Le_marchand_des_secrets
Le marchand adore la mer. Dans sa longue vie de vendeur itinérant, il a largement pu définir ses préférences. La côté possède cet air vivifiant, et une odeur qui lui rappelle sa jeunesse. C'est qu'il a grandi en Normandie, au milieu des vaches, des tartes aux pommes et des bateaux sous la pluie.
Ce matin-là, à l'aube, le marchand installe quelques caisses sur au bord d'un chemin. Il sait qu'il a de meilleur bénéfice en ville, mais là, il recherche avant tout le calme et la tranquillité. C'est ce qu'il aime en été, après de longues journées de cueillette et de voyage. Son âne est attaché à la carriole, mais libre de se reposer lui aussi. Et après avoir installé une pancarte de bois, avec une inscription à la craie "Fruits frais à vendre", l'humble marchand prend place sur un tabouret.
Un sourire aux lèvres, il pose son chapeau de paille tressé sur le dessus de ses yeux, et commence à profiter du champs des vagues au loin et des oiseaux tout proche.
Enigma_asfrid *La maigrichonne petite brune avait des journées pas mal remplies et elle s'en accommodait fort bien, mais c'était bien plus compliqué pour sa petite famille qui la voyait assez peu. Autant Enhtuya ne la quittait que peu, encore loin d'être sevrée du sein de sa mère, autant les jumeaux vaquaient à leurs activités, son fils rivalisant d'idées avec son far pour inventer de nouvelles merveilles en bois et sa fille apprenant à manipuler les tissus entre deux bêtises. Les deux enfants semblaient y prendre plaisir, même si leur mère trouvait parfois un peu étrange qu'ils ne profitent pas davantage des folies de leur âge. Elle continuait évidemment de leur apprendre la lecture et la calligraphie, l'histoire des religions et l'utilisation correcte de leur langue, mais elle ne le faisait que trop peu. Elle en était épuisée à force et songeait à cesser une partie de ses trop nombreuses activités pour repasser plus de temps avec eux à nouveau.
Toujours est-il que ce matin-là, elle était allée à la boulangerie avec la petite dernière pour refaire de jolies miches noires toute fraîches, le traditionnel kransekage qui partait si vite à la taverne et avait même fait un far breton, histoire de se mettre un minimum aux couleurs locales. A force d'emmener la fillette partout avec elle, Nathanaël et Halfi avaient dû faire plusieurs berceaux pour que sa mère puisse la laisser jouer ou se reposer sans l'avoir toujours collée à elle. En sortant de la boulangerie avec sa fille en écharpe et son panier d'osier contenant les pains et pâtisseries encore tout chauds, la brunette avait regardé sa fille en souriant.*
Et si pour une fois, on faisait fi du programme pour aller jouer dans l'herbe ?
*De noisette à noisette, les prunelles souriaient, même si la petite ne comprenait sans doute pas ce que sa mère venait de lui proposer. Ni une, ni deux, la mère prit la route vers la forêt avec sa petite dernière. Il était encore très tôt et la petite blonde était emmitouflée dans la petite couverture offerte par sa tante alors que sa mère avait sa cape de voyage sur les épaules en sortant de la ville.
A cette heure, il était rare de croiser grand monde à part les pêcheurs rentrant au port ou les paysans peut-être, mais les marchands, c'était nettement plus rare. C'est donc curieuse que la brunette s'arrêta en voyant la pancarte. Des fruits ... Elle n'en trouvait pas très facilement ici et les citrons qu'elle avaient achetés avaient presque tous disparus das des tartes au citron ou ce fameux cocktails étrange qu'ils avaient testé avec le cur'ton un jour en taverne.*
Demat mon brave ! Qu'avez-vous donc à proposer comme fruits ? Vous auriez des citrons par hasard ? Et de bonnes olives provençales ?
*Ah les olives, la Provence... de quoi lui rappeler à la fois son pénible début de grossesse à ne rien pouvoir avaler à part des foutues graines, puis de olives comme l'Etalon provençal le lui avait fait découvrir. A ce souvenir, elle caressa la joue de la fillette qui baragouinait des sons divers en regardant sa maman, curieuse. Ca lui faisait penser que Kag lui avait parlé d'un marchand venant du sud et d'une histoire de pommes bleues dans sa lettre.*
Dites-moi, un ami m'a parlé d'une histoire de marchands qui vendait des pommes bleues et venait en Bretagne justement, vous ne l'auriez pas croisé par hasard ?
