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[rp] Petite Mort entre frères

Claquesous
Tout s'oublie 
Chacun avec sa peine 
Que le temps nous reprenne 
Les souvenirs 
D'un frère





La colère.
Ce sentiment qui sommeille dans votre poitrine, fleuve aux eaux calmes qui une fois le seuil de tolérance franchit éclate comme un orage d'été faisant des dégâts inconsidérés.

La jalousie
Ce poison perfide qui vous bouffe de l'intérieur, vous ronge et vous écoeure, ce poing serré et cette mâchoire crispée, douloureuse qui une fois deserrée, lâche un flot de paroles haineuses, incontrôlables.

Incontrolable, jaloux et en colère, on l'est quand on a 15 ans et assurément lorsqu'on se surnommait Claquesous ca valait son pesant d'or.

Toute cette rancoeur s'accumulait depuis trop de temps et avait poussé les deux frères à se faire face, ce soir-là.
Des incompréhensions, des non-dits, toutes ces années séparés et les retrouvailles n'effaceraient jamais l'absence et les souffrances accumulées durant ces cinq années d'horreur.
Le masqué avait retrouvé son frère et tentait, à ses côtés, de reprendre une vie plus ou moins civilisée. Il avait souffert de sa perte, il souffrait toujours à chaque silence, chaque détournement et chaque manque d'attention.
Inlassablement toutes les nuits, il revivait la séparation et les sévices.
Montparnasse par ailleurs avait le don de se mettre dans des emmerdes pas possible et le cadet craignait de ne plus le voir rentrer et le retrouver un beau matin, égorgé dans un caniveau.


La tension avait atteint son paroxysme et Lutécien avait une énième fois claquer la porte de la taverne.

    Chier !!!
 


C'était le mot.
Il aurait pu le décliner à toutes les sauces. Il était temps de grandir et de cesser d'être un gamin capricieux avaient-ils dit et ça lui martelait le crâne au Claquesous. Il s'était encroûté trop longtemps à Marseille, il avait oublié comme vivre en groupe. D'ailleurs, il ne l'avait jamais appris.
Son frère, sa soeur de coeur, leur père adoptif
Son Sang ou pas, là tout se mêlait dans sa tête.

La famille... C'est ça. 

Il en avait marre, c'était sa faute, évidemment. Sa faute si Thyia était partie, sa faute si Amelianne n'était plus là , sa faute si Montparnasse se foutait toujours dans des combines à la mords-moi le noeud, sa faute si Archibalde perdait ses cheveux et sa faute si Vivia...bref.
Ben voyons... Tant qu'à être victime comme le disait le noble, autant l'être jusqu'au trou du fion.
Le jeune Claque ne savait pas faire dans la demi-mesure.
Con jusqu'au bout.

Sauf qu'il commençait à ne plus en avoir rien à foutre. Thyia avait trouvé son bonheur, Maman était morte, il n'y pouvait plus grand chose, Amelianne referait sa vie, Archibalde aurait sans doute des cheveux blancs avant Limoges, il faisait chier, Mont faisait chier. Ils faisaient tous chier, bordel de merde! 

Il balança un cruchon vide contre le mur, la terre cuite se fissura et explosa en mille morceaux. Voilà, ça fait du bien, tout le monde faisaient du coup beaucoup moins caguer.

Il s'arrangea, coquet même dans la plus sombre des crises, le visage couvert, il fit craquer les phalanges de ses doigts sous le cuir de ses gants. Il était en colère et il avait foutrement envie de coller une bonne dérouillée à son frère, au curé , à sa bonne et au premier venu.

Il sortit alors et les brides de conversation saisies avait remis le feu au poudre,les éclats de voix qui lui parvinrent lui tournaient la tête et commençaient à lui piquer les yeux, il les leva vers le ciel étoilé et se mit à prier. 

    Mère, bordel, pourquoi vous avez eu deux enfants! Qu'est ce que je fous avec lui moi, franchement? On ne se comprend pas, on ne se comprendra jamais. Je le hais. Non, je l'aime. Bordel, c'est encore moi qui ai tout foutu par terre?
 


Il entra, les mots fusèrent, blessants, cruels et durs. Le noble et la belle partis, le face à face fut fraternel.

La haine est la carie de l'âme, elle use la vie, et précipite des instants dont on ne jouit que lorsqu'on aime ses semblables.
Jamais le masqué avait ressentit pareil crève-coeur et lorsqu'Enguerrand tourna les talons, rabattant sa capuche, le jeune garçon, frustré, tenta de le retenir, une main autoritaire sur son épaule.


    Ne me tournes pas le dos. Merde !






Bien sûr que rien ne pourra jamais nous l'enlever 
Bien plus que tout ce que la vie peut nous accorder 
L'amour sera toujours cette moitié de nous qui reste 
A faire 
Mon frère ...

_________________
Montparnasse.
Bien plus qu'un monde qui s'ouvre à l'un et pour l'autre chavire
Bien plus qu'une mer qui supplie quand la source est tarie
C'est tout notre amour qui s'éloigne des rives et se perd
Mon Frère


S’il y a bien une chose que l’on peut affirmer c’est que le quotidien des deux frères est loin d’être monotone. Ajouter à cela un père adoptif au summum de la perversité et une sœur de cœur qui joue à qui à la plus grosse… perversité hein… avec lui et vous obtiendrez ce mélange détonnant et épuisant.
Car oui Montparnasse était lassé de tout cela. Mais surtout du comportement colérique et immature de son frère. Pas une seule soiré au calme... et cette soirée avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase.
Il faut dire que Montparnasse était déjà plein de rancœur et de haine. Quand on sert la veille d’urinoir à son père il n’est pas vraiment étonnant que l’on soit à prendre avec des pincettes. Aussi, dans ce quatuor de perversion, quand l’attention de l’un entraîne la jalousie de l’autre, la bulle éclate dans un fracas assourdissant.

