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[RP] On à beau l'oublier, il finit par nous rattraper.

Mary_lisa.
    Une fois encore mes pas me conduire vers la Cour de la Jussienne. Quartier mal famé où règne la luxure, mais surtout temple du jeu. Je ne m’étais encore jamais aventuré vers l’Aphrodite où prostitués de tout genre faisaient office. Trop prude ? Non prude n’était pas un mot qui me correspondait. Mais cette vision me répugnait. Tant de corps salit. Les femmes elles même laissaient leurs corps être profanés. Cela m’était totalement incompréhensible. Des années au paravent, alors que je n’avais pas plus d’une douzaine d’année moi aussi je m’étais retrouvé à la rue. Mes parent adoptifs venaient de mourir me laissant avec pour tout héritage une vieille ferme qui tombait en ruine. Innocente et pleine de rêve, mes maigres effets sur le dos je m’étais dirigé vers Paris. La capitale serait pour moi un changement de vie, j’en étais persuadé. Il n’en fut rien. Pauvreté, famine, vol, voilà tout ce que j’avais gagné. Mais jamais, ne serait-ce qu’une seconde je n’avais imaginé pouvoir ainsi salir le temple qu’était mon corps. J’avais fuie les hommes comme la peste durant des années justement pour cette raison. Ils étaient pour moi synonyme de dégradation. Alors non, définitivement je ne comprenais pas ces femmes. Certains disaient : « Pauvre femmes, la vie ne les a pas gâtés, elles n’ont d’autre choix pour se nourrir. » Non ! Non, on avait toujours le choix. Je préférais encore crever de faim la bouche ouverte dans un coin d’une ruelle. C’est d’ailleurs à peu près ce que j’avais fait.

    En soit… c’était à peu toujours ce que je faisais. Je laissais mon corps se mourir à petit feu en refusant volontairement de le nourrir. Au fil des mois mes crises devenaient de plus en plus fortes et j’avais perdu la force de me battre. Extérieurement j’étais toujours celle que deux ans plus tôt on surnommait la solaire. Mais intérieurement… le vide. A la différence de la gamine crevant de faim qui arpentait la cours des miracles des années plutôt, aujourd’hui mon mouroir était emplit de Luxe, d’opulence. Je ne manquais plus de rien, au contraire on me servait tout sur un plateau en or. Officier royal à la Maison Royal je côtoyais au quotidiens toutes les têtes couronnées, Future Duchesse de Tancarville, j’avais à mon service l’ensemble du domaine, Fille des Ducs d’Alençon j’aurais presque pu exiger tout ce que je souhaitais. Malgré cette ascension évidement, intérieurement je restais aussi pauvre que ces vulgaires catins de l’Aphrodite. Le fossé entre celle que je tentais d’être pour coller au milieu dans lequel j’évoluais et celle que j’étais réellement ne cessait de se creuser. Si bien que plus les mois passaient, plus je ne savais réellement qui j’étais. Dédoublement de personnalités intense. Geneviève, Mary-Lisa, une seule et même personne, deux être pourtant tellement différent.

    Aujourd’hui encore et comme lors de chaque crise, la délicate et précieuse Geneviève de Courcy, laissait place à Mary-Lisa l’ex fille des rues. Ce matin je m’étais encore réveillé en hurlant, les larmes coulant sur mon visage, trempe de sueur. Mes crises nocturnes étaient de retour. Toujours la même scène. Une gamine au visage angélique tenant entre ses petits bras le corps sans vie de sa mère. La scène était baignée de sang, le rouge vif venant artistiquement contraster avec la peau nacrée et la chevelure dorée de l’enfant. Geneviève Elisabeth de Courcy alors âgée de quatre ans venait d’assister à la mort de sa maternelle. Première brisure. Alors, comme à chaque fois que ce fantôme du passé venait hanter mes nuits il m’était impossible de rentrer à nouveau dans le rôle de la délicate Geneviève. Je redevenais enfin la « Vrai MOI ». Celle que je fus de mes quatre à mes quinze ans. Cette deuxième vie que l’on m’avait accordée m’avait permis d’échapper à ce dramatique accident. Pourquoi jusqu’à mes quinze ans ? Car c’est là que Geneviève fit son retour prodigieux. Ou plutôt non, le retour d’Aimeryc de Courcy, le père, ramenant dans son sillage l’image de la Geneviève enfant serrant la défunte contre elle. Il m’avait accordé une troisième vie. La présente donc. Ma vie de torture intérieure.

    Ainsi donc, pour oublier ce tableau de l’horreur je m’enfonçais dans la noirceur. Aujourd’hui j’avais envie de jouer. Le Pacte d’Orphée connaissait à présent les visites de Mary-Lisa. J’y passais la quasi-totalité de mes nuits à dépenser sans compter cet argent qui n’était pas mien, mais celui de la maudite Geneviève.

    Seulement, ce soir-là je fis une erreur. Une erreur qui amènerait surement ma perte. A prendre trop l’habitude de jongler entre les deux Moi, j’en devenais négligente. Alors que j’arpentais tranquillement ce quartier sombre et lugubre, en terrain conquis comme le faisais habituellement Mary-Lisa, Geneviève ne m’avait pas totalement quittée. J’avais certes troquée mes soyeuses toilettes pour les guenilles, mais j’en avais oublié les précieuses parures dont Geneviève s’affublait comme pour se cacher derrière ces grosses pierres.
    Mon cou scintillait, mes doigts brillés, en gros une énorme flèche signalétique me pointait en mode : « Nobliaute blindés s’est perdue dans le quartier des malfrats. Proie facile juste ici ! »
    Inconsciente, mes pas me menaient tout naturellement à travers les ruelles sombres pour rejoindre le pacte d’Orphée. Je les avais arpentées des millions de fois plus jeune, rien ne pourrait m’arriver. Mary-Lisa était de retour à la maison.




_________________
Montparnasse.
La faible lueur de la nuit se réfléchit sur le cou de la jeune femme, illuminant de mille feux les pierres précieux. Leur reflet scintille dans les pupilles sombres de Montparnasse. Les guenilles ne suffisent pas à tromper sa vigilance. Depuis qu’il les a entrevue il suit la jeune femme dans ces ruelles sordides, son pas est aérien, discret.
Elle a détourné ces pas de l’Aphrodite où il comptait laisser ces humeurs sombres entre les reins accueillant des catins.
Sa main est déjà poser sur son coutelas, il est prêt à en faire bonne usage.
Il n’attend que le bon moment.
Les catins sont vite oubliées, un nouveau jeu commence pour lui.
Celui du chat et de la souris.
Gare à toi ma belle, le chat c’est moi. Mes griffes sont acérés, mes pupilles dilatés, mes sens sont en éveille. Je ressens chaque brise de vent, chaque relent putride de cet air vicié qui envahit ces rues, j’entends chacune de tes respirations, ton délicat parfum envahie mes narines.
Je suis prêt. Ce soir tu seras à moi.
Tu seras mon jouet, ma chose…

Oui, ce soir c’est un bon soir, il le sait, il le sent. Il laisse la noirceur tapis au fond de lui l’envahir doucement. C’est nécessaire parfois, sinon cela le ronge, le détruit. Il doit assouvir sa soif de sang, sa soif de violence, sa soif de sexe. Le Montparnasse agréable et avenant que vous pouvez rencontrer en taverne n’est plus. Ce soir le masque est retiré, c’est le vrai Montparnasse qui se tient devant vous. Sans artifice, sans faux semblant. Le monstre est de sortit. Sans âme, sans remord.
Sans conscience.
Il traque, vol, viole, pille, et tue.
Plus animal que homme sont instinct est décuplé et il ne se laisse guider que par celui-ci.
Et ce soir il a trouvé sa proie.
La belle jeune femme à la crinière dorée. Une belle jeune femme au cou étincelant. Habituellement il choisissait ces filles avec un intérêt particulier : pas trop grande, de préférence blonde, corps frêle, jolie visage. Mais cette fois ci il n’avait regardé que les somptueux bijoux dont elle se parait. Il n’a même pas fait attention qu’elle était parfaitement à son gout.
Le prédateur est aveuglé par l’or.
Une noble a ne pas en douter, surement encore une de ces pucelles venue trainer dans les bas fonds pour ressentir le frisson du danger, de l’interdit. Mais si ces rues vous procures de tel sensation c’est bel et bien parce qu’elles sont dangereuse. Et ce soir le danger, c’est lui. Montparnasse. L’homme qui la suit.

Que ferait-il d’elle après l’avoir dépouiller ? Cela il l’ignore encore. Dans ces moments où l’homme fait place à la bête alors plus aucun geste n’est contrôlé.
Les sentiments ? Il n’en a pas, il feint chacun d’eux. Il n’en a plus jamais eut depuis qu’il a fermé son cœur et son esprit il y a plus de dix ans de cela, il a offert son corps pour mieux préserver son âme.
Depuis plus rien ne l’atteint.
C’est seulement quand ses mains entre en contact avec le liquide poisseux qui coule dans nos veines que Montparnasse ressent quelque chose. Ce n’est qu’en lisant la peur et la souffrance dans le regard des autres qu’il se sent mieux. Comme soulager d’un fardeau qui lui enserrent le cœur depuis tant d’années et qui l’empêche de respirer. La souffrance, la peur, le désarroi, ces sentiments il les connait bien, ils lui sont familiers. Il se raccroche à eux comme une bouée de sauvetage sans prendre conscience que celle-ci le fait dériver plus loin encore de l’humanité.
Il a besoin de ces bouffées d'air qu’il avale goulument. Il a besoin de la souffrance des autres pour se sentir vivant. Pour ne pas se sentir seul. Alors il l’inflige, nuit après nuit à rythme régulier.

Des frissons parcourt déjà ces doigts lorsqu’il s’imagine les plonger dans la tignasse blonde pour lui tirer la tête en arrière et s’offrir sa gorge blanche. Il ressent déjà le désir monté en imaginant sa langue parcourir la pâleur immaculé de son cou avant que sa lame ne colore d’un rouge carmin la frêle poitrine de la jeune femme.
Son regard s’assombrit encore. L’excitation le gagne. Il est prêt. Son corps est tendu, prés à fondre sur sa proie.

Le coutelas est dégainé, le pas est allongé. Très vite il se retrouve derrière la jeune femme.
Ces gestes sont sûrs, précis. Une main est plaquée sur ses lèvres avec fermeté, il vient se coller contre le corps de la jeune femme. Son corps fin et élancé s’accorde parfaitement aux courbes quasiment inexistantes de la jeune femme. Il s’enivre de son odeur. Perdant à chaque nouvelle respiration le parfait contrôle de lui-même qu’il s’impose habituellement. Le coutelas est posé sur sa goerge, à peine appuyé, il ne veut pas la blessé.
Pas maintenant en tous cas.
Pas ici.
Son souffle est court, il vient coller ces lèvres à l’oreille de la jeune femme comme un amant le ferait avec sa maitresse. Sa voix est basse, rauque, dénué de toute émotions :


- Ne fais pas un geste ma belle. Pas un mot, pas un cri ou ces jolies pierres se teinteront bientôt de la couleur de ton sang…

Pas une seule fois Montparnasse n’avait croisé le regarde de la jeune femme. Cela aurait pourtant changé beaucoup de chose au sort qu’il faisait subir à la jolie blonde.
Maintenant fermement la lame sur sa peau, il ne lâcha pas sa bouche et la fit reculer lentement dans une ruelle sombre et bien moins fréquenter.
Une ruelle ou il pourrait continuer ses sombres desseins en toute quiétude…

_________________
Mary_lisa.
    Bien loin de me douter que de chat, je devenais souris, je continuais à arpenter les rues tranquillement. Bientôt je donnerais les trois petits coups secs contre la paroi, suivit de deux coups plus bruyants et espacés. Le code d’entrée. A peine mes pieds traverseraient la porte, qu’un nouveau souffle m’insufflerait. Jouer, parier notamment, était devenue une drogue depuis quelques semaines. Chaque nuit que je passais à la capitale se finissait en ce lieu. L’ironie était, qu’après avoir passé une bonne partie de la nuit dans ces quartiers lugubre, je retournais tranquillement au Louvre où se tenaient mes appartements. Ainsi, chacun de mes deux « moi » intérieurs retrouvaient l’espace de quelques heures leurs « chez eux». Geneviève le Luxe, Mary-Lisa la noirceur.

    Malheureusement, il était impossible de jongler éternellement ainsi entre ces deux personnalités. D’une par ma santé mentale commençait à devenir vacillante. J’en étais consciente. Du moins partiellement. Plus les mois passaient, plus je me perdais. Intérieurement, j’en venais à parler de moi-même comme deux être totalement à pars. Dans mon esprit aussi j’étais la narratrice contant les aventures de deux personnages. Si bien que parfois je me demandais moi-même : Et moi, qui suis-je ? Ni Mary-Lisa, ni Geneviève, un mélange des deux peut-être ? C’était invivable.
    De plus, mes changements fréquents allaient devenir visibles, il me serait impossible de les cacher sur le long terme. Malheureusement, Mary-Lisa n’avait pas sa place au Louvre. Aurait-elle également sa place auprès d’Alistaire ? Non… il voulait m’épouser car j’étais pour lui uniquement Geneviève de Courcy, celle qui ferait honneur à son rang. M’aimerait-il également si j’étais uniquement Mary-Lisa ? Non… Elle, il l’a mépriserait. Le Duc de Tancarville ne pourrait s’acoquiner avec l’ex fille des rues.
    Le problème était surtout : Réussirais-je à vivre uniquement dans la peau de l’une ? Pour l’heure, visiblement pas. Mais j’étais consciente du danger et de ce que cela provoquerait. Pourtant, je continuais à jouer avec le feu. Inlassablement.

    C’est ce même désir de jouer avec le feu qui aujourd’hui entrainait ma perte.
    Je ne le vis pas venir. Aucun bruit, pas un bruissement de feuille.
    J’avais perdu mes vieux réflexes. Mon sens aiguisé.
    Malgré ce que j’essayais de me prouver, je n’avais plus ma place dans ces lieux. Je n’étais plus chez moi.
    Il allait me le rappeler.

