Dacienhissy Je lsavais
.
-Arrêtes ça.
Jte lavais dit
-Tais-toi.
Tu npeux pas ten passer, cest plus fort que toi.
-Arrêtes ça jte dis !
Tu mourras ici
..Et cest moi qui te tuerais
.
Il neut pas le temps de lui répondre quand il se retourna vers cette voix suave, rauque, ébréchée par les stigmates existentiels qui lembaumaient. Il avait déjà disparu dans cette pénombre ruelle avant de revenir pour approfondir lhécatombe apocalyptique qui ne faisait que de se propager depuis quIl restait dans ses pas. Le jour. La nuit. Peu importait lheure, du moment que le Tourment se posait à ces yeux fades et danéantir le contenu de lenveloppe et de détruire, avec des braises ardentes, jusquaux tripes. Lente cette volte afin de se persuader que son retour ne se ferait plus pendant quelques heures, se fiancer à la tranquillité et dépouser le calme pour aimer le repos du guerrier. Le pacifique venait de sinviter mais, pour combien de temps
.
Son crâne nen pouvait plus de supporter ses traits sahariens, cette odeur anisée et ces fines qui sadonnaient à effleurer le contour de son visage. Dacien avait tenté de semer cet être maintes et maintes fois, parcourant chaque pays davantage, écumant les principaux bordels et finissant de décimer les plus acides. Les clients et clientes se ressemblaient tous. Tous avec ces mêmes demandes, ces idem récitals qui ne sarrêtaient plus de reproduire les journées perpétuelles et lancinantes. Toutes ces journées où Il revenait pour vérifier la torture véridique exercée à son encontre, admirer le fonctionnement de celle-ci et de se nourrir de cette rancur, cet abandon, cet échec qui lui pourrissait lexistence. Dacien ne gardait jamais une place bien longtemps. Dacien narrivait jamais à rester dans cet état latent. Dacien sen allait vers dautres contrées pour mieux recommencer la énième sentence qui se jouera quelques mois plus tard. Comme la fois davant. Comme celle davant. Et encore avant. Etc
..
Il observa cette bâtisse imposante, grise, discrète au fond de cette ruelle assombrie par des bâtiments qui nen pouvaient plus de la cacher. Pas de rouge qui brillait au dehors. Pas de guide pour dévoiler lantre de la plus belle luxure quil nait connu au final. LAphrodite. Le lupanar le mieux côté de tout Paris. Celui qui vous rendait immortel tant que vous étiez enfoui dans ses tentures. Celui qui vous gardait une partie dâme lorsque vous labandonniez. Celui qui vous rappelait à lui lorsque vous lui manquiez. Il ny avait pas dautre lieu où vivre dans la paix sombre. Il ny avait pas dautre lieu pour finir ce métier vieux depuis que la Terre existait. Il ny avait pas dautre endroit pour souffrir avec ironie.
Encore quelques pas pour atteindre cette porte. Encore quelques souffles avant denchainer ce qui ne sétait pas réparé. Encore quelques images avant de les illustrer. Dacien prit une grande inspiration, savança jusque là où il fallait afin de frapper trois fois avec ce poing serré.
Toc.
Toc.
Toc.
Son dos se présenta devant ce battant en attendant quil souvre. Lintervalle avait sonné. La mâchoire se crispa à chaque image qui revenait au-devant de ce regard sec et de le transformer avec douceur dans une clarté qui inondait les pavés parisiens. Il ne pouvait exister trente-six façons de décupler autant de dilection dans ce vert si inerte. Il sentait son odeur. Il ressentait sa présence. Il adulait son addiction. Lêtre tant aimé nétait guère loin. Dacien déglutit de le découvrir en se retournant, toujours là, toujours présent, toujours le torturant dans cette fragile existence quil possédait sans détenir le secret pour le voir disparaitre. En un battement de cil, Il apparaissait et de le voir s'évanouir sans avoir fini de souffler. Laddiction était peut-être réciproque. Mais si Lui se targuait de pouvoir le toucher, Dacien se dévorait les phalanges de ne pouvoir écorner le moindre centimètre carré dépiderme. Il nexistait aucune âme capable de le captiver autant au point de pouvoir perdre pied dans ce bas monde. Et si, chaque purgatoire bordel lavait fui, il nen restait pas moins que celui-ci lappelait à la résurrection. Il lui manquait cette partie qui se dessinait simplement dans un voile clair. Il ne lui restait plus que le voile sombre de subir cette essence encré en lui, habitant son corps.
