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[RP] Géométries humaines

Alphonse_tabouret
Nacre arrondie passe à la boutonnière et délivre une gorge déjà offerte d’une première entaille ; au silence entravé de la chambre, Alphonse considère d’un attentif pragmatisme chaque instant à venir, concentré à sa problématique.
Il y a pensé tant de fois qu’il lui semble avoir épuisé tous les variables sans jamais y trouver satisfaction ; c’est le vide, le vertige auquel l’on s’apprête à avancer, un mélange de chairs, une confrontation d’âmes, un postulat stérile pour une perspective fertile.

Ils sont trois et ils sont seuls.
Lointain nombre où l’osmose a fait la triangulation des impairs, se rappelle d’une lueur à la chambre qui les enveloppe, memento qui donne le timbre des harmonies.


Trois sur un chemin, derrière une auberge.
Trois dans le huis clos d’un mess.
Trois dans une chambre de Paris.
Trois frémit, gémit, éjacule.

Trois autour d'une table.
Trois à la même page.
Trois dans la chambre de Petit Vésone
Trois pense, cogite, spécule.



Sur la pointe des pieds, Tabouret jauge le vide auquel il va s’élancer, ne pense à rien d’autre que lui encore, créature autocentrée à ses propres fêlures.
Il n’a pas touché de femme depuis un an.
Ridicule raisonnement qui s’impose en filigrane à ses tempes, non pas aux inquiétudes des performances mais à celle des réactions ; objets de plaisir, symboles des soirées d’ivresses ludiques, les femmes n’ont jamais su trouver le chemin du cœur mais ont toujours su égayer sa queue.
Quelle sensation s’emparera des veines aux cuisses concaves ? Et s’il ne bandait pas ? Et s’il bandait trop ?
Faust supportera-t-il seulement la promesse épurée des mécanismes quand chacun de ses hommes a fini au bras d’une femme?


Noirs s’attardent d’une seconde à la silhouette brune qui dessine le triangle.
Elle a dit, posé son nom en bas de page à l’étude de chaque condition et a donné un prénom au ventre qu’ils cherchaient. Solyaane n’est à l’heure qu’une silhouette déliée, une âme-naufrage à leurs tempêtes et occupe depuis son courrier, une place nouvelle aux tempes du faune.
Dénaturée encore d’une personnalité qu’il ne connait pas, auréolée d’espoirs, la jeune femme a lentement délavé le confort des pragmatismes de quelques percées précoces; ventre a des yeux bleus, un sourire, et ses cheveux raides claquent au vent comme les plumes d’un pèlerin.
Ventre a un prénom et Solyaane a une âme.

Panse se tend lentement d’un poumon enflant d’un silence ; Pan concentré à ses exigences avise en suivant la pièce maitresse de ses bonheurs célesto-terrestres.
Faust.
Faust qui n’a jamais touché de femmes, qui n’a jamais bandé en pensant à elles, qui n’y a que des rancunes et des craintes et qui ce soir s’éventre à un prénom d’enfant; aux cils bleus, les lettres de Melvil se projettent aux surplombs des pommettes claires et cernent le museau d’un velours-obscur. Histoire mâle s’est faite de gestes autant que de mots, des compromis arrachés aux dogmes des pudeurs pour asseoir de vérité les vocables comme les silences, et ce soir, chacun d’eux pèse autant qu’enivre.
Épeires se tendent et saisissent leurs jumelles, regard les couve d’une douceur, bouche les embrasse d’une lenteur et aux éveils des mondes qui grondent autour de lui, réalité le rattrape d’une première émotion; les mains de Nicolas sont glacées. Portées au cou où palpite un cœur rapide, Paris inonde les paumes de chaleur, se concentrant de dernières injonctions avant de s’immerger d’un aller sans retour, d’ultimes résolutions : Il faut faire jouir Faust. Il ne s’agit pas de s’aimer, il ne s’agit pas de partager une couche, mais d’achever la signature du contrat d’une semence à sa mère.
Tiédies, doigts marbrés sont déposés de part et d’autre d’un col déjà ouvert quand les lèvres s’aventurent simplement d’un baiser à la bouche aphone, donnant à l’Ignudi une première occupation.


