Octave.
Dans une auberge toulousaine...
Il n'est pas resté longtemps après son départ fracassant. Il faut dire qu'Isaure savait soigner ses entrées, mais plus encore ses sorties. Celle-là avait été bruyante, marquante, et avait manqué envoyer une porte dans le visage si doux de leur ainée.
Le Beaupierre n'avait ensuite pas mis longtemps à quitter la taverne, pour suivre dans les ruelles toulousaines la fluette effluve du jasmin de sa femme, et les avait rapidement aperçues à quelques pas devant lui. Elle trottinait, furieuse, ignorant Caia qui suivait, fidèle comme une ombre qui disparaissait dans celle, voluptueuse, tardive, d'Isaure.
A peine s'il laisse le temps à la furie de s'éteindre ou même de baisser d'un ton. Il est heureux, Octave, de les retrouver, même s'il la cherche. Quelques mois fantômes, qu'il a à peine vus passer... le ventre s'est arrondi de belle manière, sans qu'il ne s'en aperçoive, et il ne compte pas laisser de nouveau passer les nuits et les jours sans profiter de sa famille bientot agrandie.
Caia ma belle ? Peux tu aller te coucher, je viendrai bientot te lire une histoire si tu veux bien. Il accompagne sa phrase d'un sourire, et d'un clin d'oeil qui veut dire "J'amènerai à manger." En espérant que Caia n'a pas oublié leurs petits encas nocturnes.
Sous le feu du regard de sa femme, il l'enlace, quitte à y perdre un oeil. Même ronde, il en fait aisément le tour, et la soulève encore un peu. Il fouille son cou de son nez. Je me lève toujours intérieurement, ma chère, et vous aime un peu plus chaque jour. Votre teint n'est jamais plus rayonnant que lorsque vous tapez du pied... Cessez de bouder et aimez moi, j'ai à me faire pardonner... Et bien plus que ce qu'elle imagine...
Dans leur chambre là haut, posé de guingois contre un pied de table légèrement grignoté par une ou deux termites paresseuses, un sac dans lequel il garde, depuis des mois maintenant, un courrier. Un courrier qu'il n'a pas lu, dont il connait la teneur, ou du moins il la devine. Il est l'heure.
Octave est de retour dans la vraie vie, et il a du temps à rattraper. Encore une fois, il va devoir faire pleurer celle qu'il n'aime que le sourire aux lèvres.
Il a écrit à Dana qu'elle devait lui pardonner d'avoir tardé.
Mais pourra-t-il lui pardonner ce qu'elle le force à faire ?
Ils montent l'escalier qui les mène à leur chambre, et Octave respire les derniers parfums de joyeuse bouderie avant la suite. Tout à l'heure, il ira feindre d'aller bien avec leur fille. En attendant, s'il allait faire pleurer la mère ?
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Il n'est pas resté longtemps après son départ fracassant. Il faut dire qu'Isaure savait soigner ses entrées, mais plus encore ses sorties. Celle-là avait été bruyante, marquante, et avait manqué envoyer une porte dans le visage si doux de leur ainée.
Le Beaupierre n'avait ensuite pas mis longtemps à quitter la taverne, pour suivre dans les ruelles toulousaines la fluette effluve du jasmin de sa femme, et les avait rapidement aperçues à quelques pas devant lui. Elle trottinait, furieuse, ignorant Caia qui suivait, fidèle comme une ombre qui disparaissait dans celle, voluptueuse, tardive, d'Isaure.
A peine s'il laisse le temps à la furie de s'éteindre ou même de baisser d'un ton. Il est heureux, Octave, de les retrouver, même s'il la cherche. Quelques mois fantômes, qu'il a à peine vus passer... le ventre s'est arrondi de belle manière, sans qu'il ne s'en aperçoive, et il ne compte pas laisser de nouveau passer les nuits et les jours sans profiter de sa famille bientot agrandie.
Caia ma belle ? Peux tu aller te coucher, je viendrai bientot te lire une histoire si tu veux bien. Il accompagne sa phrase d'un sourire, et d'un clin d'oeil qui veut dire "J'amènerai à manger." En espérant que Caia n'a pas oublié leurs petits encas nocturnes.
Sous le feu du regard de sa femme, il l'enlace, quitte à y perdre un oeil. Même ronde, il en fait aisément le tour, et la soulève encore un peu. Il fouille son cou de son nez. Je me lève toujours intérieurement, ma chère, et vous aime un peu plus chaque jour. Votre teint n'est jamais plus rayonnant que lorsque vous tapez du pied... Cessez de bouder et aimez moi, j'ai à me faire pardonner... Et bien plus que ce qu'elle imagine...
Dans leur chambre là haut, posé de guingois contre un pied de table légèrement grignoté par une ou deux termites paresseuses, un sac dans lequel il garde, depuis des mois maintenant, un courrier. Un courrier qu'il n'a pas lu, dont il connait la teneur, ou du moins il la devine. Il est l'heure.
Octave est de retour dans la vraie vie, et il a du temps à rattraper. Encore une fois, il va devoir faire pleurer celle qu'il n'aime que le sourire aux lèvres.
Il a écrit à Dana qu'elle devait lui pardonner d'avoir tardé.
Mais pourra-t-il lui pardonner ce qu'elle le force à faire ?
Ils montent l'escalier qui les mène à leur chambre, et Octave respire les derniers parfums de joyeuse bouderie avant la suite. Tout à l'heure, il ira feindre d'aller bien avec leur fille. En attendant, s'il allait faire pleurer la mère ?
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