Melyna.
Change de ciel tu changeras d'étoile - Proverbe corse
Après leur mésaventure à la sauce Béarnaise et un retour au goût plus qu'amer, plusieurs jours s'étirèrent longuement.
Les moines qui soignaient son père ayant aimablement offert leur soins à la jolie plante qui ne put refuser leur savoir et leur gentillesse.
Quelques jours recluses aux côtés de son père qui battaient par instant des paupières, la laissant plonger dans son regard aussi limpide qu'une eau de montagne.
Et puis ce fut à nouveau la solitude.
Encore une fois ses yeux se fermèrent, et Auclair replongea dans les brumes de son inconscience...
Le coeur lourd d'une peine qu'elle ne pouvait partager, sur un coup de tête, le petit bouton de rose avait rempli ses fontes et enfourchée Marquise.
Elle ne savait où elle aller, son seul désir était de se changer les idées, vider son esprit et l'emplir de l'ivresse d'une chevauchée magique qui la délivrerait de son mal de vivre actuel
La tête vide, son coeur battant au rythme des sabots de la jument qui claquaient sur le chemin, Mely laissa l'animal choisir son propre rythme.
La jeune femme s'en voulait de déserter ainsi, mais elle n'en pouvait plus !
S'occuper de son père, veiller sur sa mère voilà à quoi se résumer sa vie actuellement. Oh non pas qu'elle le fasse par obligation bien au contraire, elle aimait profondément ses deux êtres qui faisaient partie intégrante de sa vie. Mais elle avait aussi besoin de recevoir...un petit peu... Sinon elle finirait à nouveau telle une coquille vide échouée sur un banc de sable isolée.
Ce ne fut que quand ses yeux voilés d'une légère brume lacrymale du à la course de Marquise, se posèrent sur les murs qui ceinturaient la ville que Melyna reconnue la cité Elusate.
Ainsi donc les dés en étaient jeté ! Les portes franchies sans le moindre souci, sa première quête fut de trouver le gite et le couvert, affaire qui serait rondement menée après les conseils prit auprès des vieilles qui discutaient autour de la fontaine.
Au gré de ses nombreux voyages, le mini volcan avait appris que c'étaient en ce lieu pour le moins banal que ce concentrait toute la mémoire et les dernier potins d'une ville.
Se posant un instant auprès des matriarches, ses mains formèrent une coupelle qui lui permirent de se désaltérer tout en tendant l'oreille.
Dis la Gertrude t'as vu notre nouveau maire ?
Pfff bien sur c'est ce charmeur de Kejte
Charmeur ? Oh et qu'il a fait encore ?
Mais t'as donc point vu la nouvell'brune qui lui fait de l'oeil ?
Ha ben non, faut dire qu'avec le Paul malade j'suis pas beaucoup sortie ces jours ci.
Ben figure toi qu'y a une brunette, m'a l'air chaude comme de la braise cell'là encore, qui lui bat des paupières chaque fois qu'ell'le croise. C'est Margot qui les a vu plusieurs fois et qui m'en a causé.
Oh tu sais moi, peut bien tremper son biscuit où qu'il veut, tant qu'on a d'quoi vivre, cà'm'fait ni chaud ni froid, c'est qu'un homme après tout.
Ha ça pour la ville se démène comme un beau diable, mais bon z'en avons l'habitude nous hein, on l'connait le Ketje !
Ha ça pour sur !
Ouille ! Si le Ketje avec qui elle avait échangé plusieurs courriers était un tombeur, son arrivée risquait de ne pas passer inaperçue ou encore de déclencher certain courroux dans la gent féminine du coin...
Mely se racla la gorge, interrompant pour le coup les deux commères à qui elle adressa son plus joli sourire pour éviter le courroux foudroyant de leurs regards.
Bien le bonjour Mesdames, pardonnez moi par avance d'oser vous interrompre, mais voilà... Je viens d'Auch et je recherche un endroit propre pour y prendre repos et à la cuisine savoureuse histoire de me remplumer.
Histoire d'en ajouter une couche et de les rendre plus réceptive, Mely repoussa la longue mèche brune qui cachait une partie de son visage révélant l'énorme bleu qui partait de son oeil en direction de sa tempe, la lèvre fendue qui commençait tout doucement à cicatriser et la cicatrice encore très rouge et gonflé qui de son sourcil rejoignait son implantation capillaire.
Ben dites donc la môme vous on salement amochés là !
Mely haussa les épaules légèrement défaitiste.
