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[RP] La gloire est-elle éphèmere ?

Siegfried_fechter
    - C’est la première fois que tu dors à la belle étoile comme ça, n’est-ce pas la nonne ?

    Ils étaient assis a l’écart d’une route, sous le couvert d’une canopée de feuillus, profitant de la douceur des nuits d’un été naissant pour économiser quelques écus d’une bourse qui maigrissait. Du fil d’un couteau dont la lame s’usait un peu plus de jour en jour, il épluchait quelques légumes et les coupait en petit dès qu’il jetait dans le pot.

    - Tu n’as pas à avoir peur. Disait-il en grommelant, la tâche rendue difficile par le fil émoussé. On s’y fait relativement vite, tu verras.

    Ils avaient voyagé depuis quelques jours, toujours celons le même schéma ; le matin, la jeune femme devait soulever un sac rempli de pierres pour renforcer son dos et ses cuisses, faute de quoi elle porterait l’armure du lansquenet qui se destinais a devenir chevalier depuis son entrée dans l’ordre du corbeau. Suite à quoi ils voyageaient jusqu’au zénith où ils tentaient de trouver un peu de protection du soleil, à chaque fois, le lansquenet répétait la même leçon :

    « Le plus grand ennemi d’un soldat, la nonne, n’est pas l’arquebuse, l’arbalète, l’épée ou la hallebarde. C’est le temps. Trop chaud et les réserves d’eau claire fondent comme de la glace au soleil et tu meurs de soif. Trop froid et tout ton corps s’engourdit jusqu’à plonger dans un sommeil où t’attends la mort. »

    Puis si les réserves de nourritures étaient convenables pour le trajet qu’ils se réservaient, ils partageaient un repas. Spartiate, composé de viande séchée si salée qu’elle asséchait le gosier et d’un pain terriblement dur que le lansquenet cassait d’un coup de pommeau avec son couteau. Siegfried n’était pas un homme à se priver des plaisirs des choses de la vie, non, mais depuis que la nonne – car il refusait de l’appeler par son prénom tant qu’elle ne le méritait pas – était entré dans sa vie et qu’il l’avait prise sous son aile, le poméranien avait changé. Elle voulait devenir soldate, chevalière, servir le très-haut et la Reyne ou quiconque posait son cul sur ce trône maudit. Un but noble, un but idéaliste.

    Mais depuis le début de leurs périples, c’était bien la première fois qu’ils n’avaient pas pu trouver une grange ou un endroit où dormir. C’était ça aussi, la vie de soldat et de chevalier.

    - Cela dit, éclaircis-moi sur une chose, la nonne. Disait-il en terminant ce petit bouillon avec des légumes sauvages qu’il avait glané un peu plus tôt dans la soirée. Pourquoi diable veut-tu de cette vie ?

    Il la regardait toujours avec cet air étrange, presque indéchiffrable de pars la balafre qui déformais sa joue. Elle avait quelque chose qui lui parlait, ces grands yeux noirs réveillaient quelque chose en lui, à chaque fois qu’il se perdait un peu dedans il finissait par détourner son attention sur autre chose en grommelant dans sa barbe.

    - Je comprends ta dévotion, c’est une noble qualité et entre nous la nonne, le simple fait que tu sois encore là me prouve déjà une chose. Disait-il sans pour autant clarifier ce que c’était. Mais la voie sur laquelle tu t’engages est dangereuse, glissante et… Il marqua une pause, cherchant ses mots avec précaution. Il faut parfois peu pour passer de l’autre côté du fil de l’épée, tu penses avoir les tripes pour faire couler ton sang et celui des ennemis du royaumes et ceux du Très-Haut ?