Si Montparnasse avait été à l’origine de cet éclatement c’est qu’il en avait eu marre de l’atmosphère pesante et des regards en biais qui ponctuait leur conversation.
Il avait mis les pieds dans le plat et se l’était pris en plein dans la gueule.
Il avait pourtant pris le partie d’essayer de se taire. De laisser couler.
Mais la colère, sournoisement, s’était invité dans ces veines et l’avait empoisonné lentement.

Après le départ de leur père, Montparnasse commença à ressentir sa présence... Son agacement avait atteint son apogée en entendant les paroles de ce frère qui semblait ne pas vouloir comprendre ce qui était reproché.

De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas, et quand on aime trop, on haï avec autant de véhémence.

Sa capeline avait été rejeté sur ces épaules, ces mâchoires étaient serré, et Montparnasse avait mis fin à cette discussion stérile en se dirigeant vers la porte. Tournant ostensiblement le dos à ce frère qu’il ne connaissait plus.


- Ne me tourne pas le dos. Merde !

A ce moment-là tout se brisa. Son contrôle se perdit dans les limbes de sa folie.
Car s’il se maîtrisait bien, Montparnasse ne valait pas mieux qu’un autre.
Le coup partit dans une violence inouïe. Son poing s’écrasa sur le bas du masque fraternel et le fit voler plus loin dans la taverne.
Le sang lui battait les tempes et son cœur tambourinait dans sa poitrine.

Il n’y avait plus d’Enguerrand, plus de Lutécien.

Seulement un Montparnasse remplie de haine, blessé dans sa fierté par les évènements récent et qui avait laissé cette noirceur qui l’habitait prendre le dessus sur sa raison.
Il ne voyait plus rien. Ses yeux étaient voilés par sa répugnance et le gout cuivré du sang avait envahi sa bouche.
Cela lui était déjà arrivé.
Cela c’était terminé par la mort d’un innocent.
Et cette fois l’innocent serait son propre frère. Son sang. Sa famille.

Alors que son poing s’abattit une nouvelle fois sur le visage parfait de son frère, toute sa rancœur se libera.
La rancœur pour se frère qui ne voulait grandir et qui continuer à vivre dans une image parfaite d’un monde qui n’existait pas.
La rancœur pour se père qui l’avait humilié comme jamais, se servant de sa faiblesse pour mieux le contrôler.
La rancœur pour ces Corleones qui l’avait marqué à vie comme un vulgaire veau que l’on amene à l’abattage.
La rancœur pour cet homme qui lui avait pris son innocence et son enfance lorsqu’il avait sept ans...

Toute cette haine accumulé, cette rage contenue, il la déversa contre son frère. Les coups pleuvaient, et alors que le sang chaud de son frère commencer à teinter ces gants de leur tiédeur mortel, Montparnasse lui ne sentait que l’urine chaude de son père contre sa jambe.
Alors qu’il frappait encore et encore ce visage de poupée trop protéger, Montparnasse ne voyait que les yeux bleus remplient de peur de son Océane qui le fixait.
La folie habitait le corps du jeune galant et rien d’autre alors ne comptait que d’abreuver cette soif de sang et de violence.
Et tandis qu’il entendait les râles contenus de son frère Montparnasse lui bandant de nouveau comme un âne.
La violence l’excitait.
Elle se mélangeait à l’amour sans borne qu’il portait à ce frère mais aussi à cette haine ressentit lorsqu’il menaçait encore une fois de partir.

Dominant ce frère de toute sa hauteur l’ayant plaqué contre le sol par la force incontrôlé de ces coups, Montparnasse se laissait aller à cette violence soudaine et inouïe.
Ses sentiments étaient exacerbés et il n’avait plus rien du jeune homme calme avenant et charmant qu’il pouvait être parfois.
L’homme n’était plus.
Il ne restait que le petit garçon meurtri de n’avoir jamais était aimé lorsque ces mains se serrent autour de ce cou trop pale.
Il ne ressentait même pas les coups que lui porter son frère.
Il était aveuglé par la violence, la puissance, le plaisir.
Ces mains serrent de plus en plus.
Il n’avait plus envie de protéger son frère, plus envie de le préserver, il voulait qu’il souffre comme il avait souffert, il fallait qu’il grandisse, qu’il cesse d’être un enfant.
Qu’il cesse d’être lui.
Petit à petit la résistance de son frère devenait plus faible.
Petit à petit ce corps fragile ployé sous l’amour fraternel…
Petit à petit sa poitrine cessait de se soulever pour avaler cet air
Petit à petit Claque sous mourrait…. Disparaissait de son monde…

Et Montparnasse ressentait une étrange satisfaction à cela…


Bien sûr qu'un jour s'en va pour l'un et pour l'autre s'en vient
Bien sûr les étoiles se meurent quand le ciel s'éteint
C'est notre amour qui n'aura jamais de lendemain
Mon frère...

