Magdelon
~~*~~ Quelques jours après leur arrivée en Limousin ~~*~~
Il y a des bleds comme ça qui attirent, révulsent, et prennent dans leurs filets quoi qu'il arrive. Limoges est de ceux-là, car malgré toute la volonté que l'oiselle a mis pour ne pas y retourner, voilà que les pavés de la capitale limousine sont à nouveau foulés. C'est en silence de son côté que les portes ont été passées, sans piper mot, car le souvenir de cette nuit d'hiver qui s'était soldée par un grand feu d'oubli était revenu la titiller sur le chemin. Son âne avait marqué la cadence, fidèle compagnon de route qui ne jugeait rien, puisqu'il ne savait pas. Au mieux sentait-il lorsque l'angoisse et l'inquiétude prenaient racine dans l'esprit bien peuplé de la brune. Tout se mélange depuis, les presque regrets qui reviennent la hanter, l'épilogue de cette nuit sans fin qui l'a liée à tout jamais aux jumeaux, le risque d'avoir été signalée comme ouvrière ce jour là, manquant à l'appel alors qu'un porion disparaissait à tout jamais. En début d'après-midi, ses compagnons de route ont été laissés, chacun partant vaquer à ses occupations diurne. Solitaire par nature, pucelle reprend ses errances durant plusieurs heures quotidiennement avant de revenir se lover dans les bras renards par intermittence. Leur relation basée sur ce rythme anarchique fonctionne ainsi, au mieux, chacun laissant toute liberté à l'autre pour retourner dans son monde. Les retrouvailles complices se font alors sans tension, l'un apaisant l'autre par sa présence tranquillisante. Brune et roux sont ainsi, unis par des liens indescriptibles que peu peuvent comprendre. Leur folie les cimente et leurs envies communes les font fusionner en une entité plus forte que tout lorsqu'ils sont ensemble.
La trogne préoccupée circule dans les ruelles, sans vraiment voir les visages, les silhouettes, les échoppes croisées. Limoges lui fait penser à Genève en plein tournoi du Léman, peut-être est-elle un peu plus calme alors que tous les regards des vilains sont tournés vers le Nord. Brunette évolue au milieu de la foule sans se préoccuper de ce qui l'entoure, chevelure tressée toujours picorée par les nuds, quand son regard s'accroche à quelques pierres grises. Les mirettes se lèvent stoïquement pour aviser l'édifice devant lequel sa maigre silhouette s'est arrêtée. Au somment pointe une croix qui lui étire un sourire énigmatique, les desseins communs construits au fur et à mesure de leur voyage se dressant en son esprit. Il lui prend l'envie d'en faire le tour, s'engouffrant dans la minuscule ruelle circulant à sa dextre et donnant sur une porte en bois peinte menant dans le cur de l'église. Sa marche se stoppe devant quelques instants, avant de la mener plus avant, s'engouffrant dans le sombre de la venelle qui n'est pas caressé par le soleil printanier. Plus loin se dessine une autre ruelle, louvoyant à travers les méandres de la cité et ses inextricables carrefours et voies s'entremêlant. De par son séjour hiémal, les chemins sont de plus en plus connus et reviennent à sa mémoire comme s'ils y étaient imprimés à tout jamais.
Vêtue d'une simple chemise et de braies de mauvaise facture car la douceur s'est faite amie en ce jour, permettant au corps malmené par l'hiver de se réchauffer un brin, et délestée de toute affaire qui pourrait encombrer sa marche, Magdelon repose sa carcasse contre le mur en pierre qui fait face au bâtiment, observant son architecture simple, ses pierres, son toit en bois qui pourrait s'enflammer en un claquement de doigts. Tout comme le reste des maisons autour, d'ailleurs, le bois étant un des matériaux principaux des constructions de ces grandes villes, les menaçant de brûler entièrement en une nuit. De la pointe de la botte, un petit caillou est envoyé valser sur le mur d'en face, prête à reprendre sa marche, pensive. C'est sans compter cependant sur ses traîtresses crises qui ne la laissent pas en paix. Son regard se fixe sur une des pierres, se perdant un instant sur les rainures qui s'y dessinent. Ces dernières se mettent à onduler bizarrement, hypnotisant le regard de la brune qui chavire, tête prise dans un étau et corps s'écroulant au sol en une poignée de seconde. La chute est rude, le bras s'écorche et le visage vient frapper les pavés laissant une marque instantanée sur la joue pâle. La sarabande commence alors, faisant vibrer les membres en une danse désarticulée et épileptique. L'environnement s'efface pour plonger son esprit dans les limbes, inconscient de ce qui se déroule autour, neurones victimes de ce grand mal qui ne cesse de croître, jour après jour. Les convulsions la secouent, bringuebalant bras, jambes, têtes, et sa mâchoire se crispe en une morsure cuisante sur la langue dont pucelle gardera les marques plusieurs jours.
Mais pour l'heure, son corps danse, comme pris par le diable en personne, prisonnier de cette venelle à l'abri des regards suspicieux, hormis celui des cieux et de leur Dieu, si proches, se terrant dans cette église à quelques centimètres d'elle.
* Titre inspiré de Sailor et Lula
RP joué ici mais reporté là pour cause de bug pnj !
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