    Une main se plaqua sur ma bouche. Une invasion étrangère. Bien avant de commencer à paniquer, c’est la rage qui prédomina. Il m’était intolérable que l’on me touche sans que je l’ai au préalable autorisé. Je ne supportais pas qu’un inconnu entre en contact avec ma peau. Cela m’en donnait la nausée. Au Louvre on prenait parfois ma main pour un baise main galant, je me dépêchais de la retirer fermement, le visage fermé, retenant un haut le cœur. Aucun homme que je n’avais autorisé, ne pouvait déposer ses lèvres gluantes sur mon épiderme. Ici, j’avais le droit aux clochards ivre, vacillant, empestant, venant poser son bras puant sur mes épaules négligemment, dans un : « Hé ma jolie, ça t’dirait d’prendre un godet avé moi. ». Toujours le même dégout se reflétant dans mes yeux.

    Alors, quand cette intruse se referma sur mes lippes, je m’attendais à ce même genre de scène. Je n’avais pas peur. Ils étaient faciles à gérer, bien trop saoul pour pouvoir user bien longtemps de leur force. Je savais me défendre, ma dague cachée contre ma cuisse, je n’hésitais jamais à m’en servir. Le sang, ne m’effrayais pas. Faire saigner, encore moins. Alors, pour l’amadouer, je fis mine de ne pas résister, d’être effrayée, il n’en était rien. Je voulais seulement lui faire baisser sa garde, lui faire croire que je n’étais qu’une délicate et fragile nobliaute. Les hommes, ici notamment, se montraient parfois bien trop stupide, l’alcool aidant.

    Alors que dans mon esprit tout se démêlait pour mettre en place un plan et me libérer de son étreinte, je sentis son corps fin mais néanmoins ferme et agile se serrer contre moi. Une nouvelle vague de nausée m’envahit. Il était proche, bien trop proche. Sans le vouloir, je sentais mon rythme cardiaque s’accélérait, signe que malgré moi, mon corps sentait le danger et s’en inquiétait. J’avais confiance en moi, je pouvais m’en tirer, je m’en tirais toujours. Mais c’est là que j’entendis sa voix. Son souffle chaud qui n’empestait pas l’alcool, son timbre assuré, grave, viril. Ce n’était pas la voix rocailleuse habituelle. Non. Il ne semblait pas vacillant non plus. La panique commençait.
    Je le compris à cet instant, je ne m’en sortirais pas indemne cette fois. J’aurais beau luter, je sentais dans sa voix qu’il avait fait de moi sa proie et qu’il saurait être un redoutable prédateur. Prédateur… voilà exactement le mot qui résonnait dans mon esprit. Il n’était pas un homme, mais un prédateur.
    Si d’apparence je tentais de rester calme, à l’intérieur tout s’emballait. Depuis des années je faisais tout pour me garder à distance des hommes. Ils me dégoutaient tant, justement pour ça. Il était si facile de devenir leur proie. J’avais réussi, je m’étais préservé. Il avait suffi d’une erreur, une seule, et mon monde s’écroulait à nouveau.

    Obéissante, sans réellement avoir le choix, mes pas s’accordaient au siens. Bientôt la foule qui s’amassait naturellement dans les rues, disparaissaient au profit d’une sombre ruelle. A cette vue, mes sens s’éveillèrent, une montée d’adrénaline, l’instinct de survie. Je ne pouvais le laisser agir sans lutter. J’avais beau savoir que je ne pourrais y échapper, je ne put m’y résoudre. Alors que mes pupilles se dilataient sous la frayeur, mes mains se portèrent sur la sienne bloquant mes lèvres en essayant de l’arracher. Je tirais dessus de toutes mes maigres forces, hurlant à pleins poumons. Mais on n’entendit que des chuchotis, étouffée par l’intruse qui restait bien en place. J’en oubliais la lame qui s’était posé sur ma gorge, et je me mis à me tortiller dans tous les sens. J’essayais de lui échapper. J’essayais surtout de mettre la plus grande distance entre son corps et le miens. Rien n’y faisait. Dans une dernière tentative, mes bras se relevèrent au-dessus de ma tête pour atteindre son visage. J’essayais d’envoyer des coups à l’aveugle, tentait de griffer sa peau. N’importe quoi qui aurait pu lui faire desserrer son emprise ne serait-ce qu’une seconde. C’était, selon moi, le temps nécessaire qu’il me fallait pour prendre la fuite.

    Durant plusieurs minutes j'hurla contre sa main, mon frêle corps se tortillant dans tous les sens. Mais je me rendit compte que rien n’y ferait, je relâcha totalement prise. Mes bras retombant mollement contre mon corps. Plus je me débattrais, plus sa l’existerait, je le savais. Je n’avait plus la force de me battre, cette situation me renvoyait des années auparavant. Dans une autre vie, ma première vie. La Geneviève de Courcy enfant, juste avant la naissance de Mary-Lisa. Ma mère venait tout juste de mourir, j'avais moi même échappé à la mort. Du moins en apparence. Car ce que je vécut par la suite était bien pire que la mort elle-même. Enfant brisée, j'étais devenue une proie. Mon prédateur m'avait brisé à tout jamais alors que je n’avais que quatre ans. J'avais volontairement effacé de ma mémoire cette période. Cela avait marché. Jusqu’à maintenant où je redevenais prisonnière d’un homme et de sa folie.

    Tout me revenait en mémoire, me brisant une nouvelle fois. Mon cauchemar recommençait. J'y avait échappé, mais il me rattrapait. Douze ans plus tard, j'allais revivre la même torture.

    Aucune larme ne vint entacher mon délicat visage. J'avait trop pleuré dans le passé. Cette fois mon apparence extérieure restait de marbre, détachée. Pas une seule fois je ne chercha à tourner mon visage pour tenter d’apercevoir le visage de mon prédateur. Nul besoin de visage, dans mon esprit il était le même que dans le passé. L’Homme était de retour. Plus jeune, plus fort, mais de retour.

    Tête baissée, regard dans le vide, la brisée attendait. Attendait simplement que la sentence tombe.

_________________
Montparnasse.
La diablesse hurlait, se débattait. Elle essayait de se soustraire à son étreinte, elle essayait de le blesser. Montparnasse aurait crue sa proie moins combative. Ces ongles lui égratignèrent le visage mais il tint bon, il ne relâcha pas son étreinte. Il fit faire un quart de tour à son coutelas afin qu’elle ne se blesse pas involontairement en se débattant. Manquerait plus qu’elle s’égorge elle-même, alors cela perdrait entièrement sa saveur.
Cela dura plusieurs minutes, chacun de ces muscles était contracté en attendant que l’assaut se termine.
Elle avait raison sur un point. La sentir se débattre ainsi contre lui ne faisait qu’excité encore plus Montparnasse, à présent il avait aussi soif de son corps. Une envie folle lui pris de la plaquer contre le mur et de lui retrousser son jupon pour la prendre là au beau milieu de la rue. Il respira son odeur, plaquant son nez contre ces cheveux. C’est à ce moment la qu’elle arrêta de se débattre. Peut être avait elle sentit contre elle l'effet que cela faisait au jeune homme ?
L’excitation de Montparnasse redescendit aussitôt. Il reprit ses esprits et secoua légèrement la tête comme pour sortir d’une rêverie. La belle avait échappé à un sort bien pire. Dans ces moments là il perdait le contrôle de lui-même et ne savait plus vraiment ce qu’il avait fait, comme une amnésie temporaire. Montparnasse devait être le seul violeur à s’excuser auprès de ces victimes en les voyants recroquevillés sur le sol les yeux emplie de terreur, du sang sur leur visage. Quand il redevenait lucide il était parfois étonné de la violence dont il avait fait preuve.

Montparnasse la tient encore contre lui quelques instant, puis, quand il compris qu’elle avait abandonné, qu’elle s’était résigné son triste sort, il desserra un peu son étreinte. Ma main qui lui ensserait la bouche s’écarta légèrement, et son autre main se rapprocha afin de glisser son index entre ces lippes. La lame de son coutelas ne tarda pas à rejoindre le doigt, glissant contre lui pour se fusiller à l’intérieur de sa joue. Le contact froid de la lame suffira surement à la dissuader de se débattre encore. Aucune femme ne voulait finir défigurer. Pas pour de simple bijou.
Une fois la lame en place il prit le temps de la contourner ajustant à chaque pas sa lame afin de le pas perdre la menace qu’il pesait sur elle. Son autre main vint se poser sur sa hanche et il la faisait reculer doucement pour la plaquer contre le mur. Elle restait ainsi toujours à sa merci et il pourrait enfin admirer en toute quiétude le visage de celle qui lui faisait face.

Sourire au coin des lèvres le regard de Montparnasse monta des hanches de la jeune femme à sa poitrine ou son regard se perdit un instant, la lueur lubrique se ralluma dans son oeil tandis que, sans perdre son sourire amusée, il contempla les perles. Il allait pour prononcer quelque mots sur l’imprudence de se promener avec pareil merveille pendu à son cou, mais son regard se redressa encore et croisa celui de la jeune femme.



Tout s’écroula autour de lui. Il eut l’impression que le poids du monde venait de lui tombé dessus. Ces épaules s’affaissèrent d’un coup et toute son assurance s’envola. Une pâleur morbide emplit ces traits déformés par la terreur et il recula vivement.
On n’entendit que le gling caractéristique de la lame lorsque celle-ci tomba sur les paves.
Il se mit à balbutier.
Il était pathétique.
Ou donc était passé Montparnasse le fier ? Le voleur de grand chemin sans cœur, celui qui ne craignait rien, ni la mort, ni la peur
Et bien Montparnasse venait de disparaitre. Il ne restait qu’Enguerrand dans la ruelle. Enguerrand le petit garçon d’à peine sept ans, blanc comme un linge comme si il avait croisé un fantôme.
Parce que c’est bel et bien ce qu’il venait de croiser.
Un fantôme.
Le fantôme de son passé…
Ses yeux.
Il les reconnaitrait entre mille. Ces grands yeux bleus emplient de terreur qui le fixait tandis qu’il subissait les assauts de l’homme. Ces yeux il les avait tellement regardé, il les avait tellement fixé qu’ils étaient graver à jamais dans son esprit.
Jamais il n’aurait crut les revoir un jour.
Pour dire vrai il avait espérer jamais les revoir…
Elle. La petite fille. Muette, traumatisé. Il avait tout fait pour la protéger, c’était surement la seule personne qu’il avait rangé dans la case famille. Il ne s’était vue quelques semaines, un mois tout au plus, et pourtant elle devait être celle de qui il avait été le plus proche…
Il n'avait rien oublié. Tout était enfouie dans le tréfond de son âme, et tous cela venait de ressurgire, avec une violence inouie.
Quand il repensa à ce qu’il s’apprêtait à lui faire son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. Ces tempes le lancer, un voile noir brouilla sa vue. Il se retourna vivement et se mit à vomir trippes et boyaux. Vraiment pas glorieux. La jeune femme devait se demander ce qu’il arriver à son agresseur.
Ca devait être la première fois qu’en ses rues un brigand tombe malade en réalisant ce qu’il s’apprêtait à faire.
Mais que faisait-elle là ? Que devenait-elle ? Pourquoi avait-elle de si somptueux bijoux autour du cou ? Etait elle vraiment noble ?
Une multitude de question se bouscula dans son esprit et très vite la peur fit place à la surprise.
Qu’allait-elle pensait de lui ? Non elle ne devait pas savoir qui il était. Elle ne devra jamais le savoir.
Il devait fuir et vite.
Elle n’a pas put le reconnaitre, il ne reste rien d’Enguerrand, avec un peu de chance elle saluera juste la providence de ce coup du sort. Il donna l’ordre à ces jambes de courir.
Mais rien ne se passa.
Il resta là, paralysé.
Pire encore ces genoux lâchèrent et il s’écroula dans la fange.
Vraiment pathétique. Elle ne devait pas savoir qui il était. Jamais. Il ne supporterait pas la honte qu’elle l’ait vue ainsi. Il ne supporterait pas de voir son regard terrifier se poser sur lui. Il ne voulait pas qu’elle le juge. Pas elle. Surtout pas elle. Ce devait être la seule personne sur cette maudite terre qui avait une opinion positive sur lui. Ca ne devait pas changer.
Il ouvrit la bouche mais sa voix s’étrangla. Son cri silencieux se perdit dans son âme.
Il n’avait jamais sut son nom. A l’époque la jeune fille était muette, il semblerait qu’elle ai retrouvé sa voix. Il l’avait alors surnommé Océane. Car ces yeux devaient être aussi bleus que l’océan. A vrai dire il ne l’avait jamais vue, mais c’est ainsi qu’il se l’était imaginé petit. C’était le nom d’une sirène dans une histoire qu’on lui avait raconté. Une belle histoire qui lui raccontait le soir pour la calmer pendant que l'homme dormait. Personne d’autre qu’elle n'était digne de porter un si joli nom. C’est ce qu’il c'était dit tout gamin…


- Océane…

Le surnom fut prononcé tout bas. Il était presque inaudible, étouffé entre les lèvres de l’homme. Celui-ci releva un peu la tête et ajouta plus fort, impétueux.

- Fuis. Va-t’en. Pars vite…

Pars s’il te plait, ne me regarde pas. Ne voit pas ce que je suis devenue… Je ne le supporterais pas… Jamais je ne te ferais du mal… je te l’avais promis. Je n’ai pas tenue cette promesse… Je suis désolé Océane.

