Nizam
- A la tombée du jour, Nizam était monté sur un toit au cur fréquenté de Limoges. Il surplombait la rue et n'y bougeait pas, comme s'il guettait un mouvement particulier parmi les badauds. Il avait prit ses aises contre une cheminée. Les tuiles étaient encore chaudes. Après un long flottement, il la vit. Ses yeux suivaient la seule femme noire qui marchait naturellement parmi la petite cohue.
Assis, il mit le pied à l'étrier de son arbalète et utilisa le levier pour tendre facilement la corde. Il se coucha à couvert sur les tuiles. L'arme entre ses mains portait un carreau simple. Pointé d'un pas d'avance sur la silhouette africaine. Son regard détailla l'édifice vers lequel elle se dirigeait et la courte distance qui les séparait. L'homme ajusta la visée dans l'embrasure de la bâtisse. Elle y entra. Il resta immobile. Il attendait que la porte se refermât pour libérer la pression de la corde. Le carreau s'enfonça brusquement dans l'huis à peine rabattu. Le bruit du bois écrasé et la secousse de la porte annonçaient un message particulier.
Nizam quitta son piédestal. Il se faufila tranquillement un passage dans les rues, comme s'il avait toujours vécu ici. Ses mains portaient l'arbalète décordée.
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