Saorii
C'était un peu comme dans ce rêve, que la brune avait fait un jour amer. Comme dans ce lac qui l'engloutissait sans lui offrir de repos, et où elle attendait vainement la mort. Depuis qu'elle avait quitté cette taverne italienne et un brun qui se disait fatigué, Sao avait repris la route, seule. La France, traversée silencieuse de coteaux arides troublés périodiquement par le passage des troupeaux en transhumance, rencontre d'un jeune chevrier qui lui avait donné du pain, lui permettant ainsi d'éviter les villages. Lorsqu'il lui avait demandé son nom, le son de sa propre voix avait étonné la brune. Elle n'avait pas ouvert la bouche depuis cette nuit-là. Ils avaient fait route commune, quelques jours. Un soir, la brune l'avait rejoint sur sa couche. Avant les premières lueurs de l'aube, elle était partie.
Le brun lui avait dit qu'il lui écrirait, mais aucune lettre n'était venue. Comment diable un pigeon l'aurait-il trouvée dans cette garrigue écrasée de soleil ? Mais la brune n'y avait pas songé, pas plus qu'à une quelconque lettre, d'ailleurs. Elle était étrangement calme, avançait vite, insensible à la chaleur et au relief accidenté qu'elle foulait de son pas célère. Qu'aurait-il pu lui dire ? Quand on est fatigué, rien de tel que le repos. Il serait sans doute jeune et rafraichissant, jambes longues, yeux en amande et esprit vif. Mais à ça non plus, la brune n'y pensait pas. La jalousie, c'est encore un sentiment, quelque chose qui vous rattache à la vie, qui s'apparente à l'espoir ou au désespoir. Et ressentir, c'est un trop gros effort quand on avale les lieues comme les bigotes italiennes les calissons. En parlant de calissons, Saorii se dirigeait vers la ville qui en ferait une de ses spécialités quelques siècles plus tard, mais pour la brune, en cette fin de matinée suffocante, c'était simplement celle de sa survie. Des jours qu'elle n'avait pas mangé, et surtout, elle crevait de soif. Crevait littéralement, et les derniers pas furent titubants, dirigés vers une petite fontaine d'Aix qui accueillit sur ses pavés moussus une brune famélique, le visage tanné et les yeux vides, mais encore en vie, apparemment. C'est le constat qu'elle fit après avoir repris ses esprits, et résignée, la loqueteuse se mit en quête d'une auberge. Avant None, ensevelie sous des draps jaunis, dans la touffeur d'une chambre exigüe, la brune dormait d'un sommeil sans rêves.
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SAO.
Le brun lui avait dit qu'il lui écrirait, mais aucune lettre n'était venue. Comment diable un pigeon l'aurait-il trouvée dans cette garrigue écrasée de soleil ? Mais la brune n'y avait pas songé, pas plus qu'à une quelconque lettre, d'ailleurs. Elle était étrangement calme, avançait vite, insensible à la chaleur et au relief accidenté qu'elle foulait de son pas célère. Qu'aurait-il pu lui dire ? Quand on est fatigué, rien de tel que le repos. Il serait sans doute jeune et rafraichissant, jambes longues, yeux en amande et esprit vif. Mais à ça non plus, la brune n'y pensait pas. La jalousie, c'est encore un sentiment, quelque chose qui vous rattache à la vie, qui s'apparente à l'espoir ou au désespoir. Et ressentir, c'est un trop gros effort quand on avale les lieues comme les bigotes italiennes les calissons. En parlant de calissons, Saorii se dirigeait vers la ville qui en ferait une de ses spécialités quelques siècles plus tard, mais pour la brune, en cette fin de matinée suffocante, c'était simplement celle de sa survie. Des jours qu'elle n'avait pas mangé, et surtout, elle crevait de soif. Crevait littéralement, et les derniers pas furent titubants, dirigés vers une petite fontaine d'Aix qui accueillit sur ses pavés moussus une brune famélique, le visage tanné et les yeux vides, mais encore en vie, apparemment. C'est le constat qu'elle fit après avoir repris ses esprits, et résignée, la loqueteuse se mit en quête d'une auberge. Avant None, ensevelie sous des draps jaunis, dans la touffeur d'une chambre exigüe, la brune dormait d'un sommeil sans rêves.
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