Le_marchand_des_secrets
Quittant son demi-sommeil en entendant des bruits de pas sur le chemin, le marchand retire son chapeau. Il est vieux et a visiblement connu une vie bien plus remplit que tous ces simples citadins. Lentement, il se redresse et se lève pour saluer la jeune mère d'un sourire ridé.
Le bonjorn, jeune fille. Bien sûr que j'ai des citrons !
D'un geste lent et fatigué, il se penche et attrape une petite caisse. Forçant sur ses vielles articulations, le marchand s'oblige à se redresser, mettant ses marchandises à hauteur de la brune en les posant sur le sommet de la petite pile.
Voyez comme ils sont beaux ! Avec ça vous pourrez faire des merveilles ! Des olives, je n'en ai hélas plus, c'est ce qui part le plus rapidement ! Mais il me reste peut-être quelques bouteilles d'huile, si ça vous tente ?
Le sourire ne quittait pas les lèvres du marchand. Son professionnalisme était à toute épreuve. Il faut dire que le dicton "Le client est roi" ne vient pas de nulle part !
Suite à sa demande, il regarde de droite à gauche, sur le chemin, si aucun autre client n'arrive. Et baissant soudainement le ton, il reprend.
Aaaah bien sûr ... Vous êtes donc là pour ça. Venez, venez, approchez.
Contournant son étal de fortune, il fit signe à la brune de le suivre à quelques pas de là. Frottant ses mains l'une contre l'autre, il ouvrit alors la porte de sa petite carriole.
L'intérieur ne portait qu'une fine trappe ouverte sur le plafond en guise de fenêtre pour donner de la luminosité. L'on pouvait voir des caisses entières, empilées les unes sur les autres, et dans le fond, deux tonneaux, prennant toute la largueur du modeste lieu. Une agréable odeur d'agrumes flottait dans l'air, au dessus de celle bien moins agréable de la poussière couvrant les bouteilles de vin et d'huiles diverses. Nulle doute qu'avec un stock aussi peu conséquent, le marchand ne finirai pas riche !
Le sol est couvert d'un vieux tapis de paille sale, qui trahit quelques passages régulier au vu des traces de terre par-dessus. Le marchand entre alors, et va soulever le couvercle de l'un de ses tonneaux. L'endroit étant très étroit, il regarde la jeune femme et resort de la cariolle, un large sourire aux lèvres.
Du menton, le marchand lui fait signe d'entrer, avant de jeter un regard préventif vers l'horizon.
J'espère que vous n'avez pas parler de ça à la maréchaussée, c'est un secret bien gardé vous savez ... Je veille à ce que personne n'arrive. Prenez donc votre temps !
Et d'un pas lent, sifflotant, il entreprend de repartir s'assoir sur son tabouret.
Enigma_asfrid *L'homme était bien plus âgé que ce à quoi elle s'attendait. Ca devait faire un bon bout de temps qu'il parcourait les chemins pour vendre ses fruits, et il fallait bien avouer qu'il avait du choix et que les aliments étaient magnifiques. Appréciant la cuisine à sa juste mesure, elle ne pouvait qu'aimer ce qu'il lui présentait là. *
Oh j'aurais préféré les olives, mais de l'huile, ce serait bien utile aussi papy, ce s'rait vraiment gentil !
*Elle avait la fâcheuse tendance à user de ces termes plutôt affectueux envers tous les petits vieux qu'elle croisait, non par impolitesse, mais elle n'avait simplement pas l'habitude. Découvrant tout ce que le marchand avait là, elle était heureuse d'avoir encore de la place dans son panier et se demandait comme elle allait bien pouvoir ramener tout ça à la taverne sans crouler sous le poids quand son interlocuteur changea d'un coup de comportement.
Elle fronça les sourcils un instant en le voyant contourner sa marchandise pour aller lui ouvrir sa carriole. Un peu méfiante, elle approcha néanmoins pour observer l'intérieur de l'endroit. Ce n'était pas bien grand et plutôt encombré, mais pas suffisamment pour que le pauvre vieux arrête de travailler de suite à première vue. Il monta lui ouvrir un des tonneaux qui se dressaient dans le fond avant de redescendre pour lui laisser la place.*
Hum ... bon ... c'est bien parce qu'un ami m'a parlé d'ça !