Il attendait là, la fin dun calvaire qui le consumait lentement. Aphrodite, ouvres-moi tes bras encore une fois.
Dacienhissy
Attendre. Tabouret ne lavait pas fait autant patienter la première fois quil vint au Bordel. Il était même arrivé par lentrée des artistes, se diffusant au travers des couloirs qui menaient à un bureau rangé, impeccable, dune netteté inondant tout un carde assoiffé de cette luxure débordante dans ce vert. Il avait juste fallu le faire grogner dun râcle cachant les gémissements certains dun plaisir autre que la débauche détentrice du reste des nuitées qui seffileraient pendant des années passées ici, dans cette antre symbolique dune grâce incomparable dans aucun autre endroit. Le contrat avait été en poche dun claquement de doigts alors que son existence nétait que basé sur cette délectation de donner pour enrichir ce pour quoi il était fait. Cette même circonstance qui lavait poussé à abandonner lÊtre cher, ne pouvant décupler le passif pour épuiser lactif et de se contenter des mécaniques de tout courtisan au risque de bafouer sa notoriété. Aucun mot navait été laissé en ce soir dété. Rien navait été évoqué pour ne pas essuyer ce gris glacé quil détestait apercevoir, voir au petit matin et de le plonger dans la jade tendre et culpabilisée de ne pas convenir à cette attente bouleversante de dévotion. Il laimait au point de le fuir. Il ladorait au point de labandonner. Il se détestait de ne pas se rendre aussi froid avec les autres.
Les autres restaient son gagne-pain. Les autres étaient ce pour quoi il était en vie. Les autres ne devenaient que cette fluidité de sentir son sang couler dans ses veines. Chaque jour, il détenait un tort boyaux. Il lui suffisait de penser à Lui. Il lui suffisait douvrir les paupières pour le voir. Et lorsque le grincement des gonds se firent entendre, lorsque la porte souvrit, Dacien se retourna enfin. Il était là, comme toujours, pas loin. Le Sahara sinhalait à des lieues tout autour. Ce ne serait que mentir de ne pas savourer sa présence. Il regarda lhomme en face de lui. Un colosse bâti de muscles dont il ne soupçonnait même pas lexistence, ceux que lui nauraient jamais. Le poil court avec un torse nayant aucune retenu de se dévoiler, il lui demanda sil pouvait laider. Le Courtisan ne se rappelait pas que le portier questionnait ainsi les personnes pouvant pénétrer au Lupanar. A laccoutumé, il quémandait le dépôt des armes, le calme, le silence, la quiétude avant dentrer ici. Le regard impénétrant alors que les mots restaient contradictoires dans le personnage, Dacien séternisa sur le mutisme avant que le vert ne se décale de quelques millimètres. Juste derrière le portier, le minois tranché entre soleil et sable. Cette chevelure noire ébène posé sur les épaules et ce sourire narquois au doux efféminé quIl était.
Il est bien trop charpenté pour toi celui-là. Tu préfères les frêles hein ?
Dacien se contenta de locculter afin de ne pas essuyer un quelconque refus du colosse. Les mâchoires se serrèrent entre elles et de creuser les tempes lentement. Il redressa ses minces épaules, les dextres qui se posaient dans ses poches et de déclarer simplement.
Je nai aucune arme sur moi.
Et de toute façon, il les détestait au plus haut point. Lintérieur semblait rouge, comme avant. Chatoyant comme avant. Apaisant comme avant. Beau tout simplement. Et de scruter le peu quil voyait, il avait déjà lappréhension de toucher le marbre de ce comptoir. Quest-ce quIl dirait sIl le voyait faire ? Quest-ce quIl ferait si Dacien sy accoudait ? Prendrait-Il un arak comme dhabitude ? Resterait-Il avec ce gris glace ? Il se revoyait des années en arrière pendant un instant, se contenant de savoir ce que le Nobliau pourrait dire ou faire sIl sapercevait quil serait de retour après tant de temps passé sur des routes menant au point de départ. Encore faudrait-il quIl soit encore là. Sa présence lavait fait revenir, son départ avait dû le faire partir. Peut-être quun jour, il pourrait lui avouer ses fautes, ses remords, ce quil naurait pas dû détruire pour vouloir le reconstruire maintenant.