- Pardonne-moi…
_________________
Mary_lisa.
    La sentence tant attendu pour mettre fin à mon supplice était longue à arriver. L’attente était pire que l’acte en lui-même car elle laissait place à la frayeur. J’aurais préféré qu’il agisse là, sans réfléchir, qu’il assouvisse ses pulsions bestiales. Mais il semblait jouer avec moi, littéralement j’étais la souris entre les pâtes du chat. J’eus un minime instant d’espoir, vraiment minime. Lorsque son corps se détacha enfin du mien pour laisser un peu plus d’espace. Enfin je respirais. Sa présence sur moi m’oppressait, j’en avais la tête qui tournait, l’envie de vomir. J’allais défaillir. Non pas par la peur d’être sa proie mains uniquement à cause de ce foutu contact qui m’était insupportable. Durant de nombreuses années j’avais ignoré les raisons de cette intolérance au contact de la gente masculine. Sciemment j’avais effacé de ma mémoire la raison : A quatre ans je fus la prisonnière d’un Homme cruel, non… Pas cruel, immonde, inhumain, un sauvage. J’avais vue, vécut, des choses dont une enfant ne devrait jamais avoir conscience. Je fus sa proie, sa victime, mais surtout la spectatrice de sa folie. Assise à la première place j’avais assisté à chacune de ses tortures. Il m’avait détruite avant même que je ne sois construite.

    Alors que j’étais une nouvelle fois sous la coupe d’un détraqué, des flashs de cette période maudite me revenaient. On s’étonnait souvent de mon dégout et ma méprise pour les hommes. Comment s’en étonner lorsqu’à a peine quatre ans on a vue de ses propres yeux toute les horreurs inimaginables dont un homme est capable.

    Mon nouveau prédateur semblait avoir comme une envie de m’observer. Sans résistance aucune je me laisse plaquer contre le mur froid de la ruelle. Mes yeux refusent de contempler son visage. Je ne veux aucune image dans ma tête, rien qui ne le rend réel. Je devrais l’oublier. Alors que mon regard se perd dans un recoin d’une ruelle me concentrant sur la pierre en y trouvant soudainement un grand intérêt, je sens sa main chaude venir se poser sur ma hanche. Mon souffle se coupe. Je retiens ma respiration jusqu’en étouffer. Je ressens chacune de ses pulsations s’échapper de ses doigts, s’encrant dans ma peau. La douleur d’une lame la pénétrant m’aurait été plus supportable. Les larmes me montent aux yeux alors que les siens semble monter lentement le long de mon corps. J’ai envie d’hurler, de lui dire de prendre tout ce qu’il veut, de m’égorger vive si il le souhaite. Tout ce qu’il veut, mais qu’il mette fin à ce contact. Je n’en peux plus, je sens qu’il m’analyse. Une montée de ma rébellion habituelle se fait sentir. Malgré toute ma conviction mon regard finit par se tourner vers lui pour le fusiller du regard. Une envie de lui dire : Alors, suis-je au moins à ton gout salopard ? Mais je n’ai pas le temps d’esquisser le moindre murmure. A peine mes yeux ont-ils croisés les siens, que tout semble basculer.

    L’apocalypse.

    Le monde semble s’être inversé en l’espace d’une centième de seconde. Par mon simple regard je semble l’avoir réellement foudroyer. Mon bourreau devient victime. Peu à peu je le vois se fissurer, s’écrouler. Plus aucun danger d’émane de lui, aucune force. L’impression de voir un enfant se recoquiller à mes pieds. Je n’y comprends plus rien.
    Perdue, je reste là, hagarde, le dos toujours coller au mur comme si une force invisible m’y retenait toujours. Il vomit, s’écroule à terre, se décompose, sans que jamais je n’effectue le moindre geste. J’aurais pu fuir, hurler, mais rien. Je reste là, inerte, mes yeux posés sur lui, interdite. Je ne m’aperçois même pas que j’ai enfin reprit une respiration normale dès lors que ses mains m’aient quittées. Je regarde autour de moi pour comprendre les raisons de ce changement brutal. Je cherche quelque chose qui pourrait expliquer son comportement. Rien. Au fond de moi une voix sage me supplie de partir, pourquoi chercher à comprendre ? Le très haut m’accorde une énième chance de survivre. Mais rien. Mes jambes sont paralysées. Non pas par la peur, mais par l’incompréhension.
    Un murmure. Un simple murmure à peine audible s’échappe de ses lèvres. Je les comprends à peine, je ne suis pas même certaine de les avoir compris. Pourtant, ils me sortent de ma léthargie. Ce simple son me donne une réellement baffe dans la gueule. Je rêve sans doute. Je n’avais pas entendue ce mot depuis une éternité. Je l’avais même oublié. Pourtant il me semble si familier. Impossible.

    « - Qu… qu’avez-vous... vous dit ?! »

    Ce n’était pas drôle. Bon, certes depuis le début rien n’était drôle, mais là cela devenait pire encore. Quelqu’un s’amusait réellement à me torturer. J’ignorais qui était cet homme, mais il était pire que ce que je pensais. Il aurait pu simplement me violer et me laisser inconsciente dans le coin de la ruelle. Mais cela aurait été trop facile. Il était doué. Il me torturait d’une plus douloureuse façon. Il faisait renaitre en moi mon passé. Le simple souvenir que déclenche ce murmure suffit à faire renaitre la haine en moi. On pouvait me faire subir mille tortures, mais personne ne pouvait s’approprier mon histoire, NOTRE histoire. Celle que j’ai vécu avec ce petit garçon, le seul qui avait connaissance de ce surnom. Mon sauveur, Mon ange. La plus belle personne que je n’ai jamais connue. Le seul homme à qui je remettais ma confiance, le seul que je n’ai aimé avant mon père. Pas comme l’on aime son époux ou son amant bien sûr, je n’avais que quatre ans. Mais d’un amour inconditionnel, reconnaissant, fraternel. Il m’avait donné ma liberté. Personne ne pourrait m’offrir d’avantage.

    Alors non. Cette bête sauvage, répugnante, ne pouvait entacher sa mémoire en prononçant ce seul mot que lui seul avait par le passé prononcé. Ce surnom avait une douceur particulière un souvenir doux-amer que je voulais préserver par-dessus tout. Il le salissait, je ne le permettrais pas.

    La rage m’envahit, hors de moi, la folie me gagne. Je ne réfléchis plus, ne répond plus de moi-même. Inconsciente, et surtout imprudente, j’attrape la lame qu’il à laisser tomber à mes pieds quelques minutes plutôt. D’un bon je me retrouve sur lui, toujours cloué je ne sais comment au sol. Il semble prit d’une incompréhensible faiblesse. J’en profite. C’est ma seule chance, je n’ai que peu de force. Mais la haine semble me donner toute la force intérieure nécessaire. Ma main agrippe sa gorge, mes ongles s’y enfoncent, et fermement je tente de lui clouer la tête au sol. Je le surplombe, mon autre main tenant fièrement le couteau venant à mon tour en appuyer la pointe sur son cou offert. Les rôles s’inverses. J’ai le dessus. Mais pour combien de temps ?

    « - J’ai dis, Qu’avez-vous dit ?! »

    Cette fois la voix n’est plus hésitante. Elle est claire, limpide, menaçante. Elle n’est plus victime.
    Le pire étant, que je ne veux même pas lui faire payer son agression, mais uniquement le fait d’avoir prononcé ce simple nom.

    « - Qui es-tu ? LUI seul connait ce nom. Que lui avez-vous fait ? »


    Elle semble sure de ce qu’elle fait, mais son cœur bat la chamade. Elle craint la réponse, bien plus que les coups qu’elle pourrait recevoir en retour. Elle ne supporterait pas d’entendre que cet immonde personnage ait pu faire du mal à son Ange, voir même le tuer. Rien d’autre ne pourrait expliquer, qu’à pars sous la torture pour une quelconque raisons, son sauveur ai pu un jour dire son surnom.

    La souris devenue chat attend patiemment. Elle est prête pour la première fois depuis bien longtemps à faire couler du sang. Geneviève n’est plus.

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Montparnasse.
Elle est sa kryptonite. La seule chose qui peu le faire ployer. Elle est l’unique cause qui le rattache au monde des humains. Tel un mirroir, elle est la seule personne qui lui renvoie ce qu’il est devenu. Un monstre. Pourtant il n’avait pas toujours était ainsi. Non il avait était doux, protecteur, aimant. Oui il avait aimé cette étrange petite fille. D’un amour d’enfant. Pur, sans vice, sans arrière pensée. Il s’était sentit responsable d’elle. De ces grands yeux bleus. Il avait tout fait pour que jamais il ne se voile de noir. Pour que jamais elle ne devienne comme lui. Un gosse bousillé par la vie avant même que celle-ci ne commence. Le présent et le passé se mélange devant ces yeux. Il ne sait plus ou il est, il ne sait plus qui il est.
Était-il vraiment ce monstre qui s’apprêtait à faire d’elle sa chose ?
Oui il l’était. Il était Montparnasse. Il était cet homme sans cœur, cet homme empli de vice. Ce jeune garçon qu’on avait violé et battu, ce jeune homme qui répétait à présent la même chose. Comme un cercle infini, un cercle qui emporte votre âme toujours plus loin de la lumière pour que jamais elle n’y réapparaisse. Une chose le différentié cependant des ces victimes, c’est que ce cercle il avait plongé volontairement dedans. Il s’était donné. Pour elle. Pour qu’Il ne la touche plus. Cela l’avait détruit, mais Elle était sa lumière au bout du tunnel. Il avait tant espéré qu’elle s’en soit sortit indemne. Qu’elle mène une belle vie, loin de tout ça. Loin de lui… La retrouvé dans ces bas fond était une claque pour lui. Ces pensées étaient décousues. Il ne sentit pas qu’elle le saisit par la gorge. Pas toute de suite en tout cas. Il n’était plus dans la ruelle, non il était devant le couvent. Là ou il l’avait laissé. Au bon soin des nones...
Il revoit le baiser qu’il dépose sur son front. Il touche ces lèvres. Le goût sucré de sa peau envahit de nouveau sa bouche. Il sourit.
Il l'a retrouvé. Il en est heureux. Elle parle de nouveau, elle est devenue si belle…

Le contact froid de la lame sur sa gorge le ramène dans la ruelle. Elle est sur lui, elle le menace. Pourquoi n’a t-elle pas fuit comme il lui a dit ? Elle veut le tuer. Bien. Qu’elle le fasse. Il ne supporterait plus de vivre après ce qu’il s’apprêtait à lui faire.
Son regard s’adoucit. Il lui sourit. Elle veut savoir qui il est. Comment il connait se nom. Elle ne comprend pas que c’est lui. Lui le petit garçon. Elle le prend pour un autre.
Tant mieux, elle ne doit pas savoir. Le regard qu’elle lui porte lui transperce le cœur. C’était avec ce même regard qu’elle le regardait Lui. L’Homme.
Il pourrait se défaire son étreinte facilement, il le sait. Elle aussi.
Mais pourtant il ne fait rien. Un sourire triste se dessine sur ces lèvres quand il se décide enfin à répondre.


- Il est mort…

Oui Enguerrand était mort pour laisser sa place à Montparnasse.
Montparnasse était né dans le sang, dans la violence et la peur, et c’était tous ce qu’il connaissait à présent. Son ton était calme, son regard froid, son cœur emplie de haine. On se moquait d’Enguerrand, on le traiter de femmelette, de femme tout court parfois même, mais maintenant plus personne ne raillait Montparnasse. Certain avait essayé, mais leur dent avait finit éparpillé sur les pavés. C’était devenu un homme violent, et lugubre. Il avait tout les vices et aspirait à tous les crimes. Il n’avait plus rien de l’enfant qu’elle avait connue alors.

Il releva lentement la tête pour mieux lui offrir son cou. Son regard sombre se perdit à nouveau dans le bleu de ces yeux…
Ses mains remontèrent doucement, il ne fit aucun geste brute. Lentement il détacha le collier en argent qu’il porte sous sa chemise. Il lui avait pris une nuit, en souvenir d’elle. Elle avait crut l’avoir perdu, il avait du la consoler de longues heures, faisant semblant de chercher avec elle. Il n’avait pas eut le cœur de lui dire que c’était lui qui l’avait pris. Pourtant il était sur qu’elle lui aurait donné de bon cœur si il le lui avait demandé. Durant toute ces années il n’avait jamais réussit à s’en débarrasser. L'objet lui aurait surment rapporter pas mal d'écus et ce n’est pas faute d’avoir essayé de le vendre, mais à chaque fois que son regard se posait sur le pendentif, son visage lui apparaissait et il le remettait à sa place, contre son cœur.
Mais à présent il était temps de le lui rendre.
Il ne méritait plus de le porter.
Il déposa le précieux objet dans le creux de sa main et le lui tendit, tout en ajoutant d’une voix assuré.


- Prend ça et tue-moi. Je ne mérite pas mieux de toute façon...

Tue-moi comme le chien que je suis. Épargne-moi ta pitié. Je n’en veux pas.
Le dégout que je lis dans tes yeux me suffit. Je ne supporte pas ce que je suis devenue. Je ne supporterais pas te décevoir…
Océane…
Tu es devenue si belle…
Je suis si content de t’avoir revue une dernière fois…

Un sourire triste s’étala sur ces lèvres en pensant à cela. Il espérait qu’elle le tue proprement, il n’avait pas envie de suffoquer dans son sang pendant des heures en attendant la grande faucheuse…

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Mary_lisa.
      Il est mort.


    Ces trois mots raisonnent en boucle dans ma tête. Mon ange protecteur est mort. Je vivais un vrai ascenseur émotionnel. Sciemment j’avais tenté d’oublier son existence car elle était synonyme de l’horreur que j’avais vécue. Cela m’avait permis de me reconstruire. Mais alors que tous ces souvenir enfouis avaient ressurgit j’avais l’impression qu’on m’arrachait une partie de moi. A cet instant j’eus l’impression de perdre la personne essentielle à ma vie. Fabuleux contraste lorsque l’on sait que son nom avait disparu de mon esprit durant des années. Mais à présent que toute ces images me revenaient nettement il m’était impensable de le perdre à nouveau. J’étais assez forte pour vivre avec ce passé je n’étais plus l’enfant brisée, du moins plus en totalité. J’avais besoin de lui, de le retrouver, de lui rendre cette liberté qu’il m’avait donné.