_________________
Claquesous
Le poing s'abattit et le masque vola.
Ainsi donc Montparnasse savait frapper et faire mal quand il voulait. En d'autres circonstances, Claque aurait plaisanté.

Ne rien dire, et attendre le deuxième coup.
Les azurs n'auront le temps de suivre le geste que les phalanges fraternelles lui fendent déjà en deux son visage de chérubin rendu vulnérable sans sa protection, sa si jolie frimousse, jalousement dissimulée aux yeux des prédateurs.
La tête partit en arrière, décoiffée d'un vent cinglant, une brûlure qui d'abord pique et puis lance.
Le carmin apparut et il coula sur la commissure entrouverte de sa bouche.
Lentement il relèva les yeux, s'essuya de deux doigts, en toisant la lune depuis l'encadrement de la porte qui s'installait tout juste dans le paysage, astre funèbre, seul témoin de la scène qui se jouait.
Il pencha sa tête de l'autre côté, comme si il tendait l'autre joue.
Et en le fixant droit dans les yeux, douleur vive et étourdissante, il resta calme, insolemment calme et debou
t

    Continue Enguerrand.



Un regard qui dit: frappe moi!
Voilà a ce qu'il était réduit le bel enfant.
Au masochisme.
Parce que finalement, il était bien connu que les deux frères puisaient leur force, leur jouissance dans la douleur.
Provoquant et bien ancré dans ses bottes, le minot se refusa a riposter narguant ainsi son adversaire d'un sourire de petit conqu'il ravala l'instant d'après.


Une pluie de coup pleuvèrent, le corps ployait un peu mais la raison restait bien là, lucide avec ce calme étrangement anormal. Quelque chose craqua, il sut qu'il ne s'en sortirait pas indemne.
Il ressentait la haine de son frère, plus que jamais. Elle lui givrait le sang et son cœur semblait rester inerte un laps de temps.
Un haut de l'organe le prit à la gorge, Lutécien baissa les yeux à cet instant et tomba à genoux.
Il tenta un peu de dignité, mais se fut râté lorsqu'un haut le coeur sanguinolant vint tâcher le sol aux pieds de Mont.
Seul, au purgatoire.
Face à son frère.
Son œil bleu commença à changer, terrassé par la dure loi de la jungle qui est celle des hommes et de tous ses vices.
Qui t'apprend que celui qui était ton frère, ton confident, ta bouée de sauvetage pouvait te blesser et te prendre ton dernier souffle sans que les prunelles ne frémirent.
Il pensait que la vue du sang et son odeur apaiserait la hargne fraternelle.
Hélas...

Claquesous faisait face a un homme plein de tristesse et de rage et la seule chose que le plus jeune pouvait faire à défaut de se défendre était de l'encourager à vider tout ça.
La folie funeste finit par l'impressionner, le briser et lui vriller les tripes
Il avait mal, la peur le gagna, la panique, les lippes s'entrouvrirent et le souffle porta un râle.
L'insolent qui riait de tout, ressentait,se cachait tellement souvent derrière ce masque qui dissimulait les expressions de son visage, mais la parmi les prunelles ensanglantées, la peur s'y lisait clairement.

Il ferma les yeux, et cracha un filet de bave carmine qui vinrent souiller les bottes fraternelles
Sa tête tournait, son oreille sifflait à en perdre l'équilibre et les mains de Montparnasse imprimèrent leur empreinte macabre sur la peau juvénile.
Lutécien défaillit et s'accrocha aux doigts criminels et essuya sa perversité en les appuyant comme pour encourager le geste, jusqu'à ce qu'un sursaut d'humanité, l'instinct de survie lui fit prendre conscience que l'air venait à lui manquer, que lentement la vie lui échappait.

Montparnasse indéniablement souffrait. Amer était le constat et la marque qu'il était en train d'infliger à son cadet était le témoin d'une jeune vie remplie de sévices et de violence.
Claquesous luttait avec la vie, ne voyait déjà plus ce qui les entourait.
Les mains du frère étaient chaudes et elles tremblaient, plus rien à voir avec celles qui le caressait avec autant de tendresse et d'amour.
Il voulut hurler, demander pardon et supplier, lui crier qu'il l'aimait.
Il n'était plus qu'un hématome bleu, boursoufflé de rouge qui se mordait la langue pour ne pas geindre..
Ses poumons claquèrent, il suffoqua.

Il avait froid.. L'air se fit désiré, ses muscles se ramollirent. Il n'avait plus de force

    N'hésites donc pas Enguerrant tu en meurs d'envie. Je prie seulement pour que ça te serve à quelque chose..

La trachée fit un gargouilli et siffla.
Claquesous se braqua, se cambra comme en plein orgasme avant de s'écrouler, vertige, noir complet.
Sa bouche cracha un repentir vermillon.
Nous sommes tous maîtres de notre destin
Coupables.
Coupable d'avoir provoqué la haine fraternelle.
Son minois devint insensible, des images enfantines dansèrent dans sa tête et la ritournelle accompagna son dernier souffle


Sommes-nous des grenouilles Et pourquoi quoi..

    chante avec moi, mon frère...

