Un beau tas de missives. Dans le fond de la taverne municipale, un beau de tas de missives ne demandait qu'à recevoir réponses. Il faisait traîner cela depuis des jours et des jours. Forcément les choses avaient évoluées. Forcément il avait fait le tri dans sa vie. Au moins cela lui allait donner de quoi écrire à son amie de longue date. Il n'avait pas attendu de recevoir ces conseils pour passer à l'action. Pour sûr elle le connaissait bien. Son passé avait effectivement gagné le gros lot et il était retourné dans les bras de son ancienne fiancée.
T'es la première chose dont j'ai peur, la première place dans mon cur, mais je suis trop bien avec toi, le soleil renaît dans ma vie..
Ils vécurent heureux et eurent pleins d'enfants. Ah si seulement c'était aussi simple que dans les comtes de fées. Cela serait à vomir. Le Moustachu aimait trop la difficulté, aimait trop souffrir pour s'arrêter à ça. Alors qu'il avait rompu avec la Capitaine pour se consacrer uniquement à sa Muse de toujours, l'attente avait dépassé la réalité. L'explosion des retrouvailles avait laissé place à de nouvelles absences. Elle l'avait forcément senti vu quelle comblait cela par des écrits de plus en plus nombreux.
De Kushiel. Date d'envoi Le 17 Mai 1467 à 09h21
Objet Ne me quitte pas... Expire le 02 Juin 2019 Mon amour,
Je suis navrée de vous avoir laissé sur le carreau hier. J'ai davantage la forme ce matin, car j'ai dormi jusque tard et je me sentais partiellement guérie des maux de ventre et autres douleurs lancinantes.
Je vous ai dit hier vous attendre. J'ai omis de vous indiquer le lieu. Je voulais vous faire la joie d'ouvrir les portes du paradis, tout chaud, tout cotonneux, dans votre masure. Vous deviez sûrement patienter en taverne, faisant de nous deux deux cons séparés.
Je serai davantage disponible la semaine prochaine en soirée. Ce n'est pas une phrase lancée à la volet. A partir de mardi soir prochain, vous me reverrez plusieurs fois par semaine, en taverne ou ailleurs.
Je n'ai jamais pris le temps de répondre à votre courrier, cela fait déjà plusieurs jours.
Je vous aime... Je vous remercie de m'avoir choisi, même si je ne me sens pas à la hauteur, ces derniers temps. Beaucoup de pression vis-à-vis des nouvelles tâches qui me sont attribuées. Je faisais la maligne en taverne, je n'étais pourtant pas fière en haut des remparts, à chercher la moindre âme errante qui veut mettre le pied en Flandres... Il faut croire que je m'en suis bien sortie même si, à n'avoir trouvé qu'une ou deux personnes, j'ai l'impression d'en avoir laissé passer à mon insu...
Et puis y'a cette connasse de Créatrice qui n'en a rien à foutre de moi en ce moment, perchée qu'elle est dans son rôle d'assistante à la noix et dans son déménagement encore plus putride... Que voulez-vous, c'est le bureau des coeurs par ici, et non pas le bourreau. On se remet ensemble, elle emménage de son côté, on fait tous des conneries en même temps, c'est la vie.
Ahah, nan mais lisez-moi cela... Je pars complètement de travers. Vous me manquez Jkeok. Avec mes gardes et vos fonctions, on ne trouve plus le temps de se blottir l'un contre l'autre. J'en ai terriblement besoin... Vivement que nous nous retrouvions.
Je reviens aussi vers vous pour faire mes commandes. Vous m'avez proposé d'importer de la marchandise pour aider à me vêtir et à évoluer sur l'échelle sociale. J'aurai besoin de chausses, d'une chemise et de braies. En plus de cela, quelques légumes ou fruits gorgés de sucre seraient nécessaire, un peu plus de 5. Après, je ne dis pas non à quelques concombres ou poireaux, selon l'humeur du jour.
Quant aux fonctions, je suis toujours d'avis de devenir chef de port mais je ne vois pas venir l'appel à candidats. Sera-t-il publié en gargote ou dois-je regarder ailleurs ?
J'en viens à vous supplier. Ne regrettez pas encore votre choix. Nous venons de traverser une énième période de troubles, où j'étais peu disponibles, où votre Créateur râlez encore sur le dos d'une autre, lui foutant la pression. Et aujourd'hui vous avez un courrier pour vous demander patience. Je vous promets que cela va s'arranger. Je vous ai promis ne plus disparaître, je vous avais prévenu que la période de mai/juin serait compliquée, on approche du bout du tunnel.
