Eirik_gjermund
Le temps était venu de partir. Même le vent de l'Atlantique n'apaisait pas le Nordique et son énorme chien. Hund. Ce qui voulait dire "chien" dans sa langue. Le blond n'aimait pas se compliquer la vie. Son immense cheval était Hest. "Cheval".
Son appellation à lui était plus complexe. Joukahainen Ilmarinen de son nom Finnois maternel. Eirik Gjermund de son nom Norvégien paternel. Les deux se s'étaient jamais entendu. Être bâtard aurait été plus simple. Le métisse qu'il était répondait plus volontiers au nom d'Eirik.
Car en se penchant de plus près sur son prénom Finnois, soit Joukahainen, eh bien ce n'était pas un compliment ! En Finlande, il existait une Odyssée mythique nommée le Kalevala.
Le héros était Väinämöinen. Oui, c'est joli, mais dur à prononcer. Väinämöinen était un mage puissant et Joukahainen un jeune homme imbu de lui-même. Ils se battirent, et le héros gagna la bataille, et Joukahainen fut emprisonné dans les marais. Salaud jusqu'au bout, il voulut offrir sa sur au mage Väinämöinen, mais elle préféra se noyer que d'accepter le marché. Elle fut changée en poisson, pour le folklore. Pour faire court, Joukahainen, dans la légende, fit tout pour nuire à Väinämöinen mais échoua à chaque fois.
Et sa mère avait cru bon de lui donner ce prénom ?! Le bond préférait Eirik. Indubitablement. A sa connaissance, nulle histoire fâcheuse ne venait ternir ce prénom ci.
Eirik Gjermund, donc. Le "J" étant à prononcer "Y". Du genre "Gyermund".
Il était grand. Avec des muscles secs et forts. Ce n'était pas un taureau. Plutôt un loup. Des muscles fins mais puissants. Ses yeux étaient d'un bleu de glace et ses cheveux blonds, longs. Parfois tressés. Sa barbe l'était toujours, terminée par deux bagues d'argent ouvragées de runes mystérieuses.
Eirik était armé d'une énorme hache à double tranchant qu'il portait au dos, comme un arc. Il avait aussi une hachette joliment travaillée, de chez lui, portée au côté comme une épée. Il avait aussi un poignard et des dagues bien français.
Eirik marchait en bottes. De chaudes bottes en peau de phoque qui puaient la mort sous ce climat tropical. Tropical pour lui... Il remisait plus volontiers son manteau en fourrure de loup blanc. Il allait manches nues. Ses bras étaient presque dépourvus de poils.
Les Vikings n'étaient pas tous de grosses bêtes blondes, velues et impressionnantes. En réalité, être Viking était une façon de vivre, un patrimoine. Nombre de Scandinaves n'étaient en rien Vikings. Certains Irlandais étaient plus Vikings que certains Norvégiens ! Mais c'était si peu connu...
Eirik parlait bien français mais avait cessé d'expliquer les nuances. Les français étaient bornés. Et Eirk ne maîtrisait pas tout les mots...
Ses bagages en selle, le Nordique accompagna Hest à pied, avec Hund, jusqu'à une auberge. Il lui fallait partir. Vers le nord. Une compagnie serai bienvenue. Eirik avait beau être bougon, il aimait la compagnie.
Celle d'une jolie femme, pour lui tenir chaud la nuit. Celle d'un homme, pour se battre et se pochetronner ensuite. Ou même les deux. Se bagarrer, picoler, baiser. Sauf s'il y avait des gosses. Eirik aimait les enfants. Il déridait son visage sévère pour eux.
Demain, il se mettrait en marche. Ce soir, il dormirait dans cette auberge. Son cheval fut pris en charge. Vu son chien, sa taille et son poids ; 95 kilos, il ne pouvait pas le faire entrer dans les tavernes ou auberges.
Hund était un énorme Berger du Caucase. Un chien-ours réputé pour garder les prisons de Sibérie. Leurs pelages supportaient des moins trente. Avoir Hund avec lui, ici, était de la maltraitance animale. Mais ces chiens étaient rudes, increvables. Hund s'adaptait. Comme Eirik.
Il poussa la porte de l'auberge, qui s'ouvrit trop grand sur sa poussée. Trop bien huilée.
Bonjour. Dit-il, sa voix teintée d'un accent guttural.
Eirik approcha du comptoir. Qui était dans les parages ?
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Sa langue natale