Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, ..., 8, 9, 10   >   >>

[rp]Hostel Malemort-Arduillet-Brassac, le MAB

Isaolia
La jeune femme laisse naturellement poindre un sourire policé, réprimant son enthousiasme au vu de sa nouvelle charge et donc de sa première pierre dans les projets à venir. Les océanes pétillent et son être bouillonne d'impatience de prendre ses marques dans cette nouvelle vie qui se constitue doucement. De sa chaude et suave intonation, précédée d'un gracieux hochement, Isaolia rejoint la prise de disposition de l'intendant.

-Si vous n y voyez pas d'inconvénient Sieur de Trouw, je désire effectivement m'installer de suite. Il sera toujours temps de récupérer mes malles plus tard à l'Auberge. Il me tarde de rencontrer sa grandeur dont j'en suis certaine, aura aussi quelques exigences à porter à ma connaissance pour que je ne sois point une incommodité au sein de l'hostel.

La brune détourne fugacement son regard azuré pour admirer une nouvelle fois la pièce, puis reporte son attention sur l'intendant. Sa cape toujours suspendue au bras, ses gants en main, le dos d'une rigidité volontaire et étudiée, Isaolia attend d'emboiter le pas de son interlocuteur.

_________________
Blanche_de_malemort
[Avec Gailen]


De la fermeté ? Mais Mélissandre réagirait-elle bien à cette méthode que Blanche était loin de maitriser ? L'Altesse Royale avait toujours préféré la tendresse et les discussions aux punitions et à l'autorité aveugle. Mais, visiblement, elle s'était trompée si Méli se mettait en tête d'adopter un comportement frondeur indigne d'elle, de son nom et des principes que son ainée avait tâché de lui enseigner.


Je voudrais surtout comprendre ce qui lui passe dans la tête parfois... La plus part du temps, elle ne cherche pas véritablement à mal faire, elle a sa logique, de son point de vue, les choses ne sont pas les mêmes que pour nous autres. En vérité, ce qui me trouble c'est qu'elle tend à devenir secrète, elle ne se confie plus à moi comme elle pouvait le faire jadis.


Et Blanche refusait de cesser d'être pour Mélissandre une grande sœur sous prétexte qu'elle devait assumer le rôle de leur mère disparue... Les choses étaient bien plus simples quand les jumelles étaient petites, à présent qu'elles approchaient de l'âge adulte, les maintenir sur le juste chemin, en faire de futures femmes dignes de ce nom se révélait ardu. Comment avait fait leur mère avec tous ses enfants pour survivre à leur éducation ? Et, surtout, comment pourrait elle s'en sortir avec Mélissandre qui, elle, était toujours punie dans sa chambre ?


Je devrais vraiment aller la voir... je m’inquiète, elle est silencieuse depuis que nous sommes revenus, ce n'est jamais bon signe avec elle !
_________________
Koen
[Un intendant et une gouvernante]

Félicitations et bienvenue dans la maison d'Arduilet. Je vais vous montrer votre chambre. Je veillerai a vous faire rencontrer sa grandeur le plus vite possible.

Lui indiquant la porte , il la précède pour l'emmener à l'étage. Ils gravissent le grand escalier pour rejoindre la partie "Arduilet" du MAB. Aux murs, quelques portraits des aïeux du comte lui permettent de faire les présentations.


Voici Rassaln d'Arduilet dict le taureau Furieux, il est LE comte de Meymac, il fût le cinquième comte du Limousin. Mais c'était avant-tout un homme d'armes, il était un grand chevalier. ici c'est son fils, Rehaël d'Arduilet, le père de l'actuel comte. Il est mort jeune et n'a presque pas connu son fils. Voici Cyrielle de Saint Ange, la mère du comte. Elle aussi était chevalier et occupa les fonctions de Grand Ecuyer de France.

Ils arrivèrent devant une porte entrouverte, En la poussant ils découvrirent une chambre petite mais cossue.


Voici votre nid. Je vais vous faire amener vos affaires. Vous pourrez vous installer à votre aise. ensuite, je vous invite à vous rendre aux cuisines pour faire conaissances des gens de maison et superviser le repas du soir.

Vous rencontrerez le comte pendant le diner, je suis certain qu'il vous parlera mieux que moi de ce qu'il attend de vous. Je pense aussi que vous l'accompagnerez bientôt en Touraine. Il doit y aller jouter en l'honneur de sa cousine l’actuelle duchesse locale.
Gailen_d_arduilet
[Blanche et Gaïlen]

Alors que certaines oreilles indiscrètes les espionnaient, Blanche avouait sa faiblesse face à l'effronterie de Mélissandre.

