Ketje Fallait-il donc que la vieille qui s' occupait habituellement de son linge se soit aussi stupidement coincé le dos en allant aux simples! Il maugréait en poussant sa brouette débordante de vêtements. Elle aurait pu le lui faire savoir plus tôt, il n' en serait pas réduit à se rendre de si bonne heure pour lui au bord de la Gélise et être contraint de perdre son temps à ces futilités toutes féminines (pensait-il). Il évite de prendre le pont qui l' aurait mené dans la campagne et descend vers la rive où il se souvient que les dames aiment à se donner rendez-vous pour dénigrer tout un chacun... pour passer le temps. Une odeur de feu l' avertit que le lieu doit être déjà occupé. Qu' à cela ne tienne, il en marre de ses braies sur lesquels il a la mauvaise habitude de s' essuyer les mains en oubliant qu' il a remisé son tablier de forgeron. Puis, ce n' est plus une odeur de feu mais une chansonnette qu' il perçoit. Il n' en n' a pas entendu le début... non... juste les quelques dernière reprises seulement. Il s' est approché entre les arbres et découvre la chanteuse agenouillée qui s' escrime sur sa planche et donc ne peut la reconnaître dans cette posture . Pensant que sa brouette crin crin criiiic criiicc l' aura avertie, il l' interpelle.
Bien jolie mélodie damoiselle. Et qu' avait-elle à demander au maire la donzelle?
Ketje Il voulait pas la faire sursauter, mais voilà! Faut croire que la brouette ne crincrinait pas assez fort. Il y mettrai des cloches à l' avenir. Pourtant ça l' amusait de la voir ainsi agenouillée mais c' est une autre histoire ça. Il n' y perd rien à l' avoir surprise de toute façon puisque sa chemise est un peu mouillée. *Faudrait qu' on fasse un concours de chemises mouillées au village tiens*... Il reconnaît donc Melyna. ( cherchez pas... l' incontemporaneïté des sujets est de mise, ça occupe^^ ) il craignait de voir une vieille rombière, revêche et ben coup de chance, s' il voulait en voir une, c' était bien elle!
Ah, il ne dit pas avec qui? Il ne veut sans doute pas s' avancer et dire de bêtises.
C' est qu' elle prend des couleurs près de son chaudron où elle s' est précipitée. Et lui, bah, lui, il sait pas très bien. Fallait bien répondre quelque chose mais il se sent un peu bénêt. Heureusement, elle a le sens de la conversation.
Vous êtes venu laver votre linge vous aussi ?
*Tu parles, j' avais plus rien à boire et je me suis dit que le fleuve m' humecterais les papilles... moi qui déteste l' eau dans mon vin!*... Il hésite. Que peut-on répondre à cela quand on est un homme ou le maire ou les deux à la fois. Dépité qu' il est. Elle serait donc aussi niaise que lui! Ben ça promet.^^ Il la regarde... oui oui, elle a pris des couleurs. Il est pas futé d' accord mais quand même. Là il comprend bien qu' on passe pas à des couleurs comme ça, juste pour de la vapeur d' eau.
Mon linge? Non, je le laiserai à l' une de nos vieilles comme elles ne sont pas venues le chercher chez moi.
Ben tiens... et qu' est-ce que t' es venu fiche ici alors. Ah ben bravo... autant dire que tu es venu pour rien quoi! Y a un ange blanc d' un côté et un noir ( un ange noi^! ) de l' autre. Chacun siffle dans une oreille. Le blanc lui dit de retourner à la mairie aulieu de faire le pitre, le noir lui siffle de dire....
C' est toi que je voulais voir ma petite Melyna.
Il doit avoir les joues en feu... en tout cas il se sent cramer comme s' il était devant sa forge. Si j' avais su j' aurais pas venu comme on dit. Tant pis, les dés sont jetés le chapeau aussi et le plateau craque, il en deviendrait presque penaud. A-t-on idée! Mais bon, c' est qu' elle lui fout un sacré coup dans l' estomac à chaque fois qu' il la voit.
Ketje Il doit pas être le seul à disposer de cinquante pensées discordantes non plus. Ce sont ces pensées qui font deux pas en arrière et trois pas de côté... bon il patauge lamentablement en la regardant faire toutouille dans son chaudron. Son maigre aveu balancé avec le plus d' assurance qu' il puisse avoir... c' est à dire autant qu' un moineau défiant un lynx, les ailes cassées, les pattes engluées... ah ouf, elle quitte son chaudron et ses vapeurs... enfin pas tout à fait ses vapeurs, en tout cas celles du chaudron. C' est bon signe, elle a même abandonné le bâton!^^ Il la regarde faire un pas vers lui... euh un seul? Non elle est venue se planter juste sous son nez.