*Si Kag ne lui avait pas renseigné cette fameuse histoire de pomme bleue, elle ne serait jamais montée là-dedans, mais si le blond l'avait fait, elle en était bien capable aussi ! Et puis, ce serait dommage de se priver d'une nouvelle découverte gustative non ? Elle hissa d'abord son panier dans la carriole avant de suivre le même chemin avec sa fille racontant un tas de choses connues d'elle seule et elle avança dans l'habitacle. L'air était difficile à respirer avec toute cette poussière et elle toussota quelques fois en avançant vers le tonneau ouvert.
Pour sûr, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle y trouva et regarda dans celui-ci, bouche bée. Ce n'était vraiment pas possible, elle devait rêver non ?*
Enigma_asfrid *Elle resta sans bouger un moment en regardant droit devant elle, ses yeux descendant sur le tonneau pour remonter le long du corps du blond. C'était impossible, il ne pouvait pas être là dans cette foutue carriole à la regarder en souriant en sortant d'un tonneau tout de même ? Et pourtant, elle ne pouvait que croire ce qu'elle voyait ... ce torse nu, ces colliers colorés, ce taureau, ce soleil ... elle ne les avait que trop parcouru des yeux ou du bout des doigts pour ne pas le reconnaître. La jeune femme sous le choc entend à peine la porte qu'on claque et verrouille, mais la petite apprécie moins ce bruit et se met à pleurer contre le sein de sa mère. Ce sont ces pleurs qui sortent la brune de cette torpeur dans laquelle elle était en train de s'enfoncer. Son corps est parcouru d'un frisson, la carriole est en marche et personne ne sait qu'elle ne s'est pas rendue à l'Eglise. Halfi ... Nathanaël ... Karine ... Kag n'oserait quand même pas la kidnapper et l'épouser à la façon mongole tout à coup ... si ?
Ses yeux se lèvent vers la trappe et elle songe un moment à grimper sur l'autre tonneau et balancer quelque chose par là, un simple signe de son passage pour qu'il puisse au moins la retrouver, mais c'est peine perdue, rien ne passera par ce petit interstice. Son regard effleure un court instant le mini endormi, arrachant un très bref sourire à sa vue puis il revient sur le visage du blond, courant du coin des lèvres le long de sa cicatrice pour venir se fixer dans les iris vert de l'homme. Le regard noisette est dur, colérique, jetant des éclairs vers le papa, les poings se serrent une fois la surprise passée.*
Je vais bien ... Je vais bien ? Tu t'fous d'moi là ? Où tu m'emmènes Kag ? Les tavernes tu connais ?
*Oh ce fichu sourire qu'il affiche, elle crève d'envie de lui faire ravaler la de suite mais avec l'adorable Oan dans ses bras, c'est pas la peine d'y penser. Elle s'est occupé de ce petit comme s'il était le sien pendant tout le temps où ils vivaient tous dans la yourte et elle ne pourrait jamais risquer de le blesser et balançant une énième gifle à son père.*
Alors ?
Ton courrier c'était pourquoi ?
Tu fais dans l'kidnapping avec moi maint'nant ?
Si t'voulais m'parler, y'avait d'autres façons d'faire qui ne risqueraient pas d'inquiéter ma famille !
*Bon, pas la peine de jouer les autruches, elle le savait bien qu'il n'en resterait pas là après le mariage le blond. Bon sang, ça s'était lu dans son regard à l'époque, du moins pour quiconque le connaissait au moins un peu. Et tout-à-coup, une foule de petits détails lui revenaient en mémoire ... les longues discussions, la pipe partagée, le gamin rieur venant se coller à elle dans le lit, son visage niché dans sa tignasse avec leur fille, son commentaire sur le premier enfant de lui et surtout son pétage de plomb au mariage... Avait-elle mal compris pendant des mois ? Non, il l'avait repoussée bien souvent à l'époque, elle en était sûre ! Qu'est-ce qui avait changé ? Pourquoi semblait-il tout-à-coup vouloir l'arracher à son danois ? Elle avait beau tenter de comprendre ... RIEN ! Elle n'y pigeait vraiment rien du tout !*
Tu m'expliques ou tu vas m'obliger à péter cette foutue boîte sur roues comme j'ai pété la mienne pour pouvoir sortir ?