_________________
Gloria.
Depuis sa prime jeunesse, la jouvencelle avait dû apprendre à se lever à l’aube pour la prière. Chose que même loin du couvent, elle n’oubliait pas de réciter et ce, qu’importe le lieu. Depuis peu, s’ajoutait à son culte, un nouveau credo, une leçon qu’elle avait vite appris par cœur tant le maître d’armes lui rabâchait. Celle-là était les prémices des fondements de sa nouvelle vie. A la place du labeur jusqu’au déjeuner, c’était, maintenant, un fardeau sur le dos et des lieues à avaler de bon pas pour entraîner le cœur et ce jusqu’au zénith. Les repas n’étaient guère plus copieux que chez les religieuses mais au moins, il y avait de la viande à mastiquer. S’en suivait quelques bornes de plus avant de trouver souffle et repos dans une auberge ou un modeste abri. Ce soir-là, pour la première fois de sa vie, Gloria n’aurait que les étoiles pour seul toit.

Sa robe immaculée avait vite pris des couleurs de terre surtout au niveau des genoux avec ce nouveau quotidien. Le corps de la demoiselle n’était plus que douleurs et rhumatismes qu’elle arrivait à taire sans grande difficulté. A vrai dire, l’attitude du lansquenet lui avait appris à apprécier le silence. Sa voix grave et son ton bourru n’était pas agréable à l’oreille de la jeune fille. Elle se contentait donc de répondre le strict minimum. D’ailleurs, c’est ce qu’il lui restait tandis qu’elle avait perdu jusqu’à son propre nom aux côtés du soldat. Mais elle le regagnerait, elle s’en fit promesse.

Le soleil commençait à décliner, Gloria s’attelait à entretenir le feu qui leur permettrait de se nourrir et de se réchauffer la nuit durant quand le Slave commença à la questionner.


Pourquoi diable veut-tu de cette vie ?

Et il l’écouta tandis qu’elle s’expliqua. D’un ton rempli d’admiration et de ferveur, elle lui conta sa rencontre avec un chevalier alors qu’elle déambulait au marché du village voisin au couvent. Gloria décrivit son armure rutilante et sa prestance, son port altier sur sa monture de guerre. Si elle n’avait pas pu s’approcher au point de voir son visage engoncé dans son casque. Elle avait entendu sa voix porté un message de paix et d’espoir. Il disait revenir des champs de bataille. Il était en vie et il bénissait le Très-Haut en public pour cela. La blonde avait alors une dizaine d’années mais la promesse de ce preux chevalier lui resta ancré.

“Je servirai le Très-Haut et le trône de France !”

Son pain ramollissait dans son fond de bouillon devenu froid mais elle continuait de prêcher le pourquoi et le comment. Son poitrail se gonflait généreusement lorsqu’elle inspirait de grandes goulées d’air qu’elle expirait longuement dans son explication passionnée. C’était pour le Très-Haut et la Reyne. C’était pour la veuve et l’orphelin. C’était pour la paix et la justice. C’était bien trop idéaliste et innocent. Mais sa conviction était pure et sincère. Gloria croyait en chacun de ces mots: Justice, Foi et Honneur.

Il faut parfois peu pour passer de l’autre côté du fil de l’épée, tu penses avoir les tripes pour faire couler ton sang et celui des ennemis du royaumes et ceux du Très-Haut ?


Les tripes? Celles qui se nouèrent, à la question, autour de son estomac frugalement rempli. Bien évidemment que non, elle n’était pas prête à cela. A vrai dire, Gloria approchait la Chevalerie plus comme dans les contes que dans la réalité. Verser du sang? Les obsidiennes se voilèrent un instant, les traits se crispèrent dans une intense réflexion. La nonne tuerait-elle l’ennemi de ses propres mains le moment venu? Comment diable pouvait-elle le savoir, elle qui n’avait tenu une épée que quelques minutes dans sa vie. Personne même ne pouvait réellement le savoir d’avance, songea-t-elle. Mais tandis que les méninges chauffèrent, un éclat s’embrasa dans ses yeux noirs. La question était maladroite comme le ton était hésitant. La véritable interrogation était “Seras-tu capable de te sacrifier s’il le faut?” et à cela, Gloria redressa sa tête couronnée de tresses blondes et répondit:

“Tant que le Très-Haut guide mon bras alors je ne faiblirais pas, mestre Fechter, car tel est Son souhait, car telle est ma destinée.”