Effectivement, les idées tordues se bousculent dans sa tête. je comprends qu'elle vive dans un monde de rêve, peuplé de créatures gentilles c'est de son âge. mais je suis beaucoup moins patient quand elle manque de politesse, de courtoisie ou qu'elle nous fait ses colères d'enfant gâtée.


Blanche commençait à s'impatienter, visiblement elle n'arrivait pas à punir mélissandre très longtemps.

Vous savez Blanche, si je suis sévère c'est parce que je suis très attaché à elle. Mais j'ai peut-être tort. Visiblement mes méthodes ne lui conviennent pas, je n'arrive qu'à la braquer contre moi. Pourtant, je ne peux supporter de la laisser se comporter de la sorte.
_________________

Ceci est un jeu. MP si je vous oublie.
Melissandre_malemort
- D'pêche toi un peu, on'a pas toute la jou'rnée.

Gertrude leva les yeux au ciel -Aussi discrètement que possible- mais accéléra néanmoins le pas pour rester à la hauteur de la grosse Martha et de ses recommandations gouailleuses. L'idée reçue qui voulait que les domestiques soient plus snobs que leurs maîtres se révélaient véridique. Et ennuyeuse.

- Met'zy un peu d'bonne volonté avant que j'te renvoie en cuisine r'curer les merdes de chiens, p'tite bécasse. Tu travailles pour une famille royale, pigée? Tout doit ê'te impécab'. La gouve'nante, elle transige pô. Oublie jamais qu'tu bosses pas pour un simple Noble. C'la famille ROYALE. Le haut du haut du haut du panier. Y'a pas un duc' qui doive pô plier le genoux devant eux.

Martha marqua un arrêt devant un énorme vaisselier et gratta de l'ongle une tâche imaginaire. Tout à son oeuvre, elle ne leva même pas les yeux pour continuer à distribuer les ordres à sa toute jeune recrue, l'ancienne souillon qui venait de souffler ses douze bougies.

- T'es jamais sortie d'la cuisine. Maint'nant, pu de tablier crados compris? Si tu croises la famille ou les visiteurs, tu courbes l'échine pi tu t'éloignes pou' par les incommoder par les odeurs. Tiens, r'garde.

Plantée de ses deux grosses jambes devant une tapisserie, Martha désigna de la pointe de sa cuillère en bois la famille Malemort qui était représenté.

- La grande brune là, c'est la Princesse Blanche. L'chef de famille. Elle est'y pas belle comme un ange? Méfis toi quand même, elle gueule rarement mais quand elle'gueule, ça fait mal. Retiens son visage. Le p'tit blond, c'est Gauthier, et Foulques, le p'tiot frère de sang de Blanche. Tu les vois moins, y'sont souvent à Segur.

La cuillère descendit d'un demi mètre pour se poser sur le visage d'une des deux petites filles représentées blottie contre Blanche.

- La, c'est Mélissandre et Mélusine, les princesses qui vivent avec' Blanche. Celle qu'y faut garder à l’œil, c'est la p'tiote Mélissandre. Jolie comme un coeu', pas méchant' pou' un sous mais complètement démente. L'aut' fois dans sa chambre, la bonniche l'a t'y pas r'trouver un rat installé dans un beau ptiot panier? Et même qu'il avait un ruban autou' du cou. Et la fois d'avant, c'tait carrément un chien errant qu'elle nous avait ram'né. Pas une seule bête sauvage qu'elle veuille pas recueilli'. B'ef. Quand tu vas dans sa chambre, t'prévoie une arme, au cas ou.

La petite bonne retint un sourire. Elle connaissait déjà la famille, ayant rejoint les services des Malemort depuis son septième anniversaire. Ils payaient bien, ils avaient du prestiges et surtout, surtout, le Comte d'Arduilet était le plus bel homme du monde, et Gertrude s'en était entiché au premier regard. La Princesse Blanche n'avait jamais été que croisée, laissant à la petite paysanne une forte impression tant par sa prestance que par sa beauté. Quand à Mélissandre, elle lui avait offert plusieurs fois de jolis rubans, et même une poupée qui avait coupé la chique de la petite Gertrude au point de la faire pleurer de reconnaissance. L'idée de les croiser régulièrement pendant son service était enivrante.

- J'te cause! Bref, surveille la ptiote Princesse Mélissandre comme le lait su' le feu. Et oublie pas son rang, pas de copain copain sinon l'Intendant te fout'ra à la porte dans l'heure. Il rigole pas non pu, lui. Sont bien meugnonnes les jumelles, mais sont pas comme nous, c'est des Altesses Royales. L'oublie pô.

