Gysele
LOUISE
« Le prénom Louise provient des termes germaniques Hlod- et -wig qui signifient respectivement "gloire" et "combat". »
[16 Mai 1466 Sur la route]
« Le prénom Louise provient des termes germaniques Hlod- et -wig qui signifient respectivement "gloire" et "combat". »
[16 Mai 1466 Sur la route]
Il paraît qu'une femme s'épanouit durant sa grossesse. La légende dit même qu'elle rayonne et que ses cheveux et ongles n'ont jamais été aussi beaux que durant cette période bénie. A d'autres ! Je suis certaine que ces bobards sont balancés par des vieilles harpies issues d'une secte dédiée à la perpétuation de l'Homme sur Terre. Ces bonnes femmes doivent certainement croire que sans ça, l'humanité s'éteindrait en un rien de temps. Je suis persuadée que ce sont les mêmes qui disent que ce n'est pas si douloureux. Ah ouais ? Alors c'est quoi ces foutues douleurs que je ressens depuis quelques jours et qui tendent à s'accentuer depuis ce matin ? On dirait qu'une bande de sauvages s'acharne contre mes reins en m'arrachant mon souffle à chaque contraction.
Je râle depuis des jours déjà et tout le monde en prend pour son grade. Sur la charrette, je suis la reine des cachalots et bientôt je réclamerai à Madeleine sa couronne pour qu'on m'élise Princesse des chieuses. Imbuvable, je ne supporte plus mon état, ni le voyage et j'insulte chaque malheureux caillou qui a le malheur de passer sous nos roues. Le moindre mouvement chaotique m'est pénible et mon humeur empire. Quand nous ne sommes pas en mouvement, je marche encore et encore, je saute même d'envie de déclencher cette délivrance qui tarde à venir. J'ai déjà accouché Ursula, je sais que mes contractions sont encore trop aléatoires et pourtant je douille déjà. Maudit Louis-Marie ! Il va m'entendre pour m'avoir mise dans cet état. Je ne coucherai plus jamais. JAMAIS. Ou pas. J'en sais rien en fait. Mieux vaut ne pas promettre...hein ?
La journée est chaude, j'ai les joues rougies par le soleil et je m'évente en me plaignant à qui veut bien m'écouter. Autant dire que j'emmerde tout le monde et sans scrupules en plus. Des « On arrive quand ? » ou « J'ai envie de faire pipi » ou encore « Moins vite ! » toujours ponctués de petits noms d'oiseaux qui vont bien, sont régulièrement entendus. En somme, j'en peux plus. Sans surprise, plus la matinée avance, plus j'ai mal. La douleur semble se propager comme un étau depuis mes reins jusque sur mes flancs en m'enserrant petit à petit. Si je sais que je dois accoucher sous peu, je ne réalise absolument pas ce qui est sur le point de se produire. Pour l'instant, il y a LM, il y a moi et je ne parviens pas à saisir ce « nous » qui va venir lier le tout.
Louise. Louise serait celle qui ferait le lien. Je suis persuadée qu'elle va amadouer son père et le séduire pour ne plus jamais laisser son cur en paix. Elle, qui a fait sa place dans mon ventre, elle qui a gagné mon amour quand elle n'avait que ma haine et mon rejet au début de son existence. Je me suis surprise à lui fredonner des airs, à jouer avec les coups qu'elle me donnait, à acheter couffin et linges pour l'accueillir, toutes ces choses qui prennent tellement de place pour un être qui tient dans un espace aussi étroit. J'ai hâte et à la fois je suis effrayée à l'idée de la rencontrer. C'est une drôle de sensation, un peu comme si il fallait que je fasse bonne impression devant cette petite chose aux cris si impressionnants.
Un nouvel incident me tire de mes pensées. C'est vrai que je me plains d'avoir chaud mais je vais tout de même dire ses quatre vérités à celui qui a renversé sa gourde entre mes jambes. J'ouvre la bouche pour m'insurger, pour rouspéter d'être toute mouillée quand soudain le doute m'assaille : me suis-je pissée dessus ? Mes yeux s'écarquillent et tout à coup l'angoisse me fait suffoquer et je panique quand je réalise ce qu'il se passe.
- - Oh non...Non...Noon... Pas maint'nant...Nonn....On est loin ? Non parce qu'à moins qu'je me pisse dessus sans l'savoir... j'crois que...QUE J'VIENS D'PERDRE LES EAUX !!!
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