Le regard luisant soutenaient les émeraudes du lansquenet et la voix chaude couvait alors une ferveur inébranlable.
Siegfried_fechter
      - Nous verrons bien, je suppose.

    Répondit-il sobrement en la dévisageant sans sourire. Elle avait le feu, ce feu qui brûle dans le plus profonds de son regard. Cette conviction qui lui rappelait un peu ce qu’il avait pu être par le passé. Un enfant qui rêvait d’aventures et se voyait déjà revêtir l’armure, l’épée et la lance pour partir en quête d’un quelconque Graal ou autre relique oubliée d’Adam et d’Êve.

    Quelque chose l’empêchait de la briser, lui dire à quel point le Très-Haut haïssait probablement ceux qui réglaient les différentes des hommes en les passant par le fil de l’épée. Qu’elle, comme lui, finirait probablement sur la lune. Sa conviction religieuse l’oppressait un peu, lui qui avait mené une vie qui le conduirais à contempler l’éternité depuis la lune, perdu seul dans un désert d’albâtre et de glace. Sans parler, pendant ce qui semblait être une éternité, il mangeait son bouillon. Piquant les quelques croutons de pains d’une fourchette a deux dents tout en l’observant, la jaugeant.

    Elle avait un je-ne-sais-quoi, un petit quelque chose qui le dérangeait. Les traits de son visage étaient légèrement anguleux, des yeux noirs terriblement expressifs. Et elle semblait si gauche, bien trop grande pour l’âge qu’il pensait qu’elle avait. C’est en la dévisageant qu’il plissa imperceptiblement les lèvres, une douleur se réveillant dans son cœur dont il ignorait tout ; le message, la raison, la durée… Mais pourtant, il savait qu’elle devait rester à ses côtés. Faute de quoi, la Nonne pourrait bien tomber dans des mains bien plus macabres que les siennes.


    -
      Repose-toi, la nonne, je monte la garde ce soir. Finit-il par dire. Je te réveille pour à la Prime.


    La nuit fut calme, le maître d’armes ne trouvant guère de repos, trop occupé qu’il était à nourrir le feu pour éloigner les potentiels prédateurs et montrer qu’il était réveillé. Siegfried se convaincant qu’il dormirai mieux dans le monastère de Sainte-Illinda, repoussa l’épais manteau de la torpeur qui tentait de le recouvrir.

    Au petit matin, Siegfried se redressa et tira du sommeil la nonne alors qu’il faisait ses ablutions dans une petite bassine d’eau, se lavant copieusement le visage, les mains et le cou, le reste attendrais une chambre et une bassine assez large pour s’y installer confortablement et d’y contempler le passage du temps.

    Le temps s’écoulait lentement sur les routes, et tandis qu’il laissait à la jeune fille le luxe de faire ses ablutions en privé, l’homme attendait, assis sur un rocher. Surveillant Trencedur qui broutait de l’herbe fraiche. Il leva les yeux pour observer les nuages, espérant n’y trouver aucun présage d’averses. Mais non, simplement un oiseau noir qui craillait, croassait. Siegfried plissa le nez avant de baisser les yeux vers le champ de blé qui lui faisait face. Sa main caressait le rocher, tandis que des souvenirs l’envahissaient et l’espace d’un instant, son visage se brisa pour révéler l’homme blessé qu’il était.

    Et ainsi, il ressassait, revivait et souffrait. Il soupira tristement avant d’être tiré de sa transe par le bruit sec d’une branche qui se casse sous des pas. Siegfried grimaça un instant et se contenta d’un.