Les aléas d'une rencontre avec cinq brigands bien costaud que voulez vous.
Z'ont rien dans les braies ces types là ! S'en prendre à un ti'moineau comme vous pffff, j'espère qu'ils vous ont pas....
Le regard sous entendait les mots absents.
Oh non !
Mely devint rouge comme pivoine en fleur, peu habituée à causer de ce genre de chose en pleine rue et avec des étrangères.
Bon ben c'est d'jà ça ! L'est encore bonne à marier la p'tite !
Un premier éclat de rire fut bientôt rejoint d'un second, pendant que Mely rougissait à qui mieux mieux.
Ciel voilà qu'après sa mère, les deux matrones s'y mettaient à leur tour !
Mely trempa sa main dans l'eau et l'emmena à sa nuque pour se rafraichir, à croire qu'on était en plein été soudain.
Dites pour mon auberge... ? Autant changer de conversation avant qu'on ne lui dresse la liste des potentiels prétendants de la ville.
Les deux femmes échangèrent un regard avant de hocher la tête simultanément.
La mairie, vous faut aller à l'auberge municipale !
Vraiment ? Vous êtes sûre ? Ca sentait soudain le piège tout cela....
Sur la tête de mon François vous ne sauriez être mieux accueillie et servie !
Si elle avait su que la Gertrude était veuve, sans doute telle promesse aurait pris une allure différente.
Fort bien dans ce cas je vous remercie Mesdames et j'espère avoir le plaisir de vous revoir durant mon séjour.
Comme des jumelles les sourires édentés furent encore une fois synchrones.
N'sommes là tout les matins et en fin d'journée ma belle, r'venait donc causer un ch'ti peu avec nous un d'ces jours.
Un dernier sourire en tir groupé en guise d'au revoir, de remerciement et de vague promesse et Melyna suivit les indications pour se rendre à l'auberge, où elle s'installa dans une jolie chambre fleurant bon la cire d'abeille.
Sitôt installée et afin de prévenir tout incident malencontreux, la brune envoya un commis porter un petit mot à la mairie et à son occupant.
Au dehors les deux vieilles femmes levaient le camp, se poussant du coude en riant malicieusement.
Va y avoir d'l'animation j't'dis moi
Pour sur qu'l'maire va avoir encore plus d'boulot !
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Après leur mésaventure à la sauce Béarnaise et un retour au goût plus qu'amer, plusieurs jours s'étirèrent longuement.
Les moines qui soignaient son père ayant aimablement offert leur soins à la jolie plante qui ne put refuser leur savoir et leur gentillesse.
Quelques jours recluses aux côtés de son père qui battaient par instant des paupières, la laissant plonger dans son regard aussi limpide qu'une eau de montagne.
Et puis ce fut à nouveau la solitude.
Encore une fois ses yeux se fermèrent, et Auclair replongea dans les brumes de son inconscience...
Le coeur lourd d'une peine qu'elle ne pouvait partager, sur un coup de tête, le petit bouton de rose avait rempli ses fontes et enfourchée Marquise.
Elle ne savait où elle aller, son seul désir était de se changer les idées, vider son esprit et l'emplir de l'ivresse d'une chevauchée magique qui la délivrerait de son mal de vivre actuel
La tête vide, son coeur battant au rythme des sabots de la jument qui claquaient sur le chemin, Mely laissa l'animal choisir son propre rythme.
La jeune femme s'en voulait de déserter ainsi, mais elle n'en pouvait plus !
S'occuper de son père, veiller sur sa mère voilà à quoi se résumer sa vie actuellement. Oh non pas qu'elle le fasse par obligation bien au contraire, elle aimait profondément ses deux êtres qui faisaient partie intégrante de sa vie. Mais elle avait aussi besoin de recevoir...un petit peu... Sinon elle finirait à nouveau telle une coquille vide échouée sur un banc de sable isolée.
Ce ne fut que quand ses yeux voilés d'une légère brume lacrymale du à la course de Marquise, se posèrent sur les murs qui ceinturaient la ville que Melyna reconnue la cité Elusate.
Ainsi donc les dés en étaient jeté ! Les portes franchies sans le moindre souci, sa première quête fut de trouver le gite et le couvert, affaire qui serait rondement menée après les conseils prit auprès des vieilles qui discutaient autour de la fontaine.
Au gré de ses nombreux voyages, le mini volcan avait appris que c'étaient en ce lieu pour le moins banal que ce concentrait toute la mémoire et les dernier potins d'une ville.