_________________
Montparnasse.
Pas une seule fois il n’y eut de la pitié dans le geste de Montparnasse.
Il était froid, cruel, implacable.
Il faisait subir à son frère toute la violence et la haine qu’il avait passé tant de temps à lui épargner.
Rien ne l’atteint, ni les mots de son frère, ni son invitation a le frapper plus encore, ni sa provocation, ni le sang qu’il crache, qu’il vomi, ni même la peur qu’il finit par lire dans ces yeux...

La naïveté, la jalousie, la faiblesse, tout cela n’a pas sa place dans leur monde, tout cela n’a pas sa place ce groupe. Et Montparnasse l’enseigne à son frère à coup de poing.
Il brise volontairement la confiance que lui porte cet être aimé.
Il lui prouve que rien n’est jamais vraiment acquis, pas même l’amour fraternelle.
Il veut lui faire comprendre, par chacun des coups qu’il a porté à ce visage précieux et aimé, qu’il est temps maintenant d’enlever ce masque et d’affronter la vie.
De se prendre en pleine gueule tous ce qu’elle a de plus vicieux, mais aussi ce qu’elle a de plus beau.
Il fait éclater la bulle de protection qu’il a lui-même installer autour de son frère pour le jeter dans vide et le regarder chuter sans le retenir.

Et alors que le dernier souffle s’échappe du corps inconscient de Claque, Montparnasse perçoit enfin l’horreur de son geste.
Il comprend que les ténèbres se sont de nouveau emparées de son cœur, que la haine a gagné face à l’amour.
Il comprend que la leçon ne peut être acquise lorsqu’on est mort.

La panique remplace la colère tandis qu’il s’écarte de son frère.

Ces mains tremblent et il les regarde comme un bébé qui découvre pour la première fois que ces deux bouts de chaires font partie intégrante de son corps.
Ses yeux s'ouvrent quand il prend la mesure de son geste.
De cette envie de le tuer qui bat encore entre ces tempes.
Il se rejette en arrière, recule.
Rampe sur les fesses.
Ses pensées se perdent, puis son sang-froid revient, le temps se figent autour de lui, des pensées cohérente se mêlent au début de reproche que son esprit s’inflige.
Il doit agir, il se repentira plus tard.

Il s’approche de son frère, le secoue, le gifle, mais rien, son souffle reste inexistant et son corps amorphe. Alors il se décide enfin à faire quelque chose de sensé.
Il se précipite dans les ruelles sombrent de périgueux et court chercher son amie, sa sœur, Vivia.
Il ne s’embarrasse pas de savoir si il la dérange, ni même de savoir avec qui elle a passait la nuit. Tout comme il ne prend pas la peine de frapper. Il débarque seulement comme une furie, le corps tremblant, la sueur perlant sur le front, tandis qu’il tombe à genoux devant elle, ces jambes refusant de faire un pas de plus :


- Vivia ! J’ai besoin de ton aide ! J’ai fait une connerie ! Lutecien…il est… il est… mort ! Aide moi ! Pitié… sauve le !

Ces mots sont entre coupé, son souffle court, sa voix est un mélange étrange de cris et de murmure. La peur et le désespoir envahit à présent le corps tremblant de Montparnasse tandis qu’à son tour il vomie la bile qui lui brûle l’œsophage tandis que son cœur reste suspendu à ces lèvres, sans pouvoir rien faire d’autre que laisser son amie fidèle réparer une fois de plus le mal et le chaos qu’il sème inlassablement autour de lui…
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Vivia
Le calme ? Qu'est-ce ? Un moment de plénitude, de "rien", de néant où finalement l'esprit et le corps peuvent se reposer et s'abandonner en toute quiétude. Un moment intime, de réflexion, parfois même d'introspection. En somme, un moment que la "Famille" n'avait pas connu depuis plus de deux semaines, depuis qu'elle était enfin recomposée. Faut dire, qu'elle avait de quoi être atypique cette clique là. Pourtant née Corleone, Vivia trouva en Montparnasse, un ami, un amant et un frère de cœur pour lequel les relations étaient aussi ambiguës que déroutantes. Ce dernier était d'ailleurs, intimement lié à son frère de sang, Claque qui, depuis l'arrivée de la Corleone et devant cette relation de longue date, enchaîna les comportements irritants et sournois. Difficile de trouver sa place après tout, quand une fêlée vient foutre son grain de sel dans une relation acquise, intense et exclusive. Et pour pimenter le toux, il fallait ajouter à cet assemblage bancal, un père adoptif aux mœurs douteuses qui su, pourtant, tant par son charme que par son sadisme, s'immiscer dans la faille la plus béante de ces trois énergumènes. En somme, l'addition de ces éléments instables était vouée à l'échec.

Toutefois, cette nuit avait été calme. Chose étonnante et suffisamment troublante pour ne rien engager de bon et de sain. Sentant d'ailleurs que l'ambiance, posée était aussi pesante que malsaine, la Corleone prit les devant et décida de retrouver sa chambre éphémère pour s'abandonner à quelques plaisirs fumants. Ainsi donc, une fois la porte de la taverne claquée, l'Ebrêchée s'empressa de retrouver le calme de son repère. Enfin, elle se pose et prépare sa pipe qu'elle fourre de quelques plantes pour enfin l'allumer et s'offrir quelques bouffées. Encore habillée, elle se laisse tomber dans sa couche et pipe en bouche et se fait songeuse.