      - Tu dois avoir le pas léger, la nonne. Sinon tu ne surprendras jamais personne. C’est autrement plus dur dans la nature que dans ton mon…

    Il s’interrompis. Face à lui, une roue de terre poussiéreuse vide, un cheval qui broute paisiblement et dans le ciel, un oiseau. Gloria, la nonne, n’était nulle part. Enfin si, il distinguait dans les branchages sa tenue blanche, sa robe moniale dont elle ne s’était jamais défaite.

    Siegfried tira de sa ceinture le petit couteau et l’observa un instant, détaillant son reflet défiguré dans la lame. Un soupir, puis il haussa la voix.


      - La nonne ! Dépêche-toi ! Nous devons être à Bergerac avant la tombée du soir !


_________________
Gloria.
La blonde avait monologué tout le repas durant avant de recevoir l’ordre d’aller se coucher. Elle prit quelques minutes pour prier avant de rejoindre sa couche de fortune faite de feuilles tendres et de peaux. La saison était clémente et recroquevillée près du feu, elle ne pouvait se plaindre de la température. La jouvencelle pensait tomber de sommeil après cette journée d’exercice et de marche mais ses obsidiennes restèrent de longues heures ouvertes dans l’ombre des flammes attisées par le lansquenet. Son ouïe affutée repérait les moindres crépitements de bois, chants d’insectes et hululement d’oiseaux de nuit. C’était sa première nuit sans toit sur la tête et le mélange d’anxiété et d’excitation faisait un bon cocktail d’insomnie. La nonne tournait et retournait dans son nid feuillu avant de se placer sur le dos pour faire face aux cieux. Le ciel était d’un bleu profond illuminé par des centaines d’étoiles. Les grands yeux noirs reliaient par des lignes invisibles chaque point de lumière en dessinant des formes comme si, au dessus de leurs têtes, s’étendait une large toile. Ensuite, Gloria se prit à compter les astres et bientôt, ses paupières se fermèrent.

Siegfried la réveilla comme convenu et Gloria grimaça. En plus du manque de sommeil, son corps tout entier était endolori d’avoir dormi à même la terre. Elle s’étira douloureusement, ses articulations craquant dans les mouvements. Après avoir fait sa prière et croqué une pomme trop mûre tandis que le maître d’armes se préparait, ce fut à son tour de passer derrière les fourrés. A l’abri des regards indiscrets, elle ôta sa robe de moniale qu’elle suspendit dans les branchages et se rinça à l’eau. Une toilette brève mais utile avant de s’attaquer à sa coiffure. D’abord, décoiffer sa longue chevelure bouclée, la lisser entre ses doigts pour la pseudo démêler avant de tresser les mèches en une couronne sur le haut du crâne. Affairée à sa tâche, la demoiselle entendit le Poméranien la presser. Quelques minutes plus tard, elle sortait des fougères, fraîche et souriante.


“Pardonnez mon retard, mestre Fechter…”