      Mais… il est mort.


    Il avait donné sa vie pour la mienne et je n’avais su le protéger en retour.
    J’aurais aimé à cet instant avoir assez de force pour le venger. Que ma tristesse se transforme en haine et que de mes propres main je puisse offrir son dernier souffle au monstre que je tenais entre elles. J’aurais aimé m’illuminer d’une vengeance meurtrière, bouillonner intérieurement et que rien ne puisse m’arrêter sinon sa mort. Mais au lieu de cela mes mains se desserrèrent de son cou, mes bras retombèrent au même rythme que mes épaules s’affaissèrent.

      Il est mort.
      Plus rien d’autre ne compte.


    Plus aucune tristesse en moi, seulement du désespoir. J’allais tout simplement me relever, tourner le dos à ce monstre en espérant que plus jamais mon chemin ne le croiserait, et aller cuver ma tristesse. Mais c’est l’instant qu’il choisit pour bouger. Alors que sa main remontait vers son cou, sous la crainte d’un nouveau changement d’humeur et qu’il reprenne le dessus, mes doigts se resserrèrent à nouveau sur ma lame, menaçante. J’étais accablé, mais non pas inconsciente. Je ne pourrais y échapper deux fois. Mais cette fois ses gestes sont calme, presque doux, le regard qu’il ancre au mien semble si différent… Je fouille dans ses yeux pour trouver une réponse, comprendre de qu’elle folie il est atteint pour changer ainsi de comportement. Mais un étrange objet attire soudainement mon regard. La, juste au creux de sa main. Je regarde une première fois sans trop réellement comprendre ce qu’il veut que je foute de cette vieillerie. Mais alors que je m’en détournais, un pressentiment me force à y porter de nouveau mon attention.

    ….

    Tout s’écroule cette fois pour moi. Il ne m’en faut pas plus pour comprendre. Même ses mots qui pourtant appuient ma pensée, sont inutiles. Tout s’éclaire. Son changement de comportement à l’instant même où nos regards se sont accrochés, sa connaissance de mon surnom, ce regard si doux qu’il porte à présent sur moi, et surtout l’horreur que je lis dans ces yeux en constatant ce qu’il s’apprêtait à me faire. Tout s’explique par ce simple petit bijou au creux de sa main.
    Finalement je ne saurais dire si mon monde s’écroule ou si au contraire toutes les pièces se reconstruisent à l’instant même où mes espoirs refont surface. J’en ai la certitude. C’est LUI.

      Il n’est pas mort.


    Mon Ange se tient là, juste devant moi. Ou plutôt sous moi puisque figée, je n’ai bougé d’un centimètre. Mes mains relâchent brutalement la lame qui s’abat sur le sol, venant briser le silence mortuaire. Mes yeux le dévisagent écarquillés. J’ai peine à le croire, et pourtant j’en suis profondément persuadé. Nouvel élan d’ascenseur émotionnel. Après la peur, la haine, la tristesse, maintenant la joie, la surprise, l’hébétement le plus total. Comme pour vérifier qu’il est bien présent et que je ne suis pas soumise à une nouvelle crise d’hallucination, doucement par peur de briser cette bulle, ma main se porte à son visage, effleurant sa joue du bout des doigts. Admirative, je ne cesse de le détailler. A cet instant j’ai de nouveau 4 ans, je le regarde avec ce même air subjugué. Il était mon héros, la barrière à tous mes malheurs.

    « - Enguerrand…. Tu m’as retrouvé. »

    Je ne m’en aperçois pas tout de suite, mais les larmes ruissèlent sur mon blanc visage. J’aurais à cet instant un milliard de raison de pleurer. Tout d’abord le choc post-traumatique, j’ai tout de même faillit me faire violer, ensuite la déception, l’effroi, la peur, en constatant qui était mon bourreau. Mais non… rien de tout cela. La seule raison de mes larmes est la peur de l’avoir perdu pour toujours et le soulagement de l’avoir retrouvé mêlé l’un à l’autre. Cela exclu tout le reste. Mon esprit écarte tout le reste pour se concentrer sur cette seule et unique chose. Enguerrand se tient près de moi.
    Comme je l’avais fait des années plus tôt, mon visage se blottit contre son torse venant chercher sa chaleur, son odeur rassurante, me replongeant dans le passé. Cela me paraissait si naturel, je m’étais tant de fois blottit contre lui lorsque la nuit les visions d’horreur auxquelles l’Homme m’exposait, venaient me hanter. Pourtant pour celle que j’étais aujourd’hui, cela n’avait rien de naturel. J’avais 16 ans, non 4, je ne supportais pas le contact masculin, et haïssait quasiment tous les hommes. Mais aujourd’hui encore il était l’exception. Il serait toujours mon exception.

    « - Ne me laisse plus, je t’en supplie. »

    La scène était troublante. Lui allongé, exclamant son envie de mourir, moi recroquevillé sur son torse, larmoyant, suppliant telle une enfant. Mais à présent que le passé refaisait surface il me serait impossible de l’affronter sans lui à mes côtés. Il m’avait aidé à le combattre à l’époque, nous le vaincrons à nouveau ensemble.

    Tout ce qui c’était passé quelques minutes seulement plus tôt étaient envolés. Comme si rien ne s’était jamais passé. Peut-être la colère viendrait-elle après ? La haine, la déception ? Mais pour l’heure rien ne pouvait entraver la joie de le retrouver.

    Il n’y avait plus rien d’Enguerrand et Océane, pourtant, l’espace d’une instant, ils étaient de retour.

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Montparnasse.
Il attend, mais la mort ne vient pas. Seules les paroles de la jeune femme l’atteigne. Elle l’appelle par son prénom. Le vrai. Celui que plus personne n’a prononcé depuis les évènements passés. Il n’entend pas le bruit de la lame qui tombe, seule compte le corps fragile que la jeune fille presse à présent contre le sien. Son visage se pose contre son torse et instinctivement Montparnasse se redresse un peu pour l’entourer de ces bras protecteur. Les mêmes gestes reviennent, naturel, fluide. Une main est posée sur la chevelure blonde qu’il caresse doucement. Ces lèvres se pressent sur le sommet de son crâne. Son odeur est respiré. Il inspire longuement comme pour s’emplir les poumons, comme une drogue. Une drogue qui l’apaise, le calme. Il ne ressent plus de peur en elle, il ne ressent ni crainte, ni dégoût. Il ne la rebute pas. Son cœur se fait plus léger. Elle ne lui en veut pas. Il la serre contre elle, il tremble légèrement sous l’émotion.
Que serait -il devenue si elle l'aurait repoussé ?
Il a envie de parler, il a envie de lui dire qu’il est là et que plus rien ne lui arrivera désormais. Il veut s’expliquer, s’excuser, mais aucun sons ne sort de ces lèvres, alors il se contente de la serrer fort contre lui. Plus rien ne compte à présent.
Elle est de nouveau là.
Elle est contre lui.
La seule personne à qui il tient.
La seule qu’il a aimait.
Il n’y a plus rien autour de lui. Plus rien ne compte.
Il a de nouveau sept ans. Enguerrand et Océane. Deux enfants unis par l’adversité. Deux enfants qui ont grandi trop vite. Deux âmes tourmentées de nouveau réunis.
Il ne s'était jamais rendu compte à qu'elle point elle lui avait manqué. Ils n'auraient jamais dû se séparer. Pourtant elle est si belle a présent... Non il a fait le bon choix. Ainsi elle n'a pas finit comme lui. Elle n'a pas vécu de la misère, elle n'a pas grandit dans le crime...
Ses lèvres se desserrent enfin, sa voix tremble légèrement :


- Océane je…
- Hé ! Mais qu’est c’tu fou espèce de… Oh Montparnasse c’est toi ? Je ne t’avais pas reconnue ! Ben depuis quand tu câline tes victimes toi ?


Le ricanement nasillard le sort de sa torpeur. Les yeux du jeune homme s’assombrissent alors qu’il les pose sur l’homme aviné qui vient de les interpeller. L’homme est soul. Montparnasse le connaît bien, c'est son compagnons de beuverie, son complice parfois. Ami étant un mot bien trop fort pour lui. Montparnasse n’a pas d’amis. Son corps se tend, il est sur la défensive. Son assurance revient. Enguerrand disparaît de nouveau. Il écarte doucement le corps de la jeune femme du sien et se lève. Il se place devant elle et toise l'homme, sa mâchoire est serré et son regard froid. L’homme rigole un peu, il pense que Montparnasse lui fait une farce.

- Jolie lot qu’t’as tiré là Mont, tu f’ra tourner un peu quand t’en aura fini avec…

Mais L'humour n'est pas vraiment le trait de caractere principale du jeune homme.
Le poing est lancé, il percute violemment la mâchoire de l’homme lui faisant ravaler ces mots. Montparnasse n’a qu’une envie : le tuer. Il veut le voir mort. Mort pour avoir osé prononcer des obscénités sur elle.
Elle. Océane. Sa sœur. Son amour. La seule et unique qu’il a juré de protéger. Ses poings se serre de nouveau. Il ne faut pas non. Pas devant elle. Elle ne doit pas le voir comme ca. Elle ne doit plus le voir comme ça.
Les mots sortent de la bouche de Montparnasse, claquant, sec, tranchant.


- Dégage avant que j’m’occupe de ton cas.

L’homme ne se le fait pas dire deux fois. Il connait Montparnasse il sait qu’il a eu de la chance de s’en sortir aussi bien, il déguerpit sans demander son reste, titubant dans la ruelle sombre.
Montparnasse le suit un instant des yeux avant de se tourner de nouveau vers sa muse. Il lui tend la main.


- Viens, lève-toi. Quittons cet endroit.

Cet endroit maudit où j’ai failli te faire du mal.
Il a repris son assurance. Le choc est passé, l’instant magique aussi.
Il le ferait payé à l’homme, pour ça il n’y pas de doute, mais pas tout de suite. Plus tard… Il a quelque chose de bien trop précieux devant lui pour perdre du temps avec les moins que rien. Son regard se perd dans les yeux bleus de celle qu’il ne connait que sous le nom d’Océane. Un sourire franc se dessine sur ces lèvres. Loin du sourire en coin légèrement moqueur qu’il aborde habituellement. Il aimerait l’interroger, savoir ce qu’elle est devenue, savoir ce qu’elle faisait dans ces rues. Il veut tout savoir d’elle. Mais d’abord il doit la mettre à l’abri. Ces rues ne sont pas sur et d’autres prédateurs rodent. Des prédateur plus dangereux encore que Montparnasse.

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Mary_lisa.
Ses bras se referment autour de moi. Aucun frisson, aucune nausée, simplement une délicieuse sensation de bien être qui m’envahit. Ce parfum naturel qui émane de sa peau… j’aurais pu le reconnaitre parmi tant d’autre. Cette odeur si rassurante, apaisante. Sous la quiétude mes yeux se fermes doucement, je me sens comme bercé dans un immense nuage de coton. Pour la toute première fois depuis des années je me sens enfin en paix avec le moi intérieur. En le retrouvant, c’est une partie de moi-même que je retrouve. Enguerrand… ce prénom est si doux que je le répète inlassablement à voix basse alors que mes bras refusent de le lâcher. J’ai passé que quelques mois de ma vie auprès de lui, il y a des années de cela, pourtant à cet instant dans mon cœur, mon frère est de retour. Il n’est certes pas de mon sang, mais ce qui nous lie est tout aussi fort.
Je me sens si paisible que j’en oublie le monde extérieur. C’est cette horrible voix rocailleuse qui me fait sursauter me rappelant à la réalité. En un rien de temps mon délicat nuage part en fumé. A peine le temps de respirer que je vois mon protecteur jouer à nouveau son rôle. Assise au sol je l’observe. Lui aussi à changer, terriblement. La vie la marqué, je le ressens. Dès lors que la bulle que nous nous créons éclate et qu’une entité externe s’approche il n’est plus le même.


« - Enguerrand ! C’est bon. »

Le coup était partit. Je proteste mais uniquement pour la forme. Je me sens de nouveau en sécurité, plus rien ne pourra m’arriver. Il semble si fort, si sur de lui. Il avait cette assurance enfant déjà. Je n’étais qu’une enfant mais il me semblait être la personne la plus forte que je n’avais jamais rencontrée. Il me paraissait ainsi deux fois plus aujourd’hui.

Sans même rechigner je me lève dès lors qu’il me le demande. Je déteste obéir, éternelle insubordonnée. Mais encore une fois, il est mon exception. Qui plus est j’ai tellement hâte de me retrouver avec lui à nouveau, j’ai tant de chose à lui demander, tellement à rattraper. Alors sans me faire prier je glisse ma main dans la sienne et c’est près de lui que je ferais le chemin. Couper tout contact physique avec lui m’est impossible, j’ai sans cesse besoin de le toucher, de le sentir près de moi comme si à chaque instant il pouvait s’envoler et me laisser seule à nouveau.

« - Viens, je connais une auberge où nous pourrons passer la nuit, il nous faudra marcher un peu. »

Je voulais au plus vite sortir de la cour des miracles. Quitter ce quartier sombre et retrouver la lumière. Ceci dit je ne pouvais l’amener dans mon appartement au Louvre le choc aurait sans doute était trop grand. Une espèce de gène m’envahit à cet instant. Et si il me méprisait à sachant qui j’étais maintenant ? Si il me reniait en voyant mon nouveau mode de vie ? Je ne le supporterais pas. Je ne pourrais lire le mépris dans ses yeux. Pour une première l’auberge près des Galerie Lafayotte serait une bonne transition.
Le trajet se fit en silence. Dans mon esprit c’était un brouhaha général, un tas de question ne cessaient de me persécuter. Je ne savais par où commencer. Et après ? Que ferons-nous ? Nous n’étions plus deux jeunes enfants. Comment nos vies qui semblaient si différentes pourraient rester liées ? M’aimerait-il toujours ? Des futilités qui pourtant ne cessaient de se répéter.

