Chambéry, un jour comme les autres.
Depuis son retour en Savoie, le Castellar avait repris en main quelques affaires laissées en suspens suite à l'annulation de sa liste ducale. Il n'avait pas vraiment eu envie de faire ce petit voyage en compagnie de ses cousins Marc-Antoine et Amélio, de son écuyer Gaucher et de son amie Lisa. Il les avait suivi sans grande conviction pour un tournoi ayant lieu à Montbrisson. Malgré les tensions en Lyonnais, il les avait guidé à travers les rangs alliés pour rejoindre leur route sans la moindre encombre. Son expérience des affaires militaires lui avaient bien servi cette fois.
Malgré les jours de festivité dans la ville, Laurent passait son temps dans la réception de rapports sur la disparition de Pierre et de Aymeric. Mais rien, absolument rien ne fut trouver et ça le mettait dans une colère profonde.
Les lettres vides finissaient dans les flammes. Et face à la cible de son arc, les flèches volaient sans assurance, aucune. Il n'avait pas excellé et avait détesté se prêter à ce jeu inutile qui ne ramènerait pas son ami. D'ailleurs, il passa les derniers jours retranchés dans son campement, loin des foules et même de ses proches. Son seul réconfort était la lecture des lettres d'une jeune femme. Seul moment où un sourire s'arrachait à ses lèvres tendues.
Malgré le malheur, et sans craindre la désapprobation de la mère de la jeune fille, Laurent avait décidé de demander la main de sa dulcinée. Ce n'était plus un secret pour personne. Diane occupait ses pensées. Elle était devenue indispensable à son avenir. Tout récemment, la princesse Mélisende lui avait confié son accord. Il n'y avait plus aucun obstacle à leur union.
Le retour de Diane était programmé pour bientôt. En parfait sénéchal, le jeune homme avait fait préparé ses affaires pour partir pour Chambéry et escorter la demoiselle et sa maman à travers les terres savoyardes jusqu'à ce qu'elles puissent s'installer à nouveau sur leurs terres. Il n'était pas difficile d'imaginer la difficulté qui serait leur dans ce retour au source, après les évènements tragiques. Mais le pire était qu'il n'avait aucune nouvelle positive à leur donner. A part l'espoir, rien d'autre ne viendrait rassurer les deux femmes.
La route vers Chambéry ne fut pas longue et comme prévu, le Castellar vint retrouver sa divine chasseresse à l'auberge où elles étaient descendues, le temps de laisser reposer leurs chevaux. Ils n'eurent pour ainsi dire pas le temps des effusions qu'il était temps de reprendre la route et de les accompagner jusqu'à Châlles.
A peine arrivés, Laurent déchargea la princesse de ses quelques obligations envers les hommes d'armes, prenant sur lui de mettre en place la garde, au cas où d'autres fous oseraient s'en prendre à la famille. Bien qu'il n'y eut aucune certitude sur ce qu'il s'était réellement passé, le Leostilla préféra la prudence.
Un tour d'inspection dans la caserne et la nuit venait déjà chasser le soleil au-dessus des monts savoyards. Laurent s'en retourna, rassuré de laisser les deux femmes en sécurité.
Le lendemain, un cheval entra nerveusement dans la cour, accompagné de son cavalier tout aussi nerveux. Laissant sa monture au soin du palefrenier, le Castellar entra dans le château sans attendre. La veille, il n'avait pas eu l'occasion de voir Diane, trop préoccupé par son bien-être. Au premier domestique qu'il croisa, Laurent demanda après elle.