immenses voilées gonflées. Espars rutilants frappés du Lys, sous lesquels étrangement l'on y parlait toutes les langues. Cordages grinçant aux noeuds confiés à l'Apollonia. Assise, que pouvait elle faire de mieux que les noeuds marins? Tanissa avait été bonne. Refusant de l'abandonner , malgré qu'elle ne soit pour l'heure aussi utile qu'un sac de grain en cale. Car le voyage s'annonçait long, et loin du cabotage marchand, cent marins royaux s'activaient pour survivre à près de deux mois de trajet. Première escale; Lisbonne.
Pour notre quartier maitre et ses putains de filles!
Un seau d'eau jeté à l'arrache vint éclabousser ses bottes et faire se rétracter à l'intérieur ses orteils. Le matelot l'ignora en commençant à frotter le pont. Ils n'étaient pas mauvais bougres.. Juste occupés à vivre et survivre chacun comme il fallait pour arriver à bon port. Pour l'heure encore meuble parmi les allées et venues fantomatiques des fiers bottés, les mains déjà aux prises des brûlures du sec et des mouvements répétés sur les cordes, la Hase écoutait en silence le chant des hommes qui se répondaient d'un navire à l'autre, tanguant dans la continuité des longs et lascifs mouvements de la houle . Durant le travail au cabestan, ils étaient autorisés à s'encourager ainsi, au dépend de qui bon leur semblait... Une tradition dont personne ne prenait ombrage. Tant qu'ils chantaient, disait-on, voguerait les grands vaisseaux de bois et de toile que léchaient le monstre de l'Océan...
Not' leiut'nant c'est une enfant d'salaud, he, hei ! He , ho! Il a mis ses filles au bordeau, une à Nantes, l'autre à Saint Malo
Hé, hei! Hé, ho !
Dans leur con grand comme un seillau, hé, hei ! Hé, ho ! Le foutre y coule à plien tonneau, pique leur ton vit beau mat'lot !
Hé, hei! Hé, ho !
Tant qu'ils chantaient, le jour se lèverait.
Titre emprunté à Bourgeon, les Passagers du vent t.1
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- C'est quand même triste,
D'être vissée à sa chaise, à mon âge,
Comme une vieille anglaise, une momie, un otage.
Oui, j'suis l'otage de ma tête,
Tout c'que j'vois par la fenêtre déménage, dedans,
C'est pas ma fête
Si j'suis tout le temps,
Assise.
Camille - la fille Assise
L'Océan se perdait à vue depuis quelques heures. Quelques heures pendant lesquelles elle n'avait pas détaché ses yeux de lui. Compagnon mouvant et ogre, fascinant. C'était bien la première fois qu'elle voyait l'Océan. En Bruges, c'était autre chose, ce que l'on pouvait observer depuis les quais. Loin des Gabarres de sa terre natale, l'immense Caraque de guerre ressemblait à une minuscule coque de noix, traversant une infinité de bleu marine. Elle, une poussière disséminée sur le plancher. Assise et entravée là, pour ne pas passer par dessus bord avec ses jambes encore mal alertes. Une figure de proue embarquée, stoique. Celui qui chanterait un jour que ce n'était la mer qui prendrait l'homme n'aurait pas tort. Assise bien malgré elle sur le pont où les autres marins l'avaient laissée faute d'avoir du temps à lui accorder, Apollonia était figée les yeux au loin, dans l'expectative de chaque remous fascinant des vagues. Chaque mouvement monstrueux bavant d'écume. Quelque chose donnait vie à tout ce bleu, se pouvait-il que ce ne soit jamais qu'un géant qui s'ébroue? Angers avait disparu. Et avec lui, Fechter. Torchesac. Rameau. Tous les autres.
Charivari pour qui ?... !
Sortie de ses observations statiques par un cri provenant de la caraque voisine, les yeux clairs se tournèrent sur leurs homologues, dix coques de noix en enfilade, l'ensemble de la flotte Royale, toutes proues fendant le flot d'un mouvement conquérant. L'Obélix voguait en formation stricte, le temps était au beau fixe, idéal pour filer à la vitesse de pointe , fiers gréements retenant d'immenses voilées gonflées. Espars rutilants frappés du Lys, sous lesquels étrangement l'on y parlait toutes les langues. Cordages grinçant aux noeuds confiés à l'Apollonia. Assise, que pouvait elle faire de mieux que les noeuds marins? Tanissa avait été bonne. Refusant de l'abandonner , malgré qu'elle ne soit pour l'heure aussi utile qu'un sac de grain en cale. Car le voyage s'annonçait long, et loin du cabotage marchand, cent marins royaux s'activaient pour survivre à près de deux mois de trajet. Première escale; Lisbonne.
Pour notre quartier maitre et ses putains de filles!
Un seau d'eau jeté à l'arrache vint éclabousser ses bottes et faire se rétracter à l'intérieur ses orteils. Le matelot l'ignora en commençant à frotter le pont. Ils n'étaient pas mauvais bougres.. Juste occupés à vivre et survivre chacun comme il fallait pour arriver à bon port. Pour l'heure encore meuble parmi les allées et venues fantomatiques des fiers bottés, les mains déjà aux prises des brûlures du sec et des mouvements répétés sur les cordes, la Hase écoutait en silence le chant des hommes qui se répondaient d'un navire à l'autre, tanguant dans la continuité des longs et lascifs mouvements de la houle . Durant le travail au cabestan, ils étaient autorisés à s'encourager ainsi, au dépend de qui bon leur semblait... Une tradition dont personne ne prenait ombrage. Tant qu'ils chantaient, disait-on, voguerait les grands vaisseaux de bois et de toile que léchaient le monstre de l'Océan...
Not' leiut'nant c'est une enfant d'salaud, he, hei ! He , ho! Il a mis ses filles au bordeau, une à Nantes, l'autre à Saint Malo
Hé, hei! Hé, ho !
Dans leur con grand comme un seillau, hé, hei ! Hé, ho ! Le foutre y coule à plien tonneau, pique leur ton vit beau mat'lot !
Hé, hei! Hé, ho !
Tant qu'ils chantaient, le jour se lèverait.
Titre emprunté à Bourgeon, les Passagers du vent t.1
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