Arrivée à l’auberge que je connaissais fort bien pour avoir fréquenté avant d’avoir mon appartement de fonction, je lui désignai une table dans un coin retiré. Ici l’ambiance était bien moins pesante que celle qu’on aurait pu trouver près des miracles. La décoration était soignée, la pièce lumineuse et l’odeur bien plus agréable.


« - Tu veux que je te commande quelque chose à manger ? Oui, tu dois manger ! »

Sans attendre la réponse je pris la direction du comptoir pour lui commander un plat. Non, je n’étais plus la petite chose fragile qu’il avait connu. Aujourd’hui j’agissais, j’exigeais, et je savais exactement ce que je voulais. Du moins, j’essayais. Cet instant me permit surtout de gagner un peu de temps, d’ordonner mes idées, et de prendre une grande inspiration. L’ascenseur émotionnel que je venais de vivre à plusieurs reprises me laissait des séquelles.
Naturellement aucune commande ne fut faite pour moi hormis une bouteille de champagne que j’affectionnais particulièrement et qui nous servirais tous les deux. La nourriture et moi n’étions toujours pas amis. D’ailleurs… à présent que cette partie sombre de ma vie me revenait en mémoire je comprenais. J’avais perdu l’appétit dès lors que l’Homme avait prit possession de mon enfance. Depuis, aucun aliment solide ne trouvait grâce entre mes lèvres. Mon corps refusait toute nourriture qui engendrait une mastication. Juste une séquelle de plus.

Attendant que l’on ne le serve je revins vers lui. Les questions allaient commencer je le savais. Sagement je pris place près de lui. Si je m’étais écouté je me serais naturellement installer sur lui, près de son cœur pour entendre ses battements apaisant. Mais je n’avais plus quatre ans, et ce n’était pas convenable aurait dit Geneviève. Et Geneviève n’était jamais loin. Servant deux verres, j’en pris un pour boire une bonne gorgée et me donner une bonne dose de courage. Je finis par me tourner vers lui, mes azurs l’inspectant en détail, sans aucune gène. J’observais chacun de ses traits, essayant d’y lire son histoire. Doucement ma main se leva à nouveau pour venir frôler sa joue à la naissance de sa barbe alors qu’un sourire admirateur se lisait sur mes lippes.


« - Tu es magnifique Enguerrand. »


On aurait pu trouver cela déplacé. Mais cela ne l’était pas. Je le regardais avec se regard pleins de fierté qu’une petite sœur aurait eut. Quoi qu’il est pu faire, quoi qu’il soit devenu, rien ne changerait ce regard que je portais à cet instant sur lui, j’en étais profondément persuadé. Je voulais tout savoir quoi que cela en coute.

« - Qui est Montparnasse ? »

J'avais comprit que c’était de lui qu’il s’agissait lorsque l’homme l’avait interpellé dans la ruelle. Ce qu’e je voulais savoir c’est qui il était à présent, que signifiait ce surnom et ce qu’il restait d’Enguerrand.

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Montparnasse.
Elle prend sa main et l’entraîne loin de ces ruelles. Montparnasse se laisse guider. Elle lui dit connaître une auberge. Celle-ci sera sans doute mieux que n’importe qu’elle endroit où il pourrait l’emmener. Les ruelles sombres et spongieuses laisse peu à peu place à des rues pavées, plus propre, moins odorante. La population est richement vêtu, et les gardes veillent de près à ce que l’ordre y soit maintenu. Montparnasse connaît ces quartiers, il y fait de bonne affaire en règle générale, que ce soit auprès de riche Dame qui paie pour une nuit torride avec un jeune voyou ou en s’appropriant quelques bourses bien rondelette.
Son regard se pose sur Océane. Vient-elle de ce monde ?
Montparnasse ne dit pas un mot, il observe la silhouette de son amie et la rue qui l’entoure. Il est heureux de la savoir loin des Miracles, loin de cette vie misérable et sombre, loin de ce tourbillon de violence dont seule la mort sort victorieuse.
Ils arrivent devant l’Auberge. Elle à l’air de connaitre l’établissement, Montparnasse, lui, est plus méfiant. Son pas se fait plus prudent, et si c’était un traquenard ? Il sait qu’elle ne lui ferait aucun mal, mais au fond de lui une voix l’alerte, il doit rester prudent, après tout les gens change, qui sait ce qu’elle est devenue ?

Sans même lui laisser le temps de parler elle le quitte et va commander à manger et à boire. Du champagne. Du champagne ? Montparnasse n’en a jamais goûté, à vrai dire il ne pensait pas en goûter un jour dans sa vie... Faisait-il donc pitié à ce point qu’elle tienne absolument à le faire manger ? Aurait-elle pitié de lui ? Se doutait elle qu'il ne mangeait pas tous les jours à sa faim ?
L’aubergiste lui glisse un regard, il est au petit soin pour son amie d'enfance, mais il ne peut s’empêcher de glisser un œil mauvais au brun, peut être le trouve-t-il trop proche d’elle ? Il sait que sa tenue est peu convenable pour ce genre d’établissement, ou peut-être qu’il y a tout simplement écrit brigand sur son front ?
Montparnasse l’ignore superbement, il ne veut pas qu’elle remarque le regard méprisant que l’homme lui a lancé, il ne veut pas qu’elle se sente gêné, qu’elle ait honte de lui. Il préfère qu’elle continue de porter sur lui son regard admiratif de petite soeur. Cela lui fait du bien. Plus personne ne la regardé ainsi depuis. Pour dire vrai personne n’a vraiment pris la peine de le regarder d’une autre façon que ce qu’il est réellement, un moins que rien, un déchet, un enfant perdu pour qui on ne peut plus rien désormais.

Elle revient vers lui, sert deux verres et boit le sien rapidement, elle lui caresse doucement la joue. Montparnasse observe la scène comme si ce n’était pas lui qui était assis là, comme si il était un étranger qui regardait de loin l'étrange duo qu'ils formaient. Il comprenait ce que pouvait ressentir l’aubergiste à les voir ainsi dans le coin le plus reculé de l’auberge, elle si belle, si fraiche, si innocente, lui le regard sombre, l’habit élimer, un sourire de connard vissé aux lèvres. Drôle de tableau que voici…
Le contact sur sa joue le fait revenir. C’est bien lui qui est ici, c’est lui qu’elle caresse doucement, lui qu’elle trouve magnifique, lui qui la enfin retrouvé. Un sourire sincère s’étire sur ces lèvres. Il prend la main de la jeune fille et la porte doucement à ces lèvres qu'il presse dessus. Elle lui demande qui est Montparnasse.
Il le sait à présent, il ne pourra échapper plus longtemps à ces questions. Il sait également qu’il va devoir y répondre avant de pouvoir posera son tour des questions.

L’homme les interrompt et Montparnasse lâche la main de son amie, légèrement honteux. Il sait qu'il n'est pas convenable de baiser ainsi la main d'une Dame en publique, et le regard courroucé de l'homme le remet a sa place.
Tu n'est qu'un moins que rien Montparnasse. Un misérable. Cette fille n'est pas pour toi. Elle ne le sera jamais. Tu ne devrait meme pas avoir le droit de lui parler. Estime toi heureux qu'elle ne t'ai pas fait enfermer.
Son regard se pose sur l’assiette bien remplie qu’on lui met sous le nez et son ventre grogne. Il a faim, très faim…
Faisant fi des convenances, il s’empare de la fourchette et dévore une bonne moitié de l’assiette avant de regarder Océane. Il sent son regard sur lui, et a honte de s’être ainsi jeté sur son assiette. Il repose doucement la fourchette et s’essuie la bouche en balbutiant quelques excuses.
Son regard toujours fixé sur l'assiette il s'empourpre légèrement. Il sait qu'il n'aura pas de quoi la rembourser.
Relevant la tête il la fixe et soupire légèrement.


- On me nomme ainsi à présent. Montparnasse. Enguerrand est mort au moment où je t’ai laissé devant ce couvent.

Il joue un peu avec la fourchette, les yeux dans le vague, il ne sait pas comment continuer, il ne veut pas la blesser, il ne peut pas lui dire la vérité. Il ne peut pas lui avouer ce qu'il est devenue, elle le repousserait, elle aurait peur de lui, alors il pèse ces mots, doucement, il poursuit :

- Montparnasse n’est pas un homme bien tu sais… Je... ne suis pas devenue quelqu’un de bien. Je suis désolé que tu me vois ainsi, j’aurais tellement voulu que tu sois fière de moi...

Sa voie se brise legérement. Il aimerait tout lui dire mais il ne peut pas, cela la briserait, et elle a déjà tant souffert. Il s’arrête un instant et la regarde. Il se met à rire, doucement, tristement, il vient de réaliser une chose :

- Je ne connais même pas ton nom…

Oui il ne connaît pas son nom, il ne sait pas qui elle est, pour lui c’était une petite fille muette, seule, orpheline comme lui. Mais à présent elle fréquente de belle auberge, les pierres brillent encore à son cou, elle ordonne, elle exige, elle n’est plus la petite fille fragile qu’il a connue il y a plus de dix ans de cela.
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Mary_lisa.
La pulpe de ses lèvres se referma sur ma main. Mes azurs suivaient le geste avec attention, inquisiteurs. Intérieurement, j’explosais. Pas de dégout comme il se faisait sentir habituellement. Non. Cette fois, je me sentais revivre. Il me réveillait, me faisait renaitre à nouveau. La douceur de ses lèvres sur mon épiderme était un pansement qui me réconciliait doucement avec moi-même. En le retrouvant, je me retrouvais. Alors quand je le vis la lâcher précipitamment, honteux, à la vue de l’aubergiste, mes sourcils se froncèrent. J’avais bien remarqué l’œil inquiet que porter l’homme sur notre étrange duo. Cela m’agaçait. J’ai envie de lui sauter à la gorge et de lui envoyer dextre dans sa gueule pour porter un tel regard méprisant sur mon ange. Mais Geneviève est sage. Ce n’est qu’un regard noir qu’il obtiendra avant que celui-ci se tourne à nouveau pleins de douceur sur le fantôme de mon passé. Je lui offris un sourire bienveillant pour le rassurer, je le sais, il n’est pas à son aise ici. Pourtant c’est une partie de moi, alors je tente de l’y habituer. A mon tour je prends doucement sa main pour la porter à mes lèvres, ancrant mes azurs au siens. Muettement je lui signifie que ce qu’ils puissent penser, j’en ai rien à foutre. Ils peuvent nous juger, trouver nos gestes déplacés, s’inquiéter de me trouver auprès de lui. Je m’en fou. Seul son jugement à lui m’importait. Et c’était sans aucun doute celui qui m’inquiétait le plus. J’avais tant de chose à lui dire, tant à raconter. Ma vie avait tellement changé depuis ce jour où il laissa mon destin aux portes de ce monastère. Si lui avait honte du regard que je porterais à sa condition, il en était de même de mon côté. Au fond, c’était des inquiétudes bien futiles car lorsque un amour aussi fort et profond relie deux personnes, qu’ils soient riches, pauvres, muet, ou encore borgne, rien ne peut l’enfreindre. Et pourtant, lui comme moi, les doutes nous rongeaient intérieurement, nous poussant à agir sans naturel, calculant nos gestes, nos mots, de peur de ce décevoir mutuellement.

C’est ce que je lis de nouveau dans ses yeux alors qu’il reposait sa fourchette avec gêne. Pourquoi cette gêne sous mon regard ? Se serait-il sentit gêné ainsi devant ses amis ? Certainement pas. Intérieurement je m’en voulais de le forcer à se retenir, à être quelqu’un d’autre. Je le voulais lui, entièrement lui, qu’importe celui qu’il était devenue. J’aimais le voir manger ainsi, avec envie et plaisir. Cela me faisait du bien. Je ne connaissais pas la faim. Mon corps n’avait jamais faim. Il avait perdu ce sens lorsque m’a mère fut tuer sous mes yeux. J’en avais oublié ce plaisir qu’était de manger, d’être rassasié et d’apprécier le gout sur nos papilles. Manger était pour moi une torture. Alors, je le regardais avec un sourire mi amusé, mi envieuse. Mais à travers lui je ressentais par procuration se plaisir qui m’était ôté.


« - Continu de manger. Cela me fait du bien. »

Il allait s’en doute me prendre pour une folle, qu’importe. Mon regard ne cessait de suivre le mouvement de sa main, souriant d’avantage à chaque bouchée qui pénétrait ses lèvres. Mais il semblait tracassé. Se révéler à moi n’était vraisemblablement pas ce qu’il préférait. Il avouait à demi-mot, dévoilait uniquement la surface, me laissant alanguie. J’avais dix années à rattrapées. Et aucunement rassasiée, je voulais connaitre les plus minimes détails de ce que fut sa vie. Je voulais en cette simple soirée rattraper tout ce que j’avais loupé. J’espérais pouvoir effacer cette absence, le connaitre sur le bout des doigts pour retrouver cette proximité. Je rêvais, cela allait de soi. Rien ne pourrait effacer dix années de séparation. Pourtant, j’en avais besoin. Je vacillais, ignorant qui j’étais. J’avais besoin de lui, de le retrouver pleinement, de le sentir à mes côtés. Il m’avait aidé à survivre quand on me tuait à petit feu. Il avait été le gardien de mon âme. Depuis dix ans, peu à peu, je la perdais à nouveaux, m’enfonçant sans cesse dans cette mélancolie, dans cette dépression qui rythmait ma vie. Mes crises, mes angoisses, mes troubles, tout disparaitrais si je l’avais à nouveau prêt de moi. J’en étais persuadé. Alors je devais le rassurer.