Mais le colosse était toujours là, à attendre signe de vie. Il était temps de reprendre ses quartiers désertés.
Dacien. Trouves Casas et dis lui que lhomme qui vaut cinq milles écus et de retour.
Axelle elle, serait là, il en était sûr.
Gerard.
Hum... J'ai pas d'armes sur moi. C'est donc qu'il comptait rentrer le gaillard et qu'il savait qu'ici c'était pas autorisé, pour autant j'attendais toujours de savoir la raison de sa visite au minet qui cherchait plus à voir dans mon dos qu'à me regarder quand y me causait.
Visiteur, client, galant, la mise et sa belle gueule pouvait bien augurer un peu tout ça en fait, le genre qui plait aux femelles en mal d'amour ou juste de sexe et aux galantes qui s'évitent les bedonnants vicieux à combler.
Ah il cause, Dacien, je confirme je connais pas ce blase, peut-être ajouté sur ma liste après la gitanerie de Noël et j'ai pas fait attention, sauf que là le tutoiement c'est pas trop le genre des membres et le voilà qui évoquait Casas, deux options passent par ma grosse caboche même, la ou le ? C'est que maintenant ici bas fallait penser aux deux.
Mais avec un minimum de jugeotte vu la suite de la phrase c'est la duchesse qu'il cherchait le bonhomme et ma pogne se crispe sur la porte en le regardant visage grimaçant rapidement.
Si t'avais rendez-vous avec la gitane t'es à la bourre mon grand.
D'où il débarquait le pauvre gars pour ignorer le destin funeste d'Axelle, limite il m'aurait fait pitié, discrètement je regardai qu'il y avait pas quelqu'un dans le coin, oubliant pas le coup d'oeil sur le palier de l'étage, y'avait toujours une fouine pour s'y planquer et observer.
Je sais que je devrais pas mais je suis pas qu'un tas de muscles, je vais quand même pas lui dire sur le pas de porte que la tzigane a rendu son dernier soupir y'a plusieurs mois de ça, et puis j'aurais vite fait de le foutre dehors si y se tient pas tranquille.
Entre
Et je dégageait le passage de ma masse l'invitant d'un signe de tête lui indiquant d'un signe de main un fauteuil où il pouvait poser son cul le temps que je questionne et informe, c'est que ça se trouvait il avait peut-être des informations sur la mort de la dame en rouge alors.
Dacienhissy A la bourre. Merde. Elle était déjà partie. Qui demander dautre quelle
.Personne. Dacien se laissa glisser dans ce grand salon lorsque le portier lui accorda de pénétrer en la demeure. Pas grand-chose navait changé. Les mêmes tables entourées des mêmes chaises avec quelques causeuses deci-delà parsemées dans la pièce. Son regard se focalisa en premier lieu vers ce coin reculé où un fauteuil se trouvait non loin dune tenture, à moitié dans lobscurité avec un trépied bas au devant. Il revoyait cette fois où Adryan était revenu du désert saharien, celui qui lavait changé en tout et pour tout, celui qui lui avait donné la force de revenir auprès de lui et denfin savouer linavouable.
Tu trappelles ? Dans son dos. Tu trappelles cette nuit-là ? Moi jmen souviens. Comme si cétait hier. Jaurais dû técouter. Et toi, taurais dû aller tcoucher.
Ta gueule Adryan. Ta gueule. Il revivait cette nuit tout le temps. Il refaisait cette nuit chaque soir lorsquil dormait pour essayer den changer le scénario et le dialogue mais rien à faire. Tout restait figé et les jours suivants se ressemblaient tous. Sans Lui. Sans son corps. Sans ses mots. Sans son amour. Plus rien. A croire quIl aimait le torturer jour après jour, nuit après nuit. Son passe-temps favori. Pourtant, il daignait vouloir quIl parte. La seule manière de le garder encore un peu auprès de soi.