Alors ça tombe bien puisque je suis juste là...
Mais nooon! Il ne recule pas! Sinon, ça va jamais finir puis c' est pas un cours de danse... bien que... Heureusement, elle de la répartie, courte, mais quand même. Là elle vient de le battre. Puis c' est pas tout. Donc, elle est plantée là... juste tout près et la voilà le menton levé, les yeux fixés, les mains nouées dans le dos, les hanches en doux balancement. Déjà qu' il a pas pu s' empêcher de ne perdre aucune miette des fruits qu' elle fait poindre sous sa chemise encore humide de la vapeur du chaudron. Mais si en plus elle vient à se mordiller les lèvres... là il a les yeux qui font glock glock, la pomme d' adam qui lui percute la mâchoire et s' écrase dans le larynx.. Faut qu' il reprenne son souflle et heureusement...
Et vous vouliez me voir... Pourquoi ?
Ben oui, suffit pas de lancer des âneries comme ça, fallait y penser avant. Elle est pas muette la brunette, espèce de malin va! Tout subjugué qu' il est par les atours dont elle sait jouer, ketje tente de reprendre souffle.
Tu venais de l' auberge... pourquoi ne quitterais-tu pas l' auberge pour une chaumière?
*Bon ça c' est fait* se dit-il mais l' âne a fait un tout petit pas vers la trop avenante brunette dont il n' a pu s' empêcher, petit parcours des yeux bien agréable, d' admirer les prometteurs contours. Et presque sans s' en rendre compte, ses mains larges l' ont saisie juste entre les hanches et la poitrine, sur les côtés. "Tu te décides enfin" dit l' ange noir; "Arrêtes malheureux, tu sais même pas d' où elle vient!" fait l' ange blanc. En fait il s' en fiche... plutôt.. disons qu' à la voir mordiller ses lèvres... "Mais c' est à toi de faire ça ketje" dit l' ange noir.... "NOoooooonnn ketje tu vas te perdre" fait l' ange blanc. Et malheureux de cèder! Il murmure...
Pour ma chaumière... pour toi, pour nous... pour...
Les mots se perdent un peu, il baisse la tête vers ces lèvres qu' il rêve de mordiller, ses mains l' ayant emprisonnée, il sent les côtes si petites.... et c' est là que le machiniste doit changer de bobine... comme quoi c' est bien fait les vieux trucs. Même que ça change de plan entre les deux bobines!^^
Ketje Le bougre!!!! Et dire qu' il pensait que... ben non, loupé mon vieux! Ah mais c' est qu' elle sait y faire la drôlesse! Enfin donc, ketje n' est plus attiré du tout par les lèvres que la brunette mordille au point de le damner, non non, il sent bien qu' il va y plonger avec suavité exquise. Mais... mais ... oui oui mais... juste pour vous faire saliver. Restez pas la bouche bée comme ça enfin! ça tâche la table! Puis bon hein, les haleines fétides, ça perturbe l' histoire. Mais revenons à nos fruits. Il avait dit:
Tu venais de l' auberge... pourquoi ne quitterais-tu pas l' auberge pour une chaumière?
Et quelle chaumière ? Me renverriez moi à Auch et à ma vie solitaire ?
Jusque là, on suit?
Donc il s' est penché vers elle, l' a saisie à la taille parce qu' il s' est rapproché d' elle pour lui murmurer:
Pour ma chaumière... pour toi, pour nous... pour...
C' est là qu' il sent les mimines de la brunette se poser sur lui. Il savur le moment au point que sa peau se hérisse comme celle d' un coq déplumé. Le voila déplumé, fragile, prêt à passer à la casserol et elle lui demande dans un murmure.... oui parce que sinon ils auraient l' impression de s' engueuler... ça ça viendra peut-être plus tard, mais rêvez pas hein^^.
Serait ce une invitation... ou une autre promesse ?
*Comment ça promesse? Hein? Mais nooon, c' était une invitation enfin!* C' est la seule pensée qu' il a. D' ailleurs dans son état, on pense pas monsieur,non.... on pense pas... on.... il a gagné encore quelques millimètres et ils sont longs ces millimètres là.
Un voeu Melyna, mon voeu.
Les mots sont à peine audibles. Et c' est là que ses anges se réveillent, ou plutôt, reprennent l' affaire en main.
Ange noir: Tu vas battre le record des incapables ketje?
Ange blanc: Tu vas te perdre ketje, reviens en arrière!
Ange noir: Laisse-le crénom, il est fait de chair lui au moins!
Ange blanc: T' es même pas rasé!