La voix de Martha s'était cependant adoucie au fur et à mesure. Difficile de ne pas voir à quel point la grosse cuisinière s'était attachée à Mélissandre et Mélusine. Malgré le caractère entêté de la plus jeune des deux (Une heure quand même!), il était difficile de resister aux magnifiques yeux d'or de la dernière née de Nebisa, qui avait hérité de sa mère le feu dans le coeur.

- C't'une brave ptiote... Pi c'pas sa faute si elle est com' ça. C'pas facile pou' elle.

Gertrude leva les yeux de son tablier pour poser un regard interrogateur sur la cuisnière. Parlait elle se la jeunesse de Mélissandre, ou de son statut d'orpheline?

- En cuisine, il se murmure que le père des jumelles n'est jamais revenu depuis la mort de la reine.

Martha lui colla sa cuillière sous le nez.

- Ferme la! Tsais pas d'quoi tu parles. Le duc Cerberos, il a pas été gentil avec ses filles. Il en avait que pou' Gauthier. Mais ça s'comprend, tu sais, avec les rumeurs...

Cette fois, ce fut au tour de Gertrude de regarder autour d'elle pour vérifier qu'elles étaient bien seule. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle connaissait Martha pour douter de ce qui allait suivre : Un potin bien croustillant sur la famille royale. Le genre de potin de haut de gamme, qui ne circulait qu'entre les domestiques "d'en haut", ceux qui ne travaillaient jamais à l'office, qui portaient de belles étoffes, ou qui étaient dans la maison depuis si longtemps qu'ils étaient presque intime avec l'histoire de l'Hostel.

- La reine Nebisa, parait qu'elle s'entendait pas trop avec' le Duc vers la fin de sa vie. Parait qu'elle avait un Amant, Julien Giffard, même qu'il est marquis de Rosny maint'nant. Et parait que ce serait lui, et pas Cerberos, le père des deux ptiotes.

Au fur à mesure, la voix de Martha avait baissé, obligeant Gertrude à coller son oreille contre elle pour l'entendre, et subir le souffle vicieux de son haleine, remplie de relent de paté au pigeon et de tourte aigre. Après tant d'année en cuisine, la grosse femme exalait l'odeur de nourriture avarité par tous les pores de sa peau. Gertrude déglutie pour ne pas vomir et plaqua une main sur sa bouche pour cacher sa surprise.

- Allons, c'pour ça que Cerberos a abandonné ses filles au Louvre?

Il était connu, en effet, que la famille avait du quitter le Louvre en urgence, oubliant au passage les deux dernières nées dans leur couffin de dentelles. Les malheureuses avaient ainsi hurlé pendant un jour et une nuit jusqu'à ce que leur soeur Blanche revienne pour les chercher. Cerberos n'avait pas daigné prendre ses filles en partant, ne se souciant que de son fils aîné. C'était l'une des raisons sans doute, qui justifiait la clémence de la maisonnée à l'égart de Mélissandre qui au contraire de ses soeurs avait un mauvais caractère et une soif d'indépendance frisant l'inconscience.

Comme si elle regrettait de s'être laissé aller aux confidences, Martha quitta rapidement la pièce pour continuer à distribuer les ordres, inconsciente de l'ouragan qu'elle venait de soulever chez sa protégée.

Inconsciente, surtout, de la présence discrète dans un des coins ombragé, derrière l'une des plus jolies tapisseries. Des petites mains nouées, des yeux grands ouverts et des boucles brunes qui cascadaient sur des épaules menues.

Les yeux secs et un étrange sourire aux lèvres, Mélissandre laissa tomber sa tartine sur le sol et décampa de la porte à laquelle elle écoutait parler sa soeur et Gailen.

Les choses allaient changer.

_________________
Isaolia
[Une gouvernante et Un intendant]

Un large sourire naît suite aux félicitations de l'intendant. C'est donc tout naturellement et d'une diction empreinte de gratitude, que sa douce voix porte.

-Je vous suis reconnaissante Sieur de Trouw, j'espère être à la hauteur des attentes de Sa grandeur.

Elle emboîte le pas à l'intendant qui chemine dans une lente marche contemplative jusqu'à sa chambre. Au passage, elle a le grand honneur de pouvoir mirer les portraits des prestigieux aïeux du Comte.