Je vous aime, je ne veux pas vous perdre...
La suée d'une Lanterne
Mais le mal était fait. Il était tout aussi responsable quelle. A trop vouloir tout, tout de suite, on finissait forcément déçu. Dix jours ou presque se sont écoulés depuis cette missive. Depuis la blondinette ne faisait que montrer de plus en plus son envie de s'investir. Le Maire de Dunkerque avait parfois du mal à y croire. Il était temps de prendre sa plume pour évoquer tout cela par écrit. Ce n'était que la première missive d'une longue série à écrire lors de cette soirée de rattrapages.
À Kushiel. Date d'envoi Le 26 Mai 1467 à 21h41
Objet Qui a éteint la lumière ? Expire le 30 Juin 2019 Ma Lanterne,
Je ne vais pas vous mentir. Vous l'avez bien senti ma déception lors de nos retrouvailles. Je sais je sais je parle de quelque chose datant d'il y a plus d'une semaine mais comme je vous ai pas écris depuis si ce n'est pour des raisons pratiques de défense. Donc je disais, enfin j'écrivais, oui je m'attendais à autre chose. J'ai fais souffrir Arya et je le paye encore aujourd'hui. Je ne voulais pas en arriver là. Je ne regrette pas ma décision. Par contre je pensais que cela aurait produit autre chose entre nous.
Alors peut être que si cela a produit quelque chose. Peut être que c'est cela qui vous pousse à vouloir vous investir de plus en plus. J'espère juste que vous serez pas emporté trop vite dans un tourbillon que vous ne saurez contrôlez. Dans un sens je suis rassuré de voir que vous vous freinez pour le poste de Chancelière. C'est quelque chose qui demande du tems et je sais que vous en avez pas forcément. J'en profite pour faire une parenthèse, je devrais bientôt pouvoir vous nommer Chef de Port.
Pour en revenir à nous deux. Ne doutez pas de mon amour. Je n'ai jamais cessé de vous aimer depuis le jour où je vous faisais sourire devant votre compagnon de l'époque. Même si vous avez disparue pendant longtemps je ne vous ai jamais oublié. J'ai juste peur, j'ai terriblement peur de souffrir à nouveau. Mais je crois que maintenant j'ai accepté ce fait là. Enfin je vais pas jusqu'à dire que je m'attends à souffrir mais presque. Je vous connais, je sais que vous pouvez finir par être déçu, ou être à nouveau malade, ou que sais je. Je sais très bien qu'en revenant dans vos bras je prends le risque de vous perdre, encore.
Ne cherchez pas à essayer de me rassurer en promesses ou que sais je. La seule chose que je vous demande si c'est un jour vous avez à nouveau plus la foi comme par le passé, où si vous voulez redevenir en mode fantôme ou autre état végétatif, essayez de m'en parler avant. Que je sache, que je m'y prépare. Autant je suis prêt à avoir mal à nouveau, autant je ne pourrais pardonner d'être à nouveau abandonner du jour au lendemain.
Vous serez peut être déçue de ce courrier. Vous vous attendiez surement à une déclaration enflammée ou autre mais que voulez vous, j'ai pas envie de vous mentir. Il va me falloir, je ne sais même pas ce qui va falloir pour que j'avance à nouveau sans craintes. Je suis un homme blessé, profondément blessé. Je vous ai sauvé lors mon arrivée en Flandres à l'époque.
A vous de me sauver maintenant.
Une âme en peine qui ne veut plus se retrouver dans le noir.
Et de une. Ce n'était pas la plus simple à écrire. Mais il le fallait. Maintenant au tour de la jolie blonde champenoise. Oh que oui elle le connaissait bien, trop bien. En même temps ils furent amis puis amants et à nouveaux amis. Ce qui était rare pour le Moustachu de rester en bons termes avec une fréquentation. Le fait de n'avoir jamais été en couple officiellement surement aide à ne pas ressentir d'animosité. Quoiqu'il en soit, elle aussi s'était montré impatiente en lui écrivant un nouveau courrier. L'attente avait trop durée, la plume glissa de nouveau sur un parchemin vierge.
À Lylla Date d'envoi Le 26 Mai 1467 à 21h58
Objet Me revoilà.... Expire le 30 Juin 2019 Ma douce amie,
Déjà pour commencer je tiens ENCORE à m'excuser pour le retard. Ce n'est pas que je pense pas à toi ou que je voulais pas t'écrire non non mais entre le conseil, la mairie et mes histoires de coeur tu comprends....et tu me connais.