- Tu t'y fais à ce que je vois à cette famille..
- Oui, et ?
- Tu t'enlises..Depuis que tu es avec eux, tu n'as dépecé, ni tué quoique ce soit...Oublies-tu cette haine que tu as ressenti et qui bat encore entre tes tempes ? Pire, comptes-tu te comporter comme un bisounours ? Tu t'encroutes la Fêlée, tu t'encroutes.
- ….
- Et cet Archibalde là, tu comptes en faire quoi ? Vous allez continuer à vous violer à tour de rôle ou tu comptes sérieusement me libérer que je puisse m'amuser à mon tour ?
- ..Laisse moi tranquille, s'il te plait.
- Et puis, penses-tu sérieusement que ton père serait fier que tu laisses cet imposteur te gorger de sa Folie ? Lui au moins avait du talent et l'héritage qu'il déversait entre tes cuisses était pur. Cet homme n'est qu'une pale copie..Tu me souilles par ses petites dépravations..N'abimes pas ce que ton père a fait de toi..N'effrite pas ce chef d'oeuvre.. Tu es sa plus belle création, il a mis..tout son cœur, toute sa folie à l'ouvrage..Souviens toi de ses gémissements.

Sous les mots échangés, les souvenirs fugaces lui reviennent. Si infectes, si prenants qu'ils lui vrillent les tripes et lui enserrent la gorge. Aussitôt le corps se cambre, se tord et finalement se précipite vers un contenant pour y déverser cette bile immonde.

Et enfin, la porte claque et elle abandonne finalement la vision du contenant souillé pour un Enguerrand en perdition. Les iris se figent, estompant cette buée immonde et paternelle alors qu'elle ressent cette panique qui l'étreint. Jamais, elle n'avait ressenti pareille angoisse de sa part, jamais et pour sûr cela ne présageait rien de bon. Et le suspens ne dur qu'un temps, la vérité s'abat à ses oreilles pour se briser entre ses tempes. Il avait..tué..son frère ?! De toutes les horreurs qu'il avait pu commettre, celle-ci était de loin la pire à laquelle il l'avait confrontée. Comment ? Comment pouvait-il nuire à son frère, vu l'amour qu'il lui portait ? Pourtant, elle n'a pas le temps de se poser cette question. L'urgence est là. L'instant alors prime sur le réconfort et la besace est remise avec précipitation.

Retrouve-moi là bas, j'aurai besoin de toi pour le conduire ici. Ce sont les seuls mots qu'elle lui accorde alors qu'elle fait fit de ses blessures visibles et du sang qui jonche sa chemise et ses gants. Qu'importe, pour l'heure..Elle doit secourir Claque en priorité. Un Mal/Mâle à la fois.


A son tour donc de claquer la porte dans sa précipitation et de découvrir avec horreur le corps gisant du Claque sur le sol poisseux de la taverne. Aussitôt, elle s'empresse de défaire le col de sa chemise, de le débrailler pour ouvrir au mieux sa cage thoracique et là, l'oreille se porte à ses lippes, tandis qu'elle lorgne la plus infime des élévations de cet amas de cotes.

Silence...
Absence...
Rien...


Aussitôt, impassible, elle conserve ses réflexes communiqués par son père pour dégager la gorge du Claque et poser ses lippes contre les siennes. Là, elle abandonne son souffle..Cette vie qui la corrompt chaque jour que le Très Haut fait. Pour la première fois, elle n'aspire qu'à redonner la vie plutôt qu'à l'éteindre. Pour la première fois, elle accepte de confier cette part d'Elle pour en sauver un autre. Puis, le corps n'étant qu'une machine dont elle connaissait les rouages et les mécanismes, elle finit par abattre ses mains liées contre les cotes pour contraindre le palpitant à pomper, à s'activer..à le réanimer. Les secondes passent et les doutes s'abattent à ses tempes. Que ce passe-t-il lorsque le corps est ainsi arraché aux mains des limbes ? Qu'elles sont les conséquences que son offense auront sur lui ? Nul ne peut revenir des morts sans séquelles, elle en savait quelque chose..

Souffle...
Présence...
Tout...


Enfin, la machine redémarre..Elle entend ce souffle, voit ce corps si faible se gonfler de vie pour abandonner l'air impur à travers des lippes meurtries. Pourtant, elle sent que quelque chose cloche, elle sait qu'il payera le prix de son audace et devant elle, les mèches masculines se blanchissent. Voilà donc, la part d'Elle qu'elle lui offrit en héritage, en contrepartie...


- Pauvre Claque..Au lieu de ta force et de ta folie, tu ne lui as transmis que ta peur..
- Arrête...Arrête...Arrête...
- Il sera blanc comme un séant avec tes conneries..Enfin, après tout, tu as raison, mieux vaut conserver ton héritage..J'ai de meilleurs projet pour toi.