-Une famille vouée au service du Royaume, c'est honorable, j'espère un jour servir le Royaume avec la même ferveur et pérennité.
Un dernier regard admiratif sur les portraits, puis la jeune femme suit l'intendant. Sa chambre est présentée et attribuée. Isaolia ploie légèrement les genoux pour une petite révérence qui dénote de la reconnaissance. Soudain elle se fige à l'annonce d'un déplacement, il lui faut d'urgence trouver du temps pour écrire à son frère avant d'entamer ce voyage. Voilà quelques jours qu'elle n'a donné signe de vie, il doit être mort d'inquiétude. Pense-t-elle tristement. Mais elle revient sur l'intendant.

-Très bien, j'agirai selon votre volonté. Pouvez-vous m'indiquer les cuisines? Je n'ai pas eu le plaisir de visiter l'hostel.

_________________
Melissandre_malemort
Au fur et mesure des années, Mélissandre s'était trouvé des dizaines de cachettes disséminées dans l'hostel et les jardins dans lesquelles elle se retranchait à loisir quand ses obligations la lassait. Ou quand, comme maintenant, elle ressentait le besoin de fuir les regards pour se blottir à l'écart du monde et réfléchir à ce qu'elle venait d'apprendre.

Les bruits d'une conversation tira la princesse de ses sombres pensées et elle se pencha pour passer la tête depuis le haut de l'armoire ou elle s'était réfugiée avec la dextérité d'un écureuil. En découvrant Koen, la jeune fille frissonna de dégoût. L'intendant ne l'aimait guère : Un sentiment tout à fait partagé. Depuis le temps qu'elle hantait l'hostel au nez et à la barbe de la maisonnée, Mélissandre avait conscience des manières de l'homme et de son gout prononcé pour les jolies femmes.

En l'occurence, celle qui l'accompagnait était une vrai beauté -Dans le genre exotique- avec des yeux immenses et une silhouette un peu trop menue. Sa venue lui déplut cependant. Si la belle investissait la chambre, il faudrait à Méli renoncer à l'une de ses cachettes préférées avec vu sur le ciel de Limoges.

Elle se pencha cependant encore un tout petit peu pour adresser un signe discret à la jeune femme et poser un doigt sur ses lèvres pour lui indiquer de ne pas la trahir, tout en se promettant de déposer un cadeau sur son oreiller plus tard. Une petite habitude que Mélissandre avait depuis toujours, pour le simple plaisir de voir les petites servantes s'extasier sur une chemise de soie ou une friandise de prix.

Partage. Prie. Aime. Nébisa aurait fait de même.

_________________
Isaolia
[Une gouvernante et Un intendant]

Le minois orienté sur Sieur de Trouw qui occupe un premier plan dans son champ de vision, une observation furtive et d'ensemble de la chambre laisse pourtant entrevoir une adorable enfant. Serait-ce Son Altesse Royale? La jeune femme bien que scandalisée, est sur le point de se plier aux formules de politesse, quand le bel ange d'un aparté visuel, fait part d'une supplique tacite quant à son emplacement. A juste titre, Isaolia peut s'octroyer le droit de révéler sa position à l'intendant, néanmoins elle est attendrie par cette beauté juvénile et se prête bien volontiers à cette entente. Mais il lui faut s'assurer que cela ne sera pas cause de remontrance sur sa personne, alors sournoisement elle attire l'attention de Sieur de Trouw sur ses charges en refermant doucement la porte.

-Peut-être souhaitez-vous que nous commençions par la visite de l'hostel pour que je sois d'ores et déjà opérationnelle et d'une autorité légitime auprès des gens de maison? Son regard azuré s'ancre dans celui de l'intendant. C'est à pas lents qu'elle l'incite à s'éloigner de la chambre et à longer le couloir.

_________________
Gauthier_de_malemort
(Dans les rues de Limoges).
Le coche aux armes princières avançait péniblement dans les ruelles étroites de Limoges. À l'intérieur, boudeusement installé sur de moelleux coussins de velours cramoisi, Gauthier lançait des regards courroucés à son précepteur. Celui-ci l'avait non seulement obligé à quitter Ségur et les leçons d'escrime de maître Dioclès, que Foulques allait ainsi pouvoir avoir pour lui tout seul, mais il les avait fait voyager en voiture. Comme s'il n'était pas plus rapide et nettement plus excitant de faire le trajet à dos de cheval, lancé au grand galop ! Était-il donc une donzelle pour faire son entrée dans la capitale du Comté dans le confort d'un véhicule aussi lent qu'encombrant ?! La vue de la façade du MAB ne soulagea que peu son humeur, l'adolescent n'aimant rien tant que les espaces dégagés et ventés, comme il y avait été habitué petit lors des séjours plus ou moins prolongés à Châlons, le duché champenois de son père, et, depuis, à Ségur.