Oh oui tu me connais que trop bien. Mais avant j'aimerais te dire autre chose. Tu es une poule mouillée ! Oui tu as bien lu ! Je sais pourquoi tu es pas venue me voir à Dunkerque. Tu as eu peur de succomber à nouveau pour une nuit de folie comme à la belle époque, et quelle nuit d'ailleurs...
Pour en revenir à nos moutons, enfin aux donzelles qui rythment ma vie, et bien oui tu as raison, je suis retourné dans les bras de Kushiel. Pourquoi ? Parce que oui je l'ai trop aimé pour l'oublier. Tu as sans doute raison aussi sur le fait que je vais surement souffrir à nouveau. Mais en même temps que serais le Moustachu sans souffrance ? On verra bien ou cela mène.
Pour te répondre à ce que j'aimerais d'une femme. Je pense que tu le sais déjà. J'aime qu'une femme soit responsable, investie, que je peux avoir confiance en elle, qu'elle soit à la fois douce et passionnée. J'aime pouvoir me livrer corps et âme à cette femme sans avoir à réfléchir au lendemain, savoir que quoiqu'il arrive je ne serais pas trahi.
Au fait tu connais les Cassel ?
J'espère que pour toi tout va bien. Parle moi un peu de toi on fait que parler de moi et tu sais que j'aime pas vraiment sauf dans de rares moments d'intimité.
Tu me manques, j'aurais bien aimé te voir à Dunkerque,,,,
Jk.
Alors qu'il relit, pour une fois, le courrier qu'il va envoyer, semble percuter sur quelque chose. Secoua la tête doucement pour chasser l'idée de la tête. Le genre d'idée qui pourrait traverser la tête de sa Marraine. Ah Attigny, la fameuse Attigny. Celle qui faisait comme si jamais, ô grand jamais, elle s'occupait de la vie privée des autres alors que si, c'était la première à le faire. De sales rumeurs courraient à son sujet suite à des taquineries avec la Jeune Cassel au conseil. Plus les jours avançaient, plus il était persuadé que cela venait d'elle. Après tout elle a toujours été ainsi, à vouloir se mêler de tout pour que les histoires finissent de la meilleure façon pour son image. L'identité de celle qui partage les nuits du Moustachu y contribuait aussi de ce fait. Mais elle savait très bien quelle n'aurait jamais ce pouvoir ce qui expliquait qu'ils ne parlaient jamais de choses privées. En parlant de personnes se mêlant de choses qui ne les regardent pas, le frère de Arya n'en était pas moins en reste. Pour sa défense, la Capitaine avait du mal à se faire comprendre quand elle essayait d'expliquer quelque chose, mais quoiqu'il en soit, l'ancien flamand ne faisait qu'harceler le désormais CaM pour se venger de sa décision. Il était temps à lui aussi de lui répondre.
À Lengloas Date d'envoi Le 26 Mai 1467 à 22h18
Objet Fight Expire le 30 Juin 2019 Sombre idiot,
Oui car tu es bien idiot de croire ta soeur. Comme je te l'ai expliqué en taverne, tu as mal compris ses dires. Je t'avouerai qu'au début je comptais refuser l'affrontement. Non pas que je me défile, mais j'ai autre chose à faire. Une âme charitable m'a convaincue d'y aller même si c'est totalement débile. D'ailleurs je note qu'en taverne tu étais bien plus calme par écrit. Je me dis donc qu'au final j'ai mes chances, tu es une grande gueule par écrit mais après en face à face tu es tout penaud...
On va faire ça lors de la venue de la caravane comtale. Au moins cela mettra du piment. Si par miracle j'arrive à améliorer ta tronche d'imbécile autant qu'il y ait des spectacteurs pour voir ça.
Prépare toi, je suis peut être pas très fort, et tu le sais surement sinon tu m'aurais pas lancé ce défi, j'en reste pas moins quelqu'un d'orgueileux. Je me laisserai pas démonter si finalement.
Ah oui et histoire de t'exciter un petit peu, je tiens juste à signaler que niveau donneur de leçon sur les couples tu es mal placé pour parler. Si je crois les rumeurs tu es pas tout net non plus, tu aimes bien voler les épouses des autres notamment. Alors hein avant de me faire la morale ça serait bien de te regarder dans un miroir.
Allez rendez vous en lice !
Jkeok.
Pfiou. Mise à jour épistolaire effectuée. Ou presque. Peu importe, le plus important était fait. Maintenant il fallait regarder de l'avant. La vie du Moustachu n'avait jamais été un long fleuve tranquille. Nul ne le sait ce qui allait arriver dans l'avenir. La suite au prochain épisiode.