Si entrer restait facile. Rester serait encore plus simple. Ses yeux divaguèrent dans cette grande pièce qui ressemblait à celle quil avait connu jadis sans pour autant lapprécier à sa juste valeur. Les draps lourds offraient une lumière diffuse, suave, volubile, celle qui dégageait le châtiment suprême et le frisson révolté dont vous aviez besoin. Les bras ouverts encore une fois, lAphrodite devait les refermer pour toujours. Cétait ce quil désirait le plus. Ce quil voulait le plus. Senfermer ici. Ici, il trouverait certainement la quiétude quil neut nulle part. Et la folie qui se terrait dans ses entrailles pourrait éventuellement seffacer avec le temps.
Tourné vers le colosse, Dacien déclara simplement.
Je vais lattendre.
Et qui disait attendre, disait de boire en attendant. Lenvie prit le pas sur la conscience. Les pas le dirigèrent vers le comptoir naturellement. Une deuxième conscience senclencha delle-même. Il se sentait chez lui, ressurgi dun long sommeil après des mois. Le Courtisan observa le marbre dont les nervures navaient pas bougé dun poil. Une phalange lui suivirent tout le long, se mettant derrière le bar et desquisser un sourire en coin. Ses verts brillaient bizarrement. Ils divaguaient sur ce blanc cassé, essuyant chaque marque qui nexistait pas et se permit de prendre deux gobelets. Le cidre tant adulé fut pris et de jeter un il relaxant auprès du portier.
Tu veux un verre ?
Il revenait à des années en arrière dun coup de baguette magique. Il entendait les balbutiements des clients qui étaient absents pour lheure, voyait Cersei ou Lucie en train de draguer chacune un homme pour le faire tanguer du côté machiavélique et abuser deux sulfureusement et de sourire allègrement devant ce tableau se rejouant. Tout nétait que débauche affreusement sexuelle en ce temps-là. Tout était fait pour mettre les clients dans les couches sans aucune ambiguïté. Et tout nétait que netteté dans un jeu de dupe pour les plus affriolantes soirées et de faire revenir clients et clientes nuit après nuit. Il se servit un verre et garda la bouteille à la main pour savoir si son interlocuteur était intéressé de trinquer en cette journée grise.
Ca na pas vraiment changé ici, dit-il pendant que le cidre coulait dans son verre. Y a longtemps que tu toccupes de la porte ? Parce que
Franchement, tes pas très convaincant mon gars
Il soupira légèrement, restant au comptoir, le regardant avec ce sourire narquois qui le caractérisait bien. Il avait disparu dans la pénombre de la tenture mais Il était là, tapi au fond sûrement pour lobserver et voir si sa manière de sapproprier les lieux sans équivoque fonctionnait toujours. Dacien, lhomme qui valait cinq mille écus. Tabouret avait dit non, désireux de le garder au sein du Bordel mais il navait jamais su pour quelle raison. Souhaitait-il vraiment le savoir. Sans importance après tout. La seule chose quil détenait à présent était le fait que lAphrodite était viscérale et que lon ne pouvait oublier ce pour quoi lon était fait. Le plaisir et la luxure.
Gerard.
Hum !
Y'en a à qui tu filais la main et qui te prennes le bras entier, bah celui là limite y me choppait pas le nibard en prime, mais vu comme y se baladait dans le salon trouvant direct ce qu'il cherchait, pour sûr il était déjà venu et pas du coté client je dirais.
Porte refermée je suis le bonhomme sans me presser ourlet se relevant d'un poil de barbe à l'entendre dire qu'il allait attendre la Casas.
Tu vas te dessecher sur place mon mignon
Un simple signe de tête pour accepter le verre servi par le gaillard, je l'observais faire comme chez lui songeant que son sourire de bellâtre allait pas tarder à se faire la malle quand il aurait fini de m'apprendre mon métier.
Depuis que ça a changé de proprio et de clientèle et ré-ouvert ! Et être convaincant quand y'a pas de danger devant soi...
