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[RP]"Les encres de la liberté"

Lazarine
Il ne faut écrire qu'au moment où chaque fois que tu trempes ta plume dans l'encre un morceau de ta chair reste dans l'encrier. - Tolstoï


[Jura - Hiver 1465]



Salutations Cousins Ponthieu,

Je me nomme Lazarine Ponthieu, fille d'Audebert Ponthieu, votre oncle. Père ne vous transmet pas ses salutations, il ignore tout de ma démarche. Je vous écris car j'ai eu vent de votre existence et sans vouloir m'avancer de trop, je me suis dit que vous seriez peut-être intéressés par la mienne.

Mes amies ont toute leur famille dans le village alors que moi, je suis la seule de la famille Ponthieu avec Père bien évidemment. Quand je pose des questions sur vous, Père ne me réponds que "vous n'êtes qu'une bande de fripouilles enterrés dans les grandes villes du nord, à vendre votre honneur sans fierté" mais moi, je ne pense rien de tout cela et j'aimerai grandement faire votre connaissance.

Que dire de moi? Si vous me croisiez dans la rue, je suis une jeune fille brune comme mon père et j'ai les yeux verts de ma mère parait-il. Hélas, je ne connais que sa tombe fleurie d'où mon père me rabâche "Ta mère est morte de honte à ta naissance, nous voulions un garçon!".

Excusez mes tournures de phrase, je suis gauche, Père me le répète sans cesse. En espérant avoir attiser votre curiosité, j'ai hâte de lire votre plume et de faire plus ample connaissances avec vous.

En vous envoyant mes sincères salutations,

Votre cousine dévouée,
Lazarine Ponthieu
Louis_marie
Le surprenant courrier cousinal a été lu, relu et inspecté sous toutes ses coutures par une soeur et son frère, qui ont néanmoins eu la drôle d'idée d'ajouter à ce lien celui d'épouse et époux. Cela, tu ne le préciseras pas. L'heure est aux retrouvailles, certes, mais pas encore aux révélations. C'est qu'il ne faudrait pas faire fuir Lazarine aussitôt débarquée dans vos vies. En pleine après-midi, à l'heure où tu devrais normalement affronter le froid de l'hiver en te roulant dans tes couvertures et profiter de ta sieste quotidienne, tu déroges à tes habitudes pour t'astreindre à l'écriture d'une réponse, que tu feras bien évidemment lire à Gysèle avant que de l'envoyer vers des contrées lointaines.

Citation:
    De moi, Louis-Marie Ponthieu, cousin curieux.
    À vous, Lazarine Ponthieu, cousine retrouvée.

Le coursier a mis des plombes à nous trouver. Le pauvre homme était épuisé alors, bon comme je suis, je lui ai donné à boire. Il a fait la gueule. Je crois qu'il espérait être payé.
J'ignore à quelle date votre lettre était supposée nous parvenir. Peut-être que vous l'avez écrite il y a des années et que, ne voyant pas de réponse arriver, vous nous pensiez morts ou disparus. Vous pouvez alors retrouver le sourire : vos cousins sont en vie, et pas qu'un peu. À l'avenir, épargnez de la peine aux malheureux services de la POSTE et adressez directement vos courriers à "Ta mère, la catin". C'est à Limoges. Les gens connaissent. Et c'est là que nous vivons, désormais, ma soeur et moi.

Commencer ce courrier en écrivant que vous êtes une cousine retrouvée est un peu exagéré car, à dire vrai, nous ne vous savions pas perdue et ignorions tout de votre existence, jusqu'à poser les yeux sur vos mots. Pourtant (je ne peux parler qu'en mon nom, même si je suis certain que ma soeur partage mon sentiment), sachez que je suis ravi d'apprendre, chère cousine, que vous êtes. La multiplication des Ponthieu n'est probablement pas une nouvelle dont le monde se réjouira, mais il aura bien tort, et moi je m'en réjouis. Je m'en réjouis tellement qu'à l'heure qu'il est, je fais entorse à ma sieste, simplement pour vous répondre au plus vite. Voyez un peu le sacrifice. En vérité, plus encore que le sommeil, la famille est de ces biens précieux dont il faut savoir profiter quand ils nous sont acquis, de ces piliers sur lesquels il est bon de s'appuyer en temps de tempêtes et qu'il faut donc chérir le reste du temps. Vous écrivez que vous avez grandie sans famille, exception faite de votre père. Je n'y connais rien, en père, mais soyez sûre que, de famille, vous en avez désormais une. Pas des plus agréables, pas des plus respectables, mais il faut bien faire avec ce qu'on a.

