Claquesous
Tout s'oublie
Chacun avec sa peine
Que le temps nous reprenne
Les souvenirs
D'un frère
Chacun avec sa peine
Que le temps nous reprenne
Les souvenirs
D'un frère
La colère.
Ce sentiment qui sommeille dans votre poitrine, fleuve aux eaux calmes qui une fois le seuil de tolérance franchit éclate comme un orage d'été faisant des dégâts inconsidérés.
La jalousie
Ce poison perfide qui vous bouffe de l'intérieur, vous ronge et vous écoeure, ce poing serré et cette mâchoire crispée, douloureuse qui une fois deserrée, lâche un flot de paroles haineuses, incontrôlables.
Incontrolable, jaloux et en colère, on l'est quand on a 15 ans et assurément lorsqu'on se surnommait Claquesous ca valait son pesant d'or.
Toute cette rancoeur s'accumulait depuis trop de temps et avait poussé les deux frères à se faire face, ce soir-là.
Des incompréhensions, des non-dits, toutes ces années séparés et les retrouvailles n'effaceraient jamais l'absence et les souffrances accumulées durant ces cinq années d'horreur.
Le masqué avait retrouvé son frère et tentait, à ses côtés, de reprendre une vie plus ou moins civilisée. Il avait souffert de sa perte, il souffrait toujours à chaque silence, chaque détournement et chaque manque d'attention.
Inlassablement toutes les nuits, il revivait la séparation et les sévices.
Montparnasse par ailleurs avait le don de se mettre dans des emmerdes pas possible et le cadet craignait de ne plus le voir rentrer et le retrouver un beau matin, égorgé dans un caniveau.
La tension avait atteint son paroxysme et Lutécien avait une énième fois claquer la porte de la taverne.
- Chier !!!
C'était le mot.
Il aurait pu le décliner à toutes les sauces. Il était temps de grandir et de cesser d'être un gamin capricieux avaient-ils dit et ça lui martelait le crâne au Claquesous. Il s'était encroûté trop longtemps à Marseille, il avait oublié comme vivre en groupe. D'ailleurs, il ne l'avait jamais appris.
Son frère, sa soeur de coeur, leur père adoptif
Son Sang ou pas, là tout se mêlait dans sa tête.
La famille... C'est ça.
Il en avait marre, c'était sa faute, évidemment. Sa faute si Thyia était partie, sa faute si Amelianne n'était plus là , sa faute si Montparnasse se foutait toujours dans des combines à la mords-moi le noeud, sa faute si Archibalde perdait ses cheveux et sa faute si Vivia...bref.
Ben voyons... Tant qu'à être victime comme le disait le noble, autant l'être jusqu'au trou du fion.
Le jeune Claque ne savait pas faire dans la demi-mesure.
Con jusqu'au bout.
Sauf qu'il commençait à ne plus en avoir rien à foutre. Thyia avait trouvé son bonheur, Maman était morte, il n'y pouvait plus grand chose, Amelianne referait sa vie, Archibalde aurait sans doute des cheveux blancs avant Limoges, il faisait chier, Mont faisait chier. Ils faisaient tous chier, bordel de merde!
Il balança un cruchon vide contre le mur, la terre cuite se fissura et explosa en mille morceaux. Voilà, ça fait du bien, tout le monde faisaient du coup beaucoup moins caguer.
Il s'arrangea, coquet même dans la plus sombre des crises, le visage couvert, il fit craquer les phalanges de ses doigts sous le cuir de ses gants. Il était en colère et il avait foutrement envie de coller une bonne dérouillée à son frère, au curé , à sa bonne et au premier venu.
Il sortit alors et les brides de conversation saisies avait remis le feu au poudre,les éclats de voix qui lui parvinrent lui tournaient la tête et commençaient à lui piquer les yeux, il les leva vers le ciel étoilé et se mit à prier.
- Mère, bordel, pourquoi vous avez eu deux enfants! Qu'est ce que je fous avec lui moi, franchement? On ne se comprend pas, on ne se comprendra jamais. Je le hais. Non, je l'aime. Bordel, c'est encore moi qui ai tout foutu par terre?
Il entra, les mots fusèrent, blessants, cruels et durs. Le noble et la belle partis, le face à face fut fraternel.
La haine est la carie de l'âme, elle use la vie, et précipite des instants dont on ne jouit que lorsqu'on aime ses semblables.
Jamais le masqué avait ressentit pareil crève-coeur et lorsqu'Enguerrand tourna les talons, rabattant sa capuche, le jeune garçon, frustré, tenta de le retenir, une main autoritaire sur son épaule.
- Ne me tournes pas le dos. Merde !
Bien sûr que rien ne pourra jamais nous l'enlever
Bien plus que tout ce que la vie peut nous accorder
L'amour sera toujours cette moitié de nous qui reste
A faire
Mon frère ...
Bien plus que tout ce que la vie peut nous accorder
L'amour sera toujours cette moitié de nous qui reste
A faire
Mon frère ...
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