Touche-moi.
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L_aconit
Alors il le touche. Pas comme un virtuose taille ses arbrisseaux, joue sur les touches à leur arracher des notes, écrit des lignes et des lignes de romans. Faust le touche d'une émotion blanche et muette. Terrorisé de ses propres lacunes. Coeur battant à l'ombre de ses incapacités.

Et s’il ne bandait pas ? Et s’il ne bandait pas assez tôt?

Il avait accueilli La jeune femme au sein de l'Ostel particulier Périgourdin avec une distante bienveillance, corrompu aux premières inquiétudes inévitables; il savait bien pourquoi elle était là. Pour lui. Pour eux. Pour elle. Contrat établi réclamant consommation. Il l'avait observée , discrète, découpée au décor de Petit Vésone, où la seule femme de la maisonnée était la chienne...

N'importe qui aurait déjà pu s'en glacer.


Et voilà que lorsque chacun avait décidé que le moment était venu de briser cette suspension intenable, que la chambre deviendrait le théâtre de leur accord dénaturé,
quelque chose ne se passait pas comme prévu.

Monster freak en est là de son triste constat. Ce ne sont pas les mains qui le déshabillent au spectacle de Vénus, mais peut être l'absence d'humanisation que l'exercice requiert, à celui qui s'est tant évertué à dépouiller l'instant de mécanique. Se persuadant in fine que pour aimer l'enfant désiré, il faudrait aimer sa mère. De quelque façon que ce soit.
Oui, Faust avait fini au fil des leçons et préparations Faunes à accepter l'idée qu'il n'allait pas toucher un sac de viande, mais une Femme , vivante et souple, douce et chaude, mouvante et pourvue d'une âme... Un être presque nouveau. Alors pourquoi soudain, l'idée même qu'elle soit là, à l'attente, l'engourdissait d'automatismes? Le rendant aussi froid qu'un galet rejeté sur la plage...


Le corps offert de Solyaane ne reçoit pas le baptême d'un seul regard, bien au contraire, Faust suit en seule ligne d'Ariane les lignes pures du corps de Paris. Là, l'épaule-ancre. Là, le buste-racine. Ici, le bras-grappin. Là-bas, le ventre-coffre-fort. Il y a dans le subtil et méthodique encouragement d'Alphonse un jeu de poursuite qui le laisse seul en lumière, et lui suggère en filigrane quelques recours Zébrés.

Beau garçon malgré lui fait abstraction d'elle, jusqu'au prochain grincement de lit. De parquet. Il la déteste, peut être. Elle le répugne, sans doute. Pourtant, il a besoin d'Elle. Et violer ses propres lois coûte au corps pour l'heure un silence plat que rien ne semble ériger d'espoir...
Il sait que s'il veut être condamné dans quelques mois de ce crime là, il va falloir donner de lui. Donner à Elle. Elle tapie non loin, au silence et peut être à ses propres démons. Réhumanise-la, Faust. Solyaane est là. Peut-être à ses propres peurs.
En gardant les prunelles fixes sur celles de son vis à vis, il déroule en recours la méthodologie des protocoles indispensables.

    Désirer: Qu'importe qui. Qu'importe comment. Seul le Pourquoi est admis. Désirer requiert de tendre consciemment vers (ce que l'on aimerait posséder) ; éprouver le désir de.
    Méthode: Focaliser sur une pensée, appréhender le corps de l'autre comme un tout et non une succession de parties. Rehumaniser l'ensemble. Lâcher prise. Goûter. Sentir. Ecouter. Toucher.


Alors il le touche. Et ses mains avouent tout. Ce n'est pas pour lui qu'il fait tout cela. Il le touche, et ses mains murmurent : Alphonse, Alphonse, Alphonse ...


Kiss me hard before you go.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Solyaane
    Il était encore temps de reculer. Se relever, crier que non, dire qu’elle avait réfléchi et que ce n’était pas vraiment ce qu’elle voulait. Qu’ils devaient trouver quelqu’un d’autre, qui ait de l’expérience, qui sache ce que signifiait donner la vie, qui ne porte pas le masque de l’imposture en se prétendant mère là où elle avait seulement adopté un enfant.