Heureusement pour eux, elle n’avait pas à se recoiffer tous les jours. Ils finirent de rassembler leurs effets et reprirent la route vers le prieuré. La route n’était pas très fréquentée mais bien tracée. Gloria soutenait le rythme du cheval et de son maître, paquetage en bandoulière et sur le dos afin de renforcer ce dernier. Le trajet fut presque agréable sans l’exercice à tenir. Le Lansquenet ressassa ses leçons pour les imprimer de plus belle dans le crâne de la blonde qui les répétait en écho. En fin de matinée, alors que les jambes de la jouvencelle commença à trembler et à se tétaniser sous l’effort, les portes de Ste-Illinda apparurent dans le lointain. Ragaillardie à cette vision, Gloria reprit de bon pas son chemin. Toute activité lui paraissait plus simple lorsqu’elle en voyait la fin ou, au moins, l’objectif. La nonne était d’autant plus excitée à l’idée de remettre les pieds dans un monastère, elle qui avait, si précipitamment, quitté le sien. Une petite angoisse naquit dans son ventre déjà creusé par la faim. Il fallait tôt à tard qu’elle lui avoue. Certes, mais quand? Siegfried ne semblait pas s’attacher à la demoiselle, du moins pas avec autant de réciprocité. Il pourrait facilement se débarrasser d’elle à tout moment et ce, pour n’importe quelle raison. Rien ne les liait et surtout, rien ne les retenait. La blonde se tut mais sa mine trahissa son trouble tout au long de leur passage au prieuré. Elle prétexta la nostalgie pour camoufler ses émotions mais le Poméranien n’était sûrement pas dupe...
Siegfried_fechter
    Tout se passa trop vite. Alors qu’ils quittaient Bergerac pour se rendre à Limoges, Siegfried tenant Trencedur par la bride tout en discutant de ce que c’était, être un soldat et plus particulièrement, ce qu’impliquait la chevalerie, ce que c’était, se sacrifier pour une cause, qu’ils attaquèrent. Cinq formes, humaines, masculines ou féminine ? Peut importait. En l’espace d’un battement de cœur ils étaient sur eux, l’homme n’eut pas le temps de sortir son épée.

    Un choc sourd sur son crâne balaya ses sens, en l’espace d’un battement de cœur il tombait déjà au sol. Ils étaient organisés, des bandits, qui étaient tellement loin de ce l’image populaire qu’on pouvait se faire d’eux. Des hommes et femmes, cachés dans les sous-bois. Armés de gourdins, d’épée et autres armes improvisées qui frappaient vite et fort, ne te laissaient qu’avec les vêtements que tu portais sur le corps et puis partaient avec le labeur de toute une vie.

    Tout une vie… Siegfried papillonnait des cils alors qu’il reprenait conscience, il fut pris d’une toux rauque et grave. La gorge se nouant douloureusement, comme si faite de pierre, les poumons brulaient alors que la poussière qu’il avait inspirée s’échappait, le corps l’expulsant de la manière la plus efficace et la plus douloureuse. D’une main sur le sol il se redressait et regardait autour de lui. Tout ce qui n’avais pas été attaché a Trencedur fut pris. A genoux sur la route, Siegfried contemplait sa situation. Plus rien. Le labeur d’une vie passée sur les champs de bataille, le fruit sanglant de tant de morts qu’il trainait derrière lui et gaspillait en boisson et en chère facile…

    Les larmes lui montèrent aux yeux un instant, tout ce qu’il avait été, tout ce qu’il avait pu obtenir ainsi. Tout fut balayé. Son visage se crispa un instant avant qu’il ne se rappelle quelque chose. Une jeune femme, vêtu de blanc, la nonne.

    Gloria.

      - Gloria ?! Cria-il en se redressant d’un bond.


    Il fouillait les buissons, regardait autour de lui. Comme un dément ayant perdu l’objet de son obsession, comme un enfant qui chercherais son doudou, comme un parent chercherait son enfant, comme un maître s’inquiétait du sort de son apprenti. La tension monta, ils l’avaient fait, ces démons et ces déments l’avaient fait.

    Mais non, il finit par la retrouver, la jeune femme blonde, les cheveux tressés en couronne sur sa tête, avec ses grands yeux noirs terrifiés qui réveillerent quelque chose en lui. Il grimaça un instant, rassuré. Le fil de sang qui coulait de la blessure a la tête se plia alors qu’il rentra en contact avec une joue tendue en un sourire rassuré et en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire, deux énormes bras se fermèrent autours des épaules de la jeune femme dans un soupir.

      - Dziękuję, mój Boże…* Souffla-il un instant avant de se redresser. Tu vas bien Gloria ?


