Alyssa
- [Dans la salle commune]
Les premiers repérages effectués, les venelles d'Arras arpentées avaient vu la jeune femme déboucher sur l'auberge dans laquelle elle avait pris une chambre pour y larguer son paquetage, pas grand-chose en somme et beaucoup en même temps. Un peu de sa vie et beaucoup de bordel surtout.
Passage par sa piaule, histoire de se rafraîchir et de s'offrir les enivrant volutes vaporeuses opiacées du dragon, s'oublier dans le coton de l'encéphale, conscience en pause, engourdissement pour un bien-être, la blondinette était prête à la fête.
Et d'une descente majestueuse de la silhouette féminine, qui ne reflétait en rien le nombre d'années de vie de la chipie, les courbes rondes déambulèrent entre les tables, bassin se déhanchant tantôt à droite, tantôt à gauche pour aller s'installer à une table ronde, en solitaire, faute d'un bougre ayant suffisamment attiré son attention pour voir à se distraire un peu, mais en attendant...
Avec son regard aimable quand elle s'y mettait, les sourcils se haussèrent vers l'aubergiste, si en Provence la teigne avait à peine besoin de lever le petit doigt, ici il lui fallait carrément tendre le bras et agiter la main pour que le gros lard bouge son cul et lui apporte de quoi se rincer la glotte.
Gras-double enfin à hauteur de sa table, les émeraudes suivirent les gestes du gaillard déposant le pichet et le godet, ongles de la peste tapotant les nervures de la table en soupirant fortement son agacement.
- Et bah t'es pas du genre nerveux, vous êtes tous comme ça ici ?
Exaspérée, ouais c'est ça, mou du genou, fallait qu'elle tombe dans un bled de lampotte, restait pu qu'à espérer que tout ne soit pas de cet acabit sinon elle allait s'emmerder et pas qu'un peu.
Revers de main qui congédie, Alyssa se fait teigne, et quand la peste a envie de s'amuser et que la morosité semble de mise, tout peut arriver.
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