Doucement, je me rapprochais de lui effaçant les derniers centimètres se trouvant entre son siège et le mien. Ma main glissa à nouveau sur sa joue, endroit que j’aimais particulièrement, pour l’obliger à me regarder. Mon cœur se serrait quand j’entendais sa voix se briser, quand je voyais son regard me fuir, il avait honte et c’était bien ce qui me brisait le plus. Nous avions partagé ensemble la plus grande honte que nous pourrions connaitre. J’avais vu son corps d’enfant être profaner juste sous mes yeux. J’avais vu ses lèvres si douce quelques minutes plus tôt sur ma main, donner plaisir à se monstre qui nous enfermait, uniquement pour me sauver moi. Alors, non, aucune honte ne pouvait perdurer entre nous. Si il y avait bien une personne qui pouvait comprendre pourquoi il en était arrivé là, c’était bien moi.


« - Enguerrand… » A peine prononçais-je son prénom qu’un tendre sourire illumina mon visage. « - Si tu savais le bien que cela me fait de prononcer ce simple mot » Mes yeux se clore un instant comme pour savourer sa présence, avant de s’ancrer à nouveau aux siens, bien plus sérieusement. « - Enguerrand, écoute… Je suis fière de toi, je le serais toujours. Tu es la plus belle personne que je n’ai jamais connu, personne, pas même mon père n’a fait pour moi ce que tu as fait. Je te dois tout. Tu peux être fier de toi, quoi que tu aies pu faire par la suite. Rien, à mes yeux ne pourra entraver cela. Rien, tu m’entends ?! N’oublie jamais que si je me tiens là devant toi, c’est uniquement grâce à toi. Tu m’as maintenue en vie quand je n’étais qu’une gosse brisée. Tu m’as rendu ma liberté quand IL ne faisait de moi qu’une chose. Tu as donné ton âme pour sauver la mienne. Alors non. Jamais je ne pourrais te reprocher toutes les horribles choses que tu as faites ensuite. »

Je le sentais, plus je parlais, plus les larmes brouillaient mes yeux océan. Le retrouver, aussi merveilleux que cela soit, c’était aussi revivre ces mois d’horreur que j’avais profondément mit de côté. Je revivais tout, dans les moindres détails. Le lien qui nous unissait, son soutient, son amour, mais aussi les choses horribles que j’ai pu subir ou voir. Ma main retrouva la sienne pour la serrer avec force, inspirant grandement pour tout refouler. Nous n’aurions pas été aussi entouré je me serais volontiers jeter contre son torse, y enfouissant mon visage pour qu’il me serre contre lui, caressant inlassablement ma chevelure comme il l’avait fait tant de fois pour me rassurer. Il me promettait toujours qu’il allait nous sortir de là. Il avait tenu promesse. Mais très vite j’entendis son rire, discret, mais si mélodieux à mes oreilles. Je l’avais rarement entendue rire, pour ainsi dire jamais. Cela n’avait pas vraiment fait partit de notre quotidien. Mais sa question, aussi pertinente soit-elle, ne me fit pas rire. Elle me laissait plutôt perplexe. Quoi dire, quoi répondre. Qui étais-je ? Quel était mon prénom ? Sous lequel devais-je me présenter à lui ? J’étais pour dire vrai, une deux en un. Deux personnes, pour un même corps.

Troublée, je mis de longues minutes à répondre à sa question. Regard dans le vide, je pris le temps de boire de longue gorgée de vin pour que mes idées se mettent en place. Je ne savais pas par où commencer et l’histoire était longue. Je devais repartir du début. Car si nous furent proche enfant, ce n’était pas par les mots. Jamais jusque alors il n’avait pu entendre le son de ma voix, ni mon histoire. Le regard toujours perdue, je lui répondis enfin, adoptant le ton détaché habituel que je prenais lorsque je devais me narrer.

« Mon nom… Je suis née Geneviève Elisabeth de Courcy. Mais on m’appelle plus communément Mary-Lisa. Lorsque tu m’a connus… J’avais 4 ans. Je venais d’assister à la mort de ma mère alors que nous voyagions toutes les deux en diligence. Un regrettable accident à ce que j’en sais. Quoi qu’il en soit, ma mère s’est éteinte entre mes bras dans une mare de sang. J’ai, semble-t-il fuit cette horrible scène pour chercher de l’aide. C’est là qu’IL m’a trouvé. J’étais terrorisé, effondrée, profondément choqué surtout. Je ne pouvais dire un mot, mon corps refusait de m’obéir. En plus d’être une enfant, j’étais doublement faible. Tu le connais, il en a profité. C’est là que tu m’as connu. »

Je fis une pause, buvant une nouvelle longue gorgée comme pour faire passer ce premier épisode. Il n’avait pas besoin que je lui raconte l’épisode 2, il connaissait l’histoire, bien trop. Je passais donc directement à l’épisode 3.

« - Lorsque tu m’a laissé devant le parvis, je me suis égarée. Oui, je crois que j’ai un don pour me perdre. Mais cette fois j’ai eu plus de chance. Un vieux paysan m’a trouvé. Doublement terrorisé, doucement choquée, doublement brisée. Il m’éleva avec sa femme, durant près de dix années comme leur enfant. Ils me réapprirent à parler, à marcher, tout simplement à vivre. C’est eux qui me nommèrent Mary-Lisa. Toute la première partie de mon existence fut effacée. Ma famille, la mort de ma mère, toi… tout. Je crois que ce fut la meilleure chose pour moi, cela m’a permis de me construire. Bref…. Ils étaient déjà bien âgés, je devais alors avoir 14 ans quand ils sont morts. Je me retrouvais sans rien. J’ai quitté la miteuse ferme pour la capitale. Je te passe les détails d’une année de peu bon augure. Mais rien comparé à tout ce que j’avais vécu avant. Et puis un beau jour… un homme est entré dans ma vie. Ou du moins y est entré à nouveau. Par un concours de circonstance, je l’ai retrouvé. Aimeryc de Courcy, mon père. Alors Geneviève fut de retour, et les souvenirs du passés avec. »

Le verre fut vider cul sec pour le remplir à nouveau. Tout déballer, même si certains détails étaient omit, était ce qu’il y avait le plus difficile pour moi. Je ne parlais jamais de son passé, jamais. Même mon propre père n’en connaissait pas la moitié. Alistaire encore moins. Je ne pouvais me dévoiler entièrement, j’avais bien trop peur du regard que j’attirerais. La peine, la honte, la pitié, je voulais m’épargner cela. Mais Enguerrand lui, était comme moi, un écorché de la vie.

« - Donc me voilà aujourd’hui, à moitié Geneviève depuis mon retour auprès de ma famille, à moitié Mary-Lisa celle que je fus durant plus de la moitié de ma vie. Pour tout dire… je navigue un peu entre les deux. »

Ses yeux se levèrent cette fois sur lui pour lui sourire tristement et enfin conclure.

« - Mais malgré ce que tu vois aujourd’hui, malgré ce que je porte, malgré cet endroit, et tous les autres que je côtoie. Au fond, je suis toujours Océane. La même gosse brisée qui se bat pour survivre. »
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Montparnasse.
Montparnasse l’avait écouté religieusement. Il buvait ses paroles, se nourrissant de sa présence. Il aimait la sentir contre lui, il aimait le contact de sa main contre sa joue. Les mots qu’elle prononça devant sa gêne lui firent un bien fou, mais il savait pertinemment qu’elle se trompait. Rien à ces yeux ne pourra entraver sa fierté. Vraiment ? Pas même si elle apprenait qu’il avait récemment céder à ces noirs instinct et violé une gamine a peine âgé de treize ans ? De cela il n’en était d’ailleurs pas très fier, il ne se rappelait pas tous les détails mais il savait qu’il avait voulu lui faire mal à cette gosse, très mal. Il avait réussi son coup, il avait sans doute brisé ces rêves et ces espoirs, comme on avait brisé les siens.

Comment le lui avoué ? De violé il était devenue violeur. Oh il avait toutes les excuses du monde, une enfance misérable : orphelin, tête de turc de l’orphelinat, battu régulièrement, violé à l’âge de sept ans, devenue meurtrier par la force des choses au même âge… il y a de quoi perdre légèrement la notion du bien et du mal vous ne trouvez pas ?
Pourtant Montparnasse n’était pas ce genre d’homme dont la folie guidé les pas, malgré toutes ces épreuves il était même plutôt sain d’esprit. Je ne dis pas que cela ne lui avait pas laissé de séquelle mais si il était devenu ainsi, c’était par choix. Il ne supportait pas les hommes qui justifié leur acte par un passé douteux.
Oh pauvre petit âme sensible, incapable de faire leur propre choix… mon cul !
Chacun était responsable de ces actes et du chemin qu’il prenait, et Montparnasse ne faisait pas exception. Il aurait pu s’enfuir mais il avait choisi de tuer. Puis vous n’allez pas me dire qu’on viol une gamine par accident non ? Chacun des actes découlés d’un choix réfléchit. Pour Montparnasse chacun était responsable de ces actes, tels qu’il soit. Rien ne justifié un acte abominable. Il ne cherchait pas d’excuse. Il était ainsi c’était tout. Il prenait du plaisir a infligent souffrance et peine, et qu’importe que ce soit à cause de sa grand-mère maternel qui avait bu trop de lait de chèvre durant sa grossesse ou que ce soit dut au sevice qu’il avait subi, il avait CHOISIT de céder à ces impulsions destructrices. C’était cela qui nous distinguer de l’animal. La possibilité de pouvoir restreindre nos pulsions. Toute personne normalement constitué chercher des excuses à ces agissements, après tout qui peut regarder le mal en face, le mal volontaire, voulut, et en ressortir indemne ? Peu de monde, pourtant Montparnasse l’avait fait. Il avait toujours eut une part d’ombre en lui, très jeune il s’était rendu compte qu’il était différent des autres, il s’était rendu compte de son gout pour le sang, celui de le voir jaillir, celui de le faire couler, son attrait pour le sexe était venue bien après en revanche, après ces sept ans du moins. Mais si sa part sombre s’était éveillé très tôt, son intelligence aussi. Il avait très vite compris que cela n’était pas normal, que cela devait être caché. Il avait observé les autres, les gens normaux, bon, et avait calqué son comportement sur les leur. La seule faille à cela ce fut Elle. Cette petite fille dont les yeux bleus avait percé les ténèbres dans le cœur du petit Enguerrand. Il y avait une telle tristesse dans ces yeux, un tel renoncement c’est là qu’il avait compris la différence entre lui et les autres. C’est là qu’il avait compris qu’il ne subissait pas sa vie mais qu’il en était maitre. Contrairement à elle. C’est ainsi que naturellement il l’avait protégé, qu’il l’avait sorti de là, c’était son choix, et la voir ainsi devant lui, si belle, si forte, il ne regretta pas ce choix-là.
Et tandis qu’elle le regardait de ces grands yeux bleu il sut qu’il devait se taire. Il sut que jamais il ne lui raconterait ce qui s’est passé ensuite.

L’homme était un homme important, et riche. Sa disparition n’était pas passé inaperçu. Principale donateur de l’orphelinat, le directeur de celui-ci ne tarda pas à se rendre chez l’homme en voyant Montparnasse revenir. C’était là, sa première erreur. Son premier mauvais choix. Il aurait dut partir, fuir, mais Montparnasse n’avait nulle part où aller, il n’avait connu que l’orphelinat, alors il y était naturellement retourné. Lorsque le directeur découvrit le corps sans vie de l’homme, et il dénonça le gamin. Il avait remarqué qu’Enguerrand était différent des autres garçons, il avait vu la noirceur dans les yeux du jeune homme et il avait rapidement comprit que contrairement aux autres le petit Enguerrand ne s’était pas laissé faire sagement. Il ne s’était pas passé 24h entre le moment ou Montparnasse avait laissé la gamine sur le parvis et le moment ou des gardes vinrent l’arrêter. Il se débattit comme un diable, mais il n’avait que sept ans. Satan perdit bataille. Vaincu fut Lucifer. Le juge d’abord clément en voyant que ce n’était qu’un enfant avait dut rapidement sévit devant le comportement récalcitrant du jeune garçon. Celui-ci avait refusé de justifier son acte et les seuls mots prononcé avait été pour dire que l’homme avait mérité son sort et qu’il n’hésiterait pas à recommencerait si cela était nécessaire. Ce mélange de haine et de fureur. Le juge compris qu’il était trop tard pour sauver ce gamin, il savait qu’il deviendrait un gredin de plus dans ces rues. Alors il le fit enfermer. Pour 3 ans. Trois ans qui en durèrent cinq ans à cause d’une tentative d’évasion raté. Quand il sortit de là il ne restait plus rien du jeune Enguerrand, il se faisait appeler Montparnasse, en hommage au sobriquet d’Apollon dont les autres enfants l’avaient surnommé jadis. Montparnasse avait 12 ans quand il sortit de prison. Ce n’était plus un enfant mais pas encore un homme. Il avait appris à se battre là-bas, il portait quelques cicatrices, dont des traces de fouet dans le dos. Il s’était fait également quelques ennemies, des hommes qui avaient fait de lui sa chose, et d’autre qui le protéger, en échange de bon soin de sa part. Ami comme ennemie, Montparnasse n’avait pas fini d’offrir son corps, il comprit à cette instant que tous les hommes était pourris et qu’il ne pouvait comptait sur personne d’autre que lui-même. Manger pour ne pas être mangé…
Il comprit aussi que l’argent et le sexe dirigeait le monde, et qu’il pouvait se servir de l’un pour obtenir l’autre.

En sortant de prison il n’avait rien. L’orphelinat avait fermé ces portes et il n’avait pas un sous en poche. Alors il fit la seule chose qu’il savait faire. Il se prostitua, d’abord dans la rue pour quelques pièces puis dans un établissement minable. La faim le fit voler, la haine le fit tuer. Mais ce qui le transforma vraiment en monstre qu’il était à présent, fut l’argent. Montparnasse avait l’expérience, la jeunesse et quasiment aucune limite, très vite il se fit une clientèle régulière. Il monta le prix de ces prestations, et on le couvrit de cadeau. Il en voulait toujours plus. Il voulait être beau, élégant, et riche, alors ces larcins se multiplièrent, tout comme ces ennuies. Sa confiance en lui se transforma en arrogance, son arrogance en narcissisme, il ne comprenait plus le sens du mot « non », il vivait sans règle et sans limite, c’est ainsi qu’il se mit à son tour à violer. Tous ceci n’était qu’un écoulement de choix qu’il avait fait et qu’il assumé pleinement.