    Non. C’était trop tard, elle avait signé le contrat. Et il était exclu de renoncer à ses engagements.

    En attendant, elle se tenait là, assise sur le rebord du lit, mal à l’aise, un peu gauche, fuyant presque le spectacle des deux hommes aux lèvres jointes. Elle se sentait comme un intrus voyeur qui s’immisçait dans l’intimité d’un couple que le monde désapprouvait. Ceux-là s’étaient sans doute déjà fracassés aux attaques impitoyables des gens. Mâles et femelles étaient censés s’associer, pas rester entre eux dans leurs coins respectifs : regards noirs et rictus méprisants avaient éprouvé la résistance de Solyaane, lorsqu’elle s’affichait trop ostensiblement avec la seule femme qu’elle ait aimée. Histoire brutalement interrompue, mais dont la douceur avait contrasté avec les promesses de damnation éternelle souvent proférées à leur égard.
    Et si les couples saphiques avaient la maigre chance de profiter d’une certaine tolérance de la part de la société, il en était, du moins elle le croyait, autrement plus difficile pour leurs homologues masculins. Là où deux femmes ensemble attisaient le désir, deux hommes froissaient la virilité des autres.

    Un visage qu’elle connaissait par cœur prenait forme dans son esprit. Des traits fins, percés de grands iris d’azur, auréolé de boucles cuivrées. Son Incendiaire, laissée derrière elle au prix d’une souffrance sourde et continue. Folie que ce mal pourtant nécessaire. L’on avait beau se porter tout l’amour du monde, il y avait des démons que l’on ne parvenait jamais à vaincre tout à fait. Ils avaient eu raison d’elles.
    Solyaane releva lentement les yeux vers Faust et Alphonse. Elle n’avait fait le rapprochement que récemment, lorsque s’était dessinée devant elle la silhouette du Petit Vésone. Aperçu de loin, connu de nom, elle savait que des personnes qu’elle avait côtoyées par le passé étaient venues ici. Qu’aurait dit Lyanéa, à présent, si elle la voyait dans une telle situation, prête à se faire saillir en trio pour des milliers d’écus et neuf mois d’encombrement ventral ? Une fraction de seconde, elle se fendit d’un rictus sans joie. Son amante aurait ri de sa luxure et de son avarice.

    Son estomac se noua. Elle n’avait couché qu’avec deux hommes dans sa vie et, en l’espace d’une soirée, elle s’apprêtait à doubler le compte. Cruelle ironie. Mais elle n’avait pas oublié comment faire ; ce qui l’inquiétait, c’était plutôt l’aspect technique.
    Et si ses efforts ne suffisaient pas ? Et si son corps, l’habitude perdue, ne s’ouvrait pas assez ? Et s’ils lui faisaient mal ? Allaient-ils l’aider ? La considérer ? Ou n’était-elle vraiment qu’un simple réceptacle charnel à leur semence ?
    Et si, au contraire, elle aimait cela, fantasme coupable et inavoué d’un épisode de luxure contre-nature ? Ce serait pire. Elle estimait ne pas avoir le droit de prendre son pied. Ce serait mal venu. Les futurs pères ne la désiraient pas, le plaisir n’avait pas sa place dans cette chambre.
    Sauf pour eux, contraintes charnelles obligent.

    Les mains un peu tremblantes, elle entreprit de défaire les lacets de ses bottes. Chaussures mises de côté, bas ôtés, cape posée sur le dossier d’une chaise… et ensuite ? À quel point devait-elle se dévêtir et exposer son corps dans cette lumière terrifiante de fin du jour ? Elle aurait voulu se lever et éteindre chaque flamme vacillante pour accomplir leur forfait dans la pénombre. N’être plus que des ombres mouvantes qui s’unissaient et se déliaient sans contours. Mais l’angoisse la clouait au lit. Pétrifiée, elle n’osait pas bouger de la place qui lui était assignée.
    Maladroitement, elle fit glisser ses braies le long de ses cuisses. La Solyaane de tous les jours, qui se tenait droite et froide, avait soudain l’air bien frêle et égarée. Elle remonta ses jambes sur le matelas, genoux repliés contre sa poitrine. Devrait-elle s’allonger sur le dos ? Ou se mettre à genoux et leur offrir son fessier ?

