Ambre_m
- Nuit du 7 au 8 Mai 1467
Corps qui s'agite au creux de la couche confortable, souvenirs se balançant dans l'encéphale, telles des piques acérées narguant les cicatrises si fragiles, réminiscence du passé se jouant comme si cela était une réalité.
Nuit d'Avril 1463
"Et là, tu crois
Qu'je vais rester là sans rien dire?
Ah oui, tu crois
Qu'je vais rester planté là
A te voir partir dans tes délires
Et te laisser faire n'importe quoi?"
Qu'je vais rester là sans rien dire?
Ah oui, tu crois
Qu'je vais rester planté là
A te voir partir dans tes délires
Et te laisser faire n'importe quoi?"
Corps étendu s'enfonçant un peu plus dans la couche, tirer la laine sous son nez au son de ses pas déambulant dans la pièce, résonance sur les murs de cette démarche qu'elle pouvait reconnaître entre mille autres, entendre les meubles bousculés, quelques décors finissant leur course au sol .. Énième nuit d'ivresse et de fornication dans quelques couches, se taire encore une fois, ravaler la souffrance, l'humiliation vécue quelques heures plutôt en taverne. Revoir la main qui savait si bien la dompter s'abattre sur la croupe d'une autre alors qu'il plantait son regard dans l'azur cette once de défi, cette phrase silencieuse qui lui lançait "Tu sais te taire quand tu veux". Poing se refermant sur l'oreiller, haine implacable se mêlant à l'amour, deux surs s'affrontant le cur de l'Ambre.
Echos d'un corps qui s'échoue à ses côtés, relent alcoolisé nimbant la pièce offrant nausée puis la respiration si puissante et résonnante dans la chambre, salines menaçantes d'exploser sur le faciès épuisé, morsure infligée à lippe inférieure envie de sentir ses poings s'abattre sur son torse, de lui hurler autant sa haine que son amour, ne plus supporter l'emprise, la cage qui s'est refermée sur elle sans même qu'elle n'en prenne réelle conscience, ne plus pouvoir ni vouloir porter le poids des humiliations, des cris et des pleurs de leurs enfants.
Chasser en douceur la laine la recouvrant et comme sous emprise d'opiacée rejoindre la commode, parfois le regard glissant sur le côté veillant le sommeil du Lion, fermer les doigts sur manche de bois sculpté avant qu'éclat de lame ne se joue de la lueur de lune, revenir sur ses pas de la même démarche mécanique alors que la lame gagnait les hauteurs et ....
Aube du 8 Mai 1467
Azur encore voilé des ombres du cauchemar fouillant le plafond, dextre remontant au front chassant moiteur, sentir encore le tremblement de son être alors que respiration du Loup se voulait plus rassurante encore. Laisser l'azur caresser les traits assoupis, un sentiment tendre, chaud, rassurant se nichant dans le palpitant, tout n'était que cauchemar les morts ne reviennent pas d'outre tombe étaient mots qu'elle se martelait intérieurement comme pour mieux se rassurer.
Sortir de la couche discrètement, astre solaire se jouant de ses rayons sur le plancher usé de la roulotte, s'approcher d'une étagère surplombant le psyché pour venir saisir un petit coffret, telle une boite de pandore en sommeil, laisser pulpe la caresser doucement avant de la reposer l'heure n'était pas encore à vouloir faire disparaître son contenu, affronter du regard son corps exposé a reflet, la marque de la morsure sur le haut du sein gauche caresse tendre portée sur celle-ci non sans laisser l'azur filer vers le Loup endormi, avant de tourner lentement sur elle même pour détailler les trois lettres sur son épaule profonde inspiration prise et un murmure presque inaudible "Il est temps que tu t'en ailles .. Je t'ai gardé trop longtemps avec moi ... Beaucoup trop ... C'est fini maintenant .. Finie de me détruire ..". S'approchant de ce qui servait à la fois de table, de bureau et tant d'autre choses en fonction de l'instant, plume et vélin saisi elle laissa les mots filer.
Angoulême,
8 ème jour de Mai de l'An 1467,
Xandrya,
Je ne sais si souvenir tu auras de moi, à l'époque nous nous étions croisées dans le Sud et j'étais compagne de Dom, si si je suis convaincue que tu peux me remettre dans tes pensées, une blonde un brin pour ne pas dire grandement impressionnée par ta personne.
Je ne vais pas t'user les yeux en longueur de lignes inutiles, je pense que tu es du style a aimer aller au vif du sujet, j'ai ouïe dire que tu savais manier l'encre et le tatouage et j'aimerais savoir s'il t'était possible de me rendre visite sur Angoulême afin d'user de tes talents sur ma chair et faire disparaître une vilenie que j'ai sur l'épaule.
Bien entendu repas et tout ce qui te plaira te sera acquit à Angoulême il te suffit de me le demander et cela sera fait.
Dans l'attente de ta réponse.
Amicalement même si je flippe toujours autant à m'imaginer en ta présence.
Ambre.
Vélin soufflé avant d'être confié à sa fidèle emplumée, qu'elle laissa prendre son envol sur fond d'air frais s'invitant dans la roulotte, chassant les dernières traces de tristesse sur le minois de l'Ambré, rejoindre aussi discrètement la couche qu'elle l'avait quittée, profiter de sa chaleur avant de retrouver les turpitudes de la vie.
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