.tara.
[Une chambre anonyme]
Assise devant un miroir en cuivre poli elle guette un signe, une lueur, un sourire. Rien.
Son regard est froid comme le givre.
Elle souffle sur son reflet créant une buée opaque.
Elle se repasse en boucle les derniers instants passés avec son amant. Une dispute. Une énième. La dernière.
Tu as la beauté de ton âme souillé. Tu est laide ! Laide ! A-t-il crié. Je te hais comme je tai aimé, la même passion, le même feu. Je voudrais pouvoir te tuer ! Ouvrir ta charmante poitrine pour en extraire ce noir cur qui est le tiens. Il a joint le geste à la parole en enlaçant son cou gracile de ses mains dartiste. Il a serré, serré. Elle a gémit. Il sest reculé. Il a relâché son étreinte. Il est parti sans se retourner. Sans la regarder.
Fini la folie des corps dans une étreinte destructrice. Cette fois il était parti pour ne jamais revenir.
Eprouve-t-elle du regret ? Un sentiment qui pourrait le contredire et lui rendre ses bonnes grâces ? Combien de fois était-elle revenue vers lui, combien de réconciliations, combien de crises Il navait pas tout à fait tort. Ils étaient toxique lun pour lautre. Il finirait par la tuer pour se libérer de ce lien empoisonné. Et elle, elle ne pouvait changer sa nature pour lui plaire. Chaque tentative les a éloignés, écorchés.
Un dernier regard vers son double emprisonné dans ce bout de métal. Belle comme un songe, douce comme la mort. Si semblable et pourtant si différente.
Sa main souvre. Son bras se tend. Du bout des doigts caresse limage renvoyé. A Dieu ma douce.
Et dempoigner une lame avec cette même main qui avait fait ses au revoir à sa défunte jumelle, pour couper cette longue chevelure ébène. Sacrifiant chaque boucle, tombé en cascade, sur lautel païen de leur enfance.
A la fin, il nest resté que la clostrière. Au début, est né Tara. Courtisane mutine au regard pénétrant.
[Quelque part à la cour de la Jurassienne]
Drapée dans une fourrure aussi douce quusée, langlaise rejoint dun pas sur un lieu. Dans le dédale de rues parisiennes quelle emprunte, toutes ou presque sont bruyantes et sales. Pourtant, aujourdhui, au lieu de se couvrir, elle préfère presser le pas. Non par peur de se retrouver au milieu de millards ou encerclés de coquillards, ni même de coupes jarrets. Non, elle voulait arriver avant la nuit. Et si laffaire devait être entendu, elle ferait apporter au plus vite ses effets et trancher dans ce lien sordide.
Quand ses talons ont commencés à claquer, que le bruit a commencé à ne devenir quun murmure, elle a su quelle se rapprochait de cette page quelle est en train de tourner.
Une bâtisse. Une porte cochère.
Ses doigts fins senfoncent dans ce quil reste dun vestige disparu, pour y mettre un semblant dordre. Elle na pas besoin de se refaire une beauté, elle vient comme elle est.
Tara redresse tout de même son menton, le port fier. Elle nest depuis longtemps plus une vierge effarouchée. Ses membres, rodés et rompus, nont plus ce tremblement propre à la fausse pudeur.
Et avant de frapper contre le panneau à sa hauteur, langlaise mord sans douceur lintérieur de sa joue pour donner de la blancheur à ce visage déjà émacié et de la couleur à ses lèvres pleines.
Assise devant un miroir en cuivre poli elle guette un signe, une lueur, un sourire. Rien.
Son regard est froid comme le givre.
Elle souffle sur son reflet créant une buée opaque.
Elle se repasse en boucle les derniers instants passés avec son amant. Une dispute. Une énième. La dernière.
Tu as la beauté de ton âme souillé. Tu est laide ! Laide ! A-t-il crié. Je te hais comme je tai aimé, la même passion, le même feu. Je voudrais pouvoir te tuer ! Ouvrir ta charmante poitrine pour en extraire ce noir cur qui est le tiens. Il a joint le geste à la parole en enlaçant son cou gracile de ses mains dartiste. Il a serré, serré. Elle a gémit. Il sest reculé. Il a relâché son étreinte. Il est parti sans se retourner. Sans la regarder.
Fini la folie des corps dans une étreinte destructrice. Cette fois il était parti pour ne jamais revenir.
Eprouve-t-elle du regret ? Un sentiment qui pourrait le contredire et lui rendre ses bonnes grâces ? Combien de fois était-elle revenue vers lui, combien de réconciliations, combien de crises Il navait pas tout à fait tort. Ils étaient toxique lun pour lautre. Il finirait par la tuer pour se libérer de ce lien empoisonné. Et elle, elle ne pouvait changer sa nature pour lui plaire. Chaque tentative les a éloignés, écorchés.
Un dernier regard vers son double emprisonné dans ce bout de métal. Belle comme un songe, douce comme la mort. Si semblable et pourtant si différente.
Sa main souvre. Son bras se tend. Du bout des doigts caresse limage renvoyé. A Dieu ma douce.
Et dempoigner une lame avec cette même main qui avait fait ses au revoir à sa défunte jumelle, pour couper cette longue chevelure ébène. Sacrifiant chaque boucle, tombé en cascade, sur lautel païen de leur enfance.
A la fin, il nest resté que la clostrière. Au début, est né Tara. Courtisane mutine au regard pénétrant.
[Quelque part à la cour de la Jurassienne]
Drapée dans une fourrure aussi douce quusée, langlaise rejoint dun pas sur un lieu. Dans le dédale de rues parisiennes quelle emprunte, toutes ou presque sont bruyantes et sales. Pourtant, aujourdhui, au lieu de se couvrir, elle préfère presser le pas. Non par peur de se retrouver au milieu de millards ou encerclés de coquillards, ni même de coupes jarrets. Non, elle voulait arriver avant la nuit. Et si laffaire devait être entendu, elle ferait apporter au plus vite ses effets et trancher dans ce lien sordide.
Quand ses talons ont commencés à claquer, que le bruit a commencé à ne devenir quun murmure, elle a su quelle se rapprochait de cette page quelle est en train de tourner.
Une bâtisse. Une porte cochère.
Ses doigts fins senfoncent dans ce quil reste dun vestige disparu, pour y mettre un semblant dordre. Elle na pas besoin de se refaire une beauté, elle vient comme elle est.
Tara redresse tout de même son menton, le port fier. Elle nest depuis longtemps plus une vierge effarouchée. Ses membres, rodés et rompus, nont plus ce tremblement propre à la fausse pudeur.
Et avant de frapper contre le panneau à sa hauteur, langlaise mord sans douceur lintérieur de sa joue pour donner de la blancheur à ce visage déjà émacié et de la couleur à ses lèvres pleines.