Se posant un instant auprès des matriarches, ses mains formèrent une coupelle qui lui permirent de se désaltérer tout en tendant l'oreille.
Dis la Gertrude t'as vu notre nouveau maire ?
Pfff bien sur c'est ce charmeur de Kejte
Charmeur ? Oh et qu'il a fait encore ?
Mais t'as donc point vu la nouvell'brune qui lui fait de l'oeil ?
Ha ben non, faut dire qu'avec le Paul malade j'suis pas beaucoup sortie ces jours ci.
Ben figure toi qu'y a une brunette, m'a l'air chaude comme de la braise cell'là encore, qui lui bat des paupières chaque fois qu'ell'le croise. C'est Margot qui les a vu plusieurs fois et qui m'en a causé.
Oh tu sais moi, peut bien tremper son biscuit où qu'il veut, tant qu'on a d'quoi vivre, cà'm'fait ni chaud ni froid, c'est qu'un homme après tout.
Ha ça pour la ville se démène comme un beau diable, mais bon z'en avons l'habitude nous hein, on l'connait le Ketje !
Ha ça pour sur !
Ouille ! Si le Ketje avec qui elle avait échangé plusieurs courriers était un tombeur, son arrivée risquait de ne pas passer inaperçue ou encore de déclencher certain courroux dans la gent féminine du coin...
Mely se racla la gorge, interrompant pour le coup les deux commères à qui elle adressa son plus joli sourire pour éviter le courroux foudroyant de leurs regards.
Bien le bonjour Mesdames, pardonnez moi par avance d'oser vous interrompre, mais voilà... Je viens d'Auch et je recherche un endroit propre pour y prendre repos et à la cuisine savoureuse histoire de me remplumer.
Histoire d'en ajouter une couche et de les rendre plus réceptive, Mely repoussa la longue mèche brune qui cachait une partie de son visage révélant l'énorme bleu qui partait de son oeil en direction de sa tempe, la lèvre fendue qui commençait tout doucement à cicatriser et la cicatrice encore très rouge et gonflé qui de son sourcil rejoignait son implantation capillaire.
Ben dites donc la môme vous on salement amochés là !
Mely haussa les épaules légèrement défaitiste.
Les aléas d'une rencontre avec cinq brigands bien costaud que voulez vous.
Z'ont rien dans les braies ces types là ! S'en prendre à un ti'moineau comme vous pffff, j'espère qu'ils vous ont pas....
Le regard sous entendait les mots absents.
Oh non !
Mely devint rouge comme pivoine en fleur, peu habituée à causer de ce genre de chose en pleine rue et avec des étrangères.
Bon ben c'est d'jà ça ! L'est encore bonne à marier la p'tite !
Un premier éclat de rire fut bientôt rejoint d'un second, pendant que Mely rougissait à qui mieux mieux.
Ciel voilà qu'après sa mère, les deux matrones s'y mettaient à leur tour !
Mely trempa sa main dans l'eau et l'emmena à sa nuque pour se rafraichir, à croire qu'on était en plein été soudain.
Dites pour mon auberge... ? Autant changer de conversation avant qu'on ne lui dresse la liste des potentiels prétendants de la ville.
Les deux femmes échangèrent un regard avant de hocher la tête simultanément.
La mairie, vous faut aller à l'auberge municipale !
Vraiment ? Vous êtes sûre ? Ca sentait soudain le piège tout cela....
Sur la tête de mon François vous ne sauriez être mieux accueillie et servie !
Si elle avait su que la Gertrude était veuve, sans doute telle promesse aurait pris une allure différente.
Fort bien dans ce cas je vous remercie Mesdames et j'espère avoir le plaisir de vous revoir durant mon séjour.
Comme des jumelles les sourires édentés furent encore une fois synchrones.
N'sommes là tout les matins et en fin d'journée ma belle, r'venait donc causer un ch'ti peu avec nous un d'ces jours.
Un dernier sourire en tir groupé en guise d'au revoir, de remerciement et de vague promesse et Melyna suivit les indications pour se rendre à l'auberge, où elle s'installa dans une jolie chambre fleurant bon la cire d'abeille.
Sitôt installée et afin de prévenir tout incident malencontreux, la brune envoya un commis porter un petit mot à la mairie et à son occupant.
Au dehors les deux vieilles femmes levaient le camp, se poussant du coude en riant malicieusement.
Va y avoir d'l'animation j't'dis moi
Pour sur qu'l'maire va avoir encore plus d'boulot !
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