Montparnasse.
- Orphelinat Saint Catherine - Aout 1466
Il est était de retour, là où tout avait commencé
C'est entre ces murs que leur histoire avait pris vie, et cest encore ces murs qui assistait à leur fin.
La lettre avait été reçu il y a quelque jours mais Montparnasse ne pouvait y croire.
Il ne voulait ouvrir les yeux.
Il sétait emmuré.
Enfermé dans un silence, dans un mensonge, refusant d'affronter la réalité.
Pourtant il le devait. Il le fallait.
La porte de lorphelinat claqua, Montparnasse traversa létablissement dun pas rapide, il ignora les enfants qui le regardaient surpris et effrayaient, il ignora lhomme qui essayait de le retenir, de lui parler, qui tentait de comprendre son absence. Son pas sallongea et il gagna rapidement son bureau. Il brutalisa la porte et le bureau ne tarda pas à sabattre avec violence contre celle-ci. Il ne voulait pas être dérangé, sous aucun prétexte, et si le message nétait pas assez clair, il sera bientôt limpide pour le premier trou du cul qui viendrait ne serait-ce queffleurer cette porte.
Le Directeur se laissa aller contre le mur et glissa contre celui-ci pour sassoir par terre. Il sortit la lettre quil avait déjà lu et relu une bonne dizaine de fois, mais chaque fois les mots trancher sa chair, trancher son cur, lenfoncant dans une abîme de plus en plus sombre sans quil ne puisse se rattraper nulle part. Ses mains tremblaient quand il déplia pour une énième fois ce morceau de papier. Ces yeux sembrumèrent de larmes quand ils parcoururent une nouvelle fois la lettre :
Citation:
Date d'envoi : Le 23 Août 1466 à 22h09
Objet Une dernière fois
Enguerrand.
J'ai pris le temps de réfléchir à ma vie, notre vie et le sens de tout ça.
Tante Vittorina m'a dit un jour que j'étais mal né, que j'avais vécu des choses qu'aucun enfant ne devait vivre.
J'ai fais le mal comme on m'en a fait.
J'avais un idéal, qui m'aidait à tenir quand la douleur et la peine étaient trop forts. J'avais Gueulemer, et malgré le temps passé, je le gardais contre moi pour ne rien perdre de ton odeur qui s'étiolait.
Et puis un miracle se produisit, j'ai pu m'enfuir, te retrouver toi que je pensais mort. Ces quelques mois passés à tes côtés avaient été une rennaissance, malgré la vie cahotique que nous menions.
Nos promesses, tes paroles que j'étais ton Dieu, que tu étais à genoux devant moi, que tu m'aimais plus que de raison, la croix sur mon visage, sur ton poignet, notre pacte.
Des circonstances qui ont tout changés et la chute, l'idéal qui s'effondre, les rêves qui disparaissent et la réalité qui refait surface encore plus noire et plus sale, ton départ après ma connerie, ta lettre ou tu me jures de revenir ou tu me parles de Vivia et son monde ou il n'y a pas la place pour moi. Je t'aurais suivi à l'autre bout du monde et j'aurais endossé les pires châtiments, encore et encore pour avoir encore ma place auprès de toi. Cet enfant que j'ai volé, vois-tu, n'est pas une connerie. Parce que dans mon monde à moi, mon frère n'a pas le droit d'être agressé, personne ne peut lever la main sur lui sans que je réagisse et la souffrance de cette mère est le résultat de ma propre souffrance à moi. Cet enfant ne grandira pas dans un milieu brigans ou il risquera à chaque instant d'être violé ou tué. Il vivra auprès de nobles, protégé par son statut bien loin de nos frontières. La souffrance de cette mère me bouleverse, mais mon frère est roy et j'ai fais ce que mon sang me dictait.