(Dans la cour du MAB).
Les portes cochères de l'hostel s'étaient ouvertes puis refermées sans bruit, dissimulant rapidement la voiture aux yeux des passants trop curieux. Une ribambelle de domestiques se précipita à la rencontre des occupants, qui ouvrant la portière, qui se pendant à la tête des chevaux pour bien les immobiliser, qui commençant déjà à décharger les bagages. L'intendant des Malemort, qui avait dû être prévenu au préalable, attendait le jeune garçon d'un air faussement impassible. Il se demandait dans quel état le jeune Prince se trouverait. Si la blondeur de ce dernier le démarquait du reste de la fratrie, aussi brune que les ailes des corbeaux les plus noirs, il en allait de même de son humeur, fort changeante. Gauthier était connu comme le loup blanc parmi les domestiques qui ne se battaient pas pour le servir et répondre à ses appels : hautain à l'excès, sourcilleux et ombrageux, l'adolescent avait l'esprit vif et la langue plus acérée encore. Plus d'une fille de chambre avait quitté ses appartements les larmes aux yeux, victimes d'une pique particulièrement mauvaise. Seul son précepteur, qui l'avait pratiquement élevé après la disparition de son père, semblait immune aux sautes d'humeur de son pupille.


Le jeune Prince sauta dans la cour, s'étira et regarda avec curiosité autour de lui. Cela faisait longtemps qu'il n'avait mis les pieds au MAB et il se demandait quels changements rendraient son séjour un tant soit peu intéressant. On n'avait pas daigné lui expliquer les raisons de ce déplacement mais la quantité de coffres en train d'être déchargés lui indiquait qu'il n'était pas venu pour 2-3 jours. Le mystère demeurait entier. À la vue du regard noir du jeune homme, l'intendant poussa un discret soupir puis s'avança.

Messire Gauthier, la bienvenue à Limoges. J'espère que la route n'a point été trop mauvaise.

Un froncement de sourcil princier avertit l'intendant de son impair, mais trop tard. La mercuriale tomba aussitôt.

Je vois, monsieur l'intendant, que vos manières ne se sont guère arrangées. Que je sache, lorsque l'on s'adresse à un membre de la famille royale, le "Votre Altesse" est de rigueur. La princesse Blanche ne vous l'a-t-elle déjà dit ou seriez-vous déjà sénile au point de l'avoir oublié ?

L'intendant ne put que s'incliner pour cacher le regard assassin qu'il ne put réprimer. Après un immense effort sur lui-même, il reprit.

Votre Altesse, vos appartements sont prêts, selon les ordres donnés par Son Altesse Blanche. Vous y trouverez le nécessaire à vos activités quotidiennes, comme si vous étiez à Ségur.

Sauf que cela n'est pas Ségur et ne le sera jamais. Trêve de bavardages, conduisez-moi à ma soeur, que je la salue et présente mes respects. Par ailleurs, mes soeurs sont-elles là ? J'aimerais les voir. Cela fait bien longtemps que je n'ai eu le plaisir.

L'intendant ouvrit donc la marche, le jeune garçon lui emboîtant le pas, suivi de son précepteur qui n'avait émis un son, plutôt amusé de voir le membre le plus élevé de la domesticité se faire rabrouer à sa place. Le grand hall d'entrée de la vaste demeure était plongé dans l'obscurité mais cela n'empêcha pas l'intendant de se diriger immédiatement dans la bonne direction. Au passage, il donna les informations attendues sur les soeurs, sachant parfaitement qui était LA soeur et qui étaient LES soeurs.

Son Altesse Blanche doit être dans le salon de l'aile Malemort. Sa Grandeur de Meymac se trouve avec elle. Son Altesse Mélissandre est confinée dans sa chambre jusqu'à demain. Quant à Son Altesse Mélusine, elle est à son goûter, dans ses appartements.

L'avalanche d'Altesses ne tira à Gauthier qu'un vague grognement, ses pensées déjà tournées vers Mélissandre et les, trop, nombreuses raisons ayant pu justifier la sanction. Ce devait cependant être plus grave que d'habitude, Blanche sévissant rarement lorsqu'il s'agissait des jumelles.
_________________
Melissandre_malemort
Bien longtemps après que la porte se fut refermer sur la -trop- jolie gouvernante et l'imbécile d'Intendant libidineux, Mélissandre se laissa glisser en bas de l'armoire en regrettant une fois de plus le vilain tour que lui avait joué la nature en la faisant fleurir et en l'obligeant à s'engoncer dans un corsage qui lui étranglait la taille, l’empêchant de se mouvoir comme elle le voulait. Cela faisait plusieurs heures que la Princesse patientait ainsi, plongée dans ses pensées. Elle n'avait aucune idée du tour que la conversation entre sa soeur et son cousin avait pu prendre et s'en moquait éperdument, convaincue que Gailen présenterait la situation sous son jour le plus sombre à la seule fin de l'envoyer moisir dans un couvent quelconque.