Qu'ais-je..Fait..
_________________
Archibalde
Archibalde était parti à cheval. Depuis une bonne heure déjà, il battait la rase campagne. Il pouvait admirer à foison les serfs travaillant leurs champs, le dos courbé, le visage tourné vers la terre. Heureux était-il de ne pas faire partie de ceux-là. Le paysage défilait à grande vitesse, alors que dans son esprit, le décalage était immense. Il avait l’impression de pouvoir observer chaque détails, de voir les couleurs des plus petits éléments.
Le vent maltraitait son visage, sec et glacial, alors qu’il observa la buée sortir des naseaux de sa monture. La bête, grande et belle, le suivait depuis quelque temps maintenant. Et il s’arrêta, au sommet d’un colline où trônait un arbre esseulé. Posant pied à terre, il s’approcha, la main caressa l’écorce rêche.
Il avait là vue sur toute la vallée, et cet instant lui rappela une de ses nuits avec Thyia. Souffrant d’insomnies il l’avait emmenée, et la ville de Montélimar, illuminée de ses lumières vives s’étalaient sous leurs pieds.
Ici, seuls les brins d’herbes hautes vacillaient sous le souffle de l’air, ondulant avec une langueur paisible. Il n’y avait pas là âme qui vive. Il fit quelque pas, regarda autour de lui, se laissa habiter par cette solitude, ce silence, et cette paix.
Rien n’ébranla son esprit. Ni individus, ni responsabilités, ni intrigues ou cruauté. Le monde, tel qu’il était fait, ne convenait pas à Archibalde. Les gens y étaient bien trop infectes, dégoulinants de faux-semblants et de normes.

Etait-il possible que sa démence et son esprit tortueux soient plus sains que ceux de ces gens convenables ? Assurément, et il se tenait là, pédagogue, répandant sa vile bile sur le royaume, les hommes en seraient instruits, les femmes éclairées.

Le temps passa, et ce tranquille vacarme l’incita à rentrer.
La chambre était correcte, mais loin des charmes et du confort de son domaine, ou même des propriétés de sa famille. Sommaire, composée d’un lit, d’un bureau, d’une table et de quelques chaise, d’une penderie et d’une desserte, il s’en satisfaisait faute de mieux. Ils ne tarderaient pas à arriver à Limoges de toute façon. Il se déshabilla des couches superficielles, celles-ci même qui n’avaient pour seule utilité que de tenir chaud.
Une plume traînait là dans son encrier, n’attendant qu’à être usée de nouveau, qu’à calligraphier avec audace des mots crus, ou plus doux. La nuit dernière, Vivia lui avait permit, avec une boisson de ses soins, de dormir profondément, loin des tracas familiaux. Il songea à en lui redemander une.

Et puis, des bruits de pas. De course peut-être, un souffle un peu trop bruyant, une porte qui s’ouvre à la volée pour claquer contre un mur. Dieu, que n’était-il pas possible d’avoir du repos ! Un manteau de chambre sur les épaules il sortit à son tour, agacé d’entendre tant de vacarme. Et cela ne pouvait être que celui d’une connaissance, puisque l’auberge était déserte de toute présence hormis la leur. C’était Montparnasse -bien sûr- qui s’était mit à brailler.


Vivia ! J’ai besoin de ton aide !

Rien d’étonnant. Mais une précision s’ajouta à cet appel de détresse.

J’ai fait une connerie ! Lutecien…il est… il est… mort !

Comment ? Il n’entendit rien de la suite pour peu qu’il y en ait une. Se dirigeant avec empressement vers la chambre de la blonde, il entra alors que celle-ci même se faufilait au dehors. Un rapide regard sur elle avant de baisser les yeux sur ce vaurien à genoux, maintenant secoué de soubresauts de désespoir. La lèvre se retroussa avec dégoût alors qu’il comprit. Le fratricide s’ajoutait donc à la longue, longue, liste des vices de Montparnasse.
Comment faisait-il pour s’embourber toujours plus dans la fange de sa propre négligence, de sa bêtise, de ses sentiments les plus bas ?
Une fraction de secondes plus tard il se détourna sans un mot à son égard, alors qu’il prit la suite de la Corleone. Elle avait déjà disparue, mais la ville ne regorgeait pas de tavernes. Au bout de la deuxième, il trouva là gisant un Claque dans le cloaque de son sang, et une Vivia la bouche collée sur celle du dernier.
Interdit, il observa, même si l’inquiétude gorgeait ses veines de voir l’enfant inanimé. Sans un bruit, il se rapprocha, respectant tout de même une distance nécessaire pour laisser la jeune femme officier, en retrait.


Il vint cependant à froncer les sourcils lorsque la blancheur s’empara des cheveux fins et bruns. Et il se questionna davantage encore alors qu’il entendit des mots féminins s’élever, sans aucun destinataire pour les recevoir.


Enfin, le corps de Claque s’anime. Il ferme à demi les yeux, poussant un soupir de délivrance.

_________________
Claquesous
Persuadés d'avoir du vécu,
Chacun de nous pense posséder le monopole de la souffrance,
On aborde fièrement nos cicatrices et on n'aime à rappeler
A quel point nos vies sont tristes et cruelles,
On est le nombril du monde et tous prétendent
Avoir grandi à l'ombre du bonheur,
On se fait notre histoire.
Dans le vacarme de nos plaintes,
Y a tant de gens qu'on entend même plus pleurer.

On n’achète pas le bonheur sans qu'un jour, le temps nous démasque
La détresse n'a pas de couleur, réveille toi :
Sous combien de peaux blanches se cache la douleur ?
Chacun ses secrets, emmurés dans le silence,
Ces hémorragies internes qui nous font pleurer en silence.