    Sors-toi les doigts du… enfin, non, rentre-les, plutôt…

    Un frisson remonta le long de son échine. Il était grand temps de s’y mettre, sans quoi ses clients s’engouffreraient dans une cavité aussi sèche qu’un été dans le sud, perdraient aussitôt de leur vigueur, et exigeraient de tout reprendre depuis le début. Ou ils la vireraient, au choix.
    Détachant enfin son regard du couple, Solyaane se fit violence pour décrisper ses muscles et s’étendre sur le dos. Ses yeux se fixèrent sur le plafond. Elle avait gardé sa chemise, ne dénudant que le bas de son corps. Les jambes se délièrent, s’entrouvrirent, frémissantes d’appréhension. Une main descendit lentement jusqu’à l’aine, se faufila sous le tissu, la pulpe des doigts frôla la fine toison qui faisait office de dernier rempart avant le point de rencontre. Ce ne devait pas être bien compliqué. Il suffisait d’un peu d’imagination pour stimuler sa mémoire, et son corps saurait faire appel aux souvenirs langoureux construits au fil des nuits vendômoises, contre la peau brûlante d’une autre femme.

    Qu’on en finisse.
Alphonse_tabouret
Pomme d’Adam fait un aller-retour consciencieux autant que silencieux ; bouquets d’oiseaux courent à sa peau au désordre des angoisses, griffes accrochant çà et là, plumes frôlant à d’autres fois.

Dans quoi t’ai-je emporté ? Que m’as-tu laissé faire ?

Qu’allons-nous faire ?


Aux bouches qui se trouvent d’un souffle, questions débordent aux tempes, embourbent les rectilignes allées new-yorkaises qui font l’esprit d’Alphonse, et en inondent les caniveaux.
C’était censé être simple, d’un postulat ne souffrant pas de désaccords majeurs, c’était censé être quelques instants désagréables et cela se révèle un cauchemar sans avoir même commencé. Là, l’âme exsude de remugles, tousse des glaires et s’épanche d’un souffle vicié ; Humanité remonte, reflue aux cicatrices et déborde d’un hoquet ensanglanté aux accents italiens.

Dents bousculent un peu la lèvre, la tire d’une cisaille avant de s’en prendre à la mâchoire ; instinct commande d’atteindre en dessous de la surface, de réveiller les chairs, de rayer les cervelles ankylosées de réflexes primaires où danser de hargne puisque ce n’est pas d’ivresse. Oreille qu’il sait sensible est prise d’assaut , adorée d’une langue quand les doigts blonds sont apposés aux braies pour y accompagner la laborieuse érection qu’il concentre au parfum seul de Faust, ourdi d’une crainte froide : Et si Achille découvre cette pénibilité inopportune et s’y zèbre d’une fracture de plus ?

La rondeur du genou de Solyanne se distingue à la périphérie des jais et pupilles s’y accrochent ; il faut, il doit, il a banni le choix à l’instant même où la dernière lettre de son nom est venue s’apposer au contrat mais tout revient inlassablement à la même hantise : Et si elle se met à pleurer ?
Les talons de Florence martèlent d’une sourdine la réalité à sa lumière la plus crue : baiser sans plaisir, sans colère, baiser sans envie, juste par réflexe, pour s’endormir plus vite et éviter les limbes qui précèdent de pensées grises les sommeils en retard… Quotidien d’exilé, de monstre à la dérive, somme d’individualismes primaires réfutant la moindre oscillation à leur aridité, âme vide au palais Salviati a joui tant de fois d’un sentiment somnifère qu’il en avait oublié la saveur des couleurs jusqu’à cette pluie de novembre.

La chemise de Faust tombe sans un bruit et doigts experts défont le ceinturon des braies d’un claquement sec qui contraste la cuisse qui le rencontre d’une langue effilée. Regards se télescopent d’un instant ; mille mots obscènes se proposent d’une science à la langue d’Alphonse qui leur sait le charme du sel, et de tous, il en choisit trois, délictueux parmi tous, pornographiques au-delà de toutes bienséances, les articulant d’un murmure que Solyaane entendra sans intention pourtant :


J’ai Je besoin t’aime de toi.