Mélissandre connaissait trop sa sœur pour s'effaroucher d'un éventuel départ. Jamais son aînée ne se résoudrait à l'envoyer loin d'elle, pas tant qu'elle manierait à la perfection l'art d'émouvoir Blanche et de la mener par le bout du nez. Un privilège acquis de longue haleine mais que la princesse savait due à sa trop grande ressemblance avec l'enfant qu'était Blanche avant son accession au titre de Princesse royale. Il arrivait encore parfois qu'une lueur mutine s'allume dans les beaux yeux gris de l'Héritière et rappelle que le feu brûlait encore sous la glace, bien loin sous des kilos de convention et de retenue.

Poussant la porte d'un petit coup d'épaule -La nuit étant presque tombée, sa punition devait être fini- la princesse galopa pour descendre les escaliers, manqua de se prendre les jambes dans ses jupes récemment rallongées et se rattrapait à la rambarde quand un tohu bohu inhabituel lui parvint du rez de chaussé. Une fois n'est pas coutume, Koen passa non loin d'elle sans lui dégainer l'un de ces regards méprisants dont il avait le secret, et plusieurs bonnes se bousculèrent pour prendre leurs services le plus loin possible des salons.

Il ne pouvait y avoir qu'une seule raison à cela. Soit Gailen était d'humeur encore plus massacrante que d'habitude, soit...

Bousculant plusieurs servantes qui s’apercevaient soudain qu'une tache les attendaient le plus loin possible du rez de chaussé, Mélissandre se jeta au cou de son frère de sang et l'embrassa sur les joues avec toute la spontanéité dont elle avait le secret.


- Gauthier! Mon cher frère, te voici enfin de retour! Oh je suis si heureuse!

S’apercevant que malgré les années et sa brusque croissance elle n'arrivait toujours pas au dela de la poitrine de son aîné, Mélissandre se renfrogna un petit peu. Mélusine elle même la dépassant d'une demi tête, le sujet de sa taille était devenue épineux.

- Mais avec quoi te nourrissent ils à Segur? Tu es plus grand et plus beau à chacune de nos rencontres!

Malgré son tn un peu boudeur, il était aisé de lire tout l'amour que la princesse vouait à son ainé. Grincheux, tyrannique et taiseux, il n'en était pas moins celui qui la sauvait des araignées et l'aidait à descendre des arbres quand elle était enfant. Elle profitait donc largement du temps de latence qui précédait l'inévitable grognement censé l'impressionner et la mettre à bonne distance de lui, Gauthier ayant horreur de l'exubérance de sa cadette.
_________________
Gauthier_de_malemort
Gauthier était en train d'étudier la livrée de l'intendant, se disant qu'un habit rafraîchi ne lui ferait pas de mal, lorsqu'une tornade vint s'écraser contre lui, lui coupant momentanément le souffle. Les baleines d'un corset s'enfoncèrent dans ses côtes, renforçant le choc. Une seule personne au monde l'accueillait ainsi et la voix qui s'éleva, ou plutôt lui vrilla les tympans, lui confirma ses doutes. Il éclata de rire, ses poumons ayant fini par retrouver leur position naturelle et l'air recommençant à circuler, et la fit rapidement virevolter avant de la déposer délicatement à terre et de l'envisager.

Il était surpris de la voir grandie, même s'il devait avouer que ce n'était que de peu, mais retrouvait le regard décidé et farouchement vivant qui la caractérisait depuis sa plus tendre enfance. Un éclair ironique alluma les prunelles grises du Prince mais il se retint et laissa plutôt éclater sa bonne humeur, maintenant qu'elle était revenue.


Oui, je suis de retour ! Pour longtemps semble-t-il. Suffisamment en tout cas pour pouvoir profiter de Mélusine et de toi, avant de repartir pour je-ne-sais-où.

Il l'éloigna un peu de lui et prit le temps de bien l'observer. Un sourire espiègle étira ses lèvres avant qu'il ne fasse une remarque sur le corset qui la fit rougir. De gêne ou de mécontentement, c'était délicat à déterminer. Une chose lui revint subitement en mémoire et il sut d'emblée que le bonheur des retrouvailles allait rapidement prendre fin. Le froncement de sourcils du jeune homme ne présageait rien de bon.