Sauf aujourd’hui.
Sauf devant ces grands yeux bleus. Il ne pouvait lui expliquait, elle ne comprendrait pas. Il ne voulait pas qu’elle se sente responsable de sa dégringolade, aussi jamais il ne lui dirait qu’on l’avait enfermé pour l’avoir sauvé. Jamais. Il s’en fit la promesse. Cela lui déplaisait fortement de lui mentir mais la vérité était bien pire encore. Elle n’avait que quatre ans à l’époque, elle ne devait même pas comprendre l’enjeu de ce qui c’était passé. Elle ne pouvait mesurer la conséquence des actes de celui qu’elle voyait comme son sauveur. Il avait tué une pourriture certes, mais il avait tué. Il avait tout fait pour qu’elle ne comprenne pas la gravité de la situation, il avait voulu la préservé à l’époque avec ces sourires et ces mots rassurant et c’est ce qu’il faisait encore aujourd’hui en gardant le silence sur son passé.

Geneviève Elisabeth de Courcy. Mary-Lisa. Deux noms magnifique mais aucun qui lui allait mieux que Océane. Il comprit le mal être de la jeune femme dans ces mots, dans sa façon de les réciter, comme une poésie appris par cœur. Instinctivement il voulut de nouveau la protéger et il glissa son bras sur son épaule pour la serrer contre lui. Son regard se fit plus dur quand il regarda le tavernier qui allait intervenir, et celui-ci préféra détourner le regard que d’affronter celui Montparnasse. Cela ne le regardait pas de toute façon. La tristesse imprégnait toujours le regard de son amie et Montparnasse sourit pour tenter de réchauffer son cœur meurtrit. Elle était la seule, l’unique dont le bien être lui importer. Apres avoir glissé sa main dans sa chevelure il reprit à nouveau la parole.
Quelque chose le tracassé depuis leur retrouvaille et il savait qu’un jour ou l’autre il devrait revenir dessus, alors il le fit maintenant, avant que cela abime leur relation.


- Je suis désolé d’avoir essayez de vous…de te voler. Pardonne moi, je sais que je dois te vouvoyez, mais je n’y arrive pas. Je sais qu’il n’est pas correct de s’adresser ainsi à une dame de ton rang, mais tu es trop importante à mes yeux pour que je te vouvoie comme n’importe quelle Dame. Bien sûr si tu me le demandais, je le ferais tout de même. Geneviève Elisabeth de Courcy. Sacré nom… je crois que je préfère le nom de Mary Lisa, même si Océane te va bien mieux.

Il regarda autour de lui, l’établissement était vraiment chique. Il ne faisait plus partie du même monde à présent. Montparnasse devait se faire une raison, il ne pourra pas la garder ainsi contre lui indéfiniment. Il devra rendre des comptes s’il s’approche de trop près et il le sait. Mais il n’est pas pour autant prêt à l’abandonner, aussi, il pose la question qui lui brûle les lèvres depuis qu’elle l’a amené ici.

- Tu vie ici ? Je veux dire, à Paris ?

Il lui sourit en replaçant une mèche de ces cheveux.

- Tu ne m’oublieras pas j’espère, tu me permettras de t’écrire ? De te revoir ?

Ces mots sont un peu précipiter, il parle vite, il lâche les mots avant de les ravaler, avant que son esprit s’éveille, avant qu’il lui rappelle qu’il n’est un voleur, un courtisan, un moins que rien, alors qu’elle est noble, importante, qu’elle a une famille, un rang. Elle est devenue si belle…
Sa voix s’apaise, elle ne tremble plus, c’est plein d’assurance et le regard empli d’amour qu’il finit par ajouter.


- Je suis si fier de ce que tu es devenue, je ne regrette rien, si c’était à refaire je ferais les même choix, je revivrais cela encore et encore seulement pour avoir la joie de voir ton sourire à nouveau, pour voir ce regard que tu poses sur moi…

Il n’a pas conscience que ces mots n’ont pas de sens, qu’elle ne peut les comprendre sans connaitre la suite de l’histoire, il a parlait emplit de fierté qu’une femme comme elle pose les yeux sur lui, qu’une femme comme elle soit dans ces bras. Prend toi ça dans les dents foutues aubergiste…
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Mary_lisa.
Il glissa ses bras autour de mes épaules, il ne m’en fallut pas plus pour que je m’invite contre lui, mon visage enfoui contre son torse. Son odeur si rassurante avait le pouvoir inexplicable de m’apaiser. J’étais à nouveau dans notre si étrange bulle, notre monde à nous, celui dans lequel on s’était tant de fois réfugié pour oublier l’horreur qui nous entourait. Mais alors que sa main se faisait tendre et protectrice dans ma chevelure, je ne pouvais m’empêcher de m’en vouloir. J’étais là, entrain de me plaindre, montrer cette partie triste de moi, alors qu’il fallait bien l’avouer j’avais tout pour être heureuse. J’avais survécut à l’enfer pour à présent trouver un monde de luxe et de douceur. Alors que lui… lui n’avait jamais vraiment quitté l’enfer. Il y plongeait toujours à pied joint dedans. Il n’avait pas besoin de le mentionner pour que je m’en doute. Du moins, je pensais savoir, mais j’étais toujours à mille lieux d’imaginer ce qu’était devenue sa vie. Et au fond… bien que je lui affirmais vouloir tout savoir, et que je continuerais sans doute à lui poser milles et unes questions, il valait mieux peut-être que je n’en sache pas la moitié. Cela me tuerait.

Tout en restant enlacée contre lui, je me redressai légèrement, essayant de chasser cette mélancolie qui m’habitait sans cesse. Après tout, je venais de retrouver l’unique personne qui manquait à ma vie. Le puzzle était finalement bouclé.
A ses mots je ne pu m’empêcher de rire, d’un rire attendrie et spontanée. Tout aussi spontanément je glissais un léger baiser contre sa joue à la naissance de sa barbe.


« - Je ne suis pas une « Grande Dame » je suis juste moi… ta Océane. Et peut importe mon rang, ou celui que j’aurais, rien ne dois changer cela. Tu ne m’as jamais vouvoyé dans le passé ? Alors nulle raison pour que cela ne change aujourd’hui. »

Car si aujourd’hui je n’étais que Dame, et fille DE, demain je serais Duchesse par mon mariage et Comtesse par mon anoblissement. De nombreuses choses allaient changer autour de moi, j’en prenais doucement conscience et m’y préparais peu à peu. Pour celle qui avait grandit comme fille de paysans c’était un grand bouleversement. Parfois cela m’enchantée, parfois cela me faisais terriblement peur. Et si il y avait bien une chose que je voulais garder intacte, c’était bien la relation qu’on partageait. J’espérais que rien n’entrave cela, pas même nos modes de vies si à l’opposé l’un de l’autre.

A sa question de mon lieu de vie j’hésitai quelques secondes à quoi répondre. Comment dire… j’étais en quelques sorte une sans domicile fixe, qui en avait un peut partout à la fois. C’était amusant quand on y pensait. Mais je me repris rapidement, je devais cesser d’avoir honte, je vivais bien et il n’y avait aucune honte à avoir. Surtout, je ne voulais qu’aucune honte de subsiste entre nous que cela soit pour les bon côtés, comme dans les plus mauvais. J’avais connu la misère également, la quasi-totalité de ma vie, tout comme lui, je savais ce qu’étais de voler pour vivre, alors non vraiment aucune honte à avoir dans les deux sens.

« - Je ne t’en veux pas. Mais tu sais, tu me les aurais demandés, je te les aurais volontiers donné. » Et c’était vrai. Il pouvait me demander la terre entière, que je lui donnerais. Pas par pitié non, simplement par reconnaissance, par amour aussi.
« Hum… Oui. Oui je vis à Paris la plupart du temps. Je suis Officier royal pour la Maison royale, de ce fait je dois souvent être sur place. Sinon, je suis Normande mais je séjourne actuellement en Alençon avec mon père et sa nouvelle épouse. »

Oui en gros je vivais un peu partout et ne restais jamais très longtemps au même endroit. Les aller retour dans le Sud pour la gestion des terres d’Aussillon, à Tancarville aussi pour retrouver Alistaire, et bientôt… bientôt l’Empire. Mais cette vie à mille à l’heure était ce qui me faisais du bien, m’éviter de trop penser au fait que j’étais malade. La fatigue, les nausées, mon corps qui lâchait, tout ceci était plus simple à mettre sur la faute des voyages incessant plutôt que sur un réel problème.

« Assez parler de moi. Et toi, où vie tu essentiellement ? A la cour de la Jussienne là où… où on s’est trouvé ? »

J’avais dit cela sur un ton naturel, pas comme quelques chose dont il devrait cacher. Avait-il seulement un réel toit ? Après tout, je savais pour y avoir vécut qu’avoir un vrai toit là-bas était rare. On se contentait souvent de squatter ici et là. J’ignorais tout de sa réelle condition, de comment il gagner sa vie autre que le vol.
Alors, quand ces mots spontanés sortirent de sa bouche, je ne pu m’empêcher de poser sur lui en regard attendrit emplit d’amour. Je remarquai qu’il regrettait déjà ses paroles et un sourire amusé prit place sur mes lèvres. A nouveau ma main trouva la douceur de sa joue alors que je secouais doucement la tête.


« Enguerrand… Si seulement je m’écoutais je te retiendrais auprès de moi et ne te laisserais plus repartir après ce moment. Alors si je te permettrais de me revoir… Je te le demande surtout, je t’en supplie même…. » Cette fois c’est des yeux emplit de crainte et de doute qui s’ancrait à lui alors que ses mains s’accrochait à sa veste comme pour le retenir contre elle. « Je sais que… que tu as ta vie à présent, mais… je t’en prie laisse moi à nouveau en faire partie. Ne me laisse plus jamais... »

Elle le savait, s’il disparaissait à nouveau elle ne saurait le supporter. Il le fallait bien pourtant, elle ne pouvait exiger de lui qu’il reste interminablement auprès d’elle, quant à elle, elle ne pouvait tout quitter non plus. Il faudrait trouver un compromis, faire des concessions, n’importe quoi, mais trouver une solution pour que leur vies soient liées à nouveau.

« Accepterais-tu parfois de venir séjourner avec moi ? J’ai tellement envie de te présenter à ma famille, de te faire découvrir ma vie et la partager avec toi. On pourrait juste …. Juste essayer ? Et je te promets que si tu n’aimes pas je ne t’en voudrais pas. On pourra toujours se retrouver dans Paris, n’importe où, a chaque fois que tu le voudras. »

C’était une situation compliquée. Je ne voulais pas lui imposer ma nouvelle vie, et pourtant je mourrais d’envie de la partager avec lui. Je lui devais tout, et comme je l’aurais fais avec un frère, il m’était naturel de tout partager avec lui.

Effectivement je ne compris pas tout du sens de ces mots, je ne pu qu’à nouveau poser ce regard pleins de fierté sur lui. C’était étrange. Il me mettait sur un pied d’estale, et je faisais de même de mon côté. Pour moi, il n’avait rien à envier à personne, et aucun autre homme ne saurait trouver telle grâce à mes yeux.

« - Nul besoin de tout revivre pour le voir à nouveau. Il te suffit d’être là, près de moi. »

Et effectivement, si je le pouvais, je ne le quitterais plus d’une seconde. C’est d’ailleurs une question qui me tracassait à ce moment. Qu’allait-on faire après ? La soirée allait-elle se terminer ainsi, chacun retournant de son côté sur la promesse de se retrouver bientôt ? J’en étais incapable.
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Montparnasse.
Il sentit les lèvres douce de son amie se déposer sur sa joue. Ce baiser le troubla, machinalement il posa la main à sa joue en balbutiant, comme un gamin, son cœur battait la chamade. Ce n’était pourtant pas le premier baiser qu’on lui donnait mais jamais encore il n’en avait reçu d’une personne chère a son cœur. C’était donc cela qu’on ressentait ? Ce sentiment inconnue il n’arrivait pas à l’analyser, trouvait-t-il cela agréable ou dérangeant ? Il mentirait en disant qu’il n’en aurait pas voulu un autre, mais cette sensation inconnue lui était désagréable car il ne savait pas comment gérer les émotions qui en découlaient. Montparnasse aimait tout contrôler, même si dans cette situation il avouait être complètement perdu.
Il n’avait connu que la haine et la violence toute au long de sa vie. Il avait grandi seul, devant se battre, lutter jour après jours. Les seuls caresses reçut il les avait monnayée. Aussi le baiser de son amis, sincère, sans arrière pensé avait un gout amer pour Montparnasse. Un gout inconnu. Un gout auquel il avait déjà envie de re-gouter.

Son regard se posa sur son ami et il l’enlaça pour déposer un baiser sur son front. Oh ce qu’il pouvait l’aimer. Il tenait à elle plus qu’à tout autre personne, il donnerait sa vie pour ces yeux, elle était sa seule amis, sa seule famille, celle qui savait tout de lui, ou presque... Pourtant, malgré tout l’amour qu’il lui portait, ou peut-être à cause de cet amour justement il devait lui mentir, encore et encore.
Elle voulait savoir où il vivait, si il venait de la cours Jussienne. Décidément, elle avait le don pour le mettre dans l’embarras. En effet il vivait cours de la Jussienne, a l’Aphrodite pour être exact. Mais l’établissement bien que chic et élégant il faisait toujours commerce de chair humaine, et Montparnasse n’était une friandise dans une cage doré. Cela non plus il ne pouvait pas le lui dire. Même si elle serait surement la seule dans ce royaume à comprendre comment il en est venu à vendre son corps, lui raconter c’est aussi remuer le passé. Leur passé. Et il ne pouvait pas. Il voulait la protéger. Tout comme il ne lui avait pas parlé de la prison, il taira également les sévices qu’il y avait subis. Pour lui rien ne s’était arrêté. D’un homme il était passé à plusieurs. S’offrant à droite pour se protéger des violences de gauche. L’enfer Montparnasse n’en était jamais sorti. Comment lui reprocher de s’offrir de nouveau ? Après tout il ne savait faire que cela. Procurez du plaisir aux autres lui donner l’impression d’être quelqu’un de bien, de ne pas être le monstre qu’il était. Mais cela elle ne devait pas non plus le savoir alors il mentit.


