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[RP]Comment te dire Adieu ?*

Dante.tommaso
Un matin d’été au cœur de la Sérénissime Venise.
De ces matins légers où une légère brise vint à écarter les tentures des fenêtres tandis que déjà dans les maisons les gens s’activent comme de petites fourmis, prêtes à ouvrir le bal par des petits déjeuners solides et requinquants.
De ces matins chaleureux où le soleil était déjà de la partie en cette fin d’été que personne n’avait envie de voir filer à l’autre bout de la terre mais qui permettait encore de laisser court aux cris joyeux des enfants dans la cour du palazzo Ceresa.

Assis sur une chaise à l’ombre d’un pommier, chemise débraillée et entrouverte, Dante tenait déjà dans sa main un verre de vin. Où plutôt il ne l’avait pas lâché depuis la veille au soir où il avait pris connaissance du courrier de son frère Lupino. Le vélin trônait à moitié déchiré sur le bord de la table et celui qui tentait de venir en prendre connaissance se retrouvait face à la colère du vieux loup blessé. Car oui il était blessé l’animal, au plus profond de lui-même.

Son regard clair vint à se poser sur l’écriture acérée de son frère qu’il reconnaissait entre mille. Et il savait qu’il n’aurait pas pu lui mentir sur un sujet aussi grave. Pas lui, pas après toutes ses années de galère passées ensemble, pas après ce que Dante avait fait pour lui. Antero était d’une loyauté sans faille même s’il avait toujours su que ce dernier était amoureux d’Ellis, la beauté diaphane n’avait d’yeux que pour lui, le bâtard Pendragon assumé Ceresa.

De ce nom, Pendragon, il n’en n’avait jamais voulu, se réclamant de son père qui ne l’était pas. Juste retour des choses, Sandeo l’avait aimé plus que de raison sans jamais faire de différence entre lui et Antero qui pourtant aurait pu le jalouser voir réclamer sa place dans la famille. Car si Dante était batard d’un noble français, Antero était l’illégitime de Sandeo. Ne pouvant le reconnaitre sans créer de scandales, Sandeo avait élevé les garçons en même temps, offrant ainsi à Dante un frère qu’il n’aurait jamais autrement qu’issu d’une couche adultérine. Et le scandale ce fut Dante lui-même qui l’offrit à la famille bien des années plus tard car si son père ne voulait faire de l’ombre aux siens, Ceresa fils n’en n’avait cure et du nom il l’offrit à Antero, obligeant par la même sa propre mère à courber l’échine. Moment jouissif dans la vie d’un homme, moment jubilatoire qu’il chérirait jusqu’à la fin de sa vie.

Si cette satisfaction avait été de mise durant de longues années, aujourd’hui sa victoire avait un gout amer. Et le regard du vénitien se posa sur ses deux têtes blondes qui se couraient déjà après dans les jardins du palazzo. L’histoire semblait se répéter, encore et toujours… Maudit était-il d’être né batard, il se le demandait à nouveau en relisant les quelques mots sur le pli fraternel.

    Citation:
    « Ellis n’est plus, elle a disparu du couvent où tu l’avais installée… Je ne sais qui est venu, personne ne veut rien dire. La seule assurance que j’ai c’est qu’elle n’est pas morte, du moins pas ici Dante mais je ne peux t’assurer que ce n’est pas le cas. Je n’ai aucun moyen de la retrouver, pas cette fois mon frère… Il va te falloir être fort pour les garçons et faire quelque chose afin de les protéger des autres. Si ceux qui sont venus chercher ta femme les réclamaient, tu perdrais tout Dante alors fait le nécessaire, je t’en prie… »


Le carmin glissa sur les lèvres pâles du vénitien avant de s’enfuir en direction du gosier. Faire quelque chose, il en avait de bonne Lupino. Si Ellis avait été en vie, il y avait belle lurette qu’elle serait sa femme et que les enfants seraient reconnus comme tel mais là…. Une malheureuse rencontre avec l’armée du Berry l’année d’avant avait précipité les choses. Au bout de quelques semaines, Dante avait laissé de quoi subvenir aux soins et aux besoins de la jolie blonde qui semblait jouer les belles au bois dormant, ne désirant pas sortir de cette léthargie qui était sienne. Dante avait alors pris les garçons avec lui et s’en était retourné à Paris avant de prendre le large direction Venise. Il avait laissé des instructions au couvent des sœurs de la charité afin de le prévenir en cas de réveil inopiné mais une bourse plus lourde avait dû avoir raison du silence des nonnes… Dante se redressa légèrement pour suivre du regard son fils Sandeo qui venait de tomber. Déjà Constencia se précipitait vers l’enfant qu’elle prit immédiatement dans ses bras avant de saisir la main de Zachary et de les entraîner vers la cuisine tout en faisant un signe de tête entendu envers Dante en passant vers lui.