Puits se posent ciel qui les contemple, et bouc balance doucement la tête ; ligne sommaire est apparue, sans gloire, et en écho à la langue qui humecte ses lèvres, agenouille Faust d’une main à sa nuque, capitulant à l’horizon. Les cuisses de Solyanne sont un peu écartées, blanches et crayeuses à la lumière de fin de jour ; son ventre respire, emportant d’une oscillation le tissu qui le drape finement et ses doigts s’immergent à la toison brune qui cendre le bas ventre.
Ventre courageux.
Ventre vaillant.
Alphonse chancelle et se raccroche au sien que l’on éprouve : la bouche de Faust, la langue de Faust, la salive de Faust, sa respiration, ensevelissent lentement les résurgences italiennes à un kaléidoscopes d’images: lèvre mordue d’une rangée de dents, bouche écartelée d’un cri, phalanges blanches, doigts tendus à se rompre, ceinture ceignant la peau, voix, parfum, foutre, mots doux, mots durs… Il ne sait plus le temps sans pourtant s’y enliser, et lorsqu’il se dénoue de la gangue bleue, ce n’est pas tant d’une imminence que d’une conscience ; horloger à ses mécaniques les plus rudimentaires, se sait capable de jouir aux instants qui suivent.



Orteils dans le vide, talon à la planche.
Une respiration et saute.


Paume s’appuie aux hauteurs du genou, lente, précautionneuse, étrange premier contact de la peau à la peau ; a-t-il jamais pris sans d’abord s’emporter d’un baiser ?
Noirs restent rivés au con délicat qui triangle les cuisses, aux doigts qui y ont suspendu leur badinage, avertis de cette proximité nouvelle, et les comprend brusquement épinglés à la même terreur que lui.
Comment étreint-on une femme qui n’est pas là par envie et n’a pas été payée pour y faire la comédie en sus de son service?
Patrocle sait qu’il joue l’avenir de sa lignée, que cette folie qu’il a matérialisé un soir de janvier doit prendre corps de son premier pas, que du sien dépend celui de l’autre, alors, doigts glissent d’une douceur le long de la cuisse pour les écarter un peu plus, délicats outils aux légèretés de leurs offices. S’il ne s’attache pas à réveiller un quelconque désir à sa partenaire d’infortune, rien n’est ferré de brutalité ou d’hésitations ; spectateur à sa propre mise en scène, Tabouret assiste comme lointain au façonnement de son fils.

Etrange, antagonique d’une chasteté à ce point évidente qu’Alphonse ne saura jamais s’en expliquer, garçon se penche, dépose la sobriété d’un baiser au genou qui se cale à son bras et avance jusqu’à mêler les chairs.
Ont-ils tous trois retenu leur souffle ?
Fourmilière de souvenirs se répand de cohortes, poinçonnant l’esprit et la queue de sensations délaissées à d’autres qualités. Abeilles ont sagement travaillé, con étroit accueille ce premier contact d’une ferme douceur et allège perceptiblement le tourment le plus épais qui l’écorche: Il ne lui fera pas mal. Sans précipitation, à la danse mesurée qui s’élance, épeires mâles rattrapent fugitives femelles et les ramènent d’une proposition au renflement de leur bouton : il ne prendra pas le temps de la faire jouir et ne s’y appliquera pas, père-semence à cet enfant tant espéré qui débride d’une verdure la rusticité de ses lois et se découvre incapable d’indifférence; chacun à la venue de cet enfant, y tracera l’histoire de son ventre et si Solyanne veut s’y aider d’une extase à sa traversée, qu’elle soit, personne ici ne la jugera.
Hanches modèlent l’empreinte des temporalités et lorsqu’il jouit d’un ventre qui se contracte de mutisme, goulée d’air lui rafraîchit la gorge d’une délivrance et tête bascule en avant d’un soulagement qui ne dure qu’un temps ; pensées martèlent, charrient les bris acérés de la terreur suivante.
Yeux clos d’une méticulosité jusqu’à signer son crime se rouvrent, corps se scindent et d’un réflexe, presque d’une excuse, Alphonse essuie sa queue aux draps avant pivoter tête à la silhouette de Nicolas. Temps aux suspensions s’éventre d’un geste seconde qui réunit les corps d’une étreinte plaquée ; besoin de sentir l’odeur de Faust est une absolution et Alphonse s’y repait de salvatrices secondes, se noie à sa peau et y retrouve pied. Visage se cueille à la coupe des mains, lèvres se baisent et comètes se compactent d’une cueillaison à l’aube d’un printemps.