Une paluche autour du verre enfin plein et l'autre posée sur l'épaule de sieur sourire, je lui rappelais avec plus de poigne le siège indiqué de base, l'y ramenant avec -gentillesse-.
J'avais pas envie d'un attroupement si tu devais tourner de l'oeil devant la porte en apprenant la mort de la gitane.
Tu sors d'où pour ignorer ça en te pointant ici ?
Et d'appuyer sur l'épaule pour assoir le bonhomme une fois la nouvelle balancée, de façon même avec les formes y'a pas de bonne manière d'annoncer le décès de quelqu'un alors les gants...
Dacienhissy Il nétait plus là. Il était parti. Il ne sentait plus le désert anisé que soulevait le carde dun bond gémisseur de lembaumement quIl lui apportait pour mieux le crucifier la seconde daprès. Dacien tentait donc de se concentrer sur la situation actuelle, les prémices tant sollicités et la finalité qui ne saurait tarder.
Le portier. Avide de tout, rempli de rien si ce nétait que du poste quil tenait depuis ce que le Courtisan venait dapprendre. Le verre de cidre se laissa finir sans complexe. Changement de maître des lieux. Changement de clientèle. Cela ne pouvait certainement être que bénéfique pour cet établissement. Ou tout le contraire. Tout dépendait de qui dirigeait à présent le Lupanar. Limage du détenteur donnerait sûrement lenvergure de la clientèle qui circulait ici. Il lapprendrait, sans conteste, sans méfiance et sans retenue. Et le voilà qui prit son gobelet avant de poser une dextre à même son épaule. LHomme le laissa faire. Il le laissa faire pour savoir jusquoù il pouvait être amené à exécuter son intervention. Lacte restait authentique, dans la limite du raisonnable, sans pour autant respecter la distance que Dacien sefforçait de restituer entre lui et les autres. Seulement, le colosse ne saurait le découvrir que sil lui disait de vive voix. Le siège quil avait évoqué quelques instants avant fut montré plus promptement. Non, il ne désirait pas sasseoir. Il nétait point venu pour admirer les tentures ou se taper la causette avec un simple portier.
Et leffusion de la soi-disant mort de la Gitane écoula dentre ses lèvres. Dacien nen cru pas un mot. Il nosait croire pareille destruction possible, surtout dune femme comme elle. Axelle conservait cette manière de se défendre en toute circonstance. La verbille facile, la conjugaison extrapolée, il était tout simplement impossible quelle ait passée larme à gauche. Donc, il ne restait que lultime option que la Brune Gitane ait donné lordre de souffler cette réplique à son égard au cas où. Parfait, il prenait linformation tel que sans sourciller pendant que lhomme préposé à lentrée appuyait goulument sur léclanche. Là, Dacien en était sûr, il nappréciait nullement cet état de fait. Le vert qui dilua le noir profond lorsquil épousa les phalanges du colosse, il expira simplement avant de déployer ses lèvres patiemment et démettre :
Tavises jamais de recommencer. Je ntai pas autorisé à oser geste de cette sorte.
Les tripes se retournaient seules dans lestomac. Il détestait ces gens qui se permettaient de vous frôler avec un rien, ceux qui se permettaient la promiscuité dun échange palmaire ou encore de carrément se concéder à létreinte amicale. Toutes ces attitudes le rendaient colérique, assoiffé dune vengeance sans retour et condamneur de la plus cruelle sentence. Son corps resta figé, debout sans évoquer un battement de cils et dattendre que le colosse dégage cette main de son épaule. Le fond du verre se laissa regarder quelques secondes. La salive passant ensuite dans la trachée avant de relever ses orbites.
Je me fous de qui tu trouves mais j'ai un contrat à signer.
Termina-til de déclamer.
Gerard.
Va falloir changer de ton mon bonhomme si tu veux pas que je te foute le cul dehors sans que tu touches terre
De toute évidence il aime pas qu'on le touche, pour un qui vendait sa gueule et son corps bien dommage pour lui quand même de pas supporter une paluche, qu'était pour le coup ni libidineuse, ni agressive.
Encore une de ses divas qui supportait rien et pétait plus haut que son cul, à croire que c'était monnaie courante ici, rien que l'autre là qui se faisait appeler Maitre.