Ange noir: Et alors c' est pas toi que ça pique!
Ange blanc: Oui mais...
Trop tard!!!!!! C' est avec des coups de bélier dans la poitrine ( la sienne ho! ), les tripes en huit et en trois dimensions, les mains qui se referment de plus en plus sur le corps menu, les jambes un peu fébriles, les lèvres qui viennent à toucher celles de la brunette... les épousent, s' y reposent, goûten,t, savourent et oublient millimètres et secondes qui s' effacent dans l' espace-temps comme les anges. ketje n' est plus que lui-même, homme livré aux douceurs de ce moment dont il ne veut pas interrompre la course, il n' est plus rien d' autre que cet homme qui veut cette femme, pour lui, à lui, qu' il désire à présent qu' elle lui a livré sa bouche.
Ketje C' est pas qu' il est finaud, loin de là, disons simplement que le vieux bougre finit quand même par comprendre ce drôle d' animal qu' est la femme, si jeune soit-elle. C' est pas non plus qu' il a fait des collections, c' est tout simplement qu' elle lui plaît et que fatalement, il la comprend mieux que d' autres ou en tout cas, qu' il ressent ce qu' elle désire. Puis faut dire qu' elle l' y aide, la brunette. Ne la voila-t-elle pas en train d' enrouler ses bras autour de son cou et se serrer tout contre lui? Il ne peut plus que sentir le cur de la belle battre et il y joint les battements du sien. Parce que, oui, le sien bat aussi et cela lui échauffe quelque peu les sens. Mais la sotte s' est détachée de quelques menus millimètres pour lui souffler un ...
C'est aussi mon voeu le plus cher....
C' est avec une réelle envie qu' il reprend possession de ces lèvres si fruitées en fermant les yeux sur la rivière qu' est le lavoir. Ben oui, les lavoirs et lui... c' est une histoire dont il a fini par se méfier... faut le comprendre^^... on s' y retrouve vite fait en chemise et après on sait plus très bien ce qu' il se passe.... donc, c' est pas qu' il a l' il ailleurs, c' est qu' il les ferme sur un doux plaisir. Ah non! Il les ferme pas tout de suite, il a juste le temps de répondre quand même. C' est qu' elle est maligne! Elle ferait tout pour l' empêcher de parler... n' empêche que c' est bon! ,Donc il lui répond, ayant envoyer au diable les problèmes de conscience.
Me suivras-tu?
Puis il se laisse aller et chacun aurait fait de même sauf que vous pouvez pas puisque c' est la brunette au maire.... attention, il est pas jaloux mais faut pas faire le malin! Il profite avec bonheur de ce corps si menu qui vient à se coller contre tout ce qu' il a encore de peau. C' est avec délectation qu' il se laisse gagner par la chaleur du petit volcan, qu' il butine le petit bouton de rose et se laisse épouser par ses formes lianesques et féminines lui laissant toute possibilité de l' envahir. Il a juste à réfréner quelque peu les envies de ses mains de se détacher un peu de sa taille...mais laissons-les vagabonder un peu quand même...^^
Seilene
Séléné chantonnait à mi-voix en descendant le petit sentier qui mène à la Gélise.
Oh Belle à la fontaiiine,
Va t'en rempli-ir ton seau...
Mais ce n'est pas un seau qu'elle porte, c'est un panier de linge sale, qu'elle tient calé contre sa hanche. Le soleil est chaud et un vent de sud souffle gentiment. Un temps idéal pour ce qui l'amène en ce lieu.
Elle se glisse sous le petit abri du lavoir, déserté à cette heure propice à la sieste. Il y fait frais, on n'entend que le clapotis de l'eau contre la margelle de pierre donner la réplique au chant des cigales. Les oiseaux même se taisent à cette heure chaude.
Elle s'éponge le front de sa manche, plonge un drap dans l'eau, le tire avec effort sur la pierre, le frotte de saponaire et commence à le travailler.
C'est alors qu'elle entend des murmures non loin d'elle. Elle tourne la tête deci delà, perçoit un mouvement dans les hautes herbes de la rive...
Oooops... des amoureux ? Soucieuse de ne point se montrer indiscrète, elle se met à frapper le linge avec ardeur, faisant grands bruits d'éclaboussures et de battoir, pour manifester sa présence. Et reprend à forte voix sa chansonnette :
Oh belle, à la fontAIiinEUUU
J'ai soif d'un peu de ton eAUUU
Elle a ri la hautAIiiinEUUU
Belle et froide comme l'eAUUU
Chardon, mélilot, mEENthEUUU,
Par eux la plaine glanez.
Et toi, ma chanson, chAAaantEUUU,
Qui sur mon malheur est néééée....