Au fait, j'ai cru comprendre que tu étais censée rester dans ta chambre jusqu'à nouvel ordre. Du moins, c'est ce qu'a dit l'intendant. Blanche aurait-elle déjà levé ta punition ou bien as-tu pris sur toi de n'en faire qu'à ta tête, comme d'habitude ? D'ailleurs, pourquoi étais-tu punie ? Mélusine est-elle impliquée ?

Le jeune garçon prenait très à coeur son rôle de chef de famille, du moins de la branche dont ses soeurs et lui étaient les derniers représentants. Il estimait que cela lui donnait une autorité de fait sur ses 2 cadettes et qu'il était donc partiellement responsable de leur éducation. Bien sûr, Blanche s'en chargeait en majorité mais leur mère n'aurait pas voulu qu'il en soit autrement. Après tout, il était l'Homme de la Maison, du moins ce qu'il en restait...
_________________
Blanche_de_malemort
La princesse hochait la tête aux propos de son frère, bien décidée, pour le bien de Mélissandre , à inculquer quelques principes de savoir vivre à sa jeune cadette. Il n'était jamais aisé de faire comprendre aux jeunes adultes en devenir la nécessité de feindre leur opinion, de taire leurs avis ou de sourire lorsqu'ils avaient envie de gronder... On apprenait aux enfants à ne pas mentir, on louait devant eux la sincérité, l'honnêteté, pour en suite leur dire qu'il était impoli de l'être... Mélissandre, brillante comme elle l'était, ne manquerait pas de souligner tout cela, mais, pour son bien, Blanche devrait lui faire comprendre les contraintes du monde, les règles de la vie en société et l'importance de ce que l'on attendait d'elle, en tant que Princesse de Sang...


Je crois avoir trop longtemps tenu Mélissandre loin du monde, elle doit savoir que sa façon d'être, dans l'intimité ou lorsqu'elle est entre familiers ne peut s'accorder à ce qu'elle doit être dans le monde. Elle grandit, trop vite, ce que l'on accorde au bénéfice de l'enfance ne se peut admettre pour une jeune femme.

Je ferais en sorte de faire naitre la Princesse en elle et elle fera notre fierté, je n'en doute pas un seul instant.



Forte de sa résolution, Blanche sonne un valet.


Fernand, veuillez faire dire à la Princesse ma soeur de nous rejoindre, son consignement a suffisamment duré pour ce jour.


Blanche comptait faire venir pour les jumelles des maistres de danse, professeurs de maintien et d'élocution, elle même se chargerait des leçons de protocole et d'étiquette, enfin, ses soeurs seraient invitées à la suivre lors de la prochaine cérémonie royale, quelle qu'elle soit, à Paris, afin de leur faire constater de visu les devoirs qu'elles devaient à leur sang.
_________________
Melissandre_malemort
Comme Gauthier était beau, avec ses cheveux d'or, son regard bleu et ses larges épaules. Durant une fraction de seconde, Mélissandre entendit Gertrude et Martha vanter l'amour que le duc portait à son ainé, et son désintérêt pour ses prétendues filles bâtardes. Gauthier avait il eu vent de ces rumeurs lui aussi? La repousserait il si il découvrait que sa cadette n'était qu'une enfant de l'amour?

Repoussant ces sombres idées dans un coin de la tête, elle offrit au Prince son plus beau sourire.

- Oh non, Mélusine n'a rien fais! Tu sais comme elle est sage et raisonnable... Tout est entièrement ma faute. J'ai manqué de respect à une Dame chère au cœur du comte d'Arduilet et Blanche nous a surprit alors que nous nous disputions.

C'était là du Mélissandre tout craché. Si elle était pétrie de défauts, elle avait l'habitude depuis toujours de prendre ses responsabilités. Jamais la princesse ne rapportait, jamais elle ne gardait rancune, jamais elle n'accusait à tord. Il ne lui vint pas à l'idée d'expliquer plus en détail la situation à son frère adoré, la façon dont Gailen l'avait insulté alors même qu'elle voulait simplement le saluer. Son cousin et son frère avaient hérité du même caractère enflammé, mais elle les aimait tous les deux malgré tout et ne goûtait aucunement l'idée de les voir se défier pour ce qui n'était finalement qu'une broutille.

Agréablement surprise par l'accueil chaleureux de Gauthier, la princesse glissa sa main dans la sienne et murmura sur un ton coupable.


- Tu sais comme je déteste être consignée. Mélusine ne pense qu'à broder, et mes bonnes me surveillent de si près que je crains même d'éternuer.