Que t'as un contrat à signer admettons, mais moule le ton
Geste de nerfs, je lui dégage sa main au minet, en retirant la mienne, nan mais sérieusement, mais je les connais les comme ça, et les bourgeois aiment ça, alors il a surement raison qu'on lui signera un contrat, reste pu qu'à trouver quelqu'un sauf qu'ils sont tous plus ou moins en vadrouille.
On va voir qui je te trouve parce que non annoncé y'a pas grand monde, pose ton cul Dacien
Ca me fait chier de le laisser seul, mais j'ai pas bien le choix pour pouvoir chopper quelqu'un faut que je monte à la direction, je veux une soubrette qui se casse le cul à monter à ma place bordiol... jamais là quand y'a besoin, alors j'arrête de ronchonner et faut grimper Gérard.
Dacienhissy On passe une moitié de sa vie à attendre ceux quon aimera et lautre moitié à quitter ceux quon aime. Victor Hugo.
Lâme nétait que trop brûlée dun amour inconditionnel. Leur amour détenait cette flamme que Dacien désirait voir éteinte sans pouvoir le faire. Il navait pas su jeter cette ancre tant quémandée par ce corps tellement rêvé. La force daimer toujours était intacte, sans une seule fissure, sans aucun état dâme. La faiblesse de devoir le faire restait inébranlable. Indéfectible dun corps qui puait ladoration à nen plus finir. Dacien y pensait constamment. Juste lillusion de le voir là, dans ce fauteuil au fond du salon, le rideau cachant sa silhouette, la canne perpendiculaire au sol maintenue par une dextre gantée. La scène ne faisait que de se rejouer sous ses yeux livides. Ces guerres si lentement données et de découvrir une paix sommaire pour ne pas la consumer. La flamme restait intacte. Le feu brûlait encore. Il sentait déjà sa peau contre la sienne, son souffle dans son cou et ses lippes prendre ses lèvres dune arrogance dévastatrice. Chaque recoin ne pouvait que lui faire deviner cet être tant aimé. Et sasseoir serait lui donner la puissance vengeresse de pouvoir anéantir chaque centimètre carré de son insolence. Il attendrait debout, prostré de ressentir jaillir les vieux démons qui sétaient éteints le temps de son escapade. Sa langue passa sur cette lèvre cicatrice de poings colériques, abjects dune vengeance folle, dune mort annoncée. Il foulait la même terre qui lavait conduit à tant de méandres. Tout revenait en pleine figure. Tout ce quil avait fait pour obtenir celui quil avait laissé derrière lui sans considération. Non. Dacien avait daigné le faire souffrir plus quil nen fallait. Rester aurait été la même torture infligée ce fameux soir de Noël. Il lavait encaissé, subi. Subir le même calvaire aurait été indécent.
Un froissement de tissu le ramena dans cette pièce présente qui respirait le calme voluptueux. Il observa cette femme qui savançait à ses devants, se stoppant nette avec une courbe digne de ces autres qui aimaient se sentir puissants de toute part. Les jades exploraient ce féminin châtain qui déploya toute une panoplie de mots dont il navait pas lhabitude. Les lèvres de son interlocutrice qui se déployèrent et ce vert qui ne sortait pas du vide où il se trouvait. Un battement de cils afin que les pupilles se resserrent et dinsérer ses dextres dans les ouvertures de part et dautre de ses braies longues. Une chemise blanche immaculée plaquée contre le poitrail alors que la veste était ouverte. Les bruns légèrement modelés quand la peau contenait ses quelques noirs en formant un dégradé de courbure au contour du visage. La mâchoire se serra et de soupirer calmement après
Dacien. Dacien. Dacien. Pas elle ste plait. Taimes pas ce genre de femmes.
Il savait au moins le rassurer sur ses convictions malgré que sa présence puisse le gêner. Restes pour manesthésier. Sil pouvait le regarder juste une fraction de secondes pour apaiser ce volcan qui venait de sallumer. La peur au ventre. Lépouvante aux tripes. Conserver ce calme si investigateur lorsquil posa lémeraude dans la sienne, invitant sa commissure à sagrandir légèrement.