Faune, bouc, chien, Muse, Patrocle, Alphonse, Faust… Amour, pose le masque à ton vœu.
Garçon t’aime tant qu’il sera à l’instant ce que tu veux qu’il soit

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L_aconit
Laissant Alphonse, son précieux amant s'en aller lame au clair, Faust espère peut être au fond qu'il pourfendra le monstre qui s'étend sur leur lit. Essuyant sa bouche moite d'un revers courageux, il capture une seconde cette perspective incongrue. Un battement de coeur vient en appeler un autre, qui perce sans scrupule sa tempe blonde. Peine perdue. L'on n'humanisera pas ce soir.

Ce n'est que de la géométrie.

Des courbes, des lignes, des angles et des axes qui s'enchevêtrent les uns aux autres.
Sans doute peine-t-il à le laisser aux mains de cette variable là. Peut-être, car aux corps qui se lient Montfort voit ses théories partir en poussière. Détourne le regard un instant, sans savoir vraiment où le reposer. Partout où voit, c'est une autre peau. Une autre forme. Une figure polyèdre de plus à leur décor. C'est une invitée nécessaire, une calamité hérissée de seins à qui il a laissé fouler le lit.
Ce n'est que de la géométrie.

La poitrine se soulève pour se gonfler d'orgueil. Pour aspirer les possibilités, infimes même, de trouver que cette association des genres ait du sens. Il ne faut pas lui en donner sous peine de la rendre vivante. La nourrir. La faire engendrer des terreurs nocturnes qui le réveilleront le front moite et glacé dans le lit partagé. Alphonse et Solyaane ne sont rien. Rien que de la géométrie. Alors l'oeil bleu revient et épie. Pour savoir et apprendre les mécaniques à tenir. Le combat est inégal. Montfort qui a beau rassembler toutes ses forces tend la main à une outre d'alcool fort. Et les lèvres débordent d'une gnôle virile, pour assommer un peu son méticuleux esprit.

Il fait abstraction de la courbe douce d'un mollet, du fascinant équilibre aligné d'un pied aux délicats orteils, et revient s'ancrer au conquérant abattu. Sur le corps Haletant qui le sépare encore de leur ventre promis, il s'étend un peu, debout, pour en récupérer l'aura. Lentement il le retourne. Quelque chose à capter, un mouvement aux fesses, n'importe quoi. Si l'on veut désirer il faut prendre et tout donner de soi. Il n'a qu'à fermer les yeux quelques longues secondes, et respirer aux boucles un mélange inédit dont la fragrance mâle triomphe malgré tout et réveille son vit.

En une lente et moins artificielle envie, Faust se raconte une fable, contre le cul que l'autre a si joli. Achille devient Roi. Pour l'aube d'une étincelle de vie.

"Le roi adore les fesses. Il lui arrive de travailler dans une pièce où cent quatre-vingt hommes tournés vers la muraille tapissent le bas des murs. Il s'assied à son bureau et signe ses notes et ses comptes. Et quand il lève les yeux, il les voit toutes bien rangées.

Alors pour finir il les passe en revue, s'arrêtant longuement sur certaines qu'il masse avec déliction comme s'il les créait. Bassins larges bassins plus étroits, supports de fesse essentiellement variables, joie des yeux et du cœur. Et pour marquer son sentiment, l'idéalisme de sa pensée en la matière, le roi sort de la pièce en n'emmenant qu'un seul mâle, mais qu'il maîtrise vivement sur le siège d'un petit salon voisin, sourd à toute protestation. Il s'élève les chants des guerres géométriques , capables d'éveiller dans les oreilles le sentiment de la grandeur et de la servitude de la fesse, source inépuisable de connaissance intime et de compréhension du monde."