Je sais que là bas à Limoges ils me tueront, je sais que je me livre sans résistance et cela parce que j'ai péché et que j'ai perdu la foy que j'avais en nous et à la crédibilité de tes paroles. A combien d'autres que moi as-tu dis pendant l'amour que c'était unique et bien plus intense qu'avec tous les autres ? A combien d'autres as-tu dis je t'aime, les yeux dans les yeux, les corps unis ? Ou était le vrai du faux Enguerrand ? Aujourd hui, j'ai peur. Bien plus peur qu'à Marseille ou quand on a essayé de me pendre à Limoges, bien plus peur qu'en les Corleone.
J'ai peur d'arriver à 20 ans et de devenir comme toi, de faire des promesses que je ne pourrais tenir et de briser l'âme d'un enfant.
Je t'aime, Enguerrand et je te pardonne. Parce que parait-il que ça pèse moins lourd dans la balance lors du jugement dernier. Je t'aime inconditionnellement, comme un frère, un amant ou un roi, comme dans ces pièces de théatres qu'on voit à la Cour ou l'un des deux finit par mourir.
Je ne vais pas laisser la joie aux Corleone de se targuer de m'avoir tué Je ne vais pas non plus te laisser un motif d'encore te foutre dans une situation merdique.
Je mourrai au combat, l'épée au poing, si j'arrive à la soulever. Je mourrai en défendant une cause qui n'est pas mienne, dans un combat qui n'est pas mien mais qui aura fait de moi un homme.
Si cette lettre te parvient, cela veut dire que j'ai été tué sur un champ de bataille par une armée et qu'on t'aura livré avec le parchemin, mon masque et Gueulemer.
Que ma mort ne soit pas vaine. Ranges-toi, arrêtes les conneries.
A toi éternellement
Lutécien.
Objet Une dernière fois
Enguerrand.
J'ai pris le temps de réfléchir à ma vie, notre vie et le sens de tout ça.
Tante Vittorina m'a dit un jour que j'étais mal né, que j'avais vécu des choses qu'aucun enfant ne devait vivre.
J'ai fais le mal comme on m'en a fait.
J'avais un idéal, qui m'aidait à tenir quand la douleur et la peine étaient trop forts. J'avais Gueulemer, et malgré le temps passé, je le gardais contre moi pour ne rien perdre de ton odeur qui s'étiolait.
Et puis un miracle se produisit, j'ai pu m'enfuir, te retrouver toi que je pensais mort. Ces quelques mois passés à tes côtés avaient été une rennaissance, malgré la vie cahotique que nous menions.
Nos promesses, tes paroles que j'étais ton Dieu, que tu étais à genoux devant moi, que tu m'aimais plus que de raison, la croix sur mon visage, sur ton poignet, notre pacte.
Des circonstances qui ont tout changés et la chute, l'idéal qui s'effondre, les rêves qui disparaissent et la réalité qui refait surface encore plus noire et plus sale, ton départ après ma connerie, ta lettre ou tu me jures de revenir ou tu me parles de Vivia et son monde ou il n'y a pas la place pour moi. Je t'aurais suivi à l'autre bout du monde et j'aurais endossé les pires châtiments, encore et encore pour avoir encore ma place auprès de toi. Cet enfant que j'ai volé, vois-tu, n'est pas une connerie. Parce que dans mon monde à moi, mon frère n'a pas le droit d'être agressé, personne ne peut lever la main sur lui sans que je réagisse et la souffrance de cette mère est le résultat de ma propre souffrance à moi. Cet enfant ne grandira pas dans un milieu brigans ou il risquera à chaque instant d'être violé ou tué. Il vivra auprès de nobles, protégé par son statut bien loin de nos frontières. La souffrance de cette mère me bouleverse, mais mon frère est roy et j'ai fais ce que mon sang me dictait.
Je sais que là bas à Limoges ils me tueront, je sais que je me livre sans résistance et cela parce que j'ai péché et que j'ai perdu la foy que j'avais en nous et à la crédibilité de tes paroles. A combien d'autres que moi as-tu dis pendant l'amour que c'était unique et bien plus intense qu'avec tous les autres ? A combien d'autres as-tu dis je t'aime, les yeux dans les yeux, les corps unis ? Ou était le vrai du faux Enguerrand ? Aujourd hui, j'ai peur. Bien plus peur qu'à Marseille ou quand on a essayé de me pendre à Limoges, bien plus peur qu'en les Corleone.