    Qu’importe les airs qu’il portait, c’est dans ces moments là qu’il révélait l’espace d’un instant son véritable visage. L’inquiétude se lisait sur ses traits, la culpabilité aussi, l’impuissance… Tout s’était passé trop vite, lui, le mestre d’armes avait été incapable de se défendre contre cinq vulgaires brigands. Mais telle était la vie, même les aspirants chevaliers ne sont, en fin de compte, que de vulgaires mortels. Les mains posées sur ses épaules. Il la regardait, l’air grave.

      - Qu’aujourd’hui sois une leçon importante… Disait-il, prenant l’occasion au vol. Même un vétéran comme moi n’est pas prêt à tout et ne peut tout vaincre… Même un chevalier dans son harnois complet n’est pas a l’abri d’une attaque surprise, aujourd’hui, tu vois… Disait-il en venant se prendre la tête de la main droite, que le monde lui semblait bruyant… Tu vois… Les menaces qui pèsent sur tous ceux que tu veux protéger et servir… Que cet évènement se grave dans ta mémoire… Comme étant ce que tu veux combattre.


    Il se redressa, titubant un instant, posant la main sur le pommeau de son épée avec un air grave et déterminé, la partie droite du visage couverte de son propre sang.

      - Et que quoi qu’il arrive… Quand on tombe, on se relève…


    Siegfried roula des épaules et lui tendit une main.

      - Même si on a parfois besoin d'aide.



[*En polonais dans le texte : Merci mon dieu.]
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Gloria.
Des rencontres, depuis son échappatoire du prieuré, la Nonne en avait fait quelques unes. Parfois amusantes, d’autres fois passionnantes, quelques unes émouvantes, rarement inintéressantes, toujours enrichissantes et une fois, terrifiante. Mais toutes l’avaient soit confortée dans une idée ou un principe, soit lui avait apportée une leçon de vie. La terrible embuscade, qui lui avait fait perdre toutes ses économies durement gagnées pour l’achat de son armure, lui avait ouvert les yeux après les avoir noyés de larmes. Qu’il soit gueux ou chevalier, l’homme reste un homme: pecheur et mortel. Cela ne remettait rien en cause dans le fond, Gloria l’avait toujours intimement su de par son éducation. Cela ne l’effrayait ni plus ni moins. Au final, cet electrochoc lui avait juste fait réalisé de manière concrète. Elle était certaine de ses pensées maintenant.

Leur voyage fut compromis quelques temps et le duo fit halte à Limoges où Gloria découvrit enfin une grande ville. Une foule dense dans le grand marché aux étals chamarrées, moult rencontres dans les tavernes et auberges de la ville. Du bruit au-delà du crépuscule tardif. La demoiselle avait tant à voir et à vivre. Cumulant travail et loisirs, ses obsidiennes s’ourlaient de légères cernes mais le rire n’avait jamais été aussi présent. Une belle étape que celle-ci jugea-t-elle une fois sur le départ même si les dernières soirées ne furent pas des plus agréables pour la jeune pousse. D’un malentendu, était venu une longue discussion entre le maitre et l’élève. Le doute s’installa: la gloire était-elle éphémère? Gloria songeait déjà à battre de ses propres ailes. De la précipitations pour camoufler l’anxiété et la gêne. De la fuite.

Après quelques heures d’explication, la blonde finit par se raisonner. Elle n’avait encore rien vu de l’art martial et des valeurs de la chevalerie. Partir pour aller où? Elle était bien auprès de mestre Fechter, l’abandonner aurait été tirer un trait sur sa destinée. la Nonne était tout bonnement incapable de perdre espoir en son rêve. Cet échange aussi fut une leçon de vie: elle lui appris à serrer les dents et à braver l’adversité au lieu de tenter de lui échapper. De ce long entretien germa la réconciliation, le renouveau, renforça la complicité et la confiance entre les deux blonds et surtout naquit de l’espoir et une promesse:


“Je ferai votre Gloire par ma renommée” avait-elle promis à la demande du maitre d’armes.

La gloire n’était finalement pas éphémère et bien destinée à rayonner.

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