Si je devais vous présenter la Ponthieuserie - qui, à mon humble avis, plus qu'une famille, est une sous-espèce de l'humanité -, je vous dirais que nous nous divisons en deux catégories parfaitement opposées : ceux qui ont hérité des bons gênes, et les autres. Inutile de vous préciser à quelle catégorie mes deux soeurs aînées et moi appartenons. Ma mère, en revanche, est de la seconde catégorie. L'avez-vous déjà rencontrée ? Mon cadet aussi fait partie des autres, je crois même qu'il en est la pièce la moins aboutie. Je me suis toujours demandé si son père était au fait de toutes les subtilités de la fabrication des bébés, tant celui-ci est raté. Bref, ne parlons pas des sujets qui fâchent.

Vous dites avoir les yeux verts et la tignasse brune : voilà un heureux signe de ce que, tout comme moi, vous êtes membre de la première catégorie. Mais le physique ne suffit pas, et la génétique se montre parfois bien mystérieuse : ainsi, Gysèle, cheveux roux et yeux gris, irradie pourtant d'une générosité hors du commun et d'une tendresse contagieuse qui fait d'elle, à n'en pas douter, la plus réussie d'entre nous. Elle se présentera sans doute dans un prochain courrier, et alors vous ne pourrez que l'aimer. Vous, Lazarine, quel âge avez-vous ? Où vivez-vous ? Écrivez-nous donc un peu à propos de vous, que je sois tout à fait sûr de vous avoir mise dans la bonne case.

L'oreiller m'appelle. Ensuite, je me traînerai sans doute jusqu'au rez-de-chaussée de notre auberge, pour dévorer quelques poulets et engloutir quelques bières. J'ai faim et soif. Voilà, en peu de mots, un résumé de ce que je suis.

Portez-vous bien. Que le Très-Haut vous veille.

LM
Lazarine


A "Ta Mère La Catin", Limoges

Salutations Louis-Marie Ponthieu,

Que Notre Seigneur soit loué, vous êtes vivant! Je confesse avoir longuement désespérer dès le mois passé sans vos nouvelles. Toutes les idées les plus saugrenues me sont venues à l'esprit tant votre silence était pesant. Quand le coursier est arrivé, j'ai sauté de joie, ce qui le fit sourire. Pour autant, il se montra fortement grossier par la suite alors que je lui offrais un verre de liqueur. Faut-il vraiment payer les coursiers?

Cher cousin, si je puis me permettre cette proximité, je suis si heureuse de vous savoir en vie. J'ai lu et relu votre missive tant vos mots m'ont chauffé le coeur. Votre vision de la famille m'émeut ainsi que votre sincérité. Vous n'êtes pas un affreux brigand comme vous incrimine Père. Vous semblez quelqu'un de courtois et de bien éduqué, je suis ravie de faire votre connaissance.

En lisant votre courrier, je pèse mes années de solitude, devinant tout ce que j'ai loupé à vivre dans mes montagnes jurassiennes, recluse avec Père. Je rêve de visiter une grande ville telle que Limoges. Le plus loin que je connais est un hameau du Berry dont j'ai oublié le nom et le plus peuplé sont les alentours de Dôle, avant d'atteindre les remparts bien évidemment. Décrivez donc moi votre ville que je l'imagine un peu.

Sinon, pour vous répondre honnêtement, je n'ai pas connu votre mère et je ne savais pas que vous aviez des frères et soeurs, ce qui me fait davantage de parenté! Je suis toute émue à cette idée, moi qui me croyait si seule. A travers votre encre, je découvre de nouvelles perspectives qui me réjouissent. Passez leur donc mes salutations à eux aussi.

Et pour vous parler de moi, j'ai fêté, il y a quelque mois ma quatorzième année. Père m'a envoyé à l'école pour que je devienne une bonne épouse. Je sais donc lire, écrire, compter et coudre. Nous habitons une modeste chaumière dans un village en montagne où est aussi enterrée Mère. Sa tombe est fleurie tous les dimanches après la messe. Je suis aristotélicienne bien que je n'ai pas encore passée de pastorale. Nous ne possédons pas de terres à proprement parler mais vous vous tenez votre propre auberge? Vous devez être fortuné pour avoir un tel train de vie.