J'ai peur d'arriver à 20 ans et de devenir comme toi, de faire des promesses que je ne pourrais tenir et de briser l'âme d'un enfant.
Je t'aime, Enguerrand et je te pardonne. Parce que parait-il que ça pèse moins lourd dans la balance lors du jugement dernier. Je t'aime inconditionnellement, comme un frère, un amant ou un roi, comme dans ces pièces de théatres qu'on voit à la Cour ou l'un des deux finit par mourir.
Je ne vais pas laisser la joie aux Corleone de se targuer de m'avoir tué Je ne vais pas non plus te laisser un motif d'encore te foutre dans une situation merdique.
Je mourrai au combat, l'épée au poing, si j'arrive à la soulever. Je mourrai en défendant une cause qui n'est pas mienne, dans un combat qui n'est pas mien mais qui aura fait de moi un homme.
Si cette lettre te parvient, cela veut dire que j'ai été tué sur un champ de bataille par une armée et qu'on t'aura livré avec le parchemin, mon masque et Gueulemer.
Que ma mort ne soit pas vaine. Ranges-toi, arrêtes les conneries.
A toi éternellement
Lutécien.
Il se mordit la lèvre inferieur, il laissa sa tête aller en arrière, et pour la première fois il laissa ses larmes couler. La lettre glissa de sa main et voleta quelques instants avant de se poser sur le parquet du bureau. Sa main droite vient caresser le tatouage quil avait au poignet.
Une croix, une autre promesse quil navait pas tenue.
Une autre vie quil avait brisée.
Une vie à laquelle il tenait plus que la sienne.
Pourquoi ? Pourquoi avait il fait ce choix ? Pourquoi navait-il pas sut protéger cette amour, cette admiration que ce frère lui porter ? Pourquoi finissait-il toujours pas tout gâcher ?
Dabord la vie dAliss, puis le respect de cette sur, qui lui avait écrit quOcéane nétait plus, et si cest mot lavait blessé au plus profond il nétait rien en comparaison de ce quil ressentait à présent.
Il avait limpression quon lui avait arraché la peau, et que sur cette chaire à vif on y avait sel et citron avant de le jeter dans du verre pilé.
A dire vrai la douleur quil ressentait était pire que cela.
La culpabilité, la haine, lamour, la rage, la colère, tous ces sentiment se mêler, lui donnant des haut le cur. Mais il navait rien avalé depuis quil avait reçu cette nouvelle. Se nourrir, survivre, cela lui paraissait tellement futile.
Il plongea la main dans son sac, sortit le masque, sorti Gueulemer. Il les caressa doucement, lun puis lautre, les serrant contre son cur tandis que la peine déformer son visage. Les larmes ne cessaient de couler quand petit à petit tout lhorreur de la vérité se dévoilait devant lui, dans toute sa monstrueuse nudité .
Claquesous nétait plus.
Lutecien avait préférer se donner la mort que finir comme lui.
La vérité est cruel, douloureuse.
Mortel.
Il ferma les yeux, et les images de leur enfance entre ces murs lui revient à lesprit. Elle navait rien dheureuse, elle navait rien de dorée, pourtant il avait été heureux, il avait étais heureux quand son frère était à ses côtés. Les liens de sang sont plus forts que tout. Les liens de sang sont plus forts que la mort.
Il y croyait lui-même.
Peut-être
Peut-être quil pourrait le rejoindre ?
Faire taire cette souffrance, faire taire ce mal qui le ronger, cette culpabilité...
Son frère était mort par sa faute.
Son frère, son ami, son amant, son confident, son dieu, il avait été tout cela pour Enguerrand, et pourtant il lui avait tourné le dos.
Ce mot revenait sans cesse dans son esprit.
Pourquoi ?
Parce que. Parce quil était ainsi. Un monstre, dénué de la moindre parcelle damour.
Un monstre à qui on avait arraché cette possibilité de bonheur et qui séchiner, jour après jour à reproduire ce même mal.