Mal être : chronique de douleurs qu'on traîne,
On espère qu'elles disparaissent mais en faite elles hibernent
Dans les veines de nos plaies, mon cœur la renferme,
C’est une peine sans sursis, à vie c'est du ferme
Et je me cache pour pleurer,
Si je souris au monde, c'est en espérant le leurrer
Parce qu'au fond,
Qui peut réellement savoir ce qui nous tue
Et ce que l'on est,
Les gens se contentent de ce qu'on parait, pas vrai ?
Souffrir sans pouvoir le dire c'est pire.
Anorexie de bonheur,


Ne crois jamais être le seul à pleurer de quoi inonder le sol,
Certains enveloppent leur tristesse dans un lin seul
Mais seuls, ils finissent de pleureur comme le saule,
N'écoutes pas trop les cœurs, ils font boum - boum
Au rythme des peurs,
Boum - boum chacun porte son fardeau,
Des cœurs gèlent et prennent les faux semblant comme manteau,
Quand d'autres se replient dans la violence, se cachent derrière l'arrogance,
Traduisent leurs tristesses par l'insolence,
Les gens cachent leurs douleurs,
Se tiennent debout comme des arbres
Mais leurs branches sont d'argiles,
Du cristal sous du marbre,
Les blessures mortelles sont celles qu'on peut confier
Si on se sent asphyxié, c'est qu'on tente de les étouffer.*

Un coeur qui bat, un battement de moins, un tempo de requiem, un coeur qui ne bat plus
Une parenthèse, un temps perdu dans l'espace temps, un battement de moins, un requiem decrescendo.
Les pupilles en myosis mettent en valeur des iris trop claires, les lippes carmines s'entrouvrent libérant le dernier souffle et les muscles se relâchent.
Le chérubin se meurt.
Sa beauté fait un pied de nez au ballet funeste qui s'empare de son âme.
Tout se fige.
Douleur n'est plus.
Déjà, il n'entend plus rien et les images se sont éteintes face à son regard voilé.
Le bel enfant ne respire plus.
Il ne rira plus
Il n'aimera plus
Il ne souffrira plus.
C'est juste une petite mort, l'histoire banale d'un gamin mal-né que la société ignore ou rejète.
Pas de quoi fouetter un chat, des affaires comme ça, il y en a tous les jours.

La pluie fera son oeuvre, lavera la dépouille tâchant les pavés de carmin, des rigoles de sang qui échoueront dans le caniveau
Demain, une mère et son petit trébucheront sur le corps et la pieuse femme serrant la main de son rejeton, le citera en exemple et le sermonnera, s'il désobeit à maman et qu'il oublie ses prières, voilà comment il finira.

Le sort aurait pu être ainsi, mais le destin en décida autrement.
Alors qu'il flotte dans les lymbes, frisant la plénitude éternelle, voilà que son esprit fait vacum et que l'horrible réalité le frappe, encore plus douloureuse que les coups de Montparnasse.
Des voix, une cacophonie démoniaque lui martèle les tempes, un peuple de dégénérés entame une gigue dans sa tête, parlant et chantant tous en même temps.
Il va devenir fou
Le tambour cogne..dans son crâne, dans sa poitrine, le rythme s'accélère.
Le goût de la bile lui remonte dans la bouche en même temps que ses poumons se remplissent d'air...trop d'air qui remonte dans sa trachée pour laisser passer entre les lèvres fendues un hurlement.
Bestial et étrangement roque, comme si le petit avait mué d'un coup.
Il hurle à briser les tympans et toutes ses veines, il hurle de toute son âme, comme un damné.
Arraché à une mort qui ne veut pas de lui, il renaît.
Et ça fait mal.



*kerry james
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Montparnasse.
Son cœur semble aussi s’être arrêter dans l’angoisse de l’attente. Il sait qu’il doit se lever, il sait qu’il doit marcher, aller voir ce qu’est devenue son frère, aller voir si Vivia a réussi à le sauver ou si il est vraiment responsable de la mort de se frère qu’il aime tant. Qu’il aime trop.
Il ne remarque pas le regard méprisant qu’Archibalde lui lance en poursuivant Vivia. Plus rien n’a d’importance pour Montparnasse. Engluer dans sa culpabilité il ne trouve pas la force de se relever. Tous sa force semble l’avoir quitter.

Ce soir là Montparnasse est mort en même temps que son frère.
Ce soir-là il était allé trop loin.

Il ne comprend pas cette haine qu’il a ressenti, cette envie soudaine de lui faire mal, à lui, son frère qu’il aime tant.
La frontière entre l’amour et la haine est donc si facile à franchir ?
Pourtant à présent il n’y a plus une once d’haine dans son cœur, seulement la peine, la peur et l’amour. Mélange douloureux qui l’empêche de respirer. Son regard se porte sur le plancher. Il doit se lever. Il doit y aller. Il doit savoir.

L’attente est pire que tout. Il a déjà perdu son frère une fois, du moins le croyait-il, et alors qu’il nager dans les ténèbres c’était déjà Vivia qui l’en avait fait sortir, doucement. Il s’était raccrocher à elle et lui avait donné l’amour qu’il portait à ce frère qu’il avait cru mort. Mais Claque était revenu, et avec lui ce lien unique qui les relie.
Alors pourquoi s’en prendre à lui ?
Pourquoi vouloir le faire grandir, le faire changer ?
Ne l’aimait il pas assez pour l’accepter tel qu’il était ?
Si, il l’aimait assez pour cela. Il avait juste sous-estimé sa part d’ombre. Sous-estimé la faille qu’il avait en lui. On l’avait brisé des son plus jeune âge et à présent la seul chose qu’il voulait s’était brisé les autres. Leur faire payer a tous ce mal qu’on lui avait fait.
Lutécien avait pourtant souffert autant que lui dans ce bordel infâme de Marseille, alors pourquoi s’en être pris à lui ? Et bien simplement parce qu’il ne comprendrait pas cette espoir qu’il voyait dans les yeux de son frère, cette envie de vivre malgré les souffrances subit, et ce qu’on ne comprend pas on veut le détruire. L’homme est pire qu’une bête et Montparnasse n’est pas au-dessus des hommes, il n’est qu’un exemplaire parmi tant d’autre.