Tout à son babillage, Mélissandre aperçue Fernand qui lui faisait un signe discret depuis le pas de la porte. Blanche avait du se décider à lever la punition, et le valet -une fois de plus- lui sauvait la mise en la faisant prévenir sans qu'elle soit trahie. Il y avait du bon, parfois, a avoir de larges yeux noisettes et un don pour battre des cils. De fait, la princesse tira Gauthier jusqu'au bureau de son aînée, évitant soigneusement de lui répondre quand à la durée initiale de sa punition.

- Veux tu faire une surprise à Blanche? Elle sera si heureuse de te trouver ici!
_________________
Gauthier_de_malemort
L'adolescent écouta attentivement sa cadette, cherchant à deviner ce qu'elle ne lui disait pas. Son air faussement détaché ne le trompait guère, habitué qu'il était à ses écarts de conduite. Il était persuadé que la rencontre avec Gailen avait dû être plus tendue que ce qu'elle voulait bien dire mais il eut la délicatesse de ne pas pousser le sujet trop avant. Après tout, il venait juste d'arriver et ne voulait pas déjà passer pour le garde-chiourme.
Gauthier poussa donc un grognement qui pouvait passer pour un assentiment ou une vague remontrance, avant de la prendre par le coude et de se diriger vers la pièce où Blanche semblait se trouver.


Tu as raison, allons surprendre Blanche. Même si je pense qu'elle doit s'attendre à ma venue, sinon pourquoi m'aurait-on tirer de Ségur ? Ce ne doit sûrement pas être pour que Foulques puisse prendre ses leçons d'escrime en toute tranquillité !

Baissant le ton, il ne put s'empêcher d'ajouter :

Si tu tenais un peu plus tranquille et qu'on savait pouvoir te faire confiance, peut-être que tes servantes te surveilleraient moins. Tout le monde y gagnerait, j'en suis certain. Surtout toi...
_________________
Blanche_de_malemort
La marmoréenne princesse n'eut pas le temps d'ouir la réponse de son cousin que déjà la porte du salon s'ouvrit pour laisser apparaitre Mélissandre, diantre, il est rapide le Fernand et Gauthier, là c'est un exploit significatif que de voir le valet s'acquiter si bien d'une mission de laquelle ont n'attend point d'excellence, ni même la moindre surprise.

Si Blanche se doutait de l'arrivée prochaine de son cadet, elle ne pouvait que se réjouir de le voir si tôt dans la journée, oubliant l'inquiétude de l'avenir de sa soeur pour s'abandonner à la joie des retrouvailles avec son frère, l'Altesse Royale bondit sur ses jambes et traverse la pièce dans une exclamation réjouie pour venir étreindre Gauthier avec la chaleureuse affection qu'il était de coutume de se manifester dans leur famille, au moins en privée... Chez les Malemort, on s'aime à outrance et sans protocole, on s'aime car, depuis toujours, on vous apprend que la famille est le plus précieux des trésors, la plus solide des défenses et le seul amour sur lequel on puisse jurer qu'il ne faillira jamais.



Gauthier, mon petit coeur d'amour, tu as fait vite ! Je ne t’espérais pas avant l'aube ! As tu fait bon voyage ? Es tu venu en coche ou à cheval ? Comment sont les routes à la sortie de Ségur ? As tu songé à prendre suffisamment de bagage ? Tu sais qu'on doit se vêtir avec plus de recherche à Limoges ? Le pourpoint d'azur doublé de martre que je t'ai commandé à Paris est arrivé hier, il sera des plus seyant avec une boucle de ceinture en saphir, je crois.


Après avoir examiner son petit frère avec une rapidité non dépourvue de la plus extrême acuité pour jauger de son état de santé, de sa croissance depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu et de l'humeur qui serait celle du Prince pour son arrivée, Blanche remet machinalement en place la très célèbre mèche rebelle de Gauthier avant de se tourner vers Mélissandre, bien trop heureuse pour garder la moindre séquelle de sa fureur de tantôt.


Ma douce, en l'honneur de l'arrivée de Gauthier, ta punition sera levée et tu pourras partager nostre souper, ce soir. Je tiens à ce que nous considérions cet incident comme clos du moment qu'il ne se réitère point, nous n'en ferons plus question à l'avenir. Vas embrasser nostre cousin et réjouissons nous, ensemble, de passer une charmante soirée, il est si rare de voir la famille presque rassemblée, je ne souffrirai pas qu'une ombre obscurcisse l'éclat de nostre joie.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, ..., 8, 9, 10   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)