    Il ne dit rien. Il existe une réalité nue, où le sexe est un trou, l'homme une trace, la conscience une bête à l'affût, et où les mots ne sont plus que de frêles passerelles entre la vie et la mort.

    Allons, garçons, parallèles vous avez déjà affronté la Mort ensemble. Ce soir Perpendiculaires, le monde sait que vous savez affronter la Vie.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Solyaane
    Les prunelles bleues s’étaient perdues quelques secondes le long des lignes masculines du binôme de corps qui se pressaient l’un contre l’autre. C’était une situation qu’elle avait à peine osé imaginer, lorsqu’elle avait pensé avec appréhension à ce jour inévitable. Et soudain, plus vite qu’elle ne s’y était attendue, les contours de deux hommes dénudés dessinaient une scène charnelle dont les acteurs n’avaient a priori pas pour habitude de se produire devant un public.
    Brusquement rattrapée par un sursaut de culpabilité, Solyaane détourna pudiquement les yeux du couple. Elle se souvenait de leur attitude cordiale mais crispée lorsqu’elle avait surpris leur conversation dans une taverne orléanaise, quelques semaines plus tôt. Ils s’étaient méfiés d’elle, une inconnue aux oreilles bien trop proches. Et elle se retrouvait projetée dans leur intimité, beaucoup trop insidieusement à son goût.
    La chose eût-elle été plus facile si elle n’avait pas dû assister à ce spectacle d’amants que la société désapprouvait, et qui réveillait ses propres souvenirs teintés de mélancolie ? Elle aurait donné cher pour étreindre encore une fois sa sœur et amante, à cet instant...

    Le frôlement contre l’intérieur de sa cuisse lui fit rouvrir les yeux, croisant ceux d’Alphonse. Furtif instant, qui ne dura pas longtemps. Fuyant ce contact visuel qui ne lui rappelait que trop la difficulté d’être prise sans désir d’un côté comme de l’autre, Solyaane détourna le regard, s’égarant dans la contemplation morne du décor. La main partie plus tôt en éclaireur remonta, sa mission accomplie, et se reposa sagement sur le lit, ne sachant que faire d’autre.

    Et les deux corps se joignirent.
    D’un réflexe incontrôlé, elle se tendit. Les doigts se crispèrent sur les draps, la mâchoire se serra. Ce n’était pas douloureux à proprement parler ; mais pas franchement agréable non plus. Cette intrusion, elle ne l’avait pas désirée, fantasmée, rêvée. On était loin des élans fiévreux qu’elle avait connus quelques années plus tôt, qui lui avaient fait convoiter cette présence ferme entre ses jambes.
    L’acte joué ce soir était mécanique, sans émotion ni plaisir. Il était simplement nécessaire pour atteindre un objectif bien plus grand. Et il ne lui vint pas à l’idée d’esquisser le moindre geste susceptible d’aider un homosexuel à mieux supporter le coït inhabituel : ce n’était pas son problème, à elle.
    Il fallait juste attendre que ça passe.

    La conclusion provisoire apparut comme un soulagement. Précédé d’un soupire ténu, un mince sourire étira les lèvres de la future mère en rencontrant le regard presque désolé d’Alphonse. La moitié du travail avait été exécutée.
    Solyaane n’était pas tellement à l’aise avec en elle la semence d’un presque inconnu, et ne bougea pas de sa place, tout juste se permit-elle de rallonger les jambes sur le lit. Ses yeux glissèrent sur Faust, que son amant s’était empressé de retrouver. Peut-être pouvait-elle profiter d’un peu de répit avant d’enchaîner avec le second ensemencement…

    Elle s’efforça de délier chacun de ses muscles, qui s’étaient crispés au cours de l’accouplement, et de retrouver un semblant d’apaisement, la nuque abandonnée sur l’oreiller. Si Alphonse était venu assez aisément à elle, il n’était pas certain qu’il en soit de même pour Faust, qu’elle avait toujours senti plus réticent, dès leur première rencontre autour d’un secret que le brun avait tenté de protéger avec sang-froid. De la même manière qu’il avait procédé à la création du futur enfant.