- Non je vie toujours à la Cours des Miracles, même si j’avoue partager du temps dans de nombreuse autres cours, la Jussienne en fait partie, tous comme Brissel. Pas toujours des endroits fréquentable comme tu peux le voir…

Il lui sourit et finit par se séparer d’elle, des gardes venait d’entré dans l’auberge et accoudé au comptoir ils attendaient que l’aubergiste les servent. Pas la peine de jouer trop avec le feu. Montparnasse faisait déjà assez tache dans le décor. Il ne voulait pas attirer d’ennuie à son Océane en restant ainsi coller à elle.
Elle lui proposa de séjourner avec elle. Montparnasse fut surpris. Mais que ferait-il dans un palais ? Devoir jour après jour se tenir droit, pesé chacun de ces mots être engoncé dans une tenue bien trop ajusté.
Cela pourrait être une opportunité en or. Laissez le passé dans le passé et entamer une nouvelle vie, une vie droite, loin des mensonges, des bagarres et le la prostitution.
Pourtant à cette idée son cœur ce serra. Le voulait-il vraiment ? Voulait-il vraiment s’en sortir ou se complaisait-il dans cette vie de de débauche et de perversion ? La vérité c’est qu’il n’en savait rien. Il ne connaissait que cela. Il savait ce qu’il perdait mais pas ce qu’il pourrait gagner et cela l’effrayait. Surtout qu’il n’était pas si malheureux que ça. Il trouvait même certains avantages à être une belle ordure.
Un sourire triste passa sur son visage et après avoir jeté un coup d’œil au garde qui le regarder à présent de travers, il se mit à balbutier.


- Ecoute Océane, cela me ferais vraiment grand plaisir d’entrer de nouveau dans ta vie. Jamais ne n’accepterais de te perdre encore une fois, mais je ne suis pas vraiment sur que ta famille souhaite rencontrer quelqu’un comme…moi.

Apres tout comment allait-elle le présenter ?
Oh je vous présente Montparnasse, un brigand qui a essayé de me prendre mes bijoux et je ne sais quoi d’autre dans une ruelle sombre, mais en fait c’est un vielle amis, nous avons était violé ensemble, il est cool hein ?
Pourtant il avait envie d’essayer. Il avait envie de rester avec elle. De tenter sa chance, peut-être serait-il accepter, ou du moins tolérer ? Mais comment réagiront-ils en apprenant qu’il avait déjà tué, pillé, violé ? Car il le sait, tous se sait tôt ou tard, et la Famille de son amis n’accepterait surement pas un étranger dans leur rang par pur caprice sans se renseigner avant sur lui. Et si Océane apprenait tout cela et qu’elle le rejeter ? Ou qu’elle se disputait avec eux par sa faute ? Non cela il ne pouvait l’envisager ou le tolérer. Il était dans une impasse. Il ne voyait pas d’issus de secours et il commençait sentir l’angoisse lui serrait le ventre.
Le voilà coincé entre ces mensonges et la peur de la perdre.
Son poing se serra légèrement et il frappa la table avec plus de violence qu’il l’aurait voulu. L’aubergiste et les gardes se tournèrent vers lui, mais il n’en avait que faire. Il plonger ces yeux dans le regard bleu de la jeune fille.


- Je... j’aurais peut-être pas du te dire qui j’étais… tu aurais alors continué ta vie, ta si belle vie, sans moi… J’ai fait assez de chose terrible, et je ne veux pas semer la discorde dans ta famille, ni dans ta vie… Océane. Je ne veux pas te perdre. Pour rien au monde je le voudrais. Mais que ferais tu de moi si je reste près de toi ? Me ferais tu passer pour un valet ? Un garde un peu trop efféminé ?

Ces mots était dur, et il n’en avait pas conscience, la peur du changement lui vrillait les tripes, et lui filer la nausée. Il n’aurait peut être pas dû manger au final. Pourtant il ne pouvait se résoudre à la perdre…
Bordel pourquoi la vie n’était jamais simple ?

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Mary_lisa.
Son poing retentit sur la table, à ce geste inattendu je ne pu m’empêcher de sursauter, mon coeur commençant à s’affoler. Que lui arrivait-il? Lui, mon ange, mon protecteur, jamais encore il n’avait laissé ses humeurs exploser devant moi. Enfant, il avait toujours mit un point d’honneur à me rassurer, à m’apaiser, enfermant sa propre colère et sa peur en son intérieur pour me protéger. C’était la toute première fois que je faisais face à… qu’est-ce ? De la colère ? De la déception ? L’aurais-je déçu ? Mais à ces mots, j’aurais mille fois préféré subir sa colère. Ceux-ci me percutèrent de front, m’envoyant une gifle glaciale en pleine tête. Pour qui me prenait-il ? Voyait-il en moi un monstre immonde baigné dans sa vie de luxe, assez hautaine et suffisante pour le considérer comme un valet ? Moi qui l’aimait comme un frère, qui l’aimait plus que de raison. A cet instant ma bulle si parfaite éclatait en mille morceau. Pour la première fois je me rendais enfin compte a quel point nos vies si éloignées serait un frein à notre relation. Du moins, pour lui.
Si les larmes de colère m’auraient facilement montés aux yeux, je me refusais d’apparaitre de nouveau fragile sous son regard. Mon propre regard se fit glacial, et mes poings se serrèrent sous la colère ancrant mes ongles dans la fines chair. Mais déjà un garde inquiet commençait à s’approcher de notre table sans doute pour s’assurer de ma sécurité. Puisant dans je ne sais qu’elle force, je dut faire preuve d’une grande force pour maitriser mes nerfs à vif et garder un visage paisible, souriant. Alors que je me levait d’un pas naturel je ne pu m’empêcher de balancer du bout des lèvres un : « - Tu fais chier Enguerrand ! » à peine audible. Lui tournant le dos je le laissait là, seul, sans doute paumé, mais fière et touchée, je ne pu me retourner pour la rassurer du regard. Car non, je ne l’abandonnais pas, je ne fuyais pas si facilement. J’étais déterminé à ce qu’il fasse partie de ma vie à pars entière, et j’étais prête à user de toute la patience que je possédait pour le lui faire comprendre. Mais avant tout je devais sauver les meubles, faire bonne figure et éviter qu’il se fasse jeter dehors. Oui, les femmes étaient des pro pour sauver le cul des hommes un peu trop subit aux humeurs.
Alors, comme je savais si bien le faire après une année d’entrainement au Louvre j’enfilais mon masque de Geneviève. Souriante, fraiche, lisse, on m’aurait donnée le bon dieu sans confession. Je le savais, et j’en usais. Les gardes furent rassurer d’un sourire aimable mais néanmoins hautain dont les gratifié la noblesse qu’ils servaient et c’est vers l’aubergiste que je me dirigea.

« - Je souhaiterais deux chambres pour la nuit je vous prie. Mon ami et moi avons fait un long voyage nous sommes à présent bien épuisés. »

Le voyage, bien que prétexte bateau pouvait être un bon alibi. Il expliquerait sans doute la tenue aucunement élégante dont je m’était affublé dans l’idée de rejoindre le pacte d’orphée, et pourrait expliquer l’emportement de Montparnasse sans doute fatigué après un long voyage. Qu’il ai crut ou non ma version, rapidement je me trouva en possession de deux clés. Revenant sur mes pas ma main se posa doucement sur l’épaule de mon ange toujours attablé et d’une voix forte et claire j’entrepris de dissiper les derniers doutes.

« - Nous avons nos chambres, il est temps pour nous d’aller nous coucher, la journée à été longue. »

Discrètement mes doigts se resserrent sur son épaule en une légère pression. En gros, interdiction de te défiler, nous devons parler. Et clairement, cela devait être fait à l’abris des regards. Je n’en pouvais plus de ses regards suspicieux sur notre table, cela le rendait nerveux et je le ressentais. Plus tard, nous nous y habituerions, mais pour cette première retrouvaille j’avais besoin de le sentir pleinement avec moi sans se préoccuper des regards curieux.
Connaissant les lieux je le devançais dans l’escalier pour monter à l’étage où se trouvait les chambres. Contrairement à ce que j’avais laissé sous entendre, nos pas ne se dirigeaient pas vers deux chambres séparé. Je n’avais aucunement l’intention de dormir mais bien de discuter avec lui. Cette supercherie avait pour unique but de dissiper les doutes, tout en préservant ma réputation autant le dire. Même lorsque je voyageais avec Alistaire avec qui j’étais fiancé depuis des mois nous ne partagions jamais la même chambre. J’effectuais les mêmes habitudes d’un air le plus naturel possible. En soit, agir par habitude me rassurait, et pour l’heure me calmer. Je savais que j’allais devoir garder mon calme, trouver les bon mots pour le rassurer et lui faire entendre raison.

Alors que lui laissé le soin de me suivre, je m’introduit dans la chambre qui nous fut désigné en prenant soin de bien refermer la porte dernière nous. Tant concentré dans mes pensées qui tournaient en boucle je ne prit pas soin d’accorder un seul regard à la pièce. Peut-être était-elle confortablement équipée, décoré avec un gout prononcée, je n’aurais sut le dire. Pendant quelques minutes je ne pu que me résoudre à garder le silence, tournant légèrement en rond dans la pièce pas si petite. Je cherchais mes mots, je réfléchissais également à comment trouver un compromis. N’importe quoi, mais quoi qu’il puisse m’en couter je refusais de le laisser à nouveau devenir un vague souvenir.
Je finis par inspirer profondément et comme une enfant je pris place en tailleur sur le vaste lit en m’étant préalablement débarrassé de ma cape. Mes azurs ayant retrouvé leur douceur en se posant sur lui. Geneviève n’était plus, Océane était de retour.


« - Aujourd’hui, et pour la deuxième fois dans ta vie, tu m’a fais un merveilleux cadeau. Tu es revenue dans ma vie, tu comble se vide inexplicable que j’avais en moi depuis des années. Se vide me plongeait dans le vide, dans le noir. En une fraction de seconde tu l’a fais disparaitre. Alors non, tu n’aurais pas du faire comme si tu étais un autre. Cette fois ce n’est pas d’un monstre que tu m’a sauvé mais de moi même. »

On l’aura comprit, quoi qu’il puisse faire, dire, ou penser, à mes yeux il sera toujours aussi merveilleux. C’était ainsi. On aurait pu me prouver de mille façon qu’il en était rien, qu’il faisait des choses atroces, que j’en aurais eut rien à faire. L’amour pardonne tout parait-il.

« - Je t-interdis de croire que je te considérerais un jour comme un simple valet, comme un domestique qui me suit uniquement pour me servir. Ou que je puisse ne serais-ce que prétexter cela auprès de mes proches pour te garder possessivement près de moi. Jamais tu m’entend. Putain Enguerrand je ne suis pas un monstre d’égoïsme ! Je te propose de faire partie de ma vie, je ne t’offre pas une prison dorée ! Je ne te demanderais jamais de changer, ou de faire semblant pour t’adapter à ma vie. Pour la simple et bonne raison que je t’aime toi, toi comme tu es, toi entièrement, toi avec toutes les horribles casserole que tu traines avec toi. »

Sans même que j’en prenne conscience je venais de lui crier à quel point je l’aimais. Ces simples mots que refusais catégoriquement de prononcer ou même de penser. moi, l’intolérante au sentiment, qui réservait cela uniquement à mon père, n’avait eu aucune honte à les lui dire yeux dans les yeux. Si bien que je ne m’arrêtais pas là dessus, continuant inlassablement dans ma lancée.

« - Faire partie de ma vie ne veux pas dire être attaché à moi et subir tout ce que moi je vie. Je te propose simplement d’en faire partie à ta convenance, en trouvant notre propre équilibre. Ce n’est pas pour autant que tu ne pourras plus être Montparnasse, dormir aux miracles et y exercer tout ce que tu y fais actuellement. Est-ce tu comprend ce que je veux dire ? Merde Enguerrand est-ce que tu es obligé de toujours voir une différence entre nous ? Ne pouvons nous pas juste être nous ensemble ? »

Je le savais, être nous ensemble c’était ce qu’il y avait de plus simple. Les choses se compliqueraient sans doute dès lors que le monde sera autour de nous. Dès lors qu’on sortira de notre merveilleuse bulle. Cela nécessiterait un temps d’adaptation, mais j’en étais persuadé les deux parties sauraient se tolérer.

« - Quant à ma famille… Le seul qui m’importe est mon père. Autant le dire il ne te verra au départ pas d’un bon oeil. Tout simplement car tu es un homme et qu’il à pour principe de vouer un profond irrespect pour toute gente masculine s’approchant un peu trop près de moi. Mais… aussi intolérant puisse t-il paraître mon bonheur est toujours sa priorité. Il t’acceptera. Quand bien même… je ne vie pas avec lui alors… cela ne sera pas forcément un obstacle. »

Le seul réel obstacle pourrait être Alistaire. Comment mon fiancé réagirait ? Cela je l’ignorait… Peut-être comprendrait-il la profondeur de notre relation, accepterait notre lien comme si il eut était mon frère ? Je l’ignorait et l’appréhendais un peu. Quoi qu’il en soit, rien ne me ferait renoncer à Enguerrand. Rien.

Ayant enfin finit mon monologue, je restais muette sagement assise sur mon lit, les azurs fixant son visage essayant d’y lire sa réaction, de l’anticiper, la comprendre tout en la craignant.

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