Il se relève enfin, ses jambes flagelles, son estomac se vide encore, même si il ne lui reste plus rien à vomir. Il ne s’inquiète pas un instant du nettoyage, seul son frère compte.
Ses jambes sont lourdes, chaque pas est un combat, comme si il luttait contre une force invisible qui tentait de l’empêcher d’avancer. Un pas puis l’autre.
Le voilà devant la porte de la taverne, il s’arrête un instant, son souffle et court.
Aurait-il la force d’affronter la vérité ?
Aurait-il la force de supporter le poids de cette culpabilité ?
Non, il ne l’aura pas, il le sait. Mais il doit savoir.
Vivia a-t-elle réussit a le sauvé ?
Un hurlement retentit. Sonore tonitruant.
Lutécien ? C’est toi ?

Il pousse la porte. Bascule dans le vide.
Une sensation de chute libre le saisit quand son regard parcourt la pièce. Archibalde, Vivia, puis Claque.
Claque.
Lutécien.
Il est vivant. Il hurle, mais ces cheveux sont blancs. Tous. Jusqu’au dernier poil.
Blanc ?
Aurait-il maudit son frère en l’envoyant en enfer ?
Ces jambes lâchent et il se laisse tomber à terre. En position de prière il prend sa tête entre ces mains et serre. Il serre comme pour se faire éclater le crane. Il veut faire taire cette voix qu'il entend. Celle de la culpabilité.
Son frère est en vie, pourtant il ne ressent aucun soulagement.

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Vivia
Claque revient des limbes et le cri qu'il abandonne lui glace l'échine. Quelles aillaient être les conséquences de cet affront, de cette vie arrachée des limbes ? Celle qui avait offert une part de Folie pour Lui, voyait déjà les conséquences se dessiner sur cette tignasse autrefois brune. Devant ce corps encore affaiblit, la Corleone peine à se mouvoir tant l'esprit est trouble et confus. Entre ses tempes, le Barbier s'anime, s'active, se délecte en somme de cette nouvelle proie que la médicastre lui offre.

- Il est bel et bien revenu des limbes le Claque..
- A quel prix..
- Détends-toi, je vais juste corrompre son esprit désormais.
- Non !
- Tu le sais, il y a des conséquences lorsque l'on revient de ces limbes. On ne peut être mort sans qu'il y ait de séquelles..De troubles..Tu es morte combien de fois toi ? Hum ?
- Pas suffisamment visiblement.

Doucement, elle s'agenouille et attire le buste du Claque contre ses genoux, lui permettant par cette position demi-assise de respirer convenablement. Soucieuse, elle abandonne une main contre sa tempe et finalement, ose glisser la pulpe de ses doigt contre cette blancheur étrange. Comment en étaient-ils arrivés jusque là ? Jalousie ? Douleur ? Incompréhension ? Solitude ? Rejet ? Incapable d'y voir plus clair, d'obtenir une réponse à cette souffrance qui lentement mais surement étreint les tripes et le palpitant du Claque et du Mont, la Corleone est invitée à se ressaisir en entendant cette porte s'ouvrir.

Eng'.

Les iris rivés sur lui, elle inspire et entend cette souffrance. Il était étonnant de voir combien ces deux êtres liés, combien la peine de l'un pouvait se communiquer à l'autre. Pourtant, elle ne souhaite nullement l'entendre et y accorder de l'intérêt. Pour l'heure, il fallait agir et conduire Claque dans sa chambre pour qu'il se repose. S'il était sorti des limbes, il fallait encore qu'ils scellent ses bottes sur le sentier des vaches et des vivants.

Aussitôt, le regard se rive vers Archibalde. Seul être encore lucide pour agir et réagir efficacement. Il faut le porter jusqu'à ma chambre. Il a besoin de repos et de quelques soins. Je vais le garder en observation quelques jours pour m'assurer que son état est stable et qu'il reste, pour de bon, avec nous.

Doucement, elle l'aide pour le glisser entre ses bras virils et abandonne une caresse subtile contre la main du Barbu en guise d'apaisement. S'il n'avait rien dit jusque là, il était évident que ce silence était plus lourd de sens et de conséquence que la mort elle-même. Pour sûr, il y en a un qui allait déguster pour son offense et cette pression qu'il exerce contre ses tempes n'allait être qu'un amuse bouche pour son paternel.

Une fois le corps du Blanc soutenu, la Corleone lui emboite le pas et marque une simple pause à la hauteur du Mont. Intime, Éprise, elle pose sa main contre l'épaule du Montparnasse et enfonce la pulpe de ses doigts contre son étoffe. Son regard se porte sur le sien, s'y abandonne et sans qu'un mot ne s'échappe de ses lippes, elle l'invite à se ressaisir. Ce qui est fait est fait mais la finalité, elle peut encore évoluer. Le dénouement était à leur portée, rien n'est encore décidé.

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