Je vous écris la nuit quand Père dort à l'étage car je ne lui ai pas dit que vous m'aviez répondu. Il aurait brûler la lettre avant que je ne puisse la lire si il aurait été au courant. Cependant, je ne vais pas tarder pour ne pas user la bougie sinon Père se poserait des questions.

En espérant vous lire très vite, Contez-moi Limoges et votre quotidien, faites-moi rêver!

Que le Très-Haut vous garde tous,

Votre cousine, Lazarine
Gysele
Et les jours avaient filés. Les futurs époux avaient découverts la lettre suivante de leur cousine dont la vie bien rangée semblait complètement folle à côté de la leur sans dessus dessous. Il était certain qu'une part de Gysèle et peut-être de Louis-Marie aussi, aurait aimé avoir un cadre plus posé, un parent pour veiller sur eux dans les moments les plus difficiles. Lazarine quant à elle, semblait rêver d'autre chose, d'un monde plus aventureux que son train-train habituel. Pour sûr, nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous avons. C'était au tour de Gysèle de prendre la plume pour répondre à la cousine perdue et à son tour d'amener sa touche personnelle pour faire découvrir à cette dernière un peu de leur quotidien. Elle fit relire le tout à son cadet avant de faire partir le pli.

Citation:
Ma très chère cousine,
Lazarine,

Ainsi donc ce coincé d'Audebert - comme l'appelle chaleureusement notre mère - aura finalement trouvé l'entrée d'un con. Je suis ravie de vous connaître à l'instar de mon frère qui avait grande hâte de recevoir votre réponse. Oui, voyez-vous, vous avez donné une nouvelle motivation à mon Louis-Marie en dehors de ses siestes, repas et consommations d'alcool, car aujourd'hui, il a également l'envie de vous connaître. Je rejoins tout à fait ce désir, je suis très attachée à la famille, surtout à celle que nous formons lui, moi et notre aînée Valentine - bien que celle-ci soit bien souvent sur les routes-.

Je me présente, je suis Gysèle, seconde fille de Marie-Gertrude et de ce fait votre cousine. Nous avons en effet une auberge à Limoges depuis peu, car mon métier de galante au sein d'un riche établissement me permet de vivre confortablement et de faire prospérer ce petit commerce au sein de Limoges.
Cette ville, c'est un peu comme une drogue. Elle est peuplée de gens bien et de moins biens. Elle vit de ses histoires, de ses ragots et de ses drames et pourtant, elle possède la plus grande qualité qu'on puisse rechercher à une ville : elle vit. C'est bien ce dernier point qui nous pousse à rester ici, nous permettant d'avoir les avantages d'une ville de province tout en nous débarrassant de la puanteur parisienne. Nous nous y trouvons bien et nous y vivons avec notre nièce, Elise, la fille de notre aînée. Elle aussi possède des yeux verts et une chevelure brune, tout comme vous et LM. Vous devez être fort jolie.

J'espère que votre père ne tombera pas sur ce courrier et si tel est le cas, voici ce que je lui dis : "Mêle-toi du manche dans ta croupe, cher oncle".

Je suis désolée d'apprendre vos années de solitude, mais sachez que si celle-ci vous pèse trop, vous êtes la bienvenue à Limoges où nous pourrons faire plus ample connaissance. J'ai tendance à préférer jauger les gens quand ils sont devant moi car les lettres peuvent-être manipulées bien plus facilement que le regard. Imaginez : vous pourriez être en réalité Evroult, notre benjamin qui se ferait passer pour une autre. C'est très ancré dans la famille ce genre de procédé. Je ne vous accorde donc pas encore ma confiance, mais ma curiosité me pousse à vous découvrir davantage et bien entendu je suis friande de nouveaux rebondissements.

Pour vous répondre, oui, il faut vraiment payer le coursier si vous ne voulez pas que la prochaine fois il ne vous dépose votre lettre dans un crottin de cheval devant votre porte. Ce sont des gens susceptibles et il faut en prendre soin.

Je laisserai le soin à Louis-Marie de répondre à votre prochaine lettre, vous découvrirez combien il est attentionné et attachant. Je crois que c'est le plus sain d'esprit de toute la famille. - Il n'aime pas que j'écrive ça et d'ailleurs je viens de remporter une lutte sans merci à coup de plume et d'encre sur ce dernier-.

Je serai ravie de vous relire si vous êtes bien qui vous prétendez être.

Bons baisers de Limoges,

Gysèle.

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