Lautre avait donc raison. Pas dAxelle. Dit-il dun ton déçu. Puis de reprendre, délicat. Dacien. Cest bon, jai pris un cidre.
Dacien pénétrait là où il avait finalement toujours vécu. Le stupre, la luxure, le plaisir charnel. Cette Rose le fascinait étrangement, quand la femme face à lui tenait une stature imposante avec la délicatesse dune maitresse de maison. Il se permit daller siéger sur une des banquettes, se lover dans ce confort quil appréciait toujours autant et de dérober un regard indécent derrière elle. Il se tenait là, dans le dos de cette femme et d'attirer la volupté du désir qui caractérisait leur passion. Toute sa splendeur se présentait dans un éclat abominable et détayer cet il chaleureux quil lui inspirait. Invoqué dune envie soudaine en admirant le visage saharien, Dacien resta percutant.
Je viens signer pour offrir mes services. Les bras qui sétendirent sur le dossier avec dédain. Tendre, félin, outrageux, subtil, aphrodisiaque aussi. Cque tu veux ma belle.
Puisse-til finir avec cette pointe darrogance alors que son démon venait déclairer finalement sa journée.
Gerard.
Personne, je m'en serais douté tiens, surtout à c't'heure, ça roupillait pour la plupart des galants, pis toute façon c'était pas eux qui pourraient le chopper le belatre alors, faute de qui que quoi, me voilà qui me repointe et dévale l'escalier en trouvant Elle avec le pédant.
Ouais bah ça m'arrangeait en fait, je lui refilais le bébé et je serais tranquille.
B'jour, le sieur ci présent voudrait voir du monde mais y'a personne là-haut, peut-être une visite en attendant ?
Hein, aller sois gentille ma toute belle, je t'ai dépatouillé déjà une ou deux fois de clients pas sympas, rend moi la balle, y me sors par les trous de nez la diva du divan.
Elle s'occupera de toi gamin
Au final je te laissais pas trop le choix m'en retournant à mon poste, tenir le crachoir aux visiteurs c'tait pas d'mes attributions après tout, chacun son taf ma jolie.
Dacienhissy T'as raison. J'ai déjà bossé ici, pendant quelques années, avant de voyager et de revenir il y a peu.
À croire que les résidents de ce luxurieux palace étaient tous de mèche avec.....La Duchesse? Là, il se demandait s'il parlaient tous deux de la même personne.
Elle vint s'asseoir, lissant les plis des jupons pour éviter de les froisser très certainement. Dacien ne la regardait pas encore, préférant le visage saharien qui pouvait s'offrir devant lui, dans cette illusion personnelle, au milieu de ce brouillard inexistant. Son gauche se rabattit le long de son corps, posant la dextre sur sa cuisse pour détourner ce vert scrutant chaque centimètre carré de la pièce afin de l'émouvoir dans celui de Rose. Possédant des traits fins, une peau lisse et une tenue impeccable à ses côtés, le Courtisan se rendit compte que la Dame paraissait presque hostile envers sa personne. Pourtant, il n'en fit rien, détournant lérègement son buste pour ne se concentrer que sur elle et de lui répondre plus gentiment.
J'ai été embauché quand L'Aphrodite a ouvert ses portes et j'y suis resté pendant trois ou quatre années. J'ai du partir voilà deux ans si je compte bien et j'ai parcouru bien des pays. Les pires bordels j'ai vu mais des magnifiques palais aussi. Finalement, j'préfère rev'nir là où j'étais le mieux. Ici.
Mais pas que. Et il se garderait bien de lui en souffler mot. Dacien avait fait une erreur. Ce n'était pas la première. Pourtant, celle-ci le dévorait de l'intérieur. Et lorsque Adryan refaisait apparition derrière cette Rose parfaite, le vert ne put détourner son regard du gris en esquissant un sourire tendrement léger.
Si t'as pas besoin d'un Courtisan de plus, j'irai voir mais, clairement, ca me f'rait chier...
Dacienhissy Quand les tambours fatigués ne battent plus que larrivée dune autre guerre de notre amour. Damien Saez à nos amours.
Il Lui manquait. Même si Sa présence nétait jamais loin, il lui manquait cette peau, cette odeur, cet effleur si caractérisé dun Saharien aimant le gracier de cet amour si intense que tout autour deux disparaissait. Il lui manquait cette manière de faire senvoler les craintes et les torpeurs dun corps trop lentement bafoué, torturé, exténué dattendre ce qui ne devait plus être. Cette nuit avait existé. La chaleur de son corps avait eu raison de limpact qui se dessinait amèrement entre ses tempes, celle qui se déployait et de se réaliser à la première lueur du jour. La lame transperçait chaque seconde la peau dure de cet homme se présentant là, au centre du châtiment qui lavait fait fuir quelques années auparavant. Et si son fardeau serait de revivre cette nuit dans un cercle infini, il resterait ici, jusquà la fin.
Il était là, tapis dans cette ombre féminine qui sexprimait dans un langage parfait. La grisaille ne se privait pas de mendier un regard, un geste, quelque chose qui puisse émettre que toute son attention nen pouvait plus de le dévorer dans cet artifice. La complaisance se laissait attraper tout le temps, à chaque instant, que lunivers présent soit passionnant ou non. Tout ce qui lentourait navait rien de comparable à cet effluve condamnant les précieux actes, si difficiles quils soient à mettre en place et deffacer, ne serait-ce que pour un temps, lillusion personnelle de ce dessin qui se renforçait ici, pour mieux transcrire labandon fait de plein gré. Dacien ne lavait jamais vu aussi clairement. Les contours de sa silhouette étaient dun trait parfait. Les gris venaient de se transformer en glace alors que la fine se permit deffleurer sa lèvre supérieure juste là où la mort avait presque sonné. Il sessuya la bouche dun revers de main, tentant denlever le Désert qui venait de se déposer et déviter dinstaurer le désir se décuplant au centre de ses tripes. Arrêtes Adryan. Arrêtes de me rendre complètement fou alors que je le suis déjà bien assez.
La mèche brune eut raison de son silence et de cet éthéré afin de lui soudoyer lattention qui se réclamait dentre ses charnues. Putain un jour, putain toujours. Il lavait compris depuis bien longtemps et ce nétait que en parfaisant cette volonté que Sa perte sétait introduite dans cette existence enclin aux rouages capricieux quIl ne désirait plus entrevoir. Revenir oui, alors quil la suivait de ce regard empoigné de lamertume qui se peaufinait au gré du sable égrainant les secondes dun temps reprenant sa place. Le corps de la Rose venait de sétirer et soffrir la distance quIl daignait apporter à ce qui Lui appartenait sans détour. Les Ténèbres venaient de parler dans un silence implacable, sans quelle ne lentende et dimbriquer cette posture soufflée afin de lenvelopper dans cette unique toison. Dacien posa ses jades aux abords des siennes et desserrant cette mâchoire qui nen finissait plus de creuser les tempes.
Devines. Ils vont pas les foutre dans les bains.
Amer dun vide qui venait de disparaître en même temps que le discours de la teneur féminine en face de lui. Il laissait derrière lui ce frisson parcourant son échine, remontant jusquà la nuque pour finir sa concupiscence à sa gorge. Son corps daigna se lever pour déclarer sommairement la dernière à droite et dentamer la pourchasse du bruit des jupons se froissant à chaque pas de la Rose. Les marches se présentèrent devant eux alors quelle stoppa la marche funèbre et dincliner ce corps finement serré pour dévoiler une poitrine admirative dune parfaite harmonie avec le reste. Acquiesçant lapprobation à cette dernière question, sa dextre se tendit afin dinsinuer la continuité du chemin quelle avait entamé pour poursuivre la montée de cet escalier. Les pas glissaient sur chaque bois qui se présentait et de voir le palier se dessinant devant eux, orné de ce rouge pourpre qui navait pas bougé dun iota. Linspiration fut prise, après avoir dissipé la brume désertique dentre ses tempes et de déployer un ton plus digeste.
Mes bagages ne devraient plus tarder. Si le portier peut prévenir que je descende les prendre. Et denchainer avant datteindre la dernière marche. Expliques-moi. Ouverture tous les soirs comme habituellement ? Disponible à toute heure ? Ou autre ?