Ceresa ferma les yeux un instant. Il n’était pas d’humeur à batifoler ni avec la gouvernante des enfants ni même avec une catin. Le pli lui restait en travers de la gorge. S’il avait pu passer la bague au doigt de l’oisillon, ses fils seraient siens désormais car ils auraient fait le nécessaire mais là, comment prouver que Sandeo était de lui sans l’assurance de la mère et Zachary… Seule Ellis pouvait mentir pour affirmer qu’il était sien alors qu’elle et lui savaient que ce n’était qu’un enfant perdu du couvent d’autrefois d’Ellis qu’elle n’avait pas voulu abandonner…
Passant une main sur sa barbe de quelques jours avant de rejoindre ses cheveux hirsutes, Dante se leva afin de se diriger vers le fond du jardin, descendre quelques marches, ouvrir la grille qui le séparait du canal et de se poster là, à attendre une réponse dans les mouvements de l’eau qui venait se fracasser contre le petit ponton des embarcations.

    Et maintenant qu’est-ce qu’on fait l’oisillon ? Je ne sais pas où tu es, c’est la seconde fois que je te perds mais je ne te permettrais pas de recommencer une troisième fois. Tu as voulu jouer avec le feu, tu as voulu me mettre un collier et une laisse tu peux dire adieu à mes fils. Je ne te permettrais jamais de les revoir… Rappelle toi bien qui je suis de là où tu es parce que je ne suis plus prêt à aucune concession…


Se retournant sur ses pas, Dante revint vers la table ombragée, saisit le verre de vin et le but d’un trait. Sa décision était prise. Il lui fallait un notaire pas trop regardant et les papiers seraient faits rapidement. Quand à savoir si Ellis était morte ou vivante, il lui restait le temps de la signature pour en décider.






*Titre emprunté à François Hardy

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Domenico_da_forli



VENISE - QUELQUES JOURS PLUS TARD -




    Messire Dante, votre vin est excellent…
    Le regard que me renvoie l’homme ne m’incite pas à continuer le bavardage inutile. Je repose mon verre, tire sur le col de ma chemise, essuie mon front d’un mouchoir immaculé.
    Messire Dante, ce que vous me demandez n’est pas très… comment dire… aux vues des lois…
    Le grognement qui sort de la gorge de mon vis-à-vis ne m’incite pas à continuer plus avant et pourtant je le dois.
    Il faut comprendre que c’est de ma réputation qu’il est question là…
    Je fronce les sourcils, je pense que je n’aurais pas dû dire ça mais trop tard c’est sortit tout seul. En même temps, je risque ma peau si le Doge se rend compte de la malversation. Je ne pourrais plus exercer, pire encore, je serais exilé de la cité juste parce que Ceresa me demande un service. Mais quel service Dio mio
    Messire, loin de moi de vous offusquer mais vous savez très bien que le Doge ne me fera aucun cadeau et je tiens à garder le peu d’influence qu’il me reste au sein de la Serenissima …
    Lorsque je me rends compte que le dialogue est inexistant, je me renfrogne et sors les documents que j’ai préparés malgré moi, malgré tout. Faut pas croire mais je me doutais bien que je n’aurais pas le dessus sur Ceresa. Aussi frappé que sa mère et ce n’est pas peu dire. Un caractère aussi merdique, il vaut mieux l’éviter mais quand il vous tombe dessus à bras raccourcis. Si seulement je n’avais pas joué aux cartes dans ce vieux tripot du port. Je voulais juste me changer les idées au lieu d’aller finir ma nuit dans la couche de Pietro, le jeune peintre qui s’évertue à rendre la basilique Saint Marc merveilleusement détestable. Oui, détestable ! Je les hais, la basilique et lui. Elle parce que c’est un édifice qui ronge la vie des vénitiens tellement il faut payer pour l’entretenir et lui parce qu’il a un corps d’adonis et que je pourrais me damner pour lui. Je passe ma langue sur mes lèvres rien qu’en pensant aux formes taillées pour l’effort et je m’essuie à nouveau le front, respirant profondément. Je lève une nouvelle fois mon regard sur Ceresa qui est, à ce qu’il parait autant amateur de femmes que d’hommes. J’ose enfin détailler son visage et j’avoue que je le trouve fort attirant. Il pourrait sans l’ombre d’un doute me faire plier genou à terre et me faire faire ce qu’il voudrait… mais attend, attend, c’est déjà ce qu’il fait là non ? La réalité de la chose m’apparait si soudainement que j’attrape mon verre et le bois d’un trait.
    Très bon ce vin, vraiment. Pourrais-je abuser ?
    Je tends ma coupe pour la faire remplir. Le breuvage me donne des ailes et des pensées que je suis le seul à connaitre et je m’en amuse. D’imaginer Ceresa débrailler fait monter la température et finalement je sors ma plume et mon encre afin de parfaire le document souhaité. Je sens mes joues s’empourprer de mauvaises pensées. Dans tous les cas, tout ce que je suis en train de faire est inavouable alors autant me laisser sombrer. Je serais plus riche demain de désirs et de ducats, les deux vont me remplir les bourses. Satisfait de ces conclusions j’inspire profondément, un sourire flottant sur mes lèvres.
    Je n’ai volontairement pas mis les noms de vos fils afin de ne pas commettre d’erreurs ni même celui de la mère. D’ailleurs, que dois-je mettre pour son cas messire Dante ?
    Et voilà que je suis suspendu à ses lèvres, que j’attends la réponse en le dévorant du regard. Pourquoi ne l’ai-je jamais rencontré avant ? On aurait pu s’entendre lui et moi au lieu de cela, je me rabats sur des artistes qui me font risquer la pendaison un peu plus chaque jour. C'est d'une tristesse mais qui s'est, rien n'est encore perdu. Ce n'est pas parce qu'il achète mon silence que je suis obligé de taire ce que je ressens au fond de moi... Qu'il est drôle de voir combien il me fait de l'effet. Et me voilà qui replonge mon nez dans mon verre de vin que je commence vraiment à apprécier.
Dante.tommaso
Une carafe de vin, deux verres, le soleil qui prônait sur le pays, des rires d’enfants à quelques mètres de là, tout était idyllique, un cadre parfait pour ceux qui prenaient du bon temps. Malheureusement, ce n’était pas le cas de Dante. Ce jour allait signer le glas d’une aventure qui avait duré des années. « Bien trop longtemps » au gout du vénitien et peut être que cela n’aurait pas été si loin s’il n’y avait pas eu les garçons.

Lorsqu’il avait découvert qu’il avait un fils de presque trois ans, il n’avait pas remis en cause la filiation. Il suffisait de voir Sandeo pour se rendre compte qu’il était bien son père. Et puis Dante se rappelait très bien comment il avait été conçu. L’oisillon, petite chose fragile, trop dépendante de lui ne pouvait pas résister à la rudesse avec laquelle il la traitait à l’époque. Et bien évidemment, à force de pousser la gamine dans ses retranchements, à force d’opposition, ils s’étaient une énième fois affrontés et Dante avait fini par avoir le dessus en prenant ce que tout homme désirait, de grès ou de force. La virginité d’Ellis avait été sacrifiée sur l’autel d’un amour propre mal placé et Dante s’en était allé comme il était entré dans la vie de la jolie blonde, seul et sans se retourner.

Presque quatre ans plus tard, Sandeo courait partout dans le palazzo, rendant chèvre sa gouvernante avec son frère ainé que le vénitien avait bien voulu reconnaitre comme sien. C’était là un énième secret dans la vie du Ceresa qui n’était faite que de ça depuis le jour où lui-même avait été conçu. Et comme il perfectionnait le gout du mystère, cela le ravissait de s’y enfoncer un peu plus chaque jour. Prenant son verre, il écoutait d’une oreille distraite le notaire qu’il avait fait mander tout en observant son vis-à-vis du coin de l’œil, ne lui offrant que sa froideur habituelle depuis que sa vie était tombée en charpie. Ce n’était pas la première fois, ni la dernière et fort heureusement, il ne pensait pas à mettre fin à ses jours comme lorsqu’il avait dû abandonner sa sœur dont il s’était épris et avec laquelle il partageait des plaisirs interdits. Non là il était surtout rempli d’une colère sourde qui lui vrillait les entrailles. Pour une fois qu’il essayait de faire les choses bien, voilà comment le Très-Haut le remerciait. Pour un peu il aurait éclaté de rire, de ce rire mesquin et grave dont il avait le secret mais sans doute l’homme de lois l’aurait pensé fou et aurait encore plus tergiversé quant à remplir quelques papiers établissant la filiation en bonne et due forme de ses garçons.

S’abreuvant du nectar carmin qu’il affectionnait, il finit par tourner le visage vers son obligé afin de le détailler. Puis de sourire devant le regard gourmand que ce dernier offrait. Dante n’était pas quelqu’un qu’on manipulait ou trompait facilement, surtout pas lorsqu’il s’agissait de plaisirs partagés. Remplissant donc les verres une nouvelle fois, il fit signe à Constancia de rentrer avec les garçons. Ce qui serait dit désormais à l’ombre des pommiers du palazzo ne regardait que lui et son invité. Prenant la future reconnaissance en filiation d’une main afin d’en prendre connaissance, de l’autre son verre, le vénitien se leva pour se mettre face au canal qui venait cogner contre le ponton. C’était là son lieu de prédilection, lui rappelant la mer qu’il affectionnait tant ainsi que les voyages qu’il faisait depuis son enfance. Reprenant une lichée de sa boisson, il se retourna vers Domenico tout en lui tendant le papier.


- Écris je te prie. Mon fils se nomme Sandeo Cosimo Ceresa et son frère, Antero Zachary Ceresa que l’on nomme Zachary afin qu’il n’y ait pas d’ambigüité avec mon propre frère qui lui a donné son prénom.

Redressant le menton avec fierté, il continua sur sa lancée.

- Quant à leur mère, Ellisabeth Euphorbe Von Riddermark, elle est décédée durant l’année dans le Berry, au royaume de France.

Le couperet était tombé. L’oisillon n’était plus, elle appartenait désormais au passé et si elle revenait d’entre les morts comme elle l’avait déjà fait auparavant après plusieurs années d’absence, Dante était prêt à l’accueillir. Sans doute l’enfermerait-il dans un cachot et userait de sa colère pour ravager son corps et son âme chaque jour sans lui permettre de revoir leurs fils car une fois qu’il aurait signé ce document, Ellis ne pourrait plus mettre la main sur les garçons. Après tout ce n’était pas comme si elle les avait abandonnés…

- Si tu as besoin d’un témoin, mon frère Lupino arrivera d’ici un jour ou deux à Venise, il pourra te confirmer mes dires et le cas échéant contresigner toute cette paperasse.

Et tandis que le notaire griffonnait sur le document les informations données par Dante, ce dernier vint à son niveau, posant une main de fer sur son épaule. Autant une menace qu’un encouragement de la part du commerçant qui s’amusait de sentir les muscles tendus sous le tissu de qualité dont l’homme s’était affublé.

- Et une fois que tout ceci sera terminé, je te propose de rester dîner. Après tout tu le mérites. Tu es devenu raisonnable quant à l’issue de ta réputation et ta dette de jeu sera effacée donc tu ne risques pas grand-chose mise à part te confronter à moi et je sais que tu ne le feras pas. Nous savons tous les deux qu’il y a des choses qu’il vaut mieux taire que de le divulguer sur la place publique…

Dante resserra ses doigts sur les chairs cachées de Domenico. L’homme avait une sainte horreur qu’on lui résiste, la preuve en était, il se retrouvait avec deux têtes blondes à prendre en compte dans sa vie désormais… Reversant du vin dans le verre du notaire, le vénitien se mit à rire légèrement tandis que le notaire signait et légalisait le document de son scel officiel.

- Je vois que nous nous comprenons Domenico… va bene amico mio*…

Et le Ceresa se pencha à son tour, posant son verre avant à côté de celui du notaire, prenant la plume afin d’apposer sa signature à l’endroit indiqué. Aujourd’hui était un grand jour, aujourd’hui Dante disait se libérer des chaînes d’un mariage qui n’avait pas eu lieu et d’une femme qui n’avait finalement jamais eu d’amour pour lui pour ne pas donner signe de vie depuis plus d’un an, ni à lui ni à leurs enfants.




*c'est bien mon ami

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