    Les paupières retombèrent, revenant voiler les yeux d’azur. Solyaane avait tout son temps, et de l’imagination à revendre. Si Faust peinait plus qu’Alphonse à se glisser en elle, s’il leur fallait s’échauffer encore, peu lui importait. De toute manière, elle ne leur serait d’aucun secours, de par sa condition de femme, avec ses angles arrondis et sa peau soyeuse.

    Encore un peu de patience, donc.
L_aconit
De patience, l'érection fugace qui naît contre les reins d'Alphonse n'a pas. Elle ne tolère pas de lambiner. Elle est là, étincelle nécessaire à embraser quelque chose. Il ne faut pas la laisser partir. L'ennui avec les hommes, c'est que plus ils y songent et tentent de la retenir, plus elle s'étiole. Et Faust le sait. Rassemblant tout l'instinct qu'il possède encore, le corps pâle et finement dessiné a délaissé sa chemise et le ceinturon de ses braies, il s'articule presque minéral vers la jeune femme, lui qui pourtant sait se faire si souple et sensuel aux étreintes de l'amour. Il saisit son menton avec douceur, mais le tourne pour qu'elle ne le regarde pas. Dans le mouvement, incite le corps tout entier de Solyaane à pivoter avec. Pour faire abstraction des seins. Du triangle brumeux et brun. Pour que son corps se couche ventre à terre, sur le lit qui l'a vu lui, tant de fois aimer mâle. Ce soir, à son grand dam, Faust aimera mal. Dextre glisse du menton à la crinière, qu'il range soigneusement dans un coin d'épaule, pour faire oublier féminité qu'elle a jusque dans les boucles. Là, de dos, elle n'est plus qu'une silhouette androgyne. Et lui, genou au lit, invoque ses instincts d'homo les plus évidents.

Son genre procède toujours très frontalement. Un regard, un frôlement, une montée de sève, un demi tour et la nature fait le reste. Il faut s'aimer d'abord physiquement, se toucher, se tester, se goûter jusqu'à la déchirure pour savoir si l'on veut plus. Pour savoir si l'on veut se retenir. Pour faire connaissance. Les hommes qui en aiment d'autres ont une mécanique d'une simplicité façonnée de besoins. Délaissant les hésitations, les jeux stupides du oui-mais-non. Le temps perdu. Les hommes qui en aiment d'autres ont toujours plus de couilles... Ils veulent. Ils prennent. Ils réfléchissent ensuite. Plus que jamais, humectant ses doigts pour en effleurer l'incroyable texture de l'intimité d'une fille, irradiant d'une surprenante chaleur, Faust fait abstraction de tout. Il est Homme jusqu'au bout de la hampe, et ramène le bassin aux rondeurs travesties contre le sien. Il faut se suivre et se chercher, s'aimer d'abord physiquement, se toucher, se tester, se goûter jusqu'à la déchirure pour savoir si l'on veut plus. Pour savoir s'il y aura un demain. Bleus rivés aux fesses, Achille se refait Roi. Ou Huitième marin. Et les petites histoires l'accompagnent jusqu'à la délivrance, difficile, semée d'embûches. De grain de peau trop doux. De boucles qui s'échappent d'une épaule. De cuisses fuselées et de (co)con aussi visqueux qu'on le lui avait prédit.

Ce n'est qu'à l'intervention précieuse d'une main large entre ses propres rondeurs qu'Achille lâche prise et consent à jouir. Silencieusement. Honteusement peut-être. Jouir dans une discrétion peu glorieuse que l'on souhaiterait ranger et plier en quatre bien proprement dans une poche pour la soustraire à toute l'incongruité des actes. Nulle caresse. Nulle méta interaction. Que de la géométrie.

Le corps s'appesantit en arrière quelques secondes contre la silhouette enveloppante de son aîné. Y retrouve son ancrage. Y délaisse le point de jonction qui le reliait à Solyaane. Tabouret la couvrira sans doute. Tabouret lui, sait faire ces choses là. Lui, déjà se retire, laissant à terre une chemise froissée et sa fierté en berne.

La nuit le regardera réfléchir.


C'est comme un bon présage
Que de ne rien savoir du tout
Entre nous
Assez de bavardage
Les silences sont à mon goût
Taisez-vous
C'est un beau langage
Que de ne rien dire du tout
Voyez vous?

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