La mort serait bien trop douce comme châtiment. Non, il méritait cette souffrance, et il méritait de vivre avec cette douleur pendant de longues années. Il navait pas le droit dêtre heureux, pas après ce quil avait fait. La noirceur lavait enveloppé, avait gagné son âme et à présent son cur. Il avait eu une deuxième chance, il en avait même eu plusieurs et il nen avait saisi aucune.
Il navait que ce quil mérite.
Les derniers mots de son frère avait été dur mais juste.
Il était incapable de tenir la moindre promesse.
Il était incapable de faire une seule chose bien.
Sa peine se transforma en colère et Montparnasse lança le masque de son frère contre le mur face à liu. Celui-ci retomba lourdement sur le sol, en sébréchant légèrement.
Le Galant se leva et sempara de la bibliothèque où il rangeait ces registres et la fit tomber avec force, sacharnant à la briser à coup de pied de poing, égratignant les mains, se plantant des échardes dans la peau, mais tout cela il sen moquait, il ne ressentait plus rien, il ne ressentait plus la douleur extérieur, seulement la haine et la colère. Et elles étaient toutes deux tournées contre lui. Il voulait se faire mal, comme il avait fait mal à son frère, à Océane, à Vivia.
Il naimait que trois personnes dans ce foutu monde de merde et avait réussi à les blesser toute les trois jusquà la mort de celui quil aimait le plus.
Sa rage se transforma en cri. Un cri glacial, froid, qui navait plus rien dhumain. Il se brisa les cordes vocales. Même les murs frissonnèrent devant tant de désespoirs.
Ces murs. Sa maison. Leur maison. Le seul et unique lieu où il se sentait chez lui, chez eux. Un instant il eut envie de les brûler. Lhistoire avait commencé ici, et il voulait quelle prenne fin avec létablissement, pourtant il nen fit rien....
Par manque de courage, par manque de foi, par abandon.
Il replaça ces cheveux, ajusta sa veste. Il ramassa la lettre, il ramassa Gueulermer, il ramassa le masque sur lequel il déposa un baiser.
Un murmure séchappa de ces lèvres.
- Pardonne-moi mon frère. Je ne mérite pas ton amour. Je ne suis quun monstre. Et je ne saurais être autre chose.
Il enferma ces trésors dans le tiroir de son bureau quil ferma à double tour, puis, il replaça le meuble au milieu de la pièce pour libérer la porte.
Il avait repris son sang-froid, il avait verrouillé ces sentiments. Pas la peine de porter un masque il nétait plus que cela. Un visage froid, dénué de sentiment. Dénuer damour.
Il était un monstre, il ne savait que faire le mal autour de lui. Et bien soit, il tiendrait tout le monde à lécart, ainsi il ne blesserait plus personne. Il vivrait avec sa culpabilité, sa peine, sa douleur, sa tristesse. Le jugement du très haut était rien à côté du jugement avait fait de lui-même.
En sortant de son bureau lOrphelinat était étrangement silencieux, les enfants tremblaient devant ce directeur en proie à la folie. Montparnasse se tourna vers celui qui avait tenté de larrêter.
- Je suis de retour, lOrphelinat reprend du service. Faites le savoir.
- Mais monsieur vous vous avez disparu longtemps et... un autre homme un moustachu, il disait être le directeur et
- Vraiment ? Trouvez le moi, et ramenez moi sa tête. Sa tête me suffit amplement, je nai pas besoin du reste de son corps pour discuter avec lui.
- Mais Monsieur je ne suis pas
- Et bien devenez-le. Maintenant cessez de mimportuner, allez ranger mon bureau, et quand vous aurez fini ramenez moi un des gosses. N'importe lequel.
Enguerrand tourna la tête vers lescalier et croisa le regard de certains enfants. Il ferma un instant les yeux et respira profondément. Ses mains tremblaient encore de rage, il ne se sentait pas encore prêt à affronter la vie, mais il ne pouvait se permettre de se montrer faible, malgré la plaie ouverte et purulente quavait laissé la disparition de son frère dans son cur. Il devait continuer à